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Channel: Echange de fics et arts sur des fandoms obscurs
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[Fic] elämä, Frozen, Elsa, Anna et le roi des trolls [d'Eigengrau, pour Ivy]

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Titre : elämä
Auteur : Eigengrau (Participant 19)
Pour : Ivy (Participant 23)
Fandom : Frozen/La Reine des Neiges
Persos/Couple : Elsa, Anna, le roi des trolls
Rating : PG
Disclaimer : LET IT GOOOOO
Prompt : - Dans une réalité alternative où Arendelle est un Royaume du style Fantasy!Viking, Elsa est une souveraine absolue avec à ses côtés Anna, son premier chevalier/Général des Armées. Elles cherchent à obtenir des ressources particulières ainsi qu'à asseoir définitivement leur légitimité par un mariage. Les deux jeunes femmes passent donc en revue les royaumes susceptibles de fournir un prétendant convenable : c'est à dire suffisamment docile pour qu'il accepte l'annexion de son pays. Mais aussi de concevoir un héritier dont il devra s'occuper.
Notes : Je me suis un peu éloignée du prompt, j’espère que tu aimeras quand même !


On frappa à la porte, mais perdue dans ses pensées, ne souhaitant pas être dérangée, Elsa ne répondit pas. Dans la bibliothèque, seule une bougie sur la table servait de lumière. L’âtre était froid malgré le givre qui ornait les vitres.
La porte s’ouvrit, sortant Elsa de ses réflexions. Elle n’en fut toutefois pas irritée : une seule personne se serait permis d’entrer sans autorisation, la seule dont la présence ne lui serait jamais pénible.
« Votre Majesté, toujours pas couchée ?
— Générale, déjà levée ? » riposta Elsa sans rancœur.
La princesse Anna d’Arendelle, Générale en Chef des armées, conquérante des Iles du Sud et de l’ancien royaume d’Ys, rougit comme une belle tomate bien mûre. Elsa sourit.
« Comment se porte ton vendeur de glace ? demanda-t-elle, taquine.
— Très bien, merci », répondit Anna d’un ton très digne avant de s’asseoir près d’elle.
Elle était vêtue de son manteau de fourrure, elle avait donc cherché Elsa. Cette dernière fronça légèrement les sourcils, n’aimant jamais lorsque sa sœur sacrifiait son confort à celui de son aîné.
« Je vais demander à ce qu’on allume la cheminée, dit-elle.
— Non, non, ce n’est pas la peine, je n’ai pas froid, promis.
— Mais…
— Promis. Pourquoi regardes-tu à l’ouest ? On avait dit qu’on ne se frottait pas aux dragons, mais si tu as changé d’avis…
— Non, répondit Elsa, laissant Anna changer le sujet. C’était un peu en désespoir de cause. »
Anna fronça les sourcils, mit les coudes sur la table et manqua renverser la bougie.
« Ça te travaille encore. »
Elsa retint une petite grimace.
« Tu sais… »
Anna hésita, puis sembla prendre son courage à deux mains.
« Arendelle est prospère, déclara-t-elle. Nous avons ouvert la route maritime vers le sud, comme nous le voulions, nous avons annexé Ys, plus personne ne peut nous attaquer par la mer. Jusqu’ici les dragonniers de l’ouest n’ont pas montré d’hostilité envers nous. Nous pourrions, si tu le souhaites, leur proposer une alliance diplomatique.
— Crois-tu qu’ils nous donneraient des œufs de dragon ? demanda Elsa d’un ton songeur. S’ils ont, peut-être, des garçons en âge d’être mariés…
— Tu n’es pas obligée de te marier », dit très vite Anna.
Elsa crispa les doigts sur la table. Dehors, le vent se leva.
« Il le faut bien. Il me faut une héritière. »
Si seulement Anna avait également hérité des pouvoirs de leur mère. Si seulement Elsa avait pu la nommer son héritière. Mais les dieux n’en avaient pas voulu ainsi, Elsa était seule désignée par la glace. Seule désignée à régner sur Arendelle, jusqu’à ce qu’elle mette au monde celle qui prendrait sa succession.
« Tu vas peut-être l’avoir », lui dit Anna, puis elle lui prit la main et la posa sur son ventre.
Elsa écarquilla les yeux d’émotion.
« Anna… souffla-t-elle.
— Il est encore tôt, je n’ai pas encore averti Kristoff. Si tu as une guerre en vue, j’ai encore le temps d’y mettre fin. »
Elsa secoua la tête, puis prit sa sœur dans les bras, une impulsion rare chez elle. Anna l’étreignit de toutes ses forces. Une idée désagréable traversa l’esprit d’Elsa, alors elle s’écarta, sourcils froncés.
« Tu n’es pas tombée enceinte à cause de moi ?
— Ne sois pas bête, répondit joyeusement Anna. J’en avais envie. J’ai juste cessé de faire attention à mes cycles, me disant que s’il fallait que cela arrive, cela arriverait. Et voilà ! Mais si c’est une fille et qu’elle est choisie par la glace, cela pourrait régler nos soucis. Kristoff restera au palais si je le lui demande. »
Quelque chose de frais comme de l’espoir apaisa le cœur d’Elsa. Anna lui prit la main.
« Allons voir le roi des trolls, ma sœur, il nous dira ce qu’il en est. »
¤
« Ce sera un garçon, leur dit le roi des trolls.
— OooooOooooOh ! » s’exclamèrent ses sujets.
Anna ferma les yeux et pressa la main d’Elsa qui se mordit la lèvre.
« Tant pis, dit-elle avec un sourire forcé, anxieuse de rassurer sa sœur. Ce n’est pas grave. Un enfant au palais, ce sera fantastique. Surtout si c’est ton enfant. »
Anna lui rendit son sourire, mais sans entrain. Elsa savait qu’elles aimeraient ce garçon inconditionnellement mais elle savait aussi que malgré ses dénégations, sa sœur aurait souhaité lui offrir l’héritière dont elle avait besoin et qu’il lui faudrait quelque temps pour se remettre de la déception.
« Même une fille n’aurait pu être votre héritière, déclara le roi des trolls avec compassion. La glace ne coule pas dans les veines de la princesse Anna. Ses héritiers ont une autre destinée. »
Anna posa la main sur son ventre, Elsa inclina la tête en signe de remerciement. Mais le roi n’avait pas terminé.
« Reine Elsa, la réponse à vos soucis est en vous. La glace ne vous aurait pas choisie si elle devait vous rendre malheureuse. Ce que vous désirez, elle vous le donnera. »
Le roi lui tapota le genou.
« N’oubliez pas que la glace n’est pas stérile. Elle ne fait que cacher la vie. »
¤
« C’était clair, tiens », grommela Anna, toujours déçue.
Elsa ne répondit pas tout de suite. Elles arrivaient en vue de la capitale. Elsa s’arrêta et sa sœur la regarda d’un air interrogateur.
« Rentre te mettre au chaud, dit Elsa. J’ai besoin de réfléchir un peu. »
Anna fronça les sourcils.
« Tu ne vas pas partir trop longtemps, hein ?
— Non, quelques heures tout au plus. C’est une promesse », ajouta-t-elle à l’air soupçonneux d’Anna.
Cette dernière soupira, l’embrassa sur la joue, puis continua son chemin. Elsa regarda sa silhouette s’éloigner, surveilla ses pas sur la neige bien après qu’elle ne soit plus qu’un point au loin. Elle attendit de percevoir les pas des gardes affolés de voir soudain leur princesse et générale seule aux portes de la ville, puis Elsa fit demi-tour et marcha, marcha, marcha. Il se mit à neiger à gros flocons autour d’elle, un réconfort qu’elle ne dédaignait pas, puis lorsqu’elle se considéra suffisamment loin de toute civilisation, elle sculpta distraitement un siège de glace où elle s’installa.
« La glace n’est pas stérile », murmura-t-elle.
Elle le savait. Pour elle, la glace était vie, pure vie, magie et merveille. La réponse à ses soucis était en elle, lui avait le roi des trolls. Elsa ferma les yeux. Que désirait-elle ? Qu’Anna soit heureuse. Protéger Arendelle. Anna avait Kristoff, et bientôt leur enfant. Protéger Arendelle… Ces jours-ci, protéger Arendelle signifiait avoir une héritière. Une héritière. Une enfant, précieuse, aux veines de glace. Jouant dans la neige, avec son cousin, comme Anna et elle lorsqu’elles étaient petites. Oui, songea Elsa, deux enfants aussi proches qu’elle l’était de sa sœur. Seul ni l’un ni l’autre.
Une petite fille aux veines de glace, fragile et forte comme un flocon de neige, qu’elle chérirait et à qui elle apprendrait à aimer Arendelle.
Elsa ouvrit les yeux. Dans la neige face à elle, elle avait façonné le bébé qu’elle souhaitait. Elle étrangla un rire, parce que soudain la réponse était là, toutes ces créatures auxquelles elle avait donné vie, pour jouer et pour la guerre, étaient-elles le prélude à cet instant ? Pouvait-elle créer son héritière ?
Elsa s’agenouilla devant l’enfant façonnée, dessina mieux les petits membres, les joues et les lèvres boudeuses, posa la main sur son cœur et lui dit : « Vis. »
(fin)

[fic] Mentalisme, Insaisissables, Merritt/Jack, Henley et Daniel [de Bob le crâne, pour Nétoile]

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Titre : Mentalisme
Auteur : Bob le crâne (Participant 17)
Pour : Nétoile (participant 14)
Fandom : Insaisissables/Now you see me
Persos/Couple : Merritt/Jack, Henley, Daniel
Rating : PG
Disclaimer : Rien n'est à moi, les jolis yeux bleus et le sourire coquin sont à Woody Harrelson, les jolies fesses sont à Dave Franco et le reste à leurs propriétaires respectifs
Prompt : Fic - Insaisissables
Merrit/Jack. Merrit est bi et tout à fait okay avec ça. Jack est encore dans le placard et a du mal à s'avouer qu'il y est alors pour se définir hein... Mais Merrit sait. Et Daniel. Et Henley. Et s'il y a un truc sur lequel ils sont d'accord. C'est que le « petit frère » doit être heureux (qu'il le veuille ou non)
Détails : Pas de scènes trop osées, j'aime le sage, mignon, l'humour. Je veux voir Jack couvert de l'amour qu'il mérite car je l'aime et tout le monde devrait l'aimer car il est adorable et gentil et... bref !
Notes (éventuelles) : Je suis désolée du gros retard, et je crois que je me suis un petit peu éloignée du prompt, j'espère que ça te plaira quand même! Encore pardon.

Il avait bien fallu quatre mois pour que les quatre cavaliers réussissent à former une vraie équipe. Avant ça, c'était… compliqué, pour dire le moins. Chacun avait son numéro parfaitement bien réglé, tout seul, ses petites habitudes, et les égos des quatre magiciens ne faisaient pas vraiment bon ménage. Henley n'aimait pas Danny parce que c'était un connard misogyne et égocentrique, de ses propres mots, et parce qu'elle s'en voulait sans doute un peu d'avoir toujours un peu envie de lui. Danny n'aimait pas Merritt parce qu'il savait que son esprit beaucoup trop structuré en faisant un sujet particulièrement réceptif au mentalisme, et qu'il détestait ne pas être totalement en contrôle. Merritt n'aimait pas Danny parce qu'il le trouvait terriblement coincé et particulièrement désagréable.
La seule exception à cette ambiance plus que délétère, et sans doute l'unique raison pour laquelle leur petit quatuor avait fini par fonctionner aussi bien était Jack. Tout le monde aimait Jack, et Jack aimait tout le monde. Il aimait Danny parce que c'était une star, et qu'il adorait son style. Il aimait Henley parce qu'elle lui donnait de bons conseils, et qu'elle se comportait comme une grande sœur. Et il aimait Merritt parce qu'il était marrant, et qu'il n'avait le chic pour mettre les pieds dans le plat.
A vrai dire, le plus jeune des cavaliers avait l'air tellement détendu et sujet à l'éclat de rire, tantôt moqueur, tantôt juste amusé, que Merritt s'était assez vite donné le défi de le mettre mal à l'aise. Car s'il y avait bien une chose qu'aimait Merritt McKinney, c'était savoir ce qui faisait tic taquer les gens. Il aimait commencer une partie avec tous les as en main, et savoir comment énerver, déprimer ou désarçonner quelqu'un en deux mots était un grand plaisir. Sans doute une des raisons pour lesquelles il était devenu mentaliste et hypnotiseur en sortant de ses études de psychologie au lieu de faire un "vrai" métier.
Il aurait pu être psychologue, profiler, professeur même, mais c'aurait été se conformer aux règles, et les règles étaient faites pour être tordues et brisées, c'aurait été aider son prochain et surtout c'aurait été expliquer ce qu'il faisait. Ne pas être le plus intelligent dans la pièce donc. Et puis le don naturel qu'il avait avec le magnétisme et l'électricité était sans doute un signe. Alors Merritt était devenu hypnotiseur, mentaliste, et escroc. Mais il se faisait un devoir de n'escroquer que des connards, attention. Il aurait bien escroqué Daniel Atlas, par exemple, si l'occasion s'était présentée. Et visiblement il était assez bon là-dedans pour avoir été repéré par l'œil, avec les trois autres.
Ce qui l'avait amené ici, dans cet appartement miteux, à gagner le pain de la maison en sortant avec Jack plumer quelques pigeons, à s'entrainer jour et nuit et à planifier minutieusement le coup du siècle. Et un peu embêter ses congénères pour passer le temps, évidemment. Alors il draguait Henley, pour rire, parce que ça la faisait marrer de chercher les réparties les plus vives possibles, il "lisait dans l'esprit" de Danny, parce qu'il savait que ça le faisait toujours fondre un fusible, et il cherchait à savoir ce qui pourrait lui donner l'ascendant sur Jack. Il faisait partie de ces gens, contrairement à Danny, qui n'était absolument pas réceptifs à l'art de Merritt. C'était un caméléon, et savoir ce qui était vraiment Jack Wilder et pas un autre masque était particulièrement compliqué. Chaque fois que Merritt croyait avoir une quelconque emprise sur lui, Jack lui glissait entre les mains comme un nuage de fumée, et laissait le mentaliste frustré et perdu, sur un éclat de rire. Et, évidemment, il lui donnait envie de chercher encore, de trouver le jeune homme derrière les artifices et les tours de passe-passe.
Bon, évidemment, il y avait quelque chose qui le mettait mal à l'aise, mais ça ne comptait pas, c'était pareil pour presque tout le monde. Merritt avait cette propension, contrairement aux autres cavaliers, à ramener ses conquêtes d'un soir ou d'une après-midi dans leur appartement, ou chambre d'hôtel, ou pas loin. Daniel était tombé sur lui et une demoiselle qui aurait très bien pu être sa fille sur le canapé du séjour, Henley avait fait l'erreur de ne pas frapper à la porte de la cuisine alors qu'un jeune homme était à genoux devant lui, quant à Jack, il avait été témoin d'un Merritt allongé sur la table du salon alors qu'un grand type le besognait avec l'entrain d'un acteur de X. Henley n'avait pas voulu manger sur la dite table pendant une semaine après cet épisode. Et ce n'étaient qu'une poignée de fois parmi tant d'autres. Donc ça, oui, ça mettait Jack très mal à l'aise. Mais Merritt ne connaissait pas grand monde qui pouvait rester détendu en le voyant tout nu, pour dire vrai. Et pour le coup, parler de sexe alors que tout le monde était vêtu ne dérangeait personne, et n'avançait absolument pas les affaires du mentaliste.
Et puis, personne ne savait trop comment, ils avaient réussi à passer de quatre prestidigitateurs égocentriques et cramponnés à leurs habitudes à une équipe. Daniel n'était sans doute pas devenu moins misogyne, Henley n'était pas devenue moins grande gueule et Merritt n'était pas plus politiquement correct. Mais tout le monde avait mis de l'eau dans son vin, et avait appris à faire avec, à voir les forces et les qualités de chacun plutôt que les défauts. Et sans doute un peu grâce au fait que tout le monde considérait Jack comme son petit frère, le reste du groupe avait fini par se souder comme une petite famille, un peu dysfonctionnelle, certes, mais unie.
Jack lui, même s'il se faufilait toujours comme une anguille quand il voulait éviter un sujet, il avait sans doute appris à se montrer un peu plus. Il leur faisait sans doute un peu plus confiance, il s'était habitué à ne plus être aux aguets chaque seconde de chaque minute de sa vie, et il leur laissait entrapercevoir ce qu'il était vraiment. Ou peut-être était-ce un autre masque, un qui savait comment prendre les trois égocentriques en face.
Merritt se posait cette question en regardant Jack quitter l'appartement pour aller faire quelques courses et sans doute glaner quelques sous auprès de passants pas vraiment consentants. Les yeux sur la porte maintenant fermée, il faisait la moue, immobile pendant quelques minutes jusqu'à ce que Henley passe derrière lui pour lui tapoter l'épaule.
"Y'a des gens qui sont morts comme ça tu sais…"
L'aîné des cavaliers sourit et fit un clin d'œil à son amie avant de se retourner pour la suivre au salon et s'installer dans le canapé, un ordinateur portable sur les genoux. Ils avaient des recherches à faire, et un plan de spectacle à peaufiner. Il pianota quelques instants à peine avant de relever les yeux sur Henley qui nourrissait les lapins. Devant eux, sur la table du salon, Daniel s'entrainait aux cartes, perfectionnant des techniques qu'il connaissait déjà par cœur.
"Je me pose une question…"
"Oh? Rare ça."
La jeune femme ne s'était pas retournée, gratouillant un petit lapin blanc sous le menton. Merritt réfléchissait à voix haute, Henley le connaissait suffisamment pour savoir ça. A leurs côtés, Daniel faisait mine de ne pas s'intéresser à leur conversation, les yeux sur ses cartes, mais ils savaient parfaitement qu'il écoutait.
"C'est Jack. Je veux dire, il est mignon, très mignon…"
Un petit bruit approbateur lui parvint du côté de Henley, qui s'occupait maintenant des colombes. Merritt lui renvoya un sourire amusé, un bout de langue apparaissant entre ses dents, avant de reprendre
"Il est doué de ses mains, ça c'est assez évident, et il a suffisamment de tchatche pour rembarrer Danny quand il le faut, ou du moins quand c'est absolument nécessaire, et il a jamais montré un dégout quelconque pour les choses de l'amour… ou du sexe gratuit d'ailleurs. Et pourtant, sauf si mon légendaire sens de l'observation me fait défaut, on l'a jamais vu partir ou revenir avec une conquête, il a jamais découché, contrairement à d'autres personnes moins agréables à vivre et à regarder. Il doit plus savoir quoi faire des numéros qu'il récupère après les spectacles…"
Henley médita la question, son sac de graines dans une main et une des colombes dans l'autre. Sur la table, Danny s'était interrompu, un carré d'as étalé devant lui, et fronçait légèrement les sourcils, il ne semblait pas avoir entendu la petite pique en sa direction. Aucun des deux ne s'était inquiété de l'intrusion dans l'intimité de Jack, après tout Merritt était un mentaliste, s'introduire dans la vie des gens c'était son métier.
"Et tu en déduis, monsieur McKinney?"
"Pas grand-chose encore, monsieur Atlas, je te ferais part de mes conclusions une fois qu'elles seront faites."
Il lança un autre de ses clins d'œil à Daniel et se repencha sur son ordinateur, signalant la fin de la discussion. Le sujet n'était pas clos, loin de là, mais il avait besoin d'un peu plus d'informations.




Les semaines suivantes, Merritt les avait passées à observer Jack. Ou à l'observer plus que d'habitude, disons. Il ne s'était jamais empêché de regarder les jolies choses, et Jack ne faisait pas exception à la règle, tout comme Henley. Danny lui, sans doute s'il ne le connaissait pas, mais il était bien trop désagréable pour être apprécié à sa juste valeur. Il observait Jack, pas seulement quand il sortait de la douche avec une micro serviette autour des hanches, ou quand il s'entrainait au kung fu dans le parc, mais surtout dans les soirées, après leurs petits shows, dans les foules quand ils jouaient dans la rue pour gagner leur croute.
Maintenant qu'il savait ce qu'il cherchait, il s'étonnait de ne pas l'avoir repéré plus tôt. A voir ses réactions devant les nanas qui lui faisaient de l'œil et les gars qui l'invitaient à boire un verre, il n'y avait qu'une solution possible, et elle crevait les yeux. Merritt savait que Danny l'avait vu, parce que Danny était un maniaque du contrôle et qu'il avait observé les mêmes choses que Merritt, et il savait que Henley savait parce qu'elle gardait toujours un œil sur son petit frère. Il avait trouvé son angle d'attaque, il savait enfin comment prendre Jack, sans mauvais jeu de mot, et il aurait pu en rester là, après tout, c'était ce qu'il voulait. Mais lui aussi avait passé ces plusieurs mois avec Henley, Danny et Jack, et voir leur petit dernier se mentir à lui-même ne lui plaisait pas spécialement.
Dans un autre genre, il s'était dit que si Jack sortait du placard, il serait sans doute plus réceptif à ses charmes que Henley. Sans doute. Et ça, après plusieurs mois à fréquenter Jack et le voir sortir de la salle de bain avec cette serviette blanche mentionnée plus haut, c'était plus intéressant.
Parce que oui, Jack était dans le placard. A bien le regarder interagir avec les gens, il avait la tchatche, le bagou, il était charmant et avenant, mais dès qu'il tombait sur un type qui tentait de le draguer, à nouveau il devenait un nuage de fumée. On aurait pu croire qu'il était juste un peu stressé, ou justement trop hétérosexuel pour prendre ça à la légère. Mais "on" n'était pas Merritt McKinney, et "on" n'était pas mentaliste. Non, la seule question était si Jack était gay et faisait très bien semblant, ou s'il était tout simplement bi. Il n'avait fallu que quelques jours à Merritt pour se faire une certitude. Ce qui était d'ailleurs assez énorme pour un homme comme Merritt, qui lisait dans les gens pour gagner sa vie.
Il en avait parlé avec Henley, et même avec Daniel, qui étaient d'accord avec lui, et ils avaient fini tous les trois sur ce canapé à attendre que Jack revienne comme des parents prêts à faire une intervention à leur fils. Trois parents, oui. On ne juge pas.
Jack haussa un sourcil étonné devant ses trois aînés, alors qu'il posait ses courses sur la table et sortait une poignée de billets de sa poche. Pendant un instant ils se demandèrent comment aborder le problème, comment lui dire que personne ne le jugeait et qu'il devrait peut-être se laisser aller à certaines pulsions. Et puis, puisque personne ne commençait, la personne qui avait moins de tact que tout le reste de la pièce réunie prit la parole. Avec le recul, Merritt aurait dû l'étouffer avec un coussin à ce moment-là. Au cas où. Ou lui lancer Henley au visage.
"Pour faire simple, nous nous sommes rendus compte que tu es bisexuel. Ou homo, je ne sais pas trop, mais dans tous les cas ces deux-là ont décidé qu'il fallait qu'on te le dise, pour une raison ou une autre, vu qu'apparemment tu t'obstines à nous le cacher. Ou à te le cacher à toi-même mais là j'y peux rien."
Le sourcil levé de Jack monta encore un peu plus haut, et Merritt se retint de grogner de frustration. Ou de tuer Daniel, d'ailleurs. Le plus jeune se contenta de marmonner un
"Faut arrêter la drogue, les enfants…"
Et de repartir vers sa chambre en piochant une barre chocolatée dans un des sacs plastiques sur la table. La claque que mit Henley à l'arrière du crâne de Daniel résonna agréablement aux oreilles de Merritt.



Danny était parti, sans doute dans une chambre d'hôtel un peu moins miteuse ou dans l'appartement d'une quelconque belle plante. Henley était couchée dans sa chambre, et Merritt avait fini par se décider à gratter doucement à la porte de Jack. Pas de réponse, mais la lumière filtrait toujours sous sa porte. Merritt attendit quelques secondes, par politesse, et poussa la porte pour passer la tête par l'entrebâillement.
Jack était allongé sur son lit, un ordinateur sur les genoux, et faisait mine de ne pas le voir, même quand le plus vieux s'installa sur le rebord de son lit. Il resta silencieux un instant, sûr que ce coup-ci, personne ne viendrait lui piquer son tour de parole.
"Moi aussi il me gonfle tu sais…"
Au moins, il avait réussi à tirer un sourire à Jack, ce qui était déjà pas mal. Il ne parviendrait sans doute pas à grand-chose ce soir, mais s'il pouvait revenir dans ses bonnes grâces, et tout mettre sur le dos de Daniel, c'était déjà ça. Jack poussa un léger soupir et leva les yeux de son écran pour regarder le sourire taquin de Merritt.
"J'avais un crush sur lui…"
Le sourire se fana pour se transformer en une expression peinée.
"Oh. Condoléances. Et maintenant?"
"Maintenant moins."
Le mentaliste haussa un sourcil amusé, sans dire ce qu'il pensait, ça se lisait parfaitement dans ses yeux. "Tu m'étonnes". Et puis il se reconcentra sur les yeux du jeune homme, dans lesquels il avait l'habitude de se perdre, où il ne pouvait pas lire ce qu'il voulait, d'habitude. Et là, subitement, il voyait enfin quelque chose. Des questions, plein, de l'incertitude, un peu, la trouille d'être encore mis à l'écart, et quelque chose de plus profond encore, plus loin… quelque chose d'enfoui, peut-être un père aux idées un peu trop arrêtées, peut-être autre chose. Mais surtout, il voyait l'envie de s'ouvrir un peu plus que d'habitude, à Merritt, et personne d'autre.
Pour une fois dans sa vie, Merritt était à court de bons mots. Il s'approcha seulement un peu plus, et posa la main sur la jambe du plus jeune, avant de redemander
"Et maintenant?"

[Fic] You can't deny it, Starfighter, Cain/Abel [d'Isis, pour Plague Doctor]

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Titre : You can’t deny it.
Auteur : Isis (Participant 1)
Pour : Plague Doctor (Participant 12)
Fandom : Starfighter
Persos/Couple : Caïn/Abel
Rating : PG-13
Disclaimer : Hormis l’histoire, rien n’est à moi.
Prompt : Comment Cain se montre câlin avec Abel après la première fois où ils ont inversé les rôles (fluff !!!)



Abel s’écroula littéralement sur Caïn au moment où ils jouirent. C’était puissant, intime. Plus rien n’existait en dehors de leurs deux corps emmêlés. Il n’y avait plus que leurs respirations qui s’entremêlaient.
Et la main de Caïn qui lentement allait et venait dans son dos, sans un seul mot. Sa chaleur qui ne s’éloignait pas de lui, qui restait. Il le sentit tirer la couverture sur eux deux. Abel avait la sensation d’être dans un cocon de chaleur, de bien-être. Difficile d’imaginer cela possible quand on connaissait son compagnon.

Habituellement, leurs nuits étaient brusques et l’après était... froid, presque inexistant. Sauf que cette fois-ci, il était toujours contre lui.
Un bulle de douceur les entourait, lui tirant un soupir de délice. Ce fut à ce moment là que Caïn décida de se mettre en mouvement. Au début, Abel pensa qu’il allait le repousser ou nier ce qui venait de se passer, l’intensité qu’ils avaient ressentie tous les deux.
Sauf qu’au contraire, Caïn s’installa un peu plus confortablement contre lui, la tête reposant sur son torse, une main jouant presque machinalement autour de son téton.
Il n’y avait rien de sexuel, de « je te veux » dans ce geste. C’était plus… « Je suis bien ici et maintenant ». Etonnant venant de son combattant.

- Tu as aimé.
Ce n’était pas une question. Il n’y avait pas le moindre doute, l’ombre d’une hésitation dans la voix du brun. C’était une affirmation. Et elle n’appelait aucune réponse, aucune protestation. C’était juste un fait, murmuré d’une voix satisfaite et comblée. Tout ce qu’il n’avait jamais pensé avoir de la part de Caïn.
- Je ne pensais pas que tu voudrais, reconnut Abel.
La main qui avait glissé sur son bras s’arrêta une seconde, marque d’étonnement, avant de reprendre son geste. Il était lent, presque paresseux. C’était une forme d’onanisme qui ne disait pas son nom, qui n’avait pas les mêmes conséquences évidentes. Mais malgré tout, c’était une lente caresse.

- Pourquoi ?
Abel sursauta presque. Cela faisait de longues minutes qu’ils étaient ainsi, en silence, sans que Caïn n’ait ressenti le besoin de lui répondre. En réalité, Abel était en train de s’endormir sous la caresse contre son bras, bercé par la lente respiration du combattant. Difficile de croire que c’était le même homme que celui qui partageait habituellement sa couche. Ce n’était définitivement pas le même style.
- Ca n’avait pas l’air d’être ton style d’accepter. Plutôt… Du genre « jamais pour moi ».
Le silence retomba. Ne restait plus qu’eux deux. Le bruit de la base était lointain, comme étouffé. Peu importait l’heure, elle était toujours en effervescence. Il n’y avait jamais véritablement de repos, ici. C’était ce qui avait attiré Caïn à l’origine.

Le brun déposa un baiser sur sa peau, sans rien ajouter. Sans même commenter le frisson plus qu’évident du blond.
Il se sentait simplement bien, serein à le sentir contre lui, ainsi. C’était la première fois qu’il avait réellement envie de profiter de l’autre sans que ce soit sexuel. Enfin, si, cela l’était évidemment vu qu’ils venaient de coucher ensemble, mais… Ce n’était pas pendant. C’était après. C’était… nouveau. Et Abel ne semblait pas s’en plaindre.
C’était difficile de passer à côté de ce qu’il n’aimait pas. Il avait une manière de le montrer, de l’exprimer qui rendait même sa plus grande mauvaise foi impossible. Même s’il ne s’en privait pas pour autant.

Il recommença à déposer un baiser, puis un autre et encore un autre. Remontant lentement vers la mâchoire, sans jamais dévier de sa trajectoire, sans jamais véritablement bouger de là où il se trouvait.
C’était long, lent et paresseux. Uniquement des qualificatifs dont Abel n’aurait jamais pensé qualifier Caïn. Il était tout sauf cela. Mais à le sentir ainsi, à sentir monter en lui cette douceur, cette délicatesse, c’était à se demander pourquoi.
Cela n’avait rien de sexuel. Ce n’était pas pour préparer un nouveau round –on pouvait difficilement qualifier le sexe entre eux d’amour tendre-, c’était plus pour savourer, profiter du moment et le prolonger.
C’était nouveau. Comme bien des choses, ce soir. Au final, est-ce qu’il connaissait réellement Caïn ? Est-ce que ce n’était pas juste une façade, ce qui l’arrangeait de lui montrer, qui lui donnait le moins de prise possible sur lui ? Est-ce qu’au final, ce qu’il était en train de découvrir n’était pas aussi une véritable facette de son camarade ?

Abel posa une main sur l’épaule la plus proche de Caïn, laissant doucement ses doigts masser le muscle et les os sous sa main, tirant ainsi un léger soupir de plaisir à son combattant.
Une première.
Il pourrait facilement devenir accro à ce genre de choses. Du sexe. Des câlins. Et Caïn tendre et détendu avec lui, tout contre lui.
Quand le brun arriva à ses lèvres, il l’embrassa lentement, longuement, prenant tout son temps, comme s’ils étaient en couple, comme s’ils faisaient l’amour, plutôt que baiser. Comme si c’était le quotidien, une vie de tendresse et d’amour. Une vie qu’il vivrait certainement avec plaisir.

Caïn reposa la tête sur son épaule, la main posée sur l’autre épaule de son pilote. Sa respiration était calme, lente. Elle caressait la peau, encore couverte de sueur d’Abel. Et ce n’est qu’au bout de plusieurs minutes qu’Abel comprit. Il venait de s’endormir. Comme si c’était une évidence. Comme s’ils ne dormaient que comme cela.
Il n’y avait aucune chance pour que ce soit l’unique fois qu’Abel soit celui qui vienne en Caïn. Pendant c’était délicieux, mais après, si Caïn était toujours aussi câlin, c’était encore meilleur. Cette nuit allait se reproduire. Encore. Et encore. Et encore. Même si cela était difficile, même s’il fallait laisser du temps au brun pour s’y habituer.
Mais cela se reproduirait, jusqu’à plus soif, jusqu’à ce que Caïn le repousse et reprenne son rôle ou… Plus simplement, aussi longtemps qu’ils coucheraient l’un avec l’autre, tant après l’amour, qu’après la baise, ils auraient ce moment de pure tendresse, de calme et de bien-être.

[Fic] Maître et esclave, The Eagle, Marcus/Esca [d'Enclume, pour Eigengrau]

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Titre : Maître et esclave.
Auteur : Enclume (Participant 11)
Pour : Eigengrau (Participant 19)
Fandom : The Eagle
Persos/Couple : Marcus/Esca
Rating : NC-17
Disclaimer : Non, rien de rien, je ne possède rien…
Prompt : Marcus/Esca, la réécriture de leur rencontre/histoire façon Harlequin !
Notes : Je me suis sans doute éloignée du prompt, essentiellement parce que c’est déjà une histoire Harlequin, il y avait juste quelques scènes à rajouter.
Attention, le consentement ici est très douteux voire inexistant pour cause d’esclavage, ben oui…



Il n’avait jamais eu d’esclave qui fût entièrement à lui. Il y avait toujours eu les esclaves qui s’occupaient de la maison dans son enfance, mais c’était tout, il n’avait jamais eu besoin de dépendre de quelqu’un.
Mais maintenant il était infirme. Incapable de se déplacer sans aide, incapable de s’asseoir, de marcher, de faire quoi que ce soit sans être sans cesse entouré, soutenu, trimbalé. Son oncle était plus agile que lui.
Marcus serra les dents. Ressasser tout ça ne l’aiderait pas.
Il regarda devant lui, regarda l’esclave en train de ranger sa chambre après l’avoir porté jusqu’à son fauteuil.
Le Brigante n’était pas grand-chose. Maigre, émacié presque, avec son air étrangement aérien. Il n’y avait pas si longtemps que ça il ne lui aurait pas fallu longtemps pour le mettre à terre pour le tuer.
Il retint le rictus cruel et haineux qui menaçait d’envahir son visage.
Et maintenant c’étaient ces bras secs et fins, étrangement solides qui le maintenaient, qui l’aidaient à marcher, qui remplaçaient les siens pour faire tout ce qu’il était incapable de faire.
La lumière accrocha le tatouage du barbare sur son bras droit, sur les pleins et les déliés que dessinaient ses muscles alors qu’il soulevait la lourde table de bois et, malgré la tunique de laine brute, il vit les muscles de son dos bouger eux aussi.
Il laissa son regard retomber sur sa jambe inutile, la douleur inonder à nouveau son corps, le forcer à serrer les dents pour ne pas hurler, pour ne pas crier qu’on l’achève.
Mais il avait sauvé Esca, inconsciemment, il avait voulu un compagnon dans son calvaire, quelqu’un qui, comme lui, aurait préféré la mort au déshonneur.
Il regarda les muscles du prisonnier s’affairant inutilement dans sa petite chambre.

***

Les sangles se refermaient sur lui. Il n’osait pas espérer. Il savait que la douleur allait venir. Il se rappelait encore, comme d’un cauchemar, de celle qui avait accompagné son voyage et sa fièvre. La nuit, il sentait encore le métal acéré de la roue rentrer dans sa chair.
Il attendait la douleur. Il n’osait attendre une amélioration. Il n’osait espérer pouvoir à nouveau bouger seul, être libre de se lever de sa chaise à sa convenance, sans avoir besoin de s’accrocher aux bras d’Esca, sans sentir son souffle chaud sur sa peau quand il le soulevait…
Il jeta un coup d’œil à l’esclave, regarda ses yeux clairs, presque effrayés.
Il le fit partir.
Esca l’avait vu dans les pires moments, il l’avait aidé à se tenir pour pisser, il l’avait descendu dans son bain, ramassé lorsqu’il était tombé, toute dignité perdue, les larmes aux yeux.
Mais il ne le verrait pas comme ça, en train de se faire charcuter comme un porc qu’on morcelle.
Bien sûr le médecin l’avait arrêté avant qu’il ne sorte. Et son oncle l’avait, une fois de plus, abandonné, l’obligeant à garder l’esclave, à le forcer à le regarder et à l’entendre dans un moment pareil.
Il avait détourné les yeux. C’était une méthode de couard. Ne pas le voir n’empêchait pas la présence d’Esca, bien au contraire. Il y avait ses mains chaudes sur sa peau et maintenant son bras posé sur son torse, son corps tout contre le sien, pressé, si lourd alors qu’il semblait assez léger pour qu’une simple brise puisse l’emporter.
Il avait sentit la lame se poser sur son genou. Tout son corps s’était tendu. Esca était à moitié allongé sur lui et maintenait sa tête contre sa main, son bras l’enserrant. Il ne pouvait que lever le regard vers l’esclave, vers ces yeux clairs et étrangers dont il n’arrivait pas à percer les secrets, dont il ne comprenait pas ce qu’ils réfléchissaient.
Il relâcha son inspiration lorsque le chirurgien lui en donna l’ordre, grognant, serrant les dents, s’empêchant de crier alors qu’il le sentait fouiller dans la chair, qu’il sentait son corps se soulever sous Esca, le forcer à appuyer plus fort, à le regarder plus fixement encore, comme si ses seuls yeux pouvaient suffire à le clouer sur le bois, à l’empêcher de tressaillir sous la douleur, comme s’ils pouvaient faire fuir cet horrible supplice.
La fièvre l’avait pris, l’emmenant loin de la douleur, à moins que ce ne furent les yeux clairs qui le sauvèrent de plus de douleur.

***

La chasse avait échauffé son sang autant que le vent soufflant contre son visage, ses muscles qui le tiraient et le plaisir sauvage lorsque sa lance avait cloué le sanglier à terre. Esca et lui avaient travaillé avec une parfaite harmonie, l’esclave devançant presque ses ordres au moment de couper le pas de l’animal, lui faisant confiance pour achever la bête avant qu’elle ne fonce sur le cheval qui le portait.
L’esclave avait fière allure alors qu’il le devançait, le cadavre de la bête attachée derrière sa selle. Son assiette, son port de tête, la façon dont ses hanches épousaient le mouvement du cheval…
Son sang était chaud de la chasse. Mais pas uniquement.
Esca l’aida à démonter car sa jambe n’était pas encore assez rétablie et lui tendit sa canne.
— Apporte le sanglier à la cuisine et rejoins-moi.
Il avança, le pas encore un peu tremblant, mais tellement plus assuré qu’avant, vers la salle d’eau.
Il réussit à enlever seul sa tunique et le pantalon qu’il avait pris coutume de porter. Il était nu quand Esca entra. L’esclave versa l’aiguière dans le bol et commença à le laver. Bientôt il pourrait retourner aux bains publics, s’ennuyer ferme avec son oncle au milieu des commérages, des rivalités et du clientélisme, mais pour le moment il préférait encore laisser son esclave s’occuper de lui.
Il s’appuya sur la table pour lever le pied et laisser Esca, à genoux devant lui, laver sa jambe.
Son sang était encore chaud dans ses veines, l’ivresse de la chasse hantait son esprit. Il se rétablissait, il redevenait un homme, plus un infirme.
— Déshabille-toi.
Il se servit de la table pour aller jusqu’au petit coffre où étaient rangés les parfums et les huiles. Il ne regarda pas l’esclave lui obéir et celui-ci tournait le dos lorsqu’il revint vers lui.
— Lave-toi, lui ordonna-t-il, se souvenant encore du sang sur ses mains.
L’esclave obéit avec des gestes brusques, lui tournant encore le dos et, un instant, il hésita. Esca l’avait toujours considéré comme un égal, il le servait parce qu’il considérait qu’il y avait une dette de sang entre eux, qu’ils étaient tous deux des guerriers…
Esca était un esclave, depuis un certain nombre d’années, il savait ce qui était attendu de lui.
— Penché sur la table et écarte les cuisses.
Il ouvrit la fiole d’huile et laissa glisser le liquide sur ses doigts. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas fait ça mais il se souvenait encore des précautions à prendre quand il ne s’agissait pas de prostitués.
Il glissa un doigt et tout le corps d’Esca se raidit.
— Détends-toi.
Pas un mot, pas un souffle ne passa les lèvres de l’esclave mais il entendait presque ses insultes alors qu’il forçait l’étau à se desserrer, à l’accepter en lui. Esca était fier, chez un homme libre c’était une qualité, chez un esclave…
Il continua à huiler les parois, à préparer le corps souple, vigoureux et plié à ses besoins.
D’une main, il oignit son sexe avant de se rapprocher, la main sans huile attrapant la table tandis qu’il se plaçait juste à l’entrée.
Le sang battait à ses oreilles et il le pénétra, lentement.
C’était divin. Il ne se rappelait pas de la dernière fois où il avait ressenti autant de plaisir juste en glissant à l’intérieur d’un autre corps, juste en sentant cette parfaite friction. Il ne ferma pas les yeux, continuant d’observer le corps d’Esca sous lui, les muscles de son dos, le tatouage visible sur son bras accroché à la table. Il termina son mouvement et posa sa main encore huilée sur le sexe de l’esclave.
Esca aurait fait un bien mauvais prostitué, le phallus flasque, mais il commença à le caresser tandis qu’il allait et venait en lui, tandis qu’il s’accrochait désespérément à la table pour ne pas tomber, terrassé par le plaisir.
Il ne fallut pas longtemps pour qu’il le sente durcir dans sa main, grandir, et que les hanches sous lui ne commencent à remuer, cherchant la délicieuse friction qui les mènerait à la jouissance.
Il regretta sa jambe encore trop raide, il aurait voulu se pencher et enfouir son visage dans la nuque d’Esca, lécher les gouttes de sueur qu’il y voyait, s’enivrer de son odeur.
Le sang pulsait dans son corps tout entier, le rythme était frénétique et les échos de leurs souffles ne cessaient jamais.
Il enleva la main de la table, l’abattant sur l’épaule d’Esca, s’accrochant à ses muscles, lui faisant confiance alors qu’il se laissait tomber dans l’extase, l’emmenant avec lui de quelques gestes du poignet.

***

— Esca ?
Son oncle était incrédule et il serra les dents.
— Pourquoi pas ?
— Parce que c’est un Breton. Il ne vient peut-être pas d’au-delà du mur, mais il est Breton. Et il te tranchera la gorge dès que vous serez seuls.
Il se redressa, se sentant presque personnellement insulté.
— Il ne le ferait pas.
— Comment peux-tu en être sûr ?
— Il m’a donné sa parole.
— Sa parole ?
Son oncle se riait de lui
— C’est un esclave ! Il dit ce qu’il dit et il fait ce qu’il fait parce qu’il le doit ! Ne laisse pas ses halètements de plaisir t’empêcher de voir la vérité.
Non. Son oncle ne connaissait pas Esca, ne savait pas reconnaître l’honneur. Coucher avec l’esclave n’avait pas altéré son jugement. Esca pensait lui devoir une dette de sang, c’était ce qui le forcerait à l’aider.
— Quand vous serez au-delà du mur…
— Si je me trompe… alors je mourrai.
Il se retint de jeter un œil derrière lui.
— Qu’il en soit ainsi, conclut-il en prenant congé de son oncle.

***

Le paysage était superbe, étrangement déchiré, hypnotisant et totalement désorientant. Il était incapable de savoir s’ils étaient en train de revenir sur leurs traces ou s’ils avaient avancé. Esca l’avait prévenu, des centaines d’hommes pourraient disparaître dans une vallée sans laisser de trace.
La pluie tombait et il remercia Mithra de les avoir conduit jusqu’à la petite grotte.
Les chevaux étaient au repos, entre eux et l’entrée de la grotte, il faisait relativement chaud sous la couverture qu’il partageait avec Esca. Il ferma les yeux, laissant l’odeur de l’autre homme le bercer doucement.

***

Il était furieux. La rage était comme un voile enveloppant sa peau. Dès qu’il en aurait l’occasion il tuerait Esca, il lui ferait regretter ce qu’il avait osé lui faire, la corde autour de ses poignets, la honte d’être ramené comme un trophée de chasse, d’être relégué avec les autres esclaves alors qu’Esca était en train de célébrer sa liberté.
Le poisson à la main, il s’assit sur la dune, regardant les jeunes filles qui travaillaient. Il essaya de se calmer, de sourire, peut-être qu’il pourrait obtenir que l’une d’elle l’aide à s’échapper.
Le cri outré se fit entendre, mais il ne comprenait toujours pas un traitre mot de ce que disait le guerrier. Il se releva. Pour être aussitôt jeté à terre par une main contre son visage. Il se remit sur pied. Qu’on lui donne son épée et il était mort. S’il avait été seul…
Le barbare continuait à pester, il vit Esca arriver et la haine embrasa son cœur. Le Brigante vint se mettre entre eux.
Avant de tourner ses yeux froids et son visage fermé vers lui. Où étaient passés les sourires tendres, presque complices ?
Comment avait-il pu être dupé ?
Esca lui parla dans sa langue barbare, avant de lui crier l’ordre en latin.
— A genoux.
Comment pouvait-il croire que lui, un centurion romain, allait se mettre à genoux devant un barbare.
Le revers le prit par surprise, faisant éclater le sang sur sa lèvre inférieure.
— Mets-toi à genoux !
Il serra les dents.
— Maintenant !
Le barbare à la peau couverte de boue le regardait toujours.
Il obéit.
Il sentit les mains d’Esca l’attraper, tirer sa tête en arrière, exposer sa gorge et il l’entendit parler dans cette langue incompréhensible.
Ainsi donc son oncle avait raison…
Qu’il en soit ainsi !
Le barbare s’approcha d’eux, le contempla et il lui rendit son regard de haine.
Mais le guerrier se détourna de lui, comme s’il n’était pas digne de son attention et il parla à Esca.
Il sentit les mains du Brigante le lâcher alors qu’ils discutaient tous deux et Esca répondit quelque chose qui sonnait comme un défi. Il se tourna ensuite vers lui.
Et défit son pantalon.
— Suce.
Il ne comprit même pas.
La main du Breton passa dans ses cheveux, les tirant à nouveau pour que leurs yeux se rencontrent et il cracha, le visage tendu :
— Suce-moi, esclave.
Son sang tout entier bondit, de rage, de honte, de fureur. Il était citoyen et soldat romain ! Pour qui le prenait-il ? Comment osait-il !
Les doigts tirèrent ses cheveux plus douloureusement.
— Qu’attends-tu, esclave ?
Les yeux bleus étaient froids, coupants, tellement différents de ceux qui l’avaient accompagné jusque là, c’était un autre homme qu’il avait devant lui, le fils d’un seigneur qui pouvait lever 500 lances, un homme fier et intraitable qui voulait l’humilier et l’obliger à le servir.
Il voulait lui cracher au visage, il voulait le tuer, la haine roulait sous sa peau.
Il approcha les lèvres et prit le sexe encore flasque entre ses lèvres.
Tout le village s’était arrêté pour les regarder, pour voir son humiliation publique.
Ses joues étaient rouges et le sexe dans sa bouche était en train de durcir, il ne leva pas les yeux vers Esca, il se contenta de sucer comme il l’avait vu faire aux prostituées. Trop vite, le phallus devint trop gros pour tenir entièrement dans sa bouche et il fut obliger de bouger sa langue, sa tête.
Mais les doigts du Brigante étaient encore dans ses cheveux, le maintenant en place et les hanches minces commencèrent à bouger, enfonçant le phallus dans sa gorge, manquant de l’étouffer, faisant couler la salive au coin de sa bouche.
Il voulait le tuer. Il n’osait imaginer à quoi il ressemblait, lui, citoyen romain, centurion, à genoux en train de sucer un esclave, de prendre son sexe jusqu’au fond de sa gorge, d’utiliser sa langue pour le faire gémir et sentir ses doigts refermer encore plus leur prise.
Il déglutit et le grognement d’Esca lui fit lever les yeux vers son visage torturé de plaisir, vers ses yeux voilés et fixés sur lui. Il aurait voulu lui sourire. Au lieu de ça il déglutit à nouveau et enroula sa langue le long du phallus tandis qu’il se retirait. Lorsqu’il le fit pour la deuxième fois, il sentit la semence couler en lui et regarda les yeux se dilater.
Il cracha à terre dès que les mains du Brigante le lâchèrent. Les barbares autour d’eux riaient, faisaient des gestes obscènes et criaient des encouragements.
Le guerrier barbare le regardait le sourire aux lèvres.
Esca rajusta son pantalon et se tourna, sa main repoussant sa tête.
Il se releva.
— Quand j’en aurai l’occasion…
Sa voix était rauque et sa gorge lui faisait mal.
— Je te tuerai.
Esca le regarda, et il était incapable de lire quoi que ce soit dans ses yeux, avant de se retourner.

***

— Marcus.
Il se réveilla en sursaut. Esca était au-dessus de lui et son premier geste fut pour se protéger.
— Il faut que nous agissions maintenant.
Il le regarda, sans comprendre, dormait-il encore ?
— Avant qu’ils ne se réveillent. C’est notre seule chance.
Il regarda Esca, la clarté de ses yeux, la douceur de son visage.
— Je pensais t’avoir perdu.
Il y eut un moment, une éternité de paroles non dites avant qu’il ne se relève.
— Vite, dit son ami.

***

— Je ne peux pas continuer.
La pluie était partout et sa respiration difficile.
— Si tu le peux. Tu as juste besoin de repos.
Il sourit, faiblement.
— Prends l’aigle. Si tu trouves des chevaux reviens. Sinon…
Une quinte de toux l’empêcha de continuer et de reprendre sa respiration.
— Continue vers le sud. Fais en sorte qu’il revienne à Rome.
— Je ne t’abandonne pas ici, déclara Esca.
— Ne me déshonores pas, prends-le !
Il lui tendit l’aigle, faiblement.
— Je suis venu jusqu’ici avec toi, je ne vais pas t’abandonner maintenant.
— Esca… C’est un ordre.
Il était tellement fatigué et la pluie qui tombait sans cesse
— Prends-le.
— J’ai juré sur mon honneur de ne jamais t’abandonner !
La pluie tombait sur le visage aux traits nobles, si différents des siens.
— Si tu veux que je parte, libère-moi.
Il haletait, regardant Esca, debout devant lui.
— Donne-moi ma liberté.
Il retira la dague de son paquetage et en tendit la poignée.
— Tu es libre.
La main d’Esca se posa sur la sienne.
— Tu es libre mon ami, répéta-t-il.
Il n’y avait que le bruit de la pluie tout autour d’eux.
Esca se redressa.
— Prends-le.
Il lui tendit l’aigle.
— Non.
La main d’Esca se posa sur la toile et, pendant un instant, son cœur se brisa.
Puis il sentit les doigts qui passèrent dans ses cheveux, le corps qui se pencha vers lui.
— Je vais revenir.
Ses yeux étaient purs, clairs, sans aucun doute. Leurs regards se fixèrent, jusqu’à ce que les lèvres se posent sur les siennes, à peine un instant avant qu’Esca ne reparte, en courant.

***

Ils traversaient la foule murmurante, impressionnée et le couloir empli de curieux, et il pouvait entendre le sourire d’Esca dans ses mots.
— Et maintenant ?
Il le regarda, son ami, son amant, son égal et sourit.
— C’est à toi de décider.

[Fic] Le petit prince des neiges, Frozen, Kristoff/Anna, Elsa, OC [de choco hug, pour Skitty]

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Titre : Le petit prince des neiges
Auteur : Choco Hug (Participant 20)
Pour : Skitty (Participant 22)
Fandom : Frozen
Personnages/Couple : Kristoff/Anna, Elsa, Nilke (oc)
Rating : PG
Disclaimer : Je n’ai rien, tout appartient à Disney, mis à part les allusions au conte qui sont à Hans Christian Andersen et les mentions de la culture sámi. Hum, je me suis peut-être aussi inspiré d’une certaine situation politique d’un livre de fantasy, mais je ne suis pas certaine que tout le monde pourra le voir. Clin d’œil au Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson et autres fandoms.
Prompt : Fic - Disney - Frozen
Kristoff raconte à son fils/sa fille/ses enfants comment il a rencontré sa/leur maman. Avec Anna et Elsa qui interviennent à un moment de l'histoire pour raconter leur version des faits. Bref le conte de La Reine des Neige raconté par les personnages.



« Papa, commença Nilke dans la nuit, pendant qu’ils s’acheminaient vers le château. Dis, pourquoi tous les esprits ne font pas des maisons dans les aurores boréales ? »

Kristoff regarda son fils avec surprise. L’homme fronçait les sourcils tout en tenant les rênes de son traineau alourdi par les glaces accumulées. C’était une étrange question, même venant de Nilke. L’enfant de sept ans paraissait plus sérieux que d’habitude, les sourcils froncés lui-aussi et le dos toujours bien droit, comme le voulait Elsa pour une obscure raison.

« Pourquoi cette question ?

- La vielle dame a dit que tes parents y habitent, mais pas ceux de maman et tante Elsa. » répliqua son fils d’une traite, puis, il ajouta : « C’est pas logique. Et pas juste. »
Son air était maintenant boudeur, la bouche crispée dans une grimace qui lui rappela sa mère, avec sa frange de mèches blondes qui battait son front clair. Comme réponse, son père fourra sa main dans les cheveux, pour faire vite disparaitre le sérieux du petit prince à la grande horreur de Nilke qui, depuis l’âge de cinq ans, s’évertuait à dire qu’il était un adulte maintenant. La plupart du temps avant de bouder, ce qui n’arrangeait pas ses affaires concernant le fait d’être traité ou non en adulte.

« Hé, ne fais pas cette tête. Ce n’est pas comme si elle y connaissait vraiment quelque chose. » déclara l’homme en songeant à l’une des vieilles du rassemblement de nomades et de parias, celle qui avait sans doute parlé à son fils.

« Oui, mais si c’est vrai, ça veut dire qu’on risque d’être séparé ! Et moi je ne veux pas ! 

- On ne le sera pas, Nilke. Et ensuite, il est trop tôt pour penser à ce genre de chose, surtout à ton âge.
- J’ai le même âge que toi quand mamie Bulda t’a trouvé, argumenta l’enfant en le regardant dans les yeux. Je sais, c’est elle qui me l’a dit. Et toi et Sven étaient tout seul...»
Kristoff resta silencieux un moment, perplexe.
Sven brama aussitôt pour l’encourager. Certes, mais cela ne lui donnait pas d’idée sur la façon de répondre à son fils. Ah sa mère trolle... elle avait certainement voulu lui raconter leur rencontre pour lui faire plaisir, comme Elsa qui voulait lui faire retrouver ses origines avec son nouveau travail.

A cause de ses pouvoirs qui l’avaient exclu de toute intéraction sociale durant une partie de sa vie, la reine Elsa d’Arendelle, héritière légitime du royaume sans parler des autres titres soporifiques, s’était fait le garant de l’égalité sociale, y compris pour les parias dont on taisait d’ordinaire le nom, le joik et la voix. Etant, par son père, l’un des leurs, Kristoff s’était vite vu offert bon gré, mal gré le rôle d’ambassadeur et de diplomate. Cela s’était renforcé quand il était devenu clair que les deux communautés ne seraient pas aussi charmées et amicales les unes envers les autres que la reine l’avait escompté. Des années de peur et de rancune pour les uns, de préjugés et de haine pour les autres avaient de quoi nourrir les arguments de Kristoff sur la médiocrité de l’humanité. Anna avait beau dire, Sven ne serait certainement pas aussi bête que certaines personnes qu’il avait rencontrées.

Il n’avait même pas à se souvenir du renne et de l’orphelin laissés en arrière pour le savoir.
Maintenant, il se retrouvait avec un fils encore jeune et bien troublé. Il fallait aussi ajouter un certain nombre d’heures de sommeil en moins pour cause de réunions le matin et l’après-midi. La première, il y avait emmené Nilke, curieux de voir des nomades, la seconde, il l’avait confié à sa famille adoptive avant de l’emmener pour chercher des blocs de glace.

Kristoff arrêta le traineau en pleine route et, en scrutant davantage le visage de son enfant, réalisa encore une fois que s’il avait ses traits de visage, ses yeux et expressions restaient ceux de sa mère et sa tante. Cela ne l’avait jamais gêné, quand il riait, c’était comme un écho du rire d’Anna. Par contre, lire le trouble dans les yeux bleus remontait en lui des souvenirs, celui d’une situation complexe dès le début, dont il ne comprendrait la base bien après le dénouement.
Il ramena le petit contre lui pendant que Sven se rapprochait lui aussi, reniflant Nilke qui, surmontant sa fierté précoce, lui sourit et lui toucha du bout des doigts le museau. Kristoff choisit ce moment pour parler.
« Bon écoute, petit. » comme prévu, un grognement boudeur se fit entendre. « Il n’y a aucune raison pour qu’on te laisse tout seul, c’est compris ? »

C’était étrange venant de lui, d’habitude ce genre de parole était le fait d’Anna, a fortiori. Cependant, le château était encore loin et il ne voulait pas attendre. Il cherchait quoi dire. Depuis le début de sa paternité, il s’était retrouvé dans une situation étrange où ce qu’il voyait lui était connu et complètement étranger. Les trolls ne vieillissaient et ne grandissaient pas comme les hommes. A titre de comparaison, avec dix ans d’écart, les petits frères devenaient rapidement des compagnons de jeu à sa taille, tout en conservant leur état d’esprit d’enfant. Seuls leurs corps changeaient, alors que Kristoff avait dû patienter pendant des années avant d’être grand, à sa grande frustration.

Cependant, adulte, il restait cependant le petit frère humain des trolls ainés, avec ce que cela impliquait comme blagues-bousculade. De même, les cadets le regardaient avec adoration en attendant les histoires.

Pour Nilke, tout se passa lentement, la naissance, les premiers regards, sourires, nuits, jeux, pas et mots. Il dût apprendre autant qu’Anna qui passait le plus de temps possible avec lui. Elsa avait bien quelques notions sur comment s’occuper d’un enfant, mais elles étaient vieilles et du reste, les affaires du royaume la retenaient trop pour passer du temps avec sa famille. Heureusement, il y avait les nourrices et les servants, mais ils avaient la mauvaise manie de vouloir s’occuper tout le temps du petit. Kristoff n’aimait pas ça. Anna lui répondait toujours qu’il était censé détesté les hommes selon une certaine chanson. Ça se terminait en taquinerie, même si elle était fondamentalement d’accord avec lui : élever leur enfant comme le feraient des personnes du bas peuple leur convenait davantage qu’une relation tout aussi affectueuse, mais plus distante.

Pour en revenir à Nilke, il fronçait toujours les sourcils. La lumière de la lampe jetait sur son visage clair des éclats jaunes qui faisaient luire ses yeux embrumés.

« Oui, mais ça veut pas dire que vous aurez pas des accidents, ça arrive à tout le monde, c’est toi l’as dit.
- Quand toi, tu as voulu escalader tout seul la montagne sans corde. » jeta Kristoff, soudain bourru.
Son gamin ressemblait trop à sa mère.

« Les accidents arrivent. C’est la vie. Ils nous aident à savoir comment réagir.
- Et parfois, pas.
- Oui. » avoua Kristoff, en se disant qu’il aurait mieux fait de laisser Nilke au château au lieu de l’emmener à la réunion sous prétexte de pouvoir ensuite lui montrer son travail et passer du temps avec lui.

« Mais il y a toujours moyen de s’en sortir. 
- Comme la trolle dans le jardin ? Celle qui se retrouva prisonnière d’une gobmi et fut délivrée par une corneille ?» demanda Nilke, plus vif maintenant. Kristoff sourit. Il se souvenait de cette légende. Son père la lui avait racontée. A l’exception que la jeune héroïne était une humaine, pas une trolle. Cela n’avait pas d’importance pour lui. Ce qui comptait était le plaisir de son fils. Il acquiesça vigoureusement.

« Tu as une bonne mémoire, toi.

- Mamie dit que tu retenais pas bien parce que tu bougeais trop. »

La famille et leur anecdotes… quoique ce n’était pas pire que de dévoiler des détails sur sa vie à Anna dès le premier jour et certainement pas son rapport à l’hygiène, qu’il continuait toujours de trouver très surfait. Après tout, à quoi servait-il de prendre un bain tout les jours quand on avait la pluie ou les fjords ?

« Tu vas vraiment me dire tout ce que mamie t’as dit sur moi, petit ou tu as fini ? »
- J’ai fini, je crois.
- Quand mieux. » statua Kristoff en partageant un sourire complice avec son fils et Sven. Il fit ensuite signe à ce dernier de se remettre en marche. Il faisait trop sombre et froid pour rester immobile longtemps. Soudain, une petite voix se fit de nouveau entendre.

« Papa…
- Oui Nilke ? » répondit le trappeur sans trace de lassitude.
« Est-ce que je vais blesser quelqu’un avec mon pouvoir ? » demanda après un temps l’enfant et là, Kristoff et Sven se retournèrent.
Ils s’étaient déclarés quand il était encore bébé et trainait avec Olaf, à s’amuser dans la neige sans jamais attraper un rhume. Puis un jour, il demanda à Olaf de grandir, ce que fit le bonhomme de neige, sans qu’Elsa fût là pour réaliser son vœu, sans qu’Olaf fasse quoique se soit. Ils furent prévenus immédiatement. Si Anna fut enchantée par la nouvelle, Elsa s’en voulut d’avoir donné son fardeau à son neveu, même si elle n’était pas responsable. C’était Elsa après tout, il aurait dû s’y attendre.
Kristoff était trop occupé à empêcher le bambin de fabriquer le plus grand Olaf-golem du monde pour s’en soucier sur le moment.
Se faire poursuivre par un monstre des glaces lui avait suffit une fois, il n’avait pas voulu d’une deuxième.
Jamais ils n’avaient parlé en mal du pouvoir d’Elsa, donc de Nilke, donc pourquoi...

Soudain, il se réalisa que les trolls avaient peut-être un peu trop parlé. Il faudrait qu’il toucha deux mots avec Grand Pabbie et Bulda à ce sujet.

« Qui t’a mis une idée pareille dans la tête ? 
- C’est le lutin. Enfin, Monsieur le tomte qui m’a dit que... » souffla l’enfant en premier lieu, avant de reprendre : « Il m’a appelé l’enfant maudit. Je veux dire, il m’a demandé si j’étais l’enfant maudit. »

Sur le coup, Kristoff se morigéna d’avoir pensé du mal de sa famille. Aucun n’aurait appelé son fils ainsi. Encore moins un humain. Peut-être ce Hans s’il avait l’envie suicidaire de revenir. Dans cette éventualité-là, il serait assuré de recevoir plus qu’un coup de poing d’Anna et tellement plus que sa part.

« Et pourquoi ? » demanda-il en serrant brusquement les rênes, faisant des efforts pour ne pas se crisper.

« J’ai montré mes pouvoirs pour l’impressionner. Enfin non. Je jouais avec les autres trolls et les adultes étaient en train de nous dire de s’en aller parce qu’ils avaient une réunion. Puis, il est arrivé et il m’a vu. » raconta rapidement l’enfant sans s’essouffler. Anna faisait pareil. En fait, c’était en tout point semblable à la façon dont Anna lui avait raconté sa dispute avec sa sœur, lors de leur rencontre. En beaucoup plus clair, il fallait le dire.
« C’était un invité de papy qui revenait d’une expédition avec ses amies oies sauvages et un jar. Il lui a demandé ce que je faisais là. On aurait dit que j’avais fait une bêtise et que j’avais pas à être là. »
Le ton était boudeur et offusqué. « Mais il était l’invité et j’étais chez moi en train de m’amuser. Et puis quand je serais grand, je serais roi pendant qu’il sera toujours tomte. Il n’avait pas le droit de me faire sentir comme ça. Pas à ma place. A me demander si j’étais maudit. Puis, papy lui a dit. Que j’étais prince et que j’étais ton fils, qu’on était de la famille parce qu’ils t’avaient élevé. 

- Et ensuite ?
- Il a rigolé. » confia l’enfant. « Comme si c’était drôle ou ridicule. Il s’est traité d’idiot.

- Au moins, il est conscient de ses défauts, lâcha sans pitié Kristoff.

- Oui, approuva Nilke en souriant avec férocité. J’espère que papy et mamie l’ont bien grondé.

- Certainement autant que toi quand tu as voulu transformer les couloirs en patinoire pour jouer avec tes amis. Pendant la reine Raiponce était en visite et que l’équipage de la princesse Merida venait à peine d’arriver. Peut-être même plus. »

Le visage de son fils s’illumina à cette nouvelle.
Il n’avait jamais pris une telle correction de sa courte vie. Kristoff attendit l’autre question, pas longtemps, évidemment.

« C’est qui l’enfant maudit ?
- Ta tante. »

Nilke ne répondit pas. Il l’avait bien comprit. Peut-être était-ce une des raisons de sa colère, la principale sans doute. L’enfant était boudeur et fier, mais il réservait sa rancune à ceux qui s’en prenaient aux membres de sa famille.

« Qui lui a jeté un sort ?
- Personne, elle est née comme toi, avec des pouvoirs. »

Le visage encore enfantin était songeur, trop.

« Et elle n’est pas maudite. Ce sont des racontars. Certains naissent des trucs que d’autres n’ont pas, ça n’en fait pas des maudits. 
- Et elle n’a jamais fait de mal à personne ? »

Kristoff n’aimait pas mentir. Il avait sale caractère et une hygiène de vie qui en scandaliserait plus d’un, mais mentir n’était pas dans ses cordes. Malheureusement, cela lui aurait bien servi. Il ne pouvait que dire la vérité.

« Si. Une fois, mais c’était par accident. Elle a plongé le royaume dans l’hiver, quand elle ne contrôlait pas ses pouvoirs.

- L’été de givre, c’est tante Elsa ? » s’écria le petit. « J’ai entendu les cuisinières en parler, y parait que si on est méchant, les esprits de l’hiver vont venir hanter le pays. Et là, c’était quand les gens étaient mauvais. 

- Ah. Ils disent ça alors. » commenta Kristoff d’un air sceptique. « D’ailleurs, dis-moi, est-ce que ça t’arrive de ne pas écouter aux portes ?

- Mais je jouais à cache-cache, je pouvais pas m’en aller !

- Tiens donc et c’est écrit où, ça, mon garçon ?

- ... J’aime pas quand tu imites maman et tante Elsa. » bougonna l’enfant. « Et puis d’abord, pourquoi elle a fait ça ? Pourquoi tu souris ? 

- C’est la première chose que j’ai demandé à ta mère. »

En dehors de lui donner des carottes, mais cela ne comptait presque pas.

« Et alors ?

- Hum. Disons qu’elle et ta maman s’étaient disputées. Ses pouvoirs sont apparus ensuite. »

L’air perdu de son fils parla de lui-même.
« Bon. Reprenons, au début, il y a deux enfants très proches. Cependant, tout s’effondre un beau jour et elles ne se revirent plus pendant des années.
- Il s’est passé quoi ? »

Ta tante faillit tuer ta mère était trop horrible, trop pour un garçon si jeune. Il devait ruser.

« Un esprit, peut-être un gorremaš lança ses bouts de verre et l’un atterrit sur ta mère, à la tête, et l’autre sur ta tante, au cœur. Elle lui fit mal sans le vouloir et s’en voulut tellement qu’elle s’enferma, ne laissant personne entrer par peur de faire le mal autour d’elle. Cependant, elle devait être couronnée reine, mais la malchance frappa encore.

- Hans, l’Usurpateur, concluait le petit garçon, qui expliqua à son père étonné : les serviteurs et les cuisinières disent souvent des choses comme « mielleux comme un Ilien du Sud » ou « sournois comme un Hans Usurpateur ». Et personne n’a le temps de m’expliquer quand je demande et je n’ai rien trouvé dans les livres. Je me suis dit que ce devait être trop récent ou alors, je dois pas savoir ça avant d’être grand... »

Peut-être que tout le monde prend un peu trop à la lettre le mot d’ordre d’Elsa concernant préserver le petit ou, au contraire, oui, mais de travers.

« C’est parce que ça contient des choses que tu ne comprendrais qu’une fois grand. 

- Mais je suis grand maintenant ! » s’époumona le petit prince.

« Plus grand. Bon, laisse-moi continuer. Comme tu l’as compris, Hans arriva en semant la discorde entre les deux sœurs plus efficacement que le bout de miroir des années auparavant. Ce fut au point où ta tante perdit le contrôle de ses pouvoirs et, pour protéger le royaume et ta maman décida de s’enfuir. Ta mère partit à sa recherche et tomba sur le fils d’une brigande et d’un nomade accompagné de son renne...

- Toi ! » s’écria l’enfant, sourire aux lèvres.

« Oui.

- Et vous avez finalement trouvé tante Elsa et l’avait ramené ? Ou vous avez préférés combattre l’Usurpateur ?

- En fait... » Elle nous avait envoyé un bonhomme de neige et précipité indirectement du haut d’une falaise. « Nous avons été pris dans un blizzard, ce qui permit à l’Usurpateur comme tu l’appelles, de venir attaquer ta tante et de l’enfermer dans un cachot. »

Un peu trop prévu spécialement pour elle pour que ce fut dû au hasard, selon Kristoff.

« Elle s’est libérée, mais elle était affaiblie et c’est là que Hans voulut lui couper la tête. »

L’enfant abordait maintenant une mine choquée

« Puis, ta mère se mit entre Elsa et lui et ce fut là que la malédiction en sommeil depuis des années s’éveilla et la transforma en glace. Ce qui permit à l’épée de se briser. Parce que la magie fonctionne comme ça. » poursuivit Kristoff dans sa lancée. « Heureusement, ta tante put libérer ta mère de ce sortilège.

- Et Olaf ? Il était pas encore né ?

- Si. Nous l’avons rencontré lors de notre voyage. Elsa lui a permit de vivre en permanence sous son nuage de neige, pour passer l’été.

- Et Hans ?

- Ta mère lui a donné la raclée de sa vie une fois réveillée. »

Il imita Anna et son fils sourit encore une fois.

« Et ensuite le sort fut levé. 

- J’aime bien ton histoire.

- Quant mieux, parce que nous sommes arrivés et qu’il faudrait bientôt aller te coucher.

- Mais euh ! Je suis grand, je peux veiller.

- La dernière fois que tu as essayé, on t’a retrouvé en boule dans la bibliothèque, en tenant une couverture, dans un fort de neige. »

Pendant quelques minutes, Nilke resta silencieux à sa grande satisfaction, avant de commencer à parler d’écrit prouvant que dans certains pays, découverts par la famille Le Rouge, des choses appelées igloo existaient et qu’il voulait tester.


--

La Reine Elsa d’Arendelle retrouva son neveu des heures plus tard. Elle partait se coucher dans ses quartiers après une longue discussion sur la possibilité d’échanges avec les Iles des Dragons du Lord des Furies. Ce dernier avait une relation tumultueuse avec les clans affiliés aux DunBroch. Le conflit était maintenant passé, mais Merida en parlait encore avec hargne, sans parler de Fergus. Les Iles avaient autant de notoriété que pouvaient avoir des iles de pillards, en dépit des dires des marchands qui décrivaient le nouveau chef comme étant quelqu’un de calme et d’avisé. Des propos contradictoires qui nuisaient à sa prise de décision. Cependant, Arendelle avait souffert des années durant d’une politique beaucoup trop autarcique dont elle portait encore les stigmates. Par certains côtés, elle se trouvait en retard par rapport à ses voisins, ce qui ne serait pas un problème s’il n’y avait pas toujours des envieux et des fourbes. Hans l’avait bien prouvé. De plus, il se trouverait sans nul doute des brutes pour les attaquer directement. Les alliances qu’ils n’avaient pas avec un bon parti, ils devaient les construire où qu’elles soient. Or, parait-il que le chef des Iles savait aussi bien construire que dompter les dragons...

Je m’allierai à un fils de pillard pour protéger mon royaume, songea-elle. Si son père la voyait... Mais que pouvait-elle faire ? Tout était de sa faute dès le début...

Prise dans ses ennuis politiques, elle ne vit son neveu qu’au dernier moment, quand il accourut pour la serrer dans ses bras. Enfant, Anna lui faisait tout le temps ça aussi. Elle souriait, même si son regard se voilait de mélancolie.

« Que fais-tu encore debout, mon garçon ?
- Je n’arrivais plus à dormir, tante Elsa.
- Il le faut, sinon, tu ne seras pas en forme pour tes leçons.
- Mais euh ! D’abord, c’est pas ma faute. Ensuite, c’est juste de la géométrie et de la géographie que j’ai demain ! C’est même pas important !
- Tu crois que tu n’aurais pas de précepteur exprès pour toi si ce n’était pas important ? » demanda avec calme Elsa et, s’il fut silencieux un moment, l’enfant reconnut que ce n’était pas faux.

« Bien. Et maintenant, qu’est-ce qui trouble ainsi ton sommeil ? 
- Papa m’a raconté pour tes pouvoirs et ta dispute avec maman. »

Pendant un instant, elle n’écouta plus. Comment avait-il pu faire ça sans la prévenir ? Et comment avait-il tourné l’histoire ?
Elle avait confiance en lui pour ne pas la dépeindre comme le monstre qu’elle était jadis. Certes, un monstre de peur et d’égoïsme plutôt que de haine et violence, mais elle avait été si proche de détruire ce qui comptait tellement pour elle, à commencer par Anna.

« Pourquoi tu as choisi de t’isoler, dis ?

- Parfois, quand on essaie de réparer des erreurs, on peut en commettre d’autres en voulant bien faire. »

Les « si » ne servaient à rien, mais des fois, elle se revoyait ses cauchemars de petite fille et son envie de revoir le sourire de sa sœur, d’entendre indéfiniment sa voix. Et si elle l’avait ouverte cette porte et ainsi dévoilé ce qu’elle dirait des années plus tard, s’excusé une fois, cent, autant qu’il le faudra, serré sans crainte sa sœur...
Des chimères, elle n’avait que faire de ça avec un royaume à gouverner.

« Et papy et mamie n’ont rien dit ?
- Ils ont essayés et je ne les ai pas écoutés. » Quand elle l’avait fait, c’était une vision déformée des paroles. Ce qui devait rester temporaire avait failli devenir éternel, une véritable catastrophe en germe.

« Heureusement, ça s’est bien terminé. » acheva-elle.

Ces paroles, elle se les répétait chaque jour où elle voyait le soleil, mais aussi à chaque cauchemar. La peur restait encore là, dans les recoins de son âme, latente et prête à sortir, prenant la forme d’Elsa prisonnière de la glace. Maintenant, elle y faisait face, davantage depuis qu’elle avait apprit les pouvoirs de Nilke et à s’ouvrir aux autres, pas seulement à Anna.

« Oui, approuva l’enfant. Sinon, tu voudras bien me raconter l’histoire ? 
- Pourquoi donc ?
- C’est les historiens. Ils disent qu’une histoire a toujours beaucoup de points de vue. Et moi, j’veux savoir. 
- Très bien. Mais d’abord, tu vas au lit.
- Mais...
- Pas de mais qui tiennent, mon garçon. Tu peux prendre un livre, mais il faut que tu dormes. Ce n’est pas bon de rester ainsi éveillé.
- D’accord... » s’inclina son neveu.
Ne résistant pas à son air déçu, Elsa lui fit encore une fois une étreinte qui le fit faussement bougonner avant de sourire. Elle lui dit bonne nuit en fermant tout doucement la porte, emportant avec elle l’image de l’enfant dans son lit.
Elle lui raconterait tout, évidemment. Certainement moins de Kristoff, car certaines choses étaient encore dures à admettre et d’autres à dire. Cependant, il devait savoir l’histoire de la femme qui en voulant s’enfermer dans sa tour d’ivoire devient à la fois le dragon à abattre et à sauver. Il y avait quelque chose de formateur dans son histoire, sur les démons au fond des âmes et les vices que cachaient les sourires et les voix mielleuses des faux princes charmants. Il fallait tout lui dire, d’autant plus que lui aussi allait être roi.

Elsa aimait ses parents autant que sa sœur, Kristoff bien évidemment, sa famille, son royaume, elle-même parfois, plus souvent d’année en année. Elsa ne laisserait personne leur faire du mal, surtout pas quelque chose qui avait failli tout détruire par le passé.
Les portes étaient ouvertes maintenant et la vérité n’était plus close sous prétexte de vouloir protéger.

--
Anna fut réveillée à l’aube par une puce géante. Ce fut la première impression qu’elle eut, avant même d’entendre les « Maman » murmurés à répétition. La princesse se frotta les yeux en comprenant à peine les mots de son fils.

« Quoi ? » demanda-elle soudain, après quelques minutes de monologue incompréhensible.
« Maman, papa dors ... 
- Moi aussi, je dormais. » souffla-elle outrée, prête à entonner une sévère réprimande et puis...
La phrase : « Mais tu m’as dit de te réveiller à l’aube si je n’arrivais pas à dormir. » acheva de l’empêcher de gronder son fils. Un comble. Pourtant, elle aurait bien voulu dormir un peu plus.

Bon, Nilke était en train de faire ses yeux de chien abandonné et elle était vraiment réveillée. Il ne servirait à rien de lutter contre l’envie de son fils. Du reste, Anna avait vraiment envie de lui raconter l’histoire. S’il n’y avait pas eu de diner diplomatique, elle l’aurait fait hier soir.
« Bon, allons dehors pour ne pas réveiller ton père. »

Le sourire de Nilke illumina son visage et elle le lui rendit.

--

Kristoff était matinal. Une conséquence de son enfance et adolescence dehors, peut-être, il ne savait pas. Il lui arrivait de se réveiller le matin à côté d’Anna et de se lever en sachant qu’elle ne serait pas debout avant des heures. Cependant, ce matin-là, elle n’était pas à ses côtés. Il ne s’inquiéta pas, mais préféra la rechercher, par curiosité. C’était étrange, même de la part d’Anna. En fait, c’était étrange surtout de sa part.
Il la retrouva dans une pièce voisine dans une grande conversation avec Nilke. Il le sut tout de suite à cause d’une simple phrase : « Et tu as vraiment envoyé l’Usurpateur par-dessus bord ? » suivit d’une Anna qui confirma avec fierté et férocité.

L’homme sourit en ouvrant la porte. Tout de suite Nilke l’assaillit :

« C’est mal d’écouter aux portes, papa. 
- Oh, je passais seulement par là, je n’écoutais pas. » déclara-il d’un ton faussement innocent pendant que son fils et sa femme échangèrent un regard suspicieux et complice à la fois :

« Il ment, pas vrai ?
- Il n’y a qu’un moyen de vérifier ça, chéri. » dit Anna avec une lueur dangereuse dans son regard.

« Oui ! On le plaque et on le chatouille ! » s’exclama l’enfant pendant que le père battait en retraite. Il fut bientôt poursuivi, à son grand plaisir.

--

Pendant trop longtemps, Elsa ne connut que sa chambre et de l’extérieur, elle n’entendait que la voix suppliante de sa sœur ou le silence. Ce jour-là, elle s’éveilla encore une fois d’une nuit sans rêve, pendant que les rires se faisaient entendre à l’extérieur. Ils étaient à la fois bruyants et familiers. La reine ne s’en plaignit pas et s’en alla ouvrir la porte pour rire devant le spectacle de sa famille encore une fois en train de se chamailler gentiment.
Elle ne s’en lasserait sans doute jamais.




[Fic] L'amour, vraiment ? , Les mystérieuses cités d'or, Esteban/Tao [de Northern Stars, pour Isis]

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Titre : L'amour, vraiment ?
Auteur : Northern Stars (Participant 18)
Pour : Isis (Participant 1)
Fandom : Les Mystérieuses Cités d'Or
Persos/Couple : Esteban / Tao - apparitions brèves des autres personnages
Rating : Tout public
Disclaimer : Bien évidemment et comme toujours, l'oeuvre d'où viennent les personnages ainsi que ces derniers ne m'appartiennent pas
Prompt : "Tout le monde pense qu'Esteban est avec Zia. Et Cela est
douloureux pour Tao."
Notes : Je réponds principalement au prompt que je viens de mentionner, mais il y a un peu de l'autre aussi, dedans. J'espère que ça répondra à tes attentes ! Aussi, tu le remarqueras, j'ai crée un personnage secondaire pour la fluidité de l'histoire. C'est quand même plus pratique quand on a un nom pour désigner quelqu'un, parfois !

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Depuis quand cela dure-t-il, exactement ? Des regards attendris, des commentaires amusés, des plaisanteries gentilles… Pourquoi est-ce que les gens prennent pour acquis qu’une jolie fille et un joli garçon voyageant ensemble doivent forcément être…… ensemble, justement ?

Cela faisait quelques semaines que Tao était troublé. Lui qui normalement réfléchissait bien plus vite que n’importe qui dans son entourage n’arrivait guère à se concentrer désormais.



- Tao est-ce que ça va ? Tu n’as pas l’air en forme ces derniers temps…

Le concerné sursauta. Il était tellement perdu dans ses pensées qu’il ne remarqua même pas la jeune fille s’approcher. Zia était toute proche, son regard inquiet posé sur lui.

- Oui oui, bien sûr ! Je réfléchissais ! C’est tout…

Elle ne semblait pas convaincue…

Une jeune fille très gentille et douce. Son inquiétude était touchante, mais elle était bien la dernière personne à qui en parler.



Mendoza aussi avait demandé si tout allait bien, quelques jours auparavant, le questionnant sur son air absent et distrait. Mais il ne comprendrait pas de toute façon, et puis pourquoi lui parler de ce genre de choses ? Rien de bon n’en résulterait.



Tao lui-même avait du mal à saisir son propre problème. Ou plutôt, il ne le saisissait que trop bien, mais n’arrivait pas à y croire.





Tout cela avait commencé un peu plus d’un mois plus tôt…

Le petit groupe s’était encore fait poursuivre par les espagnols. Quand enfin ils les avaient semés, ils réalisèrent que Pedro et Sancho avaient disparu. Ils avaient très probablement pris un autre chemin dans la panique.

Les recherches les menèrent à un petit village perdu au milieu de nulle part. Les habitants étaient peu nombreux, mais très accueillants, curieux de ces étrangers qu’ils voyaient pour la première fois. Ils se proposèrent rapidement pour aider dans les recherches, et veiller sur les enfants pendant ce temps. Aussi, les trois jeunes invités furent confiés à Itzel, une fille à peine plus âgée qu’eux.

Itzel était souriante et enjouée, ravie de montrer son village, son petit monde, à ces curieux étrangers. Elle parlait beaucoup, offrant de nombreuses explications sur son quotidien. Puis, une fois qu’elle avait fini, elle passa à ses propres questions, sa curiosité la démangeant.

Des questions sur les raisons de leur voyage, sur leurs origines, et d’autres, innombrables.

Et elle finit par s’adresser à Zia…

- Et sinon… toi et… - son regard malicieux se posa sur Esteban.

Les deux concernés mirent quelques secondes à réaliser, avant de nier vigoureusement, se regardant d’un air gêné et détournant le regard à la seconde d’après. Itzel en tira ses propres conclusions, apparemment.

À ce moment-là, Tao sentit de la colère monter. Il comptait exprimer son désaccord – pourquoi est-ce que quand dans un groupe il y a une jolie fille et un beau garçon, ils devraient forcément être ensemble ? Cependant, il n’en fit rien, réalisant soudain le ridicule de sa colère. Pourquoi était-il en colère à cause de ça, déjà ?



Les adultes ne revinrent qu’en fin de soirée, bien trop tard pour continuer le voyage sans un repos bien mérité. Au moins ils étaient tous sains et saufs.

Profitant du coup d’une nuit au calme et bénéficiant de l’hospitalité du village, Tao se mit à réfléchir. Il était intelligent, et savait faire le point sur lui-même. Il ne tarda pas à conclure qu’il était jaloux. Jaloux de Zia ? Pas de doute, elle était très jolie, et il avait été attiré par elle dès leur première rencontre. Mais non… Depuis le début de son voyage avec ses nouveaux amis, il appréciait de plus en plus le temps passé avec Esteban. Et quand ce dernier était occupé, il se surprenait souvent à l’observer. S’il était absent, il se demandait si tout allait bien pour lui…

Clairement, il était attiré par lui… Mais ce n’était pas normal…… non ? Un garçon ne pouvait pas être amoureux d’un autre garçon…



Suite à cette révélation, il n’arrêtait plus d’y penser. Il tentait de se convaincre que c’est autre chose, mais la seule chose que ça lui apportait était l’évidence de plus en plus pesante de ses sentiments, et une gêne naissante quand son « ami » l’approchait de trop près, lui souriait, le touchait.

Impossible d’en parler, impossible de ne plus y penser… et impossible de ne pas être jaloux…

Sans compter… Et si Esteban et Zia étaient vraiment amoureux ? Mais de toute façon… qu’est-ce que ça changerait… ?



Voilà ce qui remplissait les pensées du jeune garçon depuis quelques semaines maintenant. Mais il s’était juré de ne pas en parler… Alors il était nerveux et triste, parfois irritable et parfois absent…





Ce fut un de ces jours pas très joyeux que le sort lui joua un tour imprévu. Un tour qui aurait pu mal se finir…



Alors que le soleil venait à peine de se lever, des cris résonnèrent tout autour du groupe. Des cris de guerriers. Ils s’étaient fait encercler par des hommes armés de lances qui ne tardèrent pas à leur tomber dessus.

Les lieux offraient peu de cachettes sûres, et tout le monde finit rapidement éparpillé. Tao cherchait désespérément les autres du regard, quand soudain il se sentit quitter le sol. Il s’était fait soulever par le col. Un homme, une masse de muscles, le tenait. Tout naturellement, il tenta d’échapper à son emprise, mais en vain… Et puis, le noir…





Quand il se réveilla, il était dans une cage en bois, quelque part en forêt. Il faisait sombre… Serait-il resté inconscient toute la journée ? Impossible, ses ravisseurs ont dû le maintenir dans cet état avec une concoction quelconque. Après tout, de nombreuses plantes pouvaient endormir ou assommer…

- Tao Tao !

Le garçon leva la tête. Quel soulagement de voir Pichu perché sur les barreaux de la cage. Son oiseau était toujours là pour le sortir des situations désespérées.

Après avoir vérifié que ses ravisseurs étaient occupés à discuter plus loin, autour d’un feu, il demanda à son fidèle compagnon d’aller chercher les autres. De les ramener au plus vite.



Quelques heures passèrent depuis le départ de Pichu… Au début, les hommes discutaient et riaient autour du feu. De ce que Tao entendait, ils parlaient de leur chef qui souhaitait qu’on lui ramène des garçons à former au combat. Une histoire de nombre croissant de naissances de filles, et pas assez de futurs guerriers, apparemment…

Mais enlever des personnes… c’était un peu extrême ! Au moins il semblerait qu’Esteban n’ait pas été capturé… Même si ça aurait été si rassurant qu’il soit là…



Maintenant la plupart des hommes dormaient, et les environs étaient silencieux… jusqu’à ce petit bruissement dans les buissons, non loin de la cage…

Tao plissa les yeux, cherchant à mieux voir… Il finit par repérer un mouvement… et un visage familier apparaitre…

- Esteban ! – il devait se retenir de crier – Pichu vous a retrouvés. Je pensais que vous n’alliez jamais venir !

- Tao tu vas bien ? – l’inquiétude se lisait sur son visage – J’ai cru que je te retrouverais jamais ! Mais… Pichu ? Non, je ne l’ai pas vu…

- Quoi ? Tu es tout seul alors ? Mais comment tu… ?

- Chut, on parlera après. Tiens.

Esteban lui tendait son couteau. Les barreaux de la cage étaient reliés entre eux par de solides cordages, mais avec un outil tranchant ils seraient possibles à couper. Cela dit, il était plus discret pour Tao de le faire que si son ami sortait de sa cachette.

Les minutes semblaient être des heures avec cette tension… couper le plus vite possible, mais ne pas attirer l’attention… Si seulement ce couteau était plus grand, ou ces cordes plus fines…

Cependant pendant qu’il s’attelait à la tâche, et malgré le stress, il ne pouvait s’empêcher d’être heureux. Heureux qu’on soit venu le chercher. Qu’il soit venu le chercher, même tout seul…



Enfin ! Au bout de ces interminables minutes, la porte de la cage était détachée – du moins assez pour se glisser dehors.

Discrètement, Tao sortit de sa prison, et fila dans les buissons. L’important pour les deux garçons était de s’éloigner le plus possible, et le plus vite possible. La tension les empêchait de discuter. Et ce n’est qu’au bout d’un long moment qu’ils s’arrêtèrent pour reprendre leur souffle. L’occasion pour Tao de redemander à son sauveur pourquoi était-il seul…

- Je les ai vus te capturer, alors je les ai suivis ! Mais ils étaient rapides, et j’ai fini par les perdre… J’ai cru que j’y arriverais jamais !

- Mais tu es venu quand même… merci…

Il avait baissé le regard, pour soudain sentir le contact, et la chaleur… Esteban venait de l’enlacer, et de le serrer fort.

- J’ai eu peur, j’ai cru que j’allais pas te revoir Tao…

Il… pleurait ?

- Esteban… désolé. Mais… - il se libéra de son étreinte – tu sais… je dois te dire un truc… Je voulais pas, mais avec tout ça…

- Huh ? – il essuya ses larmes.

- Je… je t’adore ! Je t’adore vraiment…

Esteban le regarda d’un air interrogateur, cherchant à comprendre le sens de ces mots. L’étrange silence qui suivit força Tao à parler à nouveau.

- Ne me regarde pas comme ça ! – il baissa de nouveau les yeux, rapidement – Désolé, c’est bizarre, je sais…

C’est alors que d’un mouvement rapide et gêné, Esteban lui donna un bisou sur la joue, avant de reculer tout aussi vite, et regarder ailleurs.

Il murmura quelque chose, mais une voix au loin couvrit ses mots. On les appelait ! Pichu avait ramené Mendoza et les autres !



Quelques secondes plus tard, tout le groupe était de nouveau réuni.

Tout en rassurant leurs amis, les deux garçons se regardèrent brièvement, et sourirent. Tout n’aura pas été négatif dans cette aventure…

[Fic] Un adolescent normal, Marvel (Kick Ass), Chris D'Amico [de Plague Doctor, pour Skitty]

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Titre : Un adolescent normal
Auteur : Plague Doctor (participant 12)
Pour : Skitty (participant 22)
Fandom : Marvel – Kick Ass (movieverse)
Persos/Couple : Chris D'Amico (Kick Ass, Frank D'Amico)
Rating : PG-13
Disclaimer : Kick Ass est un film de Matthew Vaughn, adapté du comics de Mark Millar et John Romita Jr.
Prompt : Un texte sur Red Mist qui pense à Kick Ass et surtout au fait que c'est quand même dommage que son père lui veuille du mal parce que quand même Kick Ass est sympa et ils s'entendent bien et ils auraient pu devenir amis (voir plus). J'ai vu le film et je connais seulement vaguement les comics mais si tu préfères écrire sur les comics pas de problème.
Notes :
Pas de slash ici, mais une petite réflexion de Red Mist/Chris sur sa solitude, les attentes de Papa, et la rencontre avec Kick Ass, qui entrent en collision et le pose devant un dilemme difficile. Je me suis basée uniquement sur le film (le comics a une version bien différente de Chris...).
Par contre, je suis désolée pour la longueur assez courte du texte. S'il y a des aspects que tu aurais aimé que je développe davantage, n'hésite pas à me le faire savoir...


Il ne savait pas à quoi il s'attendait en essayant d'appâter Kick Ass. Mais certainement pas à ce qu'il découvrit en faisant sa connaissance.
Vu que le « héros » donnait du fil à retordre à son père, chef de la mafia locale, Chris s'était imaginé un type super balèze, malgré sa carrure de poids plume. Un badass qui n'avait peur de rien.
Mais si Kick Ass était bel et bien courageux – certains diraient téméraire – il était loin de l'image que l'on donnait de lui dans les médias. Du moins, d'après ce qu'il en avait vu durant leur petite virée dans la Mist Mobile.
Kick Ass était un adolescent normal. Et c'était justement ce qui manquait désespéremment dans la vie de Chris D'Amico.
Non pas qu'il en veuille à son père de donner à sa famille un train de vie indécent grâce à ses activités illicites. Au contraire, il en avait bien profité.
Mais parfois son existence lui paraissait faite d'un grand vide qu'il avait beaucoup de mal à combler malgré la quantité astronomique de comics qu'il collectionnait dans sa chambre.
Les figurines et les posters ne remplaceraient jamais les interactions qu'il pourrait avoir avec d'autres personnes. Malheureusement, son père étant ce qu'il était, il ne pouvait pas laisser son fils fréquenter n'importe qui ; certes, il ne correspondait pas exactement à l'image du fils qu'il aurait voulu, mais enfin, il était avide d'apprendre, c'était le plus important.
Il se rappelait la fois – la seule et unique – où son père l'avait emmené au stand de tir. Après tout, ces nombreuses heures à jouer aux FPS devaient bien finir par servir à quelque chose, non ?
Il avait accidentellement tiré dans le pied de l'instructeur. Son père ne l'avait plus jamais autorisé à tenir une arme à feu dans les mains.
Kick Ass était un peu le meilleur ami qu'il aurait pu avoir s'il ne s'était pas trainé un garde du corps énorme dès qu'il mettait le nez dehors. Kick Ass n'était pas un pro du découpage d'oreille, un beau gosse qui faisait tomber toutes les nanas, ou un as de la gâchette.
Kick Ass était un geek, comme lui, qui portait un costume – comme lui. Gaffeur, inexpérimenté. En un mot, inoffensif. C'était rassurant pour Chris de savoir ça, car ce serait plus facile de convaincre son père de le laisser vivre.
Parce que, mine de rien, il commençait à vraiment apprécier le « héros », même s'il savait que ce dernier serait beaucoup moins concilliant s'il connaissait les intentions néfastes et l'identité de celui qui se cachait sous le masque de Red Mist.
Chris ne voulait pas qu'il sache, si c'était possible de l'éviter. Garder le secret, c'était se permettre d'être libre, de s'amuser sans conséquences. De partager avec Kick Ass une complicité presque fraternelle, quelque chose de fort qui s'instaurait entre eux, les changeant à jamais...
Chris avait beaucoup fantasmé là-dessus. Un lien inaltérable entre deux super-héros. Le genre d'amitié indéfectible que rien ne saurait détruire – ni la mort, ni la prison.
Il aimait les discussions qu'ils pouvaient avoir sans complexe, comparer leurs goûts, leurs lectures, rire ensemble, se laisser emporter par l'ivresse du danger – et un peu de la beuh qu'ils avaient fumé dans la voiture.
C'était la première fois qu'il entrait en connexion avec un de ces semblables. Sur internet, tout était différent. Il n'y avait pas ce contact direct, cette intensité physique. La proximité des corps, quelque chose comme ça. C'était assez formidable. Difficile de croire que les choses pouvaient être aussi différentes. Le fait de regarder la personne dans les yeux, de s'embarquer dans une conversation excitante. L'afflux de mots, le plaisir de partager quelque chose. La création d'une bulle où ils n'existaient plus que tous les deux.
Il espérait contre toutes attentes que son père ne tuerait pas Kick Ass. Qu'il le laisserait filer.
Et qu'ils pourront jouer à nouveau à ce petit jeu – car c'était le seul qui se rapprochait un tant soit peu pour Chris d'une relation amicale saine et constructive.

[Fic] Vers le Nord, Hansel et Gretel: Witch Hunters, Hansel, Gretel, OC [d'Ivy, pour Tarathiel]

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Titre : Vers le Nord
Auteur : Ivy (Participant 23)
Pour : Tarathiel (Participant 7)
Fandom : Hansel et Gretel : Witch Hunters
Persos/Couple : Gretel et Hansel ainsi que quelques personnages originaux.
Rating : PG-13
Disclaimer : Mis à part les quelques personnages originaux disséminés dans le texte, le reste de l'univers appartient à Tommy Wirkola et aux différents studios américains de production et diffusion.
Prompt : Hansel et Gretel pendant une chasse de routine.
Notes : L'histoire se passe pré-film sans date précise. J'ai essayé de coller le plus possible à ton prompt mais j'ai eu besoin de personnages originaux pour rendre le récit plus vivant. Ne sachant pas trop ton avis sur le sujet j'ai réduit le plus possible leur importance.
Par contre le récit se focalise principalement sur Gretel puisque je me suis basée sur son point de vue. Hansel est bien présent mais passe un peu au second plan. J'espère que cela t’ira quand même.
La ville de Fürsteneck a été le théâtre d'une véritable chasse aux sorcières en 1703.



Ce n'est qu'une fois la moitié de la récompense en poche qu'Hansel et elle se mirent en chasse. Ils n'avaient commis qu'une seule fois l'erreur de ne pas demander immédiatement leur payement. Sous prétexte que les dommages causés lors de leur traque dépassait largement les avantages de la mort de la sorcière, le maire avait refusé de les rémunérer. Trop jeune à l'époque pour forcer le respect, ils s'étaient fait expulser des lieux par la foule en colère. Survivre jusqu'à la chasse suivante fut très pénible, surtout parce que leur fierté les empêchait de quémander. Gretel se souvenait encore parfaitement de toutes ces nuits sans fin où blottis l'un contre l'autre, pour garder le maximum de chaleur, ils tentaient d'ignorer les gargouillements de leur estomac vide. Depuis, leur salaire était la première chose dont ils s'inquiétaient. Parce que la chasse aux sorcières ne remplissait pas le ventre.
La pourriture qu'ils devaient débusquer cette fois-ci agissait probablement depuis l’intérieur de la ville. Conclusion à laquelle ils étaient rapidement arrivés une fois que Petra -qui les employait- leur expliqua tout ce qu'elle savait sur la disparition des trois gamins. Vu que les trois enfants s'étaient volatilisés alors que leur famille se trouvait tout près, aucune sorcière n'aurait pu être capable de cet exploit sans se faire remarquer. Ces charognes n'étaient pas capable d'autant de subtilité. La plupart s'attaquait à des enfants perdus, les proies les plus faciles. Ou comme dans leur cas, qu'elles se jettent elles-mêmes dans la gueule du loup. L'enlèvement demandait beaucoup plus de jugeote. Tant mieux. Un peu de défi pour une fois.
Évidemment avant leur arrivée, la population avait sombré dans une panique totale. Deux femmes s'étaient rapidement retrouvées accusées, jugées puis envoyées au bûcher. Ce qui n'avait pas pour autant empêcher la troisième disparition. C'est d’ailleurs l'une des raisons pour laquelle la veuve -Petra- les avait embauchés : la prochaine victime sur la liste se trouvait être une amie très chère. Nouvellement arrivée, vivant seule sans enfants et ayant plus de vingt-cinq ans cela faisait d'elle la suspecte idéale. Même si à chaque fois des témoins pouvaient confirmer l'avoir vu. L'hystérie collective prenait le pas sur toute logique. Gretel savait qu'il ne faudrait plus grand-chose pour que la jeune femme innocente soit envoyée sur le bûcher. Hansel, avec sa délicatesse habituelle, avait vérifié : aucune trace de pourriture sur elle. Ni sur leur commanditaire d'ailleurs. Une sorcière, ayant eu vent de leurs actions, avait déjà eu la bonne idée de les embaucher pour mieux les éliminer ! Une décision qu'elle avait amèrement regretté.
Petra leur confia sa fille Lydia pour les accompagner sur le lieu du dernier enlèvement. Elle préférait rester avec son amie au cas où la foule se déciderait à se faire justice. Une fois sur place, Hansel lui jeta un regard rapide avant de se mettre en quête d'indices. Pendant ce temps, Gretel resta dans la pièce principale pour pouvoir interroger tranquillement Lydia. D'une part pour obtenir des informations qui auraient pu leur échapper la première fois et d'autre part parce que Gretel savait qu'en présence de leurs parents, les enfants omettaient toujours des détails. Gretel le savait par expérience. Le temps n'était pas loin où son frère et elle avaient dû mentir pour se sortir d'une mauvaise situation. Le tout était d'amener le sujet sans en avoir l'air.

« Dis-moi Lydia, tu connaissais bien Hilde ? »

Gretel l'observa attentivement. Ses vêtements classieux et colorés détonnaient face à ceux qu'elle-même portait. Et pourtant, Lydia se montrait extrêmement chaleureuse. Pas de regard de travers ou de phrase mesquine. Sa mère n'avait pas non plus discuté de leur prix. Et même si elle tortillait une mèche de cheveux entre ses doigts, elle ne semblait pas la craindre. Gretel pensait lui inspirer suffisamment confiance pour qu'elle lui parle librement. Ou en tout cas plus qu'à un représentant de l'autorité.

« Pas tant que ça, je connaissais beaucoup mieux Katharina et Ludwig. Vu que ses parents sont beaucoup moins riches que les nôtres, Ludwig ne voulait pas qu'elle joue avec nous. Mais après la disparition de Katharina, ma mère et Ingrid m'ont demandé de ne pas la laisser seule. Hilde n'avait pas vraiment d'autres amis avec qui s'amuser. Ludwig a fini par accepter. Lorsqu'il a disparu lui aussi il y a un mois, nous sommes devenues plus proches. C'est pour ça qu'elle n'a dit à personne d'autre qu'elle pensait que quelqu'un la surveillait. Hilde croyait qu'elle et moi étions les prochaines. Vous pensez que c'est vrai ? »

Comme les trois enfants qui avaient disparu faisaient partie du même groupe de gamins, les probabilités pour que ce soit le cas étaient grandes. Mais il ne valait mieux pas effrayer la jeune fille.

« Maintenant qu'Hansel et moi sommes là, cette sorcière ne posera plus de problèmes. »

Et puis ils ne voulaient pas lui avouer qu'ils comptaient bien la tenir à l’œil pour parer à cette éventualité. Hansel et elle n'étaient pas du genre à laisser un enlèvement se produire sous leur nez. Enfin au moins jusqu'à ce qu'ils tiennent une piste solide. Une voix coupa court à cette conversation.

« Gretel, viens voir ça ! »

Gretel indiqua d'un signe de tête à Lydia de rester où elle se trouvait puis se dirigea vers l'endroit dont semblait provenir la voix étouffée de son frère. Une fois dans la pièce, elle se mit à la hauteur d'Hansel qui se tenait accroupis le regard fixé sur le sol. Devant eux Gretel aperçut une trappe auparavant cachée par un tapis.

« Tu penses que la sorcière venait de là ?
- Il n'y a qu'un moyen de le savoir. »

Ils s'agenouillèrent tous les deux pour tirer sur le loquet. Après avoir ouvert, ils penchèrent la tête par l'ouverture pour tenter de deviner la profondeur du trou. Malheureusement, la lumière du jour n'éclairait pas suffisamment pour ça.

« On dirait bien que nous allons devoir partir en exploration dans les tréfonds de la ville ! lança joyeusement Gretel.
- Génial, manquait plus que ça. Visite de sous-terrains.
- Avant ça, il va nous falloir du matériel. Je ne compte pas me balader là dedans sans pouvoir voir mes pieds. »

Gretel resta un moment incertaine. Devait-elle laisser son frère sur place pour retourner à leur chambre récupérer leur lampe et de quoi descendre ? Ou bien devait-elle envoyer Lydia à la place ? Car maintenant qu'une piste menant à la sorcière avait été mise à jour, ils ne pouvaient décemment pas quitter les lieux sans laisser quelqu'un pour surveiller. Même si cette sale engeance profitait de la nuit pour attaquer, il n'était pas improbable qu'elle planifie ses attaques prudemment et commence à repérer les lieux en avance. Et qu'elle utilise un endroit par où elle était déjà passée. Gretel savait que si son frère restait seul, l'envie de partir en éclaireur serait trop forte et qu'elle ne le récupérerait pas en un seul morceau. Elle n'était pas du genre patient non plus, mais Gretel préférait de loin savoir dans quoi elle s'aventurait. Parce qu'elle doutait que la sorcière n'ait pas prévu d'accueillir vivement quiconque oserait la défier.
Une fois sa décision prise, elle se releva et Hansel en fit de même.

« Je vais retourner à l'auberge chercher tout ce qu'il nous faut. Reste ici avec Lydia. Je n'aime pas la savoir seule dans les rues. »

Son frère haussa les sourcils et lui jeta un regard en biais. Il se doutait de la vraie raison pour laquelle elle lui demandait de veiller sur la jeune fille. Mais il savait aussi que leurs soupçons étaient rarement infondés et lui non plus ne voulait pas prendre de risque.

« Comme tu veux, mais ne traînes pas en chemin !
- Je serai de retour avant même que ta jolie petite tête ne se fasse trop amocher. »

Ce n'était pas un encouragement, mais elle ne se voilait pas la face, Hansel en profiterait dès qu'elle aurait mis un pied hors de cette maison. Alors, après un dernier regard d'avertissement dans sa direction, Gretel retourna vers l'entrée pour prévenir Lydia de leur récente découverte. Pressée par le temps, elle se contenta seulement de lui dire qu’elle devait repasser par leur chambre pour récupérer le matériel qu’il leur manquait. Mais Gretel lui laissa tout de même son arbalète pour se défendre. Lui confier une arme à feu lui semblait trop hasardeux. Lydia ne semblait pas savoir s'en servir et lui expliquer comment recharger lui coûterait un temps précieux. Et puis elle comptait sur le fait que son arme lui procure suffisamment de réconfort.
Après ses dernières recommandations faites, elle s'élança à toute vitesse dans les rues de Fürsteneck, souhaitant ardemment que son frère ne se jette pas dans la gueule du loup.

Gretel parcourut les derniers mètres qui la séparaient de sa destination à bout de souffle. Une fois arrivée, elle s'arrêta pour reprendre sa respiration et après avoir rajusté le sac sur son épaule, frappa le nombre de coups convenu de longue date avec Hansel. Elle n'eut pas longtemps à attendre avant qu'elle n'entende du mouvement à l’intérieur et que Lydia lui ouvre la porte, l'arbalète au poing. Gretel fut ravie de constater que la jeune fille tenait l'arme correctement et prenait son rôle très au sérieux. Décidément, Gretel aimait beaucoup la gamine. Malgré tous les événements actuels, Lydia parvenait à conserver son calme et réfléchissait logiquement. Comparé aux réactions du reste de la ville, cela l'impressionnait grandement.
Une fois la porte refermée, elle traversa rapidement la pièce pour rejoindre celle où se trouvait son frère.
Comme elle s'y attendait, Hansel ne se trouvait plus là. Gretel soupira. Une fois de plus, son frère avait foncé tête baissée dans les emmerdes. Comme à chaque fois, elle devrait lui sauver la mise. Gretel espérait qu'il n'aurait pas eu le temps de se faire trop amocher. Enfin, au moins il avait pris soin de lui laisser de quoi descendre. Une corde, solidement nouée à l'un des meubles de la pièce, disparaissait par la trappe.

« Vous allez le rejoindre ? demanda Lydia depuis l'entrée de la pièce.
- Et oui, je ne peux pas laisser cette tête de piaf seul trop longtemps. Il pourrait avoir la bonne idée de se faire tuer. »

Lydia la regarda bizarrement. Gretel savait que son humour macabre pouvait être déconcertant. Mais elle préférait de loin plaisanter sur le sujet. S'y attarder un peu trop la mènerait sur une pente dangereuse. Se rappeler toutes les fois où elle avait cru qu'Hansel ne survivrait pas à ses blessures lui donnait les mains moites et lui coupait le souffle.
Secouant la tête pour chasser ses idées noires, Gretel retourna son attention sur Lydia alors qu'elle se rendait compte d'un défaut dans son plan.

« Tu sais où mène ces conduits ?
- Pas précisément, mais je crois qu'ils font le tour de la ville. Je peux vous faire un schéma malheureusement il ne sera pas très précis.
- Ce n'est pas grave Lydia. Je me débrouillerais pour le reste. »

La jeune fille lui fit un dessin sommaire sur un bout de papier que Gretel glissa dans une de ses poches. Puis Gretel lui fit part de ses dernières recommandations. Elle lui colla dans les mains des armes qu'elle avait spécialement sélectionnées pour elle. Après cela, Gretel sécurisa son propre arsenal, adressa un ultime sourire rassurant à Lydia avant de se laisser glisser jusqu'au fond du trou.
Dès que ses pieds touchèrent le sol, elle détacha la lampe accrochée à sa ceinture et l'alluma. Éclairant les alentours, Gretel constata que le plan sommaire de Lydia lui serait d'un grand secours. Dommage que son frère n'ait pas eu la même idée ! Pourvu qu'il ne se soit pas perdu. Mais le connaissant, Hansel avait dû tomber sur le repaire de la sorcière. Il était chanceux comme ça. Une fois que Gretel se décida sur l'endroit le plus probable où la charogne avait établi sa tanière, elle s'élança dans les méandres des souterrains.

Finalement, ce fut le bruit qui lui indiqua la position de son frère. Apparemment, il avait fini par trouver la sorcière. Ou bien était-ce l'inverse ?
Gretel accéléra le rythme pour avaler plus rapidement la distance qui les séparait. Les oreilles à l’affût, il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour comprendre dans quel conduit elle devait tourner. Avec tout le vacarme que leur combat produisait, Gretel espérait que la sorcière n'ait pas entendu son approche. D'un seul regard, elle put déterminer la stratégie à adopter. Profitant de son élan, elle courut le plus près de la sorcière et s'arrêtant à la dernière minute, lui balança la lampe à la figure. Surprise celle-ci relâcha son frère. Puis se mit à hurler. Gretel eut un petit sourire satisfait. Ah, cette vulnérabilité au feu ! Son action laissa le temps à Hansel de se relever. Du coin de l’œil Gretel prit quelques secondes pour constater les dégâts. Vu qu'il ne tombait pas à la renverse, il survivrait. Puis, avant que la sorcière ne reprenne ses esprits, lui assena un coup au creux de l'estomac. Ce qui la plia en deux. Joignant ses mains pour former un poing, Gretel l'abattit de toutes ses forces sur sa tête. Sous la force du coup la sorcière bascula en avant et elle en profita pour la cueillir avec son genou. Puis elle décrocha un de ses couteaux et le lui planta dans le flanc. La sorcière s'effondra au sol.

« Alors, besoin d'aide ?
- Elle est du genre coriace mais j'ai pris soin de l'attendrir pour toi, » ironisa Hansel.

C'est à ce moment là que Gretel remarqua l’absence de l'arme préférée de son frère.

« Où est passé ton fusil ?
- Je l'ai perdu il y a trois intersections, répondit-il en haussant les épaules. J'ai dû continuer à l'ancienne.
- Il serait peut-être temps d'en finir.
- Je pense aussi. »

Ensemble ils se penchèrent au-dessus de la sorcière et l'immobilisèrent du pied. Puis Hansel détacha la boucle de sa ceinture et la passa à sa sœur. Gretel s'en saisit, tirant sur le fil et l'enroula plusieurs fois autour du coup de la sorcière. Puis elle fit signe à son frère qui s'éloigna de quelques mètres. Une fois le fil suffisamment tendu, Gretel se mit à tirer de son côté. La tête de la sorcière finit par céder et roula sur le côté. Satisfaite, elle se tourna vers Hansel.

« Bon, nous avons encore des enfants à récupérer et un cadavre à brûler. Ne traînons pas ! »

Ce qui se révéla plus rapide que ce qu’elle ne pensait. Malgré le sens déplorable de l’orientation de son frère, suivre la piste jusqu’à la tanière de la sorcière fut relativement aisée. Il n’y avait qu’à remonter les traces de chaos. À leur arrivée, ils trouvèrent les trois gamins prêts à en découdre. Une fois rassurés sur le sort de la charogne, ils les suivirent sans protester. Après quoi ils mirent le feu à l’endroit. Nul besoin de donner des idées à d’autres.
Une fois à l’air libre, Lydia les accompagna pour rendre les enfants à leur famille. Au passage, ils mirent à flamber le corps sur la place publique. Histoire que personne n’ait de doute sur le sujet. Puis ils retournèrent chez leur commanditaire pour récupérer le reste de leur récompense.


[Fic] Un mariage en hiver, Downton Abbey, Cora/Robert, Violet, Martha [de Corvi, pour Eprauffi]

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Titre : Un mariage en hiver
Auteur : Corvi (Participant 9)
Pour : Eprauffi (Participant 8)
Fandom : Downton Abbey
Persos/Couple : Cora/Robert, Violet, Martha Levinson
Rating : PG 
Disclaimer : Rien n'est à moi, et la série appartient à ses créateurs.
Prompt : Raconte-moi le mariage de Cora et Rober du point de vue du personnage de
ton choix.



Violet doutait parfois de la santé mentale de son propre fils.

« Où diable était-il allé chercher cette américaine ? », se demanda la comtesse de Grantham, tout en examinant la jeune femme d'un œil circonspect.

Bien sûr, au vu des circonstances, elle n'avait pas vraiment son mot à dire dans tout ça. Elle poussa un discret soupir, pour la forme, et prit une gorgée de Darjeeling. L'après-midi était déjà bien entamé, mais une belle lumière filtrait par les fenêtres du petit salon. Robert, accompagné de sa future épouse et de la mère de celle-ci, prenait le thé avec elle afin de peaufiner les derniers détails.

Confortablement assise dans son fauteuil victorien qu'elle affectionnait tant, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à la douloureuse dispute qu'elle avait eue avec son fils au sujet de ce manquement manifeste aux convenances. Comme cette fois-là, l'entrevue d'aujourd'hui avait été préparée avec soin. Des bouquets de fleurs fraîches ornaient les lieux, rappelant à tous la douceur de cette fin d'automne 1889.

Toutes les objections qu'elle avait pu émettre furent balayées d'un revers de main par Robert. Une de ces raisons, et pas la moindre, demeurait la dot conséquente de Cora. Cela tombait à point nommé, en effet. Violet elle même ne pouvait nier la situation dans laquelle se trouvait le domaine. Ils manquaient cruellement d'argent, ces derniers temps. L'entretien d'un si vaste endroit nécessitait des sommes considérables, surtout quand une partie des habitations menaçaient de tomber en ruines. Certes tout ceci n'était pas de son ressort, mais de celui de son mari et bien entendu, de Robert, puisqu'il en était l'héritier.

Violet quant à elle, ne devait se soucier que de ses propres affaires, ainsi que des domestiques, son époux lui laissant en effet en grande partie la gestion du personnel.

Son regard qui se perdait dans le vague revint sur la future épouse. Elle ne pouvait nier la grâce et la beauté de la jeune femme. Cora Levinson ne trahissait pas ses origines américaines, du moins pas à première vue. Au moins Robert n'avait-il pas choisi la première venue. Ses longs cheveux noirs lustrés, relevés en un chignon sage, accentuaient la pâleur de son teint. La robe bleue qu’elle portait se mariait à merveille avec celui de ces yeux. Cora paraissait être une délicieuse créature, tout aussi intelligente que belle.
En revanche, en ce qui concernait sa mère, c'était une toute autre histoire.

Cette dernière manquait cruellement d'un certain savoir-vivre, mais la comtesse allait devoir faire avec. De toute manière, il y avait peu de chance qu'elle demeure très longtemps au manoir, une fois sa fille mariée avec Robert.

Pour l'instant, tout se déroulait pour le mieux.

«  Mère, demanda Robert, que pensez- vous de ces fleurs pour les arrangements ? »

Violet réfléchit un instant à la question posée puis répondit :

« Je pense que les roses seront du plus bel effet. Et qu'en est-il de la tenue de la mariée ? Avez-vous rendu visite au couturier que je vous ai recommandé ? Il a réalisé la robe de mariage de …
- A vrai dire, nous pensions plutôt à quelque chose d'un peu plus moderne.
- Bringfield est le meilleur dans les environs. Même à Londres, on ne parle que de lui.
- Nous avons déjà passé commande, trancha Robert. » L'acier de ses yeux ne laissait aucune place à la discussion.

Violet lui lança un regard appuyé, mais son fils semblait décider à camper sur ses positions. Sa belle-mère, devant l'échange de regard entre la mère et le fils, décida d'intervenir, ce que Violet trouva fort malvenu.

« La robe sera réalisé par un jeune créateur. Vous verrez, il fait de véritables merveilles. Cora ne pourra pas être plus belle pour ses noces, surtout avec la parure que je compte lui offrir. »

Ironiquement, seule Cora sembla noter le désappointement de sa future belle-mère. Elle tourna son beau visage pâle vers elle et dit d'une voix douce :

« Bien sûr, si vous avez une suggestion, nous serons ravis de l'entendre », commença-t-elle. Pendant ce temps, une domestique resservit une tasse de thé à la comtesse, qui en avait bien besoin.

Elle ne comptait pas abandonner si facilement.

« Ma chère, commença-t-elle, si vous devez vous marier avec Robert, vous devriez au moins porter le collier de ma propre mère. Il ira parfaitement avec n'importe quelle robe. »

Mme Levinson esquissa un sourire, comprenant le sous-entendu.

Bien que Violet désirât l'envoyer sur les roses, elle ne pouvait se permettre pareille extrémité. Robert tenait à ce que les deux familles bientôt unies maintiennent une entente cordiale, ne serait-ce de façade. Violet se résolut à prendre sur elle et s'abstint de toute remarque désobligeante de tout l'après-midi.

En définitive, ce n'était pas elle qui se mariait. Elle reprit une gorgée de ce délicieux Darjeeling et sourit tout en écoutant distraitement les deux jeunes gens expliquer ce qu'ils prévoyaient pour leur mariage. Tout se passera bien, se rassura-t-elle. Après tout, rien ne devait entacher ce mariage. La comtesse désirait que les jeunes mariés soient à l'honneur le jour de leur union, et les invités tout entiers à l'ambiance propre à ces grands rassemblements. Les problèmes financiers du domaine devraient quant à eux rester au second plan : hors de question que le sujet ne vienne gâcher la fête !


Le comte décida d'avancer la date du mariage. Ainsi, les noces se tiendraient en février et non en été, comme convenu initialement. Bien entendu, cela chamboula toute l'organisation. Adieu, bouquets de fleurs bien garnis et fruits frais ! A leurs douces fragrances se substitueraient sur les tables les premiers crocus aux côtés des dernières guirlandes de houx, parmi d'autres décorations hivernales.

Un mariage en février suscitait certaines complications, mais rien ne devrait venir gâcher la cérémonie. Comme toujours, les domestiques firent des miracles, et l'on discuta beaucoup pour trouver comment embellir la demeure sans pour autant que celle-ci n'ait l'air d'arborer ses atours de Noël.

La comtesse avait eu beau tenter de raisonner son époux à maintes reprises, elle n'était pas parvenue à le convaincre de revenir sur son choix.

Plus tôt son fils serait marié, mieux cela vaudra, pour lui comme pour le domaine. Après tout, il était en âge de prendre épouse. Prendre femme à vingt-quatre ans, pour un jeune homme de bonne famille était parfaitement raisonnable. Bien entendu, Violet acquiesçait aux dires de son mari, mais elle savait très bien que ce qui le pressait, c'était la dot qui permettrait de remettre le domaine sur pied.

Comme c'était à prévoir, Violet rencontra des difficultés avec la mère de la future épouse, cette charmante Martha. Elle s'était mis en tête d'organiser le mariage à sa façon ! Et tout y passa ! La couleur des nappes et des serviettes, le menu avec ses légumes de saison ou non, les chambres où loger les invités, et jusqu'à comment les placer !

Bien entendu, la pomme de la discorde résidait dans la tenue de Cora. Martha souhaitait quelque chose d'élégant mais simple, tandis que Violet imaginait plutôt une tenue splendide, mais plus conservatrice.
L'apogée des conflits incessants entre les deux femmes eut lieu au cours d'un souper, quelques jours avant Noël. La tension entre les deux femmes était palpable, ce qui ne manquait pas d'agacer Robert et son père. Cora, quant à elle, faisait son possible pour arrondir les angles, mais ce n'était malheureusement pas suffisant.

Alors que la neige commençait à tomber dehors, toute la famille Crawley et leurs invités dînaient tranquillement dans la salle de réception. Une jeune servante aux cheveux blonds s'affairait à débarrasser la terrine pour servir le plat suivant. La conversation suivait son train lorsque Martha annonça, un peu abruptement :

« Ma chère Cora, ne vous ennuyez pas davantage au sujet de vos bijoux, j'ai acheté un collier assorti à votre robe de mariée. »

Personne ne dit mot, espérant sans doute un peu naïvement que Violet ne relèverait. Quelle ne fut pas leur erreur ! La comtesse de Grantham s'essuya la bouche avec délicatesse puis reposa sa serviette.

« Pardonnez moi, mais il me semblait que la question était déjà réglée.
- J'ai peur de ne pas saisir où vous voulez en venir, ma chère.
- Cette parure me semble inutile. Cora portera les perles de ma mère. Et n'en doutez pas, rien ne saurait la rendre plus parfaite. »

Le silence retomba dans la pièce. Chacun semblait attendre que l'une ou l'autre cède, mais à voir leurs expressions figées dans un sourire crispé, autant ne pas y songer.

« Les perles sont aux diamants ce que le gruau est au pudding. Ma fille mérite des atours plus sophistiqués.
- Vraiment ? Vous trouvez donc ces perles, assemblées au siècle dernier pour mon illustre aïeule, indignes de votre fille ?
- Je ne doute pas...
- Assez ! »

Le comte de Grantham se dressa hors de sa chaise, ses deux mains frappant violemment la table de part et d'autre de son assiette. Les deux femmes se tournèrent vers lui, mais son visage déformé par la colère les dissuada d'ouvrir la bouche. Les secondes semblèrent durer des heures. L'horloge retentit. D'une voix plus calme, il reprit

« Nous ne perdrons pas plus de temps à ergoter sur des détails sans importance. »

Il se rassit et chacun poursuivit le repas comme si de rien n'était. Et la question de la parure de la future mariée ne fut plus évoquée. Par la suite, si Martha Levinson se fit fort de continuer les préparatifs à son inénarrable manière, Violet quant à elle se contenta dès lors d'observer de loin.

D’une part, elle préservait ainsi une paix précaire avec Martha. Elle ne tenait plus à se fâcher pour des broutilles, et la comtesse de Grantham n’avait pas l’intention de gâcher les noces de leurs enfants. Si elle regretta un peu son comportement, elle n'en dit mot. De son côté, Mme Levinson ne vint lui présenter aucune excuse.

D’autre part, Robert hériterait bientôt du titre de Lord Grantham. Elle le savait parfaitement, ce n’était qu’une question de temps. Son époux était fatigué et, ces derniers temps, sa patience s’émoussait plus vite qu’une lame de rasoir.

Le mariage fut grandiose. Mais quelle idée, décidément, d'organiser pareilles festivités en février ! On ne pourrait profiter du jardin ou de ses fleurs. Inutile d'envisager une promenade dans le domaine, afin de faire admirer sa grandeur aux nombreux invités.

Dans l'église, le silence s'était fait pour accueillir la mariée. Violet, jetant un regard à son fils, ne décela pas le moindre trouble chez lui. Il paraissait confiant, ou du moins en donnait-il l'impression. Pour l'occasion, l'église était parée d’une multitude de guirlandes de rubans et de houx. C'étaient les villageois qui avaient tenu à apporter leur touche à la décoration de l’église.

Cora portait une très belle robe, autant que chacun pouvait en juger. Sans doute pas celle que Violette aurait choisi, mais du reste, une très belle robe. La jeune fille resplendissait dans la blancheur virginale de ses étoffes tandis qu'elle remontait la nef.

Son père ayant trouvé la mort quelques années auparavant, ce fut son oncle qui la conduisit à l'autel. Violet, comme toute l'assemblée, ne la quitta pas du regard. Elle avait la grâce d'un ange, sa robe blanche à longues manches étincelait à la lumière des cierges.

A travers la rosace, un rayon de soleil filtra, illuminant le voile de la jeune femme. Bien que le temps ne soit d'ordinaire guère clément en cette saison, la journée s'annonçait belle.

Si Violet avait pu réprouver jusqu'à l'idée même de ce mariage, elle se laissa bien vite emporter par l'émotion qui parcourait l'assemblée. Arrivée à l'autel, Cora rejoignit Robert sous le regard embuée des deux mères ennemies, tout aussi émues l’une que l’autre. Sous la houlette du prêtre, les deux jeunes gens échangèrent leurs vœux et, enfin, Robert souleva délicatement le voile de la mariée afin de lui donner le baiser qui scellerait leur union.

La contesse de Grantham ne put réprimer le sourire qui lui vint au coin des lèvres. Au cou de Cora, reposant sur la dentelle blanche, scintillaient les perles de son aïeule.



Fin


[Fic] C'est pour son bien, Almost Human, Dorian/John [de Maralik, pour Enclume]

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Titre : C’est pour son bien
Auteur : Maralik (Participant 21)
Pour : Enclume (Participant 11)
Fandom : Almost Human
Persos/Couple : Dorian/John avec en fond Sandra Maldonado
Rating : G
Disclaimer : Tout appartient à J. H Wyman
Prompt : Fic - Almost Human
John/Dorian. Dorian obtient enfin le droit d'habiter chez John parce que Rudy a une infestation de termites chez lui. Des termites mutantes qui mangent le métal, bref une catastrophe et maintenant John est coincé avec Dorian. Qui fait comme chez lui. Qui s'occupe de lui quand les cauchemars le réveillent. Et peu à peu il se rend compte qu'il y a longtemps qu'il a oublié la frontière entre synthétique et organique, entre IA et âme. Il y a longtemps qu'il a confié son coeur à John.
Notes : Je savais où je voulais aller avec ce couple (et eux aussi !) mais j’ai un peu peur de ne pas en avoir dire assez. J’espère que ça te plaira !!



La lumière du jour commençait à percer à travers les persiennes de bois des fenêtres de John et ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’il ne se réveille.

L’esprit encore abruti par le sommeil, il ouvrit à demi les yeux, l’oreiller serré contre lui. Il avait encore du sacrément cauchemarder cette nuit pour se retrouver avec celui-ci dans les bras.
Il cligna plusieurs fois des yeux pour réussir à totalement émerger et par un réflexe habituel, tourna sa tête de l’autre côté.
Il hurla.

DORIANNNNNNN !!!

La vision de son coéquipier à moitié nu, dans son lit, avait fini par le réveiller tout à fait.

Et le jeter à bas de ce même lit en même temps, en entraînant les couvertures avec lui, et constater par la même occasion que Dorian n’était pas qu’à moitié nu, qu’il l’était totalement.

John grinça des dents : pourquoi déjà avait-il accepté d’accueillir Dorian chez lui ?
Un bref éclair de lucidité (de sa part, sans café, ET à six heures du matin, c’était un exploit) le lui rappela : une invasion chez Rudy de termites mutantes qui mangeaient le métal et l’impossibilité d’y laisser Dorian sans risquer d’énormes problèmes ; et surtout le coup d’œil suffisamment explicite de Sandra pour qu’il règle le plus rapidement possible le problème sans que cela coûte un centime supplémentaire à la Brigade.
Le seul que ça amusait dans l’histoire, c’était Dorian qui s’était empressé de décrire tout ce qu’il allait pouvoir apporter comme modifications à l’appartement de John.

(Nda : en fait, il y avait une deuxième personne qui trouvait cette situation extrêmement drôle mais elle avait attendu d’être dans son bureau et d’en avoir obscurci les vitres pour laisser libre cours à son fou rire).

Après l’avoir menacé de passer le prochain trajet en voiture en dessous de celle-ci s’il recommençait la petite surprise de ce matin, John avait fini par obtenir que Dorian ne touche à rien dans son appartement sans autorisation, qu’il demande s’il avait besoin de quelque chose et que le grand placard de la chambre d’amis serait suffisant pour lui.

Sainte Miséricorde, leur accord n’avait pas duré longtemps.

Enfin, si. Dorian avait respecté l’accord pendant quelques semaines. Et encore…

Il n’allait quand même pas se plaindre, l’espace que Rudy lui octroyait dans son laboratoire est plus petit encore que celui qu’il partageait avec les autres Androïdes à la Brigade. Donc, les gigantesques placards presque vides qu’il avait dans son appartement auraient du lui suffire amplement.



Quelques semaines après, John avait fini par aller dormir sur le canapé, parce que se réveiller chaque matin avec la question de savoir si l’autre partie du lit allait être vide, était un questionnement auquel ses nerfs n’avaient pas résisté longtemps.


Dorian avait fini par se sentir honteux de la situation, puisqu’il avait fait ensuite en sorte de rendre le canapé davantage plus confortable qu’il ne l’était auparavant. En ajoutant des oreillers supplémentaires un soir. En mettant une couverture supplémentaire sur John une nuit particulièrement froide. Bref, à priori quelque chose qui semblait à des excuses.

John continuait toutefois de se méfier. Le coup de la bouteille d’huile d’olive, un autre matin, avait eu lui aussi, beaucoup de mal à passer.
Il reconnaissait, après coup et bien plus tard, que celle-ci sentait beaucoup moins (mais comment voulez-vous vous faire respecter en tant qu’officier de police par vos collègues et par les criminels si vous sentez l’huile d’olive à trois kilomètres à la ronde… ??!!) que la marque qu’il utilisait au début, sur les conseils du même Dorian.
Et c’est justement pour ça qu’il s’était vexé en voyant la bouteille d’huile d’olive sur le plan de travail de la cuisine. Cela lui rappelait trop l’expression de satisfaction amusée qu’avait arboré Dorian à partir du moment où il avait senti l’odeur d’huile d’olive.

Quand au doigt, bon sang, combien de temps avait-il mis pour convaincre Dorian d’arrêter de tremper son doigt un peu partout, sous prétexte de l’aider ?
Il n’arrivait pas à s’ôter de l’esprit que le doigt de Dorian avait traîné un peu partout, de son café, à tout un tas d’autres choses et que vraiment, imaginer les milliards de bactéries qui…
Brr. A chaque fois, un frisson de dégoût lui secouait tout le corps.

Si ça continuait, il allait finir par arrêter le café…. Et comme à chaque fois qu’il avait cette pensée, il se demandait si ce n’était pas le but originel de Dorian….

Sans compter les nombreux sourires en coin de Dorian quand il lui parlait de son doigt. Non, mais où était-il marqué dans leurs lignes de codes à ces fichus androïdes qu’ils devaient avoir l’esprit aussi graveleux que le détective Paul…


John finissait par passer sa journée, en dehors de la résolution de ses enquêtes, à se demander qu’elle serait la prochaine chose qu’il allait devoir interdire à Dorian pour conserver encore chez lui une minuscule miette de tranquillité.
ET ce n’était pas demain la veille que Dorian réintégrerait le laboratoire de Rudy vu que Sandra avait décidé qu’il était vraiment nécessaire après l’invasion des termites mutantes, que Rudy se décide à avoir un labo un peu plus décent que le gourbi dans lequel il semblait prendre du plaisir à croupir à longueur de journée.

Et pendant ce temps-là, Dorian s’installait un peu plus dans son appartement, faisait quelques aménagements dont il s’apercevait peu après de l’utilité, mais dont la modification l’énervait toujours sur le moment.

C’était toujours comme ça, de toute façon. Dorian semblait toujours savoir ce qui était le meilleur pour lui alors que généralement, il ne lui avait rien demandé.
Après tout, il lui était quand même redevable d’avoir joué les gardes-malade lors de la grippe qui l’avait cloué ces dernières semaines.

Reconnaissons-le, Dorian avait son utilité. Un peu. Un petit peu. Et surtout beaucoup trop de place dans son appartement et dans sa vie.


Sauf que, la grande question qu’il se posait actuellement, c’était pourquoi il se trouvait lové dans les couvertures entre les bras de Dorian ?
Officiellement, selon Dorian, c’était en raison de la panne de chauffage dans l’immeuble, à cause d’une chute de température trop brutale. Et il était hors de question qu’il attrape froid, après cette méchante grippe.
Officieusement… hum, les bras de Dorian étaient confortables. Comme le reste de son corps. Et il n’avait clairement pas dit non quand Dorian l’avait pris dans ses bras.

Qu’il pouvait y avoir une utilité tout autre à avoir Dorian à la maison à demeure était une idée totalement envisageable, voire même très agréable actuellement.
Qu’il était presque certain que celui-ci avait dû y penser il y a longtemps, le fit un peu grincer des dents (Nda : ça faisait longtemps..) car il détestait qu’on lui prenne des vessies pour des lanternes.

Et que ô bon sang, Dorian était parfait dans la bouillotte qui se serre davantage contre lui pour lui donner un peu plus de chaleur !

Et… dernière chose, peut-être la seule interdiction qu’il faudrait vraiment que Dorian respecte, contrairement aux autres : ce qui est à la maison reste à la maison…
Donc, au boulot, relations strictement professionnelles !

Et si Dorian souhaitait à nouveau jouer les bouillottes, ça serait à la maison et pas autre part ! Là, il serait intransigeant sur ce point !!!!

[Fic] Une plâtrée de pâtes, My personal angel, Gauthier/Swan [de Plague Doctor, pour Isis]

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Titre: Une plâtrée de pâtes
Auteur: Plague Doctor (Participant 12)
Pour: Isis (Participant 1)
Fandom: My Personal Angel
Persos/Couple: Gauthier/Swan
Rating: PG
Disclaimer: My personal angel est un manga boy's love humoristique écrit et dessiné par Solkeera.
Prompt: Fic - My personal angel

Gauthier/Swan. Gauthier est hétéro. Il le soutient. Mais est-ce qu'être ange-sexuel est vraiment incompatible ?

- Point bonus : S'il y a du fluff.
Notes: Voici un petit moment anecdotique entre les deux personnages, que j'ai essayé de rendre heartwarming, ce qui s'apparente pour moi au fluff. Comme le laisse suggérer le prompt, Gauthier s'interroge un peu sur son hétérosexualité, sans que ce soit trop poussé. Le sujet est néanmoins sensible. J'espère que le mélange te plaira.



« Être hétéro, pensa Gauthier, c'est facile. »

En effet, si l'on y réfléchissait bien, on y était encouragé depuis notre plus tendre enfance. D'ailleurs l'entourage partait toujours du principe qu'on l'était. Par défaut. Parce que c'était « normal », et que si on ne l'était pas, les gens pensaient qu'il fallait obligatoirement faire « son coming-out » devant tout le monde pour le prouver.

La vérité, c'était que Gauthier était très à l'aise avec son identité sexuelle et sexuée, et ne s'était jamais interrogé sur le sujet, étant donné qu'il n'avait pas eu à remettre cet état de fait en question. Jusqu'à aujourd'hui.

- Les pâtes sont prêtes !, proclama Swan.

Et Gauthier se rendit compte que depuis dix minutes, il avait interrompu son travail en plein milieu pour réfléchir à tout ça.

Il secoua la tête et rangea ses affaires.

Peu après, l'ange posa devant lui une plâtrée de spaghettis à la sauce au curry. Lorsqu'il passa près de lui, Gauthier sentit l'odeur de sa peau, quelque chose de doux et d'enfantin, un peu comme du talc.

Un hétéro ne remarquerait pas ce genre de détails. Pourtant il l'était, chaque fibre de son corps était persuadé de son hétérosexualité.

« Mais après tout, se disait-il en regardant Swan détacher ses longs cheveux pâles, est-ce trouver un ange attirant, ce n'est pas se placer en dehors de toute perception de genre ? »

Ce n'était pas comme s'il s'intéressait à d'autres mecs – en même temps, depuis le début de ses révisions, il n'avait vu personne hormis Swan.

C'était ce dernier qui avait quelque chose de spécial. Il avait un beau visage, c'est vrai, mais ce n'était pas tout.

Gauthier n'arrivait pas à mettre de mots sur les sensations, sur les émotions qu'il ressentait.

- Tu ne manges pas ?, demanda Swan d'un ton inquiet, le front plissé.

- Si, si, s'empressa de répondre le brun en enfournant des pâtes dans sa bouche le plus vite possible.

Personne ne s'était jamais occupé de lui comme ça. En prenant soin de lui, de ses besoins, sans qu'il ait à les exprimer. Et même sa mauvaise humeur habituelle fondait devant la gentillesse de Swan – malgré sa maladresse inhérente à son caractère.

« Ce n'est pas magique, se répétait-il. Il fait juste des efforts, tout comme moi. »

Néanmoins, il était touché par toutes ces attentions. D'autant que l'ange était loin de se ménager. Il travaillait dur à le satisfaire.

- Merci, marmonna-t-il en mâchonnant, les joues rougissantes.

- Pardon ?, demanda Swan avec un sourire adorable mais teinté de perplexité.

Gauthier baissa les yeux vers son assiette vide et grogna :

- Rien.

Puis il reprit un peu de spaghettis. Car c'était vraiment bon.

Post de mod désespérée

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Je voudrais m'excuser pour avoir fait/laissé trainer la session si longtemps. Je ne m'y suis pas prise assez vite pour le pinch-hitting, j'ai accordé trop de temps aux gens... D'ailleurs, je crains, pour boucler, d'avoir besoin d'un autre pinch-hitting. Qui a du temps en ce moins de novembre plein de NaNos ?

Aussi : à la suite de cette expérience encore pire que d'habitude, je ne compte pas continuer la comm l'an prochain. Quelqu'un veut la reprendre ?

[Edit] J'ai trouvé, merci à tous ceux qui ont répondu, vous êtes formidables !

[Fic] Les eaux troubles du passé, Slayers, Filia/Valgarv [de Double Hélice, pour Northern Stars]

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Titre : Les eaux troubles du passé
Auteur : Double Hélice (Participant 6)
Pour : Northern Stars (Participant 18)
Fandom : Slayers
Persos/Couples : Filia, Valgarv, Jiras, Gravos, Filia/Valgarv
Rating : PG
Disclaimer : Slayers appartient à Hajime Kanzaka et quelques autres
Prompt : Valgarv x Filia
Idée centrale : quelque chose de post série. Une renaissance de Valgarv, avec tout ce que ça implique pour Filia, Jiras et Gravos. Je ne suis pas contre une amnésie initiale de Valgarv, pour qu'il retrouve ses souvenirs peu à peu, avec tout ce que ça peut générer de doutes, genre tenter d'en finir avec le monde encore une fois ou non. Peu à peu, de plus en plus de sentiments pour Filia, qui s'occupe toujours de lui, et peut être de plus en plus de reconnaissance envers les deux autres, et leur incroyable loyauté. Pour le setting général, à toi de voir
Notes : Je me suis rendu compte seulement après avoir commencé que tu aurais probablement préféré un point de vue de Valgarv, j'espère que ça te plaira quand même ! Pour les gens qui ne sont pas le prompteur et qui passeraient par là : cette fic contient des spoilers sur tout Slayers TRY. Mais pas après.



Un hurlement perça la nuit. Filia, paniquée, courut vers la chambre de Val. Il était grand maintenant - il avait cinq ans - cela faisait bien longtemps qu'il ne pleurait plus la nuit. Et cela n'avait jamais été aussi déchirant, aussi urgent. Elle saisit sa masse, prête à affronter tous les dragons, tous les démons, et même Lina Inverse ou sa soeur...

L'enfant avait cessé de crier. Il pleurait maintenant, en sanglots convulsifs. Filia laissa tomber la masse, le prit dans ses bras.

"Que s'est-il passé ? Pourquoi pleures-tu, Val ?"

"Ils sont morts !" s'exclama le petit dragon, serré dans les bras du dragon d'or. "Ils ont été massacrés et je ne pouvais rien faire."

Filia sentit une terrible sècheresse dans sa gorge. "Mais tout va bien maintenant. Je suis là. C'était un cauchemar. Ce n'est pas réel." Elle maintint sa voix ferme, l'empêcha de se briser. Cela pouvait être une coincidence. Non, elle ne mentait pas.

Gravos et Jiras étaient arrivés presque immédiatement. "Je vous protègerai." dit Gravos. "Contre tout."

Finalement, Val se calma. Il saisit le tac-tac qui était son jouet favori depuis sa naissance, fit un signe d'approbation à Gravos, et décida qu'il allait se rendormir.

L'homme-bête resta devant la porte. Filia hésita à le faire aussi, mais elle ne pourrait se retenir de poser des questions, et ce n'était pas le moment.

***


Le lendemain, pendant la sieste de Val, Filia entra dans l'arrière-boutique. Gravos y finissait de tourner un pot, tandis que Jiras en peignait un autre avec de petites explosions qu'on pourrait faire passer pour des fleurs quand il serait temps de les vendre.

Sans qu'elle prononce un mot, ils s'interrompirent, imitèrent son air soucieux.

"C'est une coincidence !" plaida Filia. Elle avait désespérément envie de s'en convaincre. Après tout, elle passait son temps à faire des rêves qui n'avaient rien à voir avec la réalité ! Elle rêvait qu'elle volait sous l'eau et était pourchassée par des poissons plein de jambes, ou que tous ses vases s'étaient transformés en or, ou que le puits où ils allaient chercher de l'eau était un démon qui voulait dominer le monde, ou qu'elle battait Lina Inverse et Gourry lors d'un concours de nourriture. En bref, les rêves ne voulaient rien dire !

"Boss, autre boss, je voulais juste demander..." dit Jiras.

"Quoi donc ?"

"Est-ce que quelqu'un ici lui a appris le mot 'massacrer' ? Parce que ce n'est pas moi."

Filia laissa lentement toutes les conséquences se déposer, prendre une forme.

"Cela pourrait être quelqu'un d'autre." dit-elle faiblement. Elle n'arrivait pas à se rappeler si Val avait déjà été laissé seul avec des étrangers. "Un client, peut-être. Ce serait tellement injuste." Valgarv avait été réincarné, et Filia avait pensé qu'il pourrait mener une vie purifiée des souvenirs de son passé. Et même s'il devait le retrouver, s'il y avait une loi de l'univers qui dit qu'on ne peut jamais échapper à la haine, ne pouvait-elle pas attendre qu'il ne soit plus un enfant ?

"Maître Valgarv avait des cauchemars." dit Gravos. Filia serra les poings.

"Ne vous inquiétez pas !" s'exclama Jiras. "Cela va beaucoup mieux maintenant, je ne vois pas pourquoi il essaierait de vous tuer ou de détruire le monde."

"Ce n'est pas ça le problème !"

Gravos la fixa. "Alors, pourquoi est-ce si grave s'il redevient lui-même ?"

"Pour lui !" s'exclama Filia. "Il a eu droit à une nouvelle chance ! S'il se rappelle les souffrances de son ancienne vie, elle est truquée depuis le départ."

"Ce sont juste des rêves." dit Jiras. "Tout le monde a de mauvais rêves."

Il y eut un moment de silence pendant lequel Filia pensa à l'Ancien, se demandant si les pires rêves étaient ceux où il mourait, ceux où il la trahissait, ou ceux où elle était encore son élève admirative, et dont elle se réveillait en se rappelant la réalité à chaque fois. Elle, la dernière des dragons d'or de son temple, avec un homme-bête chassé par les siens, le dernier renard roux de son terrier, élevant le dernier des Anciens Dragons. Oui, ils avaient tous de mauvais rêves.

"Peut-être aurait-il voulu que quelqu'un se rappelle les Anciens Dragons, même de cette manière." dit-elle sans conviction.

Puis, quand Val se réveilla, quand elle lui raconta une histoire sur un petit dragon qui collectionnait les masses, quand elle entendit son rire alors que Gravos poussait sa balançoire, puis alors que Jiras faisait éclater un feu d'artifice rien que pour lui, elle se dit que peut-être, ce n'était rien qu'un cauchemar.

***


Ce qu'une prêtresse faisait le mieux, c'était étudier les dieux.

Ou dans le cas de Filia, donner de grands coups de masse. Certaines étaient meilleures en soins, d'autres en chants religieux, et d'autres pour cracher du feu. Mais ce n'était pas la question ! L'important était que toutes les prêtresses savaient étudier les dieux !

Filia avait toujours pris la renaissance de Valgarv comme un cadeau. Mais seulement maintenant, alors qu'il menaçait de devenir empoisonné, s'interrogeait-elle sur son origine. Ce n'était pas vraiment une réincarnation. Il avait le même corps, juste purifié des influences démoniaques. Et seules les créatures qui contenaient des fragments de Seigneurs Dragons ou de seigneurs démons - sans majuscule, s'il vous plait - se réincarnaient.

Etait-ce L-sama, Seigneur des Cauchemars, qui lui avait fait ce don ? Elle aimait la vie ; elle aimait le conflit ; elle aimait la nouveauté aussi. Elle n'aurait peut-être pas voulu qu'il mène une vie paisible, mais aurait-elle pour autant choisi qu'il mène une vie basée sur des souffrances anciennes ?

Ou alors, cela aurait pu être un effet presque naturel, toute la puissance de destruction et de création personnifiée par Dark Star et Volfied, qui avait manipulé Valgarv - ou que Valgarv avait détenue - retournée contre lui, peut-être juste pour lui accorder le renouveau qu'il aurait voulu offrir au monde, peut-être pour s'attacher à lui en une fusion dangereuse.

Elle frissonna d'effroi pour Val. Elle frissonna de compassion pour Valgarv, qui n'avait pas été la même personne. Ce sont les choix d'une personne qui font d'elle ce qu'elle est. C'est ce qu'on apprend aux prêtresses.

Les choix et les souvenirs...

Elle referma son livre de théologie avec un grand clap (CLAP!). Cela ne lui apprenait rien !

Si elle ne réfléchissait pas en tant que prêtresse, mais en tant que grande soeur (les gens qui les rencontraient ensemble la prenaient souvent pour la mère de Val, et en tant que jeune fille d'à peine quelques centaines d'années elle avait tendance à montrer les crocs), alors... elle ne pouvait pas lui dire maintenant. Elle ne pouvait pas raviver le sujet. Mais au prochain cauchemar, se promit-elle, elle lui dirait la vérité. Elle lui parlerait de Valgarv.

***


Filia DETESTAIT attendre. Attendre qu'il arrive quelque chose de bon. Attendre qu'il arrive quelque chose de mauvais. Elle avait pris l'habitude. Cela faisait partie de son entraînement. Mais cela ne rendait pas les choses agréables !

Chaque jour, elle était moitié anxieuse, moitié rassurée que Val ne crie pas la nuit, ne lui raconte pas à nouveau ses terribles rêves. Et pourtant, elle n'arrivait plus vraiment à croire à un cauchemar sans signification.

Val grandissait encore, pourtant. Déjà il avait l'âge de se promener tout seul. Filia n'était pas certaine que ce soit une bonne idée pourtant (et si un homme louche avait rodé dans les parages ? Par exemple, un terrifiant démon aux cheveux violets ?). Mais Jiras et Gravos semblaient comprendre son inquiétude, et l'un d'entre eux le suivait de loin à chaque fois.

Il savait aussi lire, maintenant, et progressait à grande vitesse. Filia avait rapidement dû abandonner les livres d'images, et se demandait quels écrits proposer à un enfant. Quand elle avait posé la question au colporteur, il lui avait proposé les très populaires aventures de Lina Inverse - qu'elle avait commencé par refuser avec horreur, puis avait finalement achetées pour elle - une romance entre un noble et une paysanne - qu'elle avait refusée avec horreur, tout court - et puis finalement une histoire de pirates, qu'elle avait prise en désespoir de cause.

Val avait voulu les 90 tomes, ce qui était, d'une certaine façon, rassurant. Il avait par contre totalement refusé de s'asseoir sur les genoux de Filia pour se faire faire la lecture. Il était capable de lire tout seul, avait-il affirmé avec dignité. Et puis, Filia ne comprenait rien aux pirates !

Il avait aussi demandé à hauts cris à accéder à la bibliothèque privée de Filia. Elle le lui avait strictement défendu : et s'il trouvais ses livres de jeunesse sur les aventures d'Elissa la belle et jeune prêtresse ? Et si, pire encore, il trouvait quelque chose qui lui rappelait le conflit entre les Anciens Dragons et les Dragons d'Or ? Plus tard, disait-elle. Quand tu seras grand.

Un jour, il avait demandé "Mais où est-ce qu'il y a des mers, en vrai ?" Elle lui avait alors offert un vieil atlas.

"Merci !" s'était-il exclamé. Puis il avait regardé Filia d'un air pensif, et avait dit "Je t'aime bien."

"Parce que j'ai des atlas ?" avait-elle plaisanté.

"En général. C'est bizarre, non ?"

Elle n'avait su que répondre.

Le lendemain matin, Val n'était pas descendu pour le petit déjeuner. Elle était montée, avait trouvé son lit froid, et Gravos avait disparu avec lui.

***


"Que s'est-il passé ? Où sont-ils ?"

Filia monologuait en levant les bras de manière dramatique. Quand Jiras en eut assez de se faire interrompre au moment où il essayait de répondre, il se saisit d'une ardoise, et écrivit dessus, en grosses lettres.

"JE N'EN AI AUCUNE IDEE MAIS LAISSEZ-MOI CHERCHER, BOSS!"

"Oui, oui !" s'exclama Filia. Elle suivit Jiras qui s'aventurait aux alentours de la maison, cherchant des traces, des odeurs, des branches cassées. Puis, incapable de traquer quoi que ce soit, elle rentra, cherchant une nouvelle fois s'ils n'avaient pas laissé un message, découvrant quelques araignées et quelques restes de nourriture qui n'aurait jamais dû se trouver là. Mais tout ce que révéla son inspection fut qu'ils étaient partis sans emporter presque rien. Juste un peu de nourriture, l'atlas de Filia, et le tac-tac de la vie antérieure de Val. Il l'avait toujours avec lui. Le coeur de Filia n'aurait pas dû se serrer en pensant aux implications.

Elle redescendit l'escalier en hâte. Heureusement, Jiras avait trouvé un début de direction et elle suivit la route, Jiras courant derrière elle.

Filia sauta presque sur la première charrette de foin qu'ils croisèrent.

"Avez-vous vu passer un enfant accompagné d'un homme-bête ?" demanda-t-elle avec une passion que l'homme sembla juger dangereuse. "Ou même l'un des deux, tout seul ?"

"Le gamin a des cheveux verts, c'est ça ?"

"Oui ! Ils étaient ensemble ? Ils avaient l'air d'aller bien ?"

"C'est difficile à dire pour les hommes-bêtes. Pour moi, ils sont tous pareils. Et je me demandais si le petit n'était pas une sorte de démon..."

"C'est un dragon !" protesta Filia.

"Ha. Je suppose que les dragons sont bons, alors. Enfin, quand ils ne détruisent pas les récoltes. Personnellement, je n'ai pas vraiment confiance. C'est ce qu'on dit. Si ça se trouve, c'est un bruit qu'ils font courir eux-mêmes. Pour moi, je ne vois pas trop la différence..."

"Boss," interrompit Jiras, "ne le tuez pas."

Filia recomposa sa grimace de courroux en un sourire de prêtresse parfaitement calme et compatissant.

"Loin de moi cette pensée. Je suis une douce et gentille prêtresse dragon." Cela dura environ une demi-seconde avant qu'elle saisisse à nouveau l'homme par le col, une dent pointue sortant de sa bouche. "Dites-nous juste par où ils sont partis !"

"Par là." signala l'homme d'une voix très faible.

"Bien !" s'exclama Filia, parfaitement calme et souriante. "Par là."

***


Finalement, la piste de Val et Gravos n'était pas si difficile à suivre. Un tel duo n'aurait pu passer inaperçu qu'en évitant totalement les villes et les villages, et ils n'avaient manifestement pas essayé.

Filia montra une patience exemplaire en se réfrénant d'agiter sa masse sous les nez de ceux qui pensaient que l'homme-bête était évidemment un kidnappeur et qu'on devrait tous les exterminer, ceux qui lui demandaient combien elle vendrait son renard pour en faire un manteau, ceux qui lui demandaient s'il s'agissait de son mari et de son enfant puis soutenaient qu'ils remplaceraient le mari avantageusement, et même ceux qui n'avaient rien vu.

Jiras et Filia n'avaient pas perdu leurs cibles, mais ils semblaient prendre de plus en plus de retard sur elles. Peut-être à cause du temps passé à poser des questions. Probablement pour cela. Certainement pas parce que Filia ne marchait pas assez vite ! Heureusement que personne ne se mêlait de l'insinuer.

Ils finirent par escalader une colline escarpée qui montait jusqu'à un monastère.

"J'espère que ce gamin savait ce qu'il disait !" dit Jiras, pantelant.

"Il est impossible de confondre Val et Gravos avec quelqu'un d'autre !" dit Filia, pour donner du courage à Jiras, et aussi parce que réaffirmer sa certitude lui permettait d'oublier un instant à quel point elle avait mal aux pieds - mais la partie demander poliment aux gens risquait d'être sérieusement compromise si elle prenait sa forme de dragon.

"Il aurait pu nous mentir pour nous faire escalader cette montagne !" bougonna Jiras.

"Oh non..." répondit Filia. "Ce n'est pas parce qu'il avait la morve au nez qu'il faut se méfier de lui."

"Il m'a tiré la queue ! S'il nous a menti, boss, j'irai mettre une bombe dans...

Filia toussota.

"Dans ses latrines. Bien sûr, je ne tuerais personne pendant que je travaille pour vous, pas sans une très bonne raison."

Enfin, ils arrivèrent au sommet de la colline, et Filia eut l'énergie d'aborder la première moinillonne venue pendant que Jiras s'étalait à terre en sortant sa langue.

"Avez-vous vu... un homme-bête... avec un petit enfant ?"

"Mais bien sûr !" répondit la moinesse joviale. "Ils sont passés ici hier, pour profiter de notre eau miraculeuse qui redonne la mémoire. Puis-je vous proposer d'en acheter une bouteille ?"

"Et après ? Que s'est-il passé ?" demanda Filia en écarquillant des yeux horrifiés. Bien sûr, Val était venu ici exprès pour cela.

"He bien, pour cela, il faudra demander à la Mère Supérieure, car je n'y étais pas, mais..."

Filia trouva encore en elle un sursaut d'énergie. Attrapant Jiras par le col, elle s'introduisit dans le monastère avec l'assurance de quelqu'un qui n'avait non pas un rendez-vous avec la Mère Supérieure, mais une bonne vingtaine si nécessaire.

***




"OUI !," s'exclama la vieille femme très fatiguée, au visage tellement creusé de rides qu'on avait envie de faire des théories sur ce qu'elles représentaient, comme les nuages qui passaient. Ses vêtements avaient dû être à la mode en un temps très reculé, mais Filia avait beau avoir quelques centaines d'années sous ses ailes, elle ne s'en rappelait pas. Soit elle était encore plus vieille qu'il en avait l'air, soit c'était une période maudite que Filia avait occultée. "Oui, prêtresse aux cheveux blonds comme les BLES, le jeune DRAGON et son vaillant compagnon sont venus ici ! Ses cheveux étaient verts comme les feuilles de la menthe la plus jeune, et ses yeux brillaient..."

"C'est lui !" s'exclama Filia. "Lui avez-vous donné de l'eau ?"

"Bien entendu ? COMMENT aurions-nous pu refuser quelque chose à un serviteur des dieux !"

"En essayant de ne pas faire une énome bêtise, peut-être." dit Jiras à voix très basse.

La Mère Supérieure agita ses manches bouffantes, qui moutonnèrent lentement avant de reprendre leur forme, de façon quelque peu hypnotisante. "Il avait peu d'argent, FAUCHE comme les blés, comme un ramasseur de cailloux à dire vrai, aussi nous lui avons même fait une réduct..."

"Mais a-t-il bu votre eau ? Et que s'est-il passé ?" interrompit Filia, oubliant tout le respect qu'elle devait au chef d'un ordre religieux.

"Ha, ces jeunes veulent toujours aller si VITE..." soupira la Mère Supérieure. Filia faillit lui crier qu'elle était probablement plus âgée qu'elle, mais il ne servait à rien de faire dévier la conversation encore plus. "Quand l'enfant dragon but une gorgée de notre mémoire de l'eau, euh, de notre eau de la mémoire, il réagit de façon plus qu'ETRANGE. Ses ailes jaillirent de son dos, des ailes noires comme jamais je n'en avais aperçu ! Il se roula à terre, semblant en proie à une grande douleur ! Puis il s'exclama : 'Je le savais ! Oh, Filia !' J'ignore ce qu'il entendait par ce mot mystérieux, dans un langage que je ne maîtrise point, mais on y sentait de l'EMOTION..."

"Valgarv..." murmura Filia. Elle pouvait maintenant imaginer ce qui s'était passé. Les cauchemars ne s'étaient pas interrompus : ils étaient juste devenus si précis et si frénétiques que Val avait perdu confiance en elle et ne lui avait rien dit. S'il s'était rappelé les massacres, il s'était rappelé les dragons d'Or et... elle ne pouvait même pas dire qu'il n'avait pas compris ! C'était bien le peuple de Filia ! Peut-être si elle en avait parlé dès le premier jour - comme elle aurait dû - mais dans ces circonstances, il avait eu toutes les raisons du monde de se méfier d'elle !

Comment avait-elle pu ne pas réaliser que ses souvenirs lui revenaient ? Il semblait si mature sur certains points, il avait appris à lire si vite !

Et maintenant, Val savait qu'il avait eu raison tout le long, et qu'elle avait été une hypocrite, un membre du peuple qui avait assassiné le sien, tentant de le lui cacher pour se faire aimer de lui !

Je t'aime bien. avait-il dit. Et aussi, C'est bizarre, non ?

"Et ensuite," continua la vieille femme sans soupçonner un mot de la tempête mentale qui se produisait tout près d'elle, "il se mit à regarder ses pieds, et ses bras, et ses ailes. Il criait 'Je ne suis pas un enfant ! Ce n'est pas mon corps ! Mais je sais comment le retrouver.' Et alors, il s'est mis à VOLER ! Ses ailes étaient petites, mais il semblait la TEMPETE qui gronde au-dessus des champs de blé."

"Vous aimez le blé." murmura Jiras.

"C'est ma PASSION ! Comment avez-vous deviné ?"

"S'il vous plait !" s'exclama Filia. Venons-en au fait ! Il s'est envolé ! Par où est-il parti ?"

"Dans CETTE direction !" dit la Mère Supérieure. "Il a SAISI son compagnon l'homme-bête comme un fétu de paille, et, malgré ses protestations, s'est envolé en le tenant entre ses mains !"

"Quoi ?" demanda Jiras.

"C'est tout à fait possible." dit Filia. "Même dans l'enfance, les dragons jouissent d'une force... De quoi me pousses-tu à parler ? Il faut les retrouver au plus vite !!

"Mais comment ferons-nous s'ils se sont envolés ? Je ne peux pas les suivre !"

"Comment ferons-nous..." répéta Filia. Elle fut tentée un moment de succomber au découragement. Puis elle imagina Val tout seul, un enfant... non, un adulte qui se sentait enfermé dans un corps d'enfant, sans même compter ce qu'il avait souffert dans sa vie antérieure, et méritait de la compassion lui aussi... combien de temps lui faudrait-il pour...

"Je sais où ils sont allés !" s'exclama-t-elle.

"Mais comment ?"

"Ma mère, avez-vous un plan du pays que vous pourriez nous offrir ? Vous ne pourriez rien refuser à un dragon en mission, n'est-ce pas ?"

"En effet, nous assistons souvent les TOURISTES..."

"Un plan, un plan, qu'on me donne un plan !" s'exclama Filia, se jetant dans la boutique de souvenirs.

Cependant, elle se comporta de façon très polie, devait-elle assurer plus tard. Elle prit même le temps de quitter le monastère pour ne rien casser avant de se transformer en dragon et de projeter Jiras sur son épaule d'un coup de queue.

Jiras devait assurer plus tard que ce n'était pas sa définition de la politesse, mais certainement, il se rappelait mal de la scène parce qu'on lui avait tapé sur la tête. Il aurait sans doute dû emporter un peu d'eau de mémoire.

***


Filia volait à toute vitesse. Elle savait où Val se rendait. Elle avait lu cela dans une vieille aventure de Lina Inverse - et sans doute, Val aussi, s'il s'était rappelé des choses, s'il s'était mis à chercher ce qui lui était dissimulé. Quand elle y repensait, ses livres étaient-ils toujours là où elle les rangeait ? Mais bien sûr, elle avait refusé de tenir compte de cela aussi.

A l'époque où elle voyageait avec Naga le Serpent, Lina avait visité des Sources de Croissance, qui accéléraient le vieillissement. Puis elle avait renoncé à s'en servir, car leur puissance aurait risqué de lui faire perdre des années de sa vie, voire plus. Mais cela ne signifiait rien pour des dragons qui pouvaient vivre des millénaires...

"Où va-t-ooooon, boss ?" cria Jiras. Au début du vol, il s'était retenu de parler comme si cela lui demandait trop de coordination pour lui permettre de consacrer toute son énergie à s'accrocher à la crinière de Filia. Mais maintenant, il pensait probablement plus stratégique de lui rappeler son existence.

Filia lui expliqua en quelques mots.

"Après le puits des souvenirs, les sources." dit-il d'un ton aussi désabusé qu'on pouvait l'avoir en chevauchant un dragon sauvage. "Quel est le problème avec l'eau ?"

En d'autres circonstances, Filia aurait pu se lancer dans une grande discussion théologique abstraite sur l'eau comme symbole du renouveau et de la permanence en même temps. Là, elle se contenta de voler plus rapidement encore.

Enfin, elle vit un lac. Elle le reconnut tout de suite. Heureusement que les aventures de Lina Inverse avaient des illustrations. Elle se promit brièvement, si l'artiste avait menti et peint un autre lac, de revenir le hanter.

"Ils sont là !" cria Jiras. "A tribord ! Droite ! C'est pareil ! Et en bas !"

En effet, un coup d'oeil lui suffit pour distinguer, des très loin, les formes et couleurs générales de Gravos et Val. Elle vira sur l'aile, et fonça. Elle s'écrasa peut-être un peu lourdement sur la plage, mais elle n'était pas là pour un concours d'élégance. Jiras roula à terre. Elle aussi - elle n'avait même pas attendu de finir son atterrissage pour reprendre forme humaine.

Pourtant, elle était arrivée trop tard.

Val avait encore son gobelet d'Eau de Croissance à la main. Mais il avait fini de le boire. Il n'était pas tout à fait le même que celui qu'elle avait rencontré la première fois - la corne démoniaque n'était pas revenue, heureusement, et ses cheveux tombaient longs sur ses épaules.

Mais son corps était adulte et fort, ses ailes noires déployées, et ses yeux d'or la fixaient, emplis d'une colère qu'elle avait espéré oublier pour toujours.

***


"Valgarv." dit-elle d'une voix éteinte.

"C'est me faire trop d'honneur de m'appeler ainsi." répondit l'Ancien Dragon. "Je n'ai plus le sang de Garv en moi."

"Qui es-tu, alors ?"

"Tu ne l'as jamais su, mais mon nom était Valtierra."

"Je suis désolée..." murmura-t-elle.

"Pour quoi ?"

"Pour tout." C'était une réponse trop simple pour être acceptable. "Pour la mort de tout ton peuple. Et aussi pour ce que j'ai fait moi. T'élever sans te raconter cela. Je n'ai pas d'excuses. Je ne l'aurais pas fait. Je ne voulais pas le faire. J'aurais voulu que ce malheur soit effacé. C'était impossible, alors je l'ai dissimulé à la place."

Valtierra ne répondit pas. Elle avala sa salive. Elle jeta un coup d'oeil à Gravos. Il restait immobile, attentif, sans prendre parti ni tenter d'intervenir.

"Je t'avais proposé de me tuer pour ta vengeance." dit-elle d'une voix très douce. "De me tuer plutôt que de détruire le monde. L'offre tient toujours. Valtierra."

Ce ne serait pas si mal, pensa-t-elle. La première fois qu'elle lui avait fait cette proposition, elle avait été terrifiée. Elle avait eu une prophétie à réaliser, un peuple à défendre, une vie à vivre. Mais maintenant, elle avait eu une famille, et Val avait brisé cela en s'enfuyant maintenant, alors pourquoi ne la tuerait-il pas ? Ce serait plus personnel, au moins, que de l'abandonner seule. Ils partageraient quelque chose, peut-être. Elle mourrait bien un jour, alors pourquoi pas de cette façon ?

Ce n'est pas comme si elle pouvait trouver en elle le courage de l'affronter, cette fois.

"J'étais un démon." dit Valtierra d'une voix sombre.

Filia ne répondit rien, attendant la suite.

"J'étais un démon, et faire souffrir les gens me donnait de la joie et de l'énergie. Maintenant, je suis un dragon, et je ne veux plus..." Sa voix devint sifflante. "Je me demande comment les dragons d'or faisaient."

"Je ne sais pas non plus." répondit Filia, avec toute la sincérité dont elle était capable.

"Comment pourrais-je être certain," dit Valtierra d'une voix plus douce, "que tu n'es pas comme eux."

"Val." dit-elle. "Comme tu dis, tu n'es plus un démon. Tu es un dragon, comme moi. Je ne sais pas si tu as la force de détruire le monde maintenant. Je n'en suis pas sûre. Peut-être as-tu encore un peu de Dark Star en toi, et du dragon Volfied. Mais je sais ce que l'Ancien aurait voulu. Que je te combatte avant que tu obtiennes plus de puissance, pour ne pas prendre le moindre risque. Et je sais aussi que je ne le ferai pas. Que je te ferai cette offre à la place. Je ne peux même pas te demander - je ne veux pas que tu me promettes que cela t'offrira la paix. Parce que tu ne peux pas savoir. Mais nous pouvons essayer tout de même."

"Filia..."

C'est à ce moment que Jiras, qui avait été à moitié assommé par l'atterrissage, se releva et courut vers Valtierra avec un cri ravi.

"Valgarv-samaaaaaaaaaaaaaa, vous êtes de retour !"

Filia sentit son estomac se nouer en un sentiment de trahison. Bien sûr, cela devait se passer comme cela. Et cela ne changeait rien à ce qu'elle avait prévu. Mais cela restait douloureux.

Jiras se mit à pleurer en enserrant le genou de Valgarv, avant de réaliser brusquement que Gravos et Filia le regardaient. Il recula alors vivement, mais les larmes restées dans les yeux gachaient quelque peu l'effet de "vous n'avez rien vu".

"Mais j'interromps quelque chose." dit-il en détournant les yeux. "J'imagine que vous avez besoin de parler de vos sentiments. Je ne sais pas quand vous avez prévu de vous marier, mais..."

Filia resta sans voix. Valtierra, probablement aussi.

"En fait, ils étaient plutôt en train de discuter sur la façon de s'entretuer." dit Gravos d'une voix affligée.

"Mais ce n'est pas possible !" protesta Jiras. Il désigna Gravos du doigt. "Qu'est-ce que tu as fait ? J'avais pourtant dit qu'on restait chacun avec l'un d'entre eux pour être surs qu'ils ne fassent pas de bêtises !"

Quoi, quoi, quoi ?

"Comment je peux changer ça ?" protesta Jiras. "Et d'ailleurs, c'est Filia-san qui a commencé à parler d'assassinats ! Jusque-là, Valgarv-sama ne m'avait parlé que de retrouver un corps en accord avec son esprit, et cela aurait pu être aussi bien..."

"Mais comment avez-pu imaginer..." protesta Filia. Sa voix était bien faible. Valgarv avait déjà été étrangement attirant, même en démon, et maintenant il l'était plus encore. "C'était un enfant !"

"Je suis beaucoup plus vieux que toi !" protesta Valtierra. "Tu as, quoi, deux cents ans, même pas ?"

Il y avait quelque chose dans le ton de sa voix, une protestation infantile, qui lui rappela ses protestations enfantines, et elle rit, nerveusement, tout en étant consciente que c'était non seulement impoli, mais dangereux.

Elle fut surprise d'entendre Valtierra rire aussi.

"C'est la première fois que je t'entends rire." dit-elle, plus émue qu'elle aurait cru.

"Pas du tout !"

"Je ne parle pas de... rires démoniaques, je vais détruire le monde." protesta Filia. "Ce n'est pas pareil."

"Je riais quand... quand Jiras jonglait avec des pots... et..."

"Mais je croyais que ce n'était plus toi ?" demanda Filia, un espoir incongru dans le coeur.

Valtierra réfléchit un instant.

"C'était moi aussi" dit-il d'une voix hésitante. "Je me rappelle avoir été un enfant, dont la famille a été attaquée par les Anciens Dragons. Mes parents et tous ceux que j'aimais sont morts. Je me rappelle avoir été changé en démon par Garv, mais lui aussi est mort, et même maintenant que je ne porte plus son sang, il me manque. Je me rappelle avoir été fou de vengeance et avoir offert mon corps et mon âme à Dark Star. Je me rappelle une seconde enfance avec Jiras, Gravos, et toi, Filia, et... mais vous n'êtes pas morts, cette fois. Est-ce que tout cela est moi ? Je pense. Et je ne crois pas qu'il reste en moi quelque chose de Garv à part des souvenirs, ni de Dark Star et Volfied, à part que maintenant je comprends."

"Que comprends-tu ?" demanda Filia.

"Que... que le monde est injuste, et qu'il l'est avec tout le monde, autant de le détruire, parce que vous y êtes, et..." Il regarda Jiras et Gravos. "Je sais. Vous étiez déjà là. Mais je n'y avais pas accordé l'attention que j'aurais dû, parce que... certaines choses semblaient plus importantes. Vous étiez avec moi. Pas avec mon objectif. Je n'avais pas remarqué à quel point."

"Et toi !" Il désigna Filia. "Je t'aimais bien !"

"Je sais." répondit-elle, anxieuse. "Tu me l'as dit."

Je veux dire... avant. C'est juste que je n'avais pas confiance en toi, du tout !"

"Et maintenant ?" demanda-t-elle, sentant chaque réponse, chaque surprise, comme un coup au coeur.

"J'ai cherché dans mes souvenirs d'enfant un moment où tu m'aurais menti. Je voulais vraiment trouver, et je n'y suis pas arrivé." répondit-il gravement. "Tu as toujours été gentille avec moi. Je ne suis pas certain de comprendre pourquoi."

"Et que veux-tu maintenant ?" demanda Filia. Cela pouvait bien finir. Elle devait avoir confiance en lui, elle aussi, ne pas croire qu'il la trompait, qu'il voulait la trahir. Il savait bien assez crier sa haine quand il le voulait.

"J'y ai réfléchi." dit-il. "Je crois que je voudrait rentrer. Chez toi."

Jiras, qui avait lui aussi retenu son souffle, poussa un long glapissement de joie. Gravos applaudit lentement. Valgarv sembla quelque peu confus, mais finit par sourire devant l'approbation.

"Chez nous." répondit Filia.

Elle prit la main de Valtierra. Il ne la retira pas. Elle ne lui demanda pas ce qu'il ressentait. Elle essaya de ne pas trop se le demander à elle-même. Pas pour l'instant.

"Es-tu sûr que le monde est si mauvais ?" demanda-t-elle, sans réfléchir, écoutant juste son coeur.

"Oh, il l'est." répondit Valtierra. "Mais c'est pour cela qu'il faudrait faire un peu plus attention aux exceptions."

***


"C'est un torchon !" s'exclama Valtierra. "Je n'ai pas l'intention de lire un tome de plus ! Lina Inverse a tué Garv ! Enfin, d'après ce tome, elle a juste aidé Xelloss et Fibrizo à le faire, mais c'était une très mauvaise idée !" La tête sur le genoux de Filia, il pouvait difficilement agiter les bras comme il convenait. Aussi il se contenta de jeter le livre, que gravos attrapa avant qu'il touche terre, comme s'il était précieux.

"Elle m'a semblé globalement avoir un très mauvais caractère." soupira Jiras qui mélangeait de l'argile et des pigments.

"Elle m'a expédié en orbite !" ajouta Gravos. "Heureusement que je peux me mettre en semi-hibernation, mais c'était le moment le plus ennuyeux de ma vie. Je n'ai toujours pas compris comment j'en suis redescendu."

"Je dois avoir fait cela quand Dark Star et Volfied étaient en moi." dit Valtierra, un peu embarrassé - il ne s'était toujours pas habitué à montrer ses preuve d'affection. Filia lui fit un clin d'oeil. Elle crut le voir rougir. "Je sais que cela ne servait à rien parce que j'allais détruire le monde, mais c'était facile. Une sorte d'introduction." Il ajouta en hâte, croisant les bras sur sa poitrine "Tout ça pour dire que je ne vois pas pourquoi on en a fait une série."

"Si vous continuez à insulter mes livres," protesta Filia, "je ne vous prêterai pas la suite !"

"Vous ne feriez pas ça, boss !" s'exclama Jiras. "Je n'en suis pas encore au moment où on nous voit !"

"Oh, elle ne le fera pas." dit Valtierra. "Elle est trop gentille. C'est une grave maladie."

Avec quelqu'un d'autre, Filia aurait probablement sorti sa masse - oh, pas pour frapper, juste pour faire mentir quelques idées reçues.

Mais, en matière de revanche, elle se contenta de lui chatouiller le cou.

[Fic] Evil Baby, Flander's Company, Armand/Carla, 1/2 [de Skitty, pour Maralik]

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Titre : Evil Baby
Auteur : Skitty (Participant 22)
Pour : Maralik (Participant 21)
Fandom : Flander's Company
Persos : Armand/Carla, la Flander's et Lex Luthor (plus un invité surprise attendu avec joie – ou pas)
Rating : PG/PG-13
Disclaimer : La Flander's Company appartient aux Guardians
Prompt : Comme une hypothétique saison se fait attendre, j'aimerais voir la vie de Armand et Carla après l'annonce de la grossesse de Carla. Pas juste la grossesse. Mais leur vie de tous les jours, en essayant de s'accommoder de leurs énormes différences de caractère. Bonus si tu arrives à placer dans ton histoire le baptême de leur enfant et Hippolyte en marraine (est-ce qu'il serait trop demandé d'avoir une intervention remarquée de Kevin au dit baptême)
Note : Je m'excuse pour ce retard, j'ai voulu répondre au prompt du mieux possible et je me suis embarquée dans un truc qui a grossi au fur et à mesure, et plus je prenais du retard, plus je voulais l'agrandir pour m'excuser. Je m'excuse auprès de la personne qui a demandé ce prompt, les modos de la communauté et toutes les autres personnes que ça a ennuyé. J'espère que cette fic plaira quand même et qu'elle répondra au prompt de façon suffisante.
Note Bis : C'est assez décousu comme texte, en fait j'ai choisi de répondre au prompt en cumulant les scènes de vie quotidienne comme plusieurs petits épisodes de la série se déroulant au fur et à mesure. Il y a des moments pendant la grossesse et d'autres après. Mais du coup on saute certains moments que j'ai choisi de ne pas écrire sinon cette fic aurait fait 30 pages de plus. J'espère que ce format ne dérangera pas et que ça répond bien au prompt.



Entendant la porte s'ouvrir, Armand sortit la tête de sous son bureau et jeta un coup d’œil vers l'intruse qui referma précipitamment à clé derrière elle avant de le rejoindre. S'adossant contre le panneau d’ébène, Carla laissa échapper un soupir.


« Ah non non non ! C'est mon bureau ! Ma cachette ! Dehors !

- Je ne savais plus où me planquer. Et puis il y a largement de la place pour deux.

- Rien à foutre ! Vous dégagez !

- Hors de question ! Si on se retrouve dans cette situation c'est en partie votre faute, alors je me planque dans votre bureau si je veux !

- Non mais vous rêvez là ! Ce n'est pas parce que vous êtes infoutue de prendre votre pilule que je dois tout accepter !

- Alors ça ! Venant de l'obsédé incapable de mettre une capote correctement ! s'exclama Carla, outrée. Produisant une gerbe d'étincelles, elle lui adressa un regard menaçant. On est dans le même bateau mon petit père, alors va falloir vous décider à assurer votre part du contrat ou sinon... »


Le PDG de la Flander's Company s’apprêtait à répliquer vertement lorsque le sol trembla, faisant vibrer le liquide ambré contenu dans sa bouteille de scotch. Rentrant la tête entre ses épaules, il lança un regard horrifié à sa maîtresse qui étouffa un juron et grimaça. Le sol continua à trembler au fur et à mesure que les bruits de pas se rapprochaient du bureau.


« Vous l'avez attirée ici !

- Je pensais avoir réussi à lui échapper.

- VOUS L'AVEZ ATTIRÉE ICI !

- CHUT ! »


Plaquant sa main sur la bouche d'Armand, Carla se recula sous le bureau en l'attirant contre elle. Les deux amants restèrent à se dévisager en priant silencieusement pour que les pas s'éloignent mais à leur grand désarroi un poing se mit à marteler la porte du bureau et une voix tonitruante se fit entendre :


« Carlaaaaaa ! Vous êtes là ? Ouvrez ! Je n'ai pas eu le temps de vous parler de mon épisiotomie lors de la naissance de Cindy !

- MAMAAAAAN !!!

- Voyons pupuce, c'est important qu'elle sache comment cela va se passer. Carla ? Houhou ! Carla ? Ouvrez voyons !

- Tu sais je ne crois pas qu'elle soit là Chérie.

- Ah ? La voix derrière la porte sembla quelque peu déçue et marqua un moment d'hésitation avant de reprendre : Peut-être qu'elle est retournée vomir. Elle n'avait pas l'air bien lorsque je lui ai parlé de la taille du placenta de Gladys. Ton frère a le chic pour se dénicher des chiffe-molles. »


Les pas s’éloignèrent du bureau et Armand laissa échapper un soupir de soulagement.


« On a eu chaud !

- Je lui en foutrai de la chiffe-molle ! gronda Carla en serrant les poings, faisant jaillir une gerbe d'étincelles qui manqua de faire frisotter les cheveux de son amant. Franchement je ne sais pas ce qui me retient de la faire frire !

- Vous avez tout mon soutien sur ce coup.

- Ouais et je suppose que pendant ce temps vous resterez bien planqué derrière votre bureau.

- Je suis un stratège criminel, pas un vulgaire homme de terrain.

- J'avais remarqué ! persifla la future mère tout en étendant ses jambes. A votre avis, elle se tire quand ?

- Aucune idée. Probablement une fois que Gladys aura retrouvé une forme humanoïde. Du moins il faut l'espérer.

- Je n'en peux plus ! Elle passe son temps à me parler de ses grossesses et de ses accouchements ! Tout à l'heure j'ai eu droit à des photos de la naissance de ses monstres à tresses ! Remarquant le teint verdâtre d'Armand, Carla fronça les sourcils. Ça ne va pas ?

- Si, si... Je viens juste de me vomir dans la bouche.

- Ah. Dites vous n'auriez pas quelque chose à manger ? Enfin autre chose que les sucettes que vous refourguez à vos nièces parce que moi la viande crue...

- Je dois pouvoir trouver ça, répondit-il. Farfouillant dans son tiroir il trouva un mars qu'il lui tendit avant de boire une rasade de sa bouteille

- Merci. Et est-ce que je pourrais aussi avoir un peu de whisky ?

- Ah non. Ça je crois que c'est déconseillé dans votre état très chére.

- Pfff ! Qu'est ce que j'ai hâte de l'expulser ce parasite !

- Personnellement je préférerai qu'il reste à l'intérieur. »


Serrant les dents, Carla lui adressa un regard furieux auquel il répondit par un sourire narquois. Soupirant, elle ne put s'empêcher de lui rendre son sourire.


« Couillon ! »




… … … … …





La tête plongée dans ses bras croisés, Armand Trueman émit un sanglot désespéré en jetant un bref coup d'œil aux divers documents et factures éparpillés sur son bureau. Poussant un nouveau soupir, il tendit la main vers la bouteille posée sur un coin de la table et se servit une généreuse dose de whisky qu'il avala d'une seule gorgée. Un coup frappé à la porte le sortit brièvement de ses pensées et il invita son visiteur à entrer en maugréant. Le visage du PDG de la Flander's Company se rembrunit davantage lorsque la femme à l'origine de sa mauvaise humeur pénétra dans la pièce.


« Merveilleux ! Il ne manquait plus que vous pour illuminer ma journée !

- On s'est levé du pied gauche ce matin ?

- Comme si j'arrivais à dormir avec tous les soucis que vous me causez. »


Levant les yeux au ciel, Carla s'installa dans le fauteuil faisant face au bureau et croisa les jambes, dissimulant son agacement naissant derrière un sourire de façade.


« Je peux savoir ce que vous me reprochez encore ?

- Faites pas la maligne ! J'ai très bien compris votre petit jeu.

- Ah ? Et bien dans ce cas, j'apprécierai que vous m'expliquiez ce fameux plan machiavélique parce que j'ai comme l'impression que certains détails m'ont échappé.

- Cette grossesse, c'est juste histoire de me pourrir la vie.

- Pardon ?

- C'est un stratagème pour vous assurer que je ne puisse plus me débarrasser de vous tout en me rendant dingue. Avant qu'elle puisse le contredire, Armand brandit une liasse de factures sous son nez en ajoutant d'un ton scandalisé : Et en plus vous en profitez pour essayer de me ruiner ! Vous avez compris que vous ne réussirez jamais à couler mon entreprise, alors vous avez décidé de vider mes comptes en me faisant acheter tout un tas de conneries pour bébé !

- Mais vous délirez !

- Ah oui ? Et ça c'est quoi ? vociféra le futur père en agitant ses factures. Un berceau : 180€. Une table à langer avec matelas : 230€. Une poussette : 650€. Un chauffe-biberon : 40€. Une chaise haute : 80€. Un sac à langer : 60€...

- Attendez là ! Le coupa Carla en se levant brusquement pour lui faire face. Vous me reprochez d'acheter des affaires pour NOTRE bébé ?

- Parfaitement ! Je VOUS reproche d'acheter des conneries avec MON argent sous prétexte de préparer l'arrivée de cet enfant.

- C'est VOTRE enfant ! Il me semble par conséquent normal que vous participiez aux frais. Et je vous signale que je n'ai acheté que des produits de première nécessité.

- Ah ! Cette bonne blague ! Un coussin d'allaitement à 85€ c'était un produit de première nécessité ? Un coussin normal n'aurait pas pu faire l'affaire ?

- Si ça s'appelle un coussin d'allaitement c'est bien parce ce que ce n'est pas un banal coussin !

- Mais bien sûr ! Et les 900€ de fringues c'était essentiel aussi ? Ce gosse n'est même pas né et il a déjà une dizaine de pyjamas ! Sans compter que la moitié de ces fringues sont pour vous ! »


Serrant les poings, Carla ferma les yeux et inspira profondément pour essayer de se calmer. Après un instant d'hésitation, elle se rassit dans le fauteuil, lissa les plis de son tailleur et c'est avec un ton quelque peu radouci qu'elle reprit la parole :


« Ok. Je veux bien admettre que niveau dépenses, j'ai peut-être un peu exagéré. Mais il faut me comprendre aussi : vu la situation, je suis hyper stressée et faire du shopping ça me permet de me détendre un peu. Et avant que vous vous remettiez à râler je tiens à signaler que les trois quarts de ces achats sont pour le bébé. Alors oui ces trucs coûtent une fortune mais ce sont les prix normaux et je n'y suis pour rien si les professionnels de la puériculture traitent les parents comme des vaches à lait. D'ailleurs si j'avais su ça quand je travaillais encore pour Chantal Connasse, je peux vous assurer que je n'aurais pas hésité une seconde à mettre en place une compagne marketing visant les gosses de super-héros.

- Tout ça n'explique absolument pas vos dépenses en fringues pour vous. Je suis sûre que si je comptabilise tout il y en a pour au moins 1500€.

- Hé ! Vous savez à quel point c'est difficile de trouver des vêtements de maternité élégants à des prix raisonnables ?

- Mais j'en ai rien à foutre ! Vous allez pas nous faire un défilé ! Un t-shirt deux tailles trop grand et un jogging informe ça vous ira très bien.

- Ça ne va pas la tête ! Je refuse de me laisser aller de la sorte. Si vous croyez que je vais adopter le look de la bobonne de quarante piges qui attend son cinquième morveux, vous pouvez toujours rêver ! S'exclama Carla en croisant les bras d'un air indigné. Se mordant les lèvres, elle ajouta pour elle-même : Déjà que je ressemble de plus en plus à une grosse vache. »


Se pinçant l'arête du nez, Armand soupira et parcouru à nouveau les factures du regard.


« Écoutez, vos problèmes vestimentaires je m'en contrefous. Mais il est hors de question que je paye pour ça alors vous avez intérêt à arrêter de me faire passer vos factures en douce.

- Je ne faisais pas exprès pour vous arnaquer, répliqua Carla. Remarquant le haussement de sourcil dubitatif de son amant elle expliqua : C'est juste qu'en général j'achète tout dans les mêmes magasins donc demander une seule facture c'est plus pratique.

- C'est cela oui.

- Mais si ça vous traumatise tellement de toucher aux oursins que vous avez dans les poches, je peux très bien me payer ce dont j'ai besoin moi-même.

- Faites donc ça, répondit Armand avec un rictus.

- Par contre pour tout ce qui concerne le bébé, vous avez intérêt à participer. On avait dit qu'on partageait les frais équitablement.

- Oui ben jusqu'à présent ça ne me semble pas très équitable pour moi.

- Peut-être qu'on pourrait trouver une solution pour éviter les conflits à ce sujet.

- Et vous proposez quoi ?

- L'ouverture d'un compte joint exclusivement réservé aux frais liés aux besoins du bébé, avec des versements identiques effectués mensuellement par nous deux.

- Ça me semble correct. Enfin à condition que les dépenses restent raisonnables.

- On peut convenir d'une somme à ne pas dépasser et faire les gros achats ensemble après discussion. »


Fronçant les sourcils, Trueman se tue un instant afin de réfléchir à cette proposition. Après avoir longuement pesé le pour et le contre, il tendit la main à Carla afin de sceller leur accord.


« Ça marche. Mais pas d'entourloupe.

- Venant de vous c'est culotté.

- Je sais.

- Je demanderai à Nadége de nous organiser tout ça.

- Parfait. Je revérifierais après. Juste afin d'être sûr que les choses soient claires.

- Bien sûr. »


La future mère lui accorda un sourire mielleux avant de soupirer.


« Cette histoire commence à me fatiguer.

- Et moi donc.

- Pourtant les choses ne devraient pas être si compliquées. Ce n'est pas comme si on allait se marier non plus. »


Se rendant compte de ce qu'elle venait de dire, Carla ne put retenir un frissonnement de dégoût tandis qu'Armand esquissait une grimace horrifiée.


« Je... Je vais vous laisser je crois.

- Oui c'est ça. »


Se dirigeant vers la sortie d'une démarche raide, Carla lui adressa un signe de tête en guise d'au revoir avant de s'éclipser précipitamment. Se massant les tempes, Trueman se laissa retomber dans son fauteuil avant de se resservir un verre.


« J'aurais jamais assez d'alcool pour supporter cette histoire. »




… … … … …





Faisant mine de ne pas remarquer les coups d'œil furieux que lui lançait son assistante de direction depuis l'autre bout de la table, Armand attrapa une nouvelle bouchée de son repas à l'aide de ses baguettes et la trempa distraitement dans sa sauce soja tout en continuant à lire le compte-rendu de la dernière mission de Cindy. Portant le maki à ses lèvres, il esquissa un sourire en coin et laissa échapper un soupir de contentement. Les doigts de Carla se crispèrent involontairement sur ses propres documents tandis que ses yeux restaient fixés sur le déjeuner du PDG. Armand abandonna sa lecture et lui adressa son sourire le plus innocent.


« Un problème ?

- Vous le faites exprès.

- Pardon ?

- Manger ces trucs juste sous mon nez. Vous le faites exprès pour m'ennuyer.

- Pas du tout. Je n'ai juste pas eu le temps de déjeuner à cause de ma réunion avec le Dr. Denfer.

- Et évidemment vous êtes obligé de manger ça ?

- C'est très bon. Vous en voulez ? proposa aimablement Armand en lui tendant son plat de sushis avant de s'arrêter et de prendre un air faussement contrit : Oh ! J'avais oublié. Vous ne pouvez plus manger de sushis jusqu'à votre accouchement. Je suis sincèrement désolé.

- Arrêtez de vous foutre de moi. Si vous croyez que je n'ai pas compris que vous le faites exprès pour me narguer.

- Pas du tout !

- Pitié ! Ça va faire un quart d'heure que vous mastiquez ces trucs la bouche ouverte. Je ne suis pas stupide.

- Mouis... Peut-être un peu parano.

- Armand, ça fait quatre fois cette semaine que vous me faites le coup.

- Vraiment ? demanda Trueman en feignant l'étonnement. Je ne m'en étais pas rendu compte. Il faut dire que c'est tellement bon.

- Ça suffit, siffla Carla en lui lançant un regard noir tandis qu'il se servait un verre de vin.

- Ou sinon quoi ?

- Vous pourriez au moins faire preuve d'un peu de solidarité.

- Pfff ! Alors là vous rêvez ma chère. En plus vous voir me fusiller du regard tout en mâchonnant tristement votre salade donne une toute autre saveur à mes repas. Je commence même à me dire que je risque de regretter ce spectacle plus tard.

- Vous le prenez comme ça ?

- En effet.

- Ok. Vous l'aurez voulu. »


Lui jetant un ultime regard furieux, la femme enceinte quitta son siège et sortit de la pièce en claquant la porte. Trueman laissa échapper un ricanement et haussa les épaules avant de reprendre sa lecture en mangeant. Ce n'est qu'au bout de vingt minutes que Carla refit son apparition avec une assiette dans laquelle trônait un sandwich dégoulinant d'une mixture non identifiée. Armand lui lança un coup d'œil curieux en reniflant tandis qu'elle s'installait juste à côté de lui, posant l'assiette bien en évidence sur la table. Elle s'empara du sandwich, adressa un sourire à son collègue et mordit à pleines dents dans son casse-croute. Le PDG de la Flander's Company fronça les sourcils.


« Qu'est ce que vous avez mis dans ce truc ?

- Hum ? Carla avala une énorme bouchée avant d'ouvrir le sandwich sous le nez d'Armand tout en déclarant négligemment : Steack haché bien cuit, cornichons et yaourt aux fraises.

- Vous déconnez là ?

- Pas du tout. Vous voulez goûter ?

- Mais vous pouvez pas manger ça ! C'est dégueulasse !

- C'est ce que j'aurais pu penser avant, mais finalement maintenant je trouve ça délicieux. Pas autant que les tartines de pâte à tartiner avec des bouts de comté mais il n'y avait plus de nutella.

- Eurk !

- Les envies des femmes enceintes sont une chose curieuse, commenta Carla en souriant face à la grimace dégoûtée d'Armand.

- Je vois ça...

- Vous êtes sûr de ne pas en vouloir un morceau ? Parce que sinon je vais tout manger.

- Non c'est bon. Je n'ai plus très faim là. D'ailleurs il faut que j'aille passer un coup de fil. »


Attrapant son assiette au passage, le futur père se leva et jeta le reste de ses sushis à la poubelle avant de sortir sous le regard victorieux de sa collègue qui reposa le sandwich dans son assiette et s'essuya la bouche. Regroupant les documents éparpillés sur la table, Carla esquissa un sourire et reprit son travail en songeant que cet imbécile de Trueman était décidément bien trop facile à manipuler.




… … … … …





La sonnerie du téléphone ayant interrompu son étude des contrats des nouveaux supers de l'entreprise, Armand Trueman attrapa son portable et sourit en découvrant l'identité de son correspondant.


« Hey Lex ! Comment ça va mon pote ?

- Bien, mais certainement moins bien que toi mon salaud !

- C'est à dire ?

- J'ai appris la grande nouvelle. Tu comptais me cacher ça longtemps ?

- J'attendais le bilan annuel mais ouais j'ai explosé mes bénéfices cette année ! Je vais me faire un de ces paquets de blé !

- Mais non, pas ça idiot ! Je parle de ton futur lardon !

- Ah... soupira Armand en perdant instantanément sa bonne humeur.

- Alors c'est vrai ? Si je m'attendais à ça de ta part ! T'imagines pas ma surprise quand j'ai appris la nouvelle !

- T'imagines pas la mienne.

- Ça fait longtemps que tu le sais ? La naissance est prévue pour quand ?

- J'ai appris ça y a un peu plus d'un mois. Et je ne sais pas trop pour la naissance, il me semble qu'elle est dans son quatrième mois.

- Génial !

- Ouais c'est fantastique, marmonna le futur père d'un ton peu convaincu. Voyant la porte de son bureau s'ouvrir, il adressa un regard plein d'espoir à Carla et ajouta à l'intention de son ami : Ah ! Je crois que je vais devoir te laisser...

- Voilà les nouveaux contrats. Je repasse tout à l'heure ?

- Non, non ! Lex ? Je te rappelle plus tard mon grand !

- Attends ! C'est la future maman ?

- Oui, mais on doit...

- Mets moi sur haut-parleur que je la félicite aussi ! »


Poussant un soupir résigné, Armand obtempéra et posa le téléphone sur le bureau sous le regard étonné de Carla. La voix enjouée de Lex Luthor s'éleva alors dans la pièce.


« Bonjour ! J'ai appris que vous avez réussi à mettre le grappin sur Armand. Engrosser une secrétaire c'est tout lui ça ! En tout cas félicitation à vous deux. La naissance de la petite merveille est prévue quand ? »


Serrant les dents, Carla s'empara du téléphone et répondit sur un ton faussement mielleux.


« D'une je suis assistante de direction, pas secrétaire ! De deux, on vous préviendra de la naissance quand j'aurai expulsé ce parasite de mon utérus mais en attendant laissez bosser Armand ! Et de trois vos félicitations vous pouvez vous les foutre au cul ! »


Explosant le téléphone dans une gerbe d'étincelles électrostatiques, elle adressa un sourire à Armand et lui rendit le portable maintenant inutilisable. Le patron de la Flander's Company esquissa une grimace en contemplant son précieux smartphone.


« Ahem... On va mettre ça sur le compte de vos hormones. »




… … … … …





« Aie !

- Il y a un problème ? demanda Georges en tournant la tête vers la future mère qui fixait son ventre avec indignation.

- Ouais : mon parasite qui s'amuse à me bourrer de coups de l'intérieur. »


Esquissant un sourire nostalgique, Georges se rapprocha de Carla qui lui lança un regard déconcerté tout en caressant son ventre rebondi.


« Quoi ?

- Ça me rappelle l'époque avant la naissance de Cindy. Pendant les trois derniers mois, elle passait son temps à rouer sa mère de coups de pied. Et Gladys n'en parlons pas.

- Apparemment c'est de famille, maugréa la jeune femme.

- Ça fait longtemps que ça dure ?

- D'habitude elle est plutôt calme mais aujourd'hui je ne sais pas ce qui lui prend, j'ai l'impression qu'elle n'arrête pas de gigoter.

- Il y a peut-être quelque chose qui la stimule plus que d'habitude.

- Je n'en sais rien. Je voudrais juste qu'elle se calme un peu.

- Et Armand est au courant ?

- Au courant de quoi ?

- Ben que le bébé vous donne des coups.

- Oui, il le sait mais je ne vois pas en quoi ça change quelque chose.

- J'aurais pensé qu'il aimerait interagir avec le bébé avant la naissance. J'adorais poser mon oreille sur le ventre de ma femme pendant sa grossesse. Cindy réagissait toujours différemment quand je le faisais. On aurait dit qu'elle sentait que c'était moi et à chaque fois elle boxait le ventre de sa mère avec ses petits poings. Et Gladys...

- C'est adorable, le coupa Carla d'un ton faussement aimable afin de mettre fin à cette série d'anecdotes. Mais je n'ai pas spécialement envie que votre frangin passe son temps la tête collée à mon ventre. Je supporte déjà difficilement le fait que ce bébé me prenne pour un punching-ball alors je n'ai pas besoin qu'Armand vienne en rajouter une couche. Merci.

- C'est drôle on dirait que la grossesse ça ne vous rend pas de très bonne humeur. »


Face au regard noir de Carla, Georges leva les mains en signe d'apaisement.


« Ok, je ne dis plus rien. »



/// - ///




« Non mais c'est pas bientôt fini oui?! Je t'ai déjà dit de te calmer alors ça suffit maintenant ! »


Kévin sursauta et lâcha brusquement le gadget que Caleb avait laissé trainé dans un coin de la cuisine avant de se retourner, l'air effrayé.


« Mais j'ai rien fait ! Je regardais juste !

- Pas vous idiot, répondit Carla en roulant des yeux. Je parle au bébé.

- Mais il est dans votre ventre encore...

- Oui. Et il s'éclate en martelant mon utérus.

- C'est vrai ? Je peux toucher ? »


L'enthousiasme de Kévin retomba immédiatement lorsqu'il remarqua la crispation de la mâchoire de la future mère et le regard incendiaire avec lequel elle le fixait. Baissant lentement la main qu'il avait tendu vers son ventre, il esquissa un sourire craintif.


« … Ou pas.

- Ouais, ça vaut mieux pour vous.

- Je vous assure que j'ai réussi à inventer un truc ! J'ai dû le laisser trainer près de la machine à café, se défendit Caleb en pénétrant dans la pièce.

- Évidemment ! Pourquoi ça ne m'étonne même pas ! » répliqua le PDG de la Flander's Company en lui emboitant le pas.


Les deux hommes s'immobilisèrent en apercevant Kévin qui dévisageait Carla comme un chaton apeuré pris au piège par un mastiff affamé. Son regard passant de l'un à l'autre avec incompréhension, le scientifique se décida à briser la tension ambiante.


« Il y a un problème ?

- Non, grinça la future mère sans quitter des yeux le kikoolol qui rapetissait à vue d'œil.

- Qu'est ce que vous avez encore foutu abruti ? Interrogea Armand en posant sa main sur l'épaule de Carla pour la faire reculer.

- Mais rien ! J'ai juste essayé de toucher son ventre pour faire coucou au bébé.

- Et c'est tout ?

- Comment ça c'est tout ? s'indigna la jeune femme.

- Oui. Je voulais juste le sentir. C'était pas méchant.

- Il a raison, c'est pas grand chose, concéda Caleb.

- Je ne suis pas une vulgaire balle anti-stress que tout le monde peut s'amuser à tripatouiller ! Carla inspira profondément et pointa un doigt menaçant vers ses collègues. Je vous préviens que le prochain qui essaye de poser les mains sur moi, je l'explose !

- Sans blague ?

- Je ne plaisante pas Armand ! gronda la future mère en apercevant le sourire se formant sur les lèvres de son amant.

- J'aimerais bien voir ça.

- Armand.

- Carla.

- Armand ! »


Lui décochant un sourire moqueur digne de la famille Trueman, Armand posa ses mains de chaque côté de son ventre. Poussant une exclamation outrée, Carla répliqua par une claque bruyante sur ses doigts.


« Virez vos sales pattes de là ! Je vous interdit de me tripoter !

- Vous n'avez pas toujours dit ça.

- Han ! Espèce de pervers ! Je vous signale que c'est de votre faute si je me retrouve dans cette situation.

- Du coup ça signifie que j'ai le droit de...

- Non ! Arrêtez avec vos mains j'ai dit !

- Si je veux d'abord !

- Armand ! »


Surpris par la tournure de cette scène, Caleb et Kévin restèrent à les observer sans savoir s'ils devaient bouger ou pas. Au bout d'une minute, le scientifique toussota pour essayer d'attirer leur attention.


« C'est pas que je m'ennuie mais la situation commence à devenir gênante alors je vais... Entendant le son d'un appareil photo, il s'interrompit et tourna la tête vers son collègue de fortune. Bon sang mais arrête avec ton portable ! C'est quoi cette manie de jouer les paparazzi ? Je vais finir par devenir barge en bossant ici ! »


Maugréant dans sa barbe, il sortit de la cuisine en trainant Kévin par le col tandis que le couple continuait à se chamailler. Attrapant ses poignet, Carla s'apprêta à retirer définitivement les mains d'Armand de son ventre, lorsqu'il se mit à chuchoter.


« Une minute.

- Quoi ?

- Je le sens là.

- La belle affaire ! Je le sens constamment, il n'y pas de quoi en faire tout une histoire.

- Oui mais moi c'est la première fois que ça m'arrive. Oh !

- Quoi encore ?

- Il a donné un coup ! Je l'ai senti dans ma main.

- Oui moi aussi je l'ai senti, et comme il faut.

- C'est amusant, on dirait qu'il réagit quand je bouge, commenta Armand en frottant doucement sa paume contre le ventre de la future mère.

- Oui je crois que c'est le cas. Mais je vous rappelle qu'on a du travail.

- Juste une minute. Vous croyez qu'il m'entend ?

- Il y a des chances.

- C'est dingue. On dirait qu'il réagit à ma voix. Le futur papa s'agenouilla et posa la tête sur le ventre de sa compagne avant d'ajouter dans un murmure hésitant : Coucou ? Ça va là-dedans ?

- Armand franchement.

- Chuuuut ! Il a bougé ! Il m'entend vraiment.

- Vous commencez à gagatiser là.

- Mais non. Je fais connaissance avec notre futur squatteur.

- Mouais. Je vous laisse deux minutes et après je commence à vous arracher les cheveux.

- Tssst ! Armand lui lança un coup d'œil moqueur avant de chuchoter prés de son nombril : Ta maman fait rien qu'à m'embêter.

- Et ton père est le meilleur pour me pourrir la vie » répliqua Carla en souriant discrètement.



/// - ///




« Carla attendez !

- Non ça suffit Armand !

- Mais j'ai des trucs à lui dire !

- Elle n'en a rien à foutre de votre partie de golf avec Lex !

- Le médecin a dit qu'il était important que je lui parle, peu importe ce que je raconte !

- Pas pendant trois heures !

- Faut pas exagérer ça n'a pas duré aussi longtemps.

- J'ai du travail ! »


Observant le couple disparaître en direction du bureau de la direction générale, Cindy grimaça d'un air écœuré.


« Tu trouves pas que Tonton vire papa gâteau ?

- Hum...

- Il passe son temps à lui caresser le ventre. Et hier je l'ai vu consulter un site de recettes de petits pots maisons. Ça commence à devenir inquiétant.

- Il prépare la naissance du bébé, c'est tout, répondit distraitement Hippolyte.

- Mais on dirait que ça le rend complètement marteau ! Je te jure quand je le vois parfois il me donne envie de dégueuler des arcs-en-ciel ! »


Poussant un soupir, le DRH posa le CV qu'il était en train de lire sur le bureau et accorda un sourire mielleux à la jeune barbare.


« Ma petite Cindy, ton Tonton va devenir papa et c'est considéré comme une chose normale qu'il manifeste de l'intérêt pour le bébé. Donc il va continuer à faire des gouzi-gouzi au ventre de Carla et plus tard quand le bébé sera né il passera surement du temps à lui donner le biberon et à le bercer. Peut-être même qu'il lui racontera des histoires. Mais ne t'inquiètes pas, ça ne veut pas dire que ton Tonton ne t'aimes plus et tu seras toujours sa petite choupinette adorée.

- Euh...

- Rassurée ? Je peux continuer à bosser maintenant ? Merci. »




… … … … …





Sautillant avec entrain en direction du standard téléphonique, Kévin s'immobilisa brutalement en remarquant les documents que Carla était en train de consulter. Poussant un couinement émerveillé, il lui arracha le catalogue des mains.


« C'est trop mignon ! Dawwww ! C'est une combinaison d'ourson ! Oh ! Et là y a une girafe ! Et...Oh ! Des chatons qui jouent avec un ballon ! C'est trop chou !

- Rendez moi ce catalogue ! s'écria Carla en tendant le bras dans sa direction sans parvenir à attraper le kikoolol qui s'éloigna en continuant à feuilleter le livret. Kévin ! Je ne le répéterai pas !

- Ok c'est bon. Mais c'est trop mignon ! Vous avez vu le petit bonnet avec le gros nœud rose ? Et le pyjama avec le koala qui fait dodo ? Et là ! Un t-shirt avec un soleil qui sourit ! C'est trop kawaii !

- Oui, oui c'est ça. J'ai tellement hâte de jouer à la poupée. »


Trop occupé à la fixer avec un regard brillant et un sourire jusqu'aux oreilles, Kévin ne remarqua pas le ton désabusé qu'elle avait employé. Carla fronça les sourcils avec inquiétude en voyant son sourire s'agrandir davantage tandis qu'il prenait un air suppliant, les poings sous le menton tout en battant des cils.


« Je peux vous aider à choisir la garde-robe du bébé ? S'il vous plaaaaaaaait ?

- Non ! Je suppose que ça part d'une bonne intention mais je me passerais de vos conseils de mode douteux. »


Frissonnant à la perspective de voir la chair de sa chair vêtue de t-shirt fluos et d'un bonnet à oreilles de nounours, Carla remballa ses catalogues et s'éloigna sous le regard déçu de Kévin qui croisa les bras d'un air boudeur.




… … … … …





« Hey Lex !

- Salut Armand !

- Devine pourquoi je t'appelle !

- J'ai comme une petite idée...

- Ça y est ! J'ai les photos de la dernière échographie de Carla !

- Génial.

- Je vais te les envoyer par mail mais je voulais t'appeler avant.

- Fallait pas.

- Tu vas voir elles sont parfaites ! Comme ma fille ! Le médecin a dit que tout allait bien et qu'elle serait surement un beau bébé.

- Je suis ravi pour vous.

- Tu vas voir sur les photos elle a l'air trop mignonne. Enfin pour un fœtus évidemment. Elle a encore un petit côté alien, mais elle est mignonne. Il y a une photo où on dirait qu'elle attrape son pied.

- Ça a l'air adorable. Par contre je vais te laisser, je suis en pleine préparation d'un nouveau complot là. »


Armand fronça les sourcils en remarquant le ton de son interlocuteur et la hâte qu'il semblait avoir à se débarrasser de lui.


« Ça va ? Tu as l'air stressé.

- Ouais ça va. C'est juste que vous commencez à être lourd avec vos gosses.

- Pardon ?

- Entre toi qui t'amuses à m'appeler dès que tu achètes des chaussons pour bébé, Gang qui est constamment en retard et qui passe son temps à nous souler avec les leçons de danse de ses filles, Darky qui nous raconte en long, en large et en travers ses conflits familiaux, et Erik qui galère avec ses mioches, sans parler des gosses qu'il a plus ou moins adoptés avec Xavier... Non je suis content pour toi mais franchement commence à y en avoir marre là ! Bordel on est un syndicat du crime, pas l'amicale des pères de famille !

- Oh ! T'es jaloux ou quoi ?

- Mais non ! C'est juste qu'on dirait qu'on a plus les mêmes centres d'intérêts depuis que vous vous êtes tous mis à pouponner.

- Dis pas ça. Et puis tu seras peut-être papa aussi plus tard.

- Avec qui tu veux que je fasses des gosses ? Superman ?

- Ah ? Vous en êtes déjà là avec ta Némésis ? Sentant la tension dans le silence de son ami, Trueman éclata de rire. Je déconne ! Fais pas la gueule Lex !

- Je fais pas la gueule, c'est toi qui me soûle !

- Allez ! Tu veux qu'on sorte cette semaine ? Un truc entre mecs, sans gonzesse enceinte et sans mioches. On pourrait aller prendre un verre. Ou alors si tu tiens à te défouler sur des morveux on pourrait aller emmerder les Teen Titans.

- Mouais...

- On se rappelle dans la soirée pour mettre ça au point ?

- Ok. »


Armand raccrocha et resta un moment à fixer son portable, quelque peu frustré par la tournure de cette conversation, et encore plus par le fait de ne pas avoir remarqué avant l'agacement de son meilleur ami vis à vis de ces histoires de bébés. Avec un haussement d'épaules résigné il reposa le téléphone. Tant pis, il trouverait un autre candidat potentiel pour le rôle de parrain.





Lien vers la partie 2

[Fic] Evil Baby, Flander's Company, Armand/Carla, 2/2 [de Skitty, pour Maralik]

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Titre : Evil Baby
Auteur : Skitty (Participant 22)
Pour : Maralik (Participant 21)
Fandom : Flander's Company
Persos : Armand/Carla, la Flander's et Lex Luthor (plus un invité surprise attendu avec joie – ou pas)
Rating : PG/PG-13
Disclaimer : La Flander's Company appartient aux Guardians
Prompt : Comme une hypothétique saison se fait attendre, j'aimerais voir la vie de Armand et Carla après l'annonce de la grossesse de Carla. Pas juste la grossesse. Mais leur vie de tous les jours, en essayant de s'accommoder de leurs énormes différences de caractère. Bonus si tu arrives à placer dans ton histoire le baptême de leur enfant et Hippolyte en marraine (est-ce qu'il serait trop demandé d'avoir une intervention remarquée de Kevin au dit baptême)
Note de la modératrice : Comme cette fic était longue, elle a été coupée en deux parties. Lien vers la première partie.



Sifflotant tranquillement, le scientifique de la Flander's Company s'empara de la cafetière afin de remplir son mug fétiche du précieux breuvage qu'elle contenait : un pur arabica éthiopien infusé à la perfection. Piochant distraitement dans la boite de sucre, Caleb grogna lorsque sa main ne rencontra que du vide. Avec un soupir il reposa son mug, se baissa pour ouvrir le placard, chercha une nouvelle boite de sucre, se redressa au bout de deux minutes et réalisa avec stupéfaction que son mug avait disparu. Fronçant les sourcils, il le chercha des yeux dans la cuisine pour le découvrir dans l'évier. Vide. Il contempla un moment la tasse avant de secouer la tête. Il était probablement plus fatigué que ce qu'il pensait. Et pour ça rien de mieux qu'un bon café. Reprenant son mug en main, Caleb se tourna vers la cafetière encore pleine et constata alors avec horreur qu'elle n'était plus là. De plus en plus perturbé, il se mit à chercher frénétiquement jusqu'à ce qu'Hippolyte entre dans la pièce.


« C'est toi qui a pris le café ?

- Pardon ?

- Le café ! Le café a disparu !

- La cafetière était posée sur le bureau, juste à côté, répondit le DRH en soulevant le récipient qu'il tenait à la main.

- Mais elle est vide !

- Oui. Il suffit d'en faire.

- Mais je venais juste d'en préparer ! Elle était pleine !

- Et tu t'es déjà tout siphonné ?

- Mais non ! J'en ai pas bu une goutte ! Fronçant les sourcils d'un air soupçonneux, Caleb se rapprocha dangereusement. C'est toi qui a volé mon café ?

- Hein ? Mais tu délires ? Hippolyte leva les yeux au ciel. Un jour il faudra que tu penses à consulter parce que franchement ça devient inquiétant ton addiction à la caféine. »


/// - ///



Assis dans son fauteuil, Armand Trueman fixait l'écran en essayant désespérément de garder les yeux ouverts tandis que Kévin – le Kévin vêtu d'un élégant costume aux couleurs assorties et ne faisant pas saigner les yeux, ce qu'Armand regrettait à l'instant présent en songeant qu'un t-shirt jaune fluo aurait peut-être davantage stimulé son attention – lui dressait un compte rendu des activités de la compagnie. S'emparant mollement de sa boisson énergisante, le PDG de la Flander's Company en versa les dernières gouttes dans son verre avant d'envoyer la canette rejoindre au pied de son bureau ses sœurs déjà vides. Il vida son verre d'un trait, le laissa tomber sur la table et posa sa joue sur son poing en continuant à observer l'écran d'un regard vide.


« …nous avons donc non seulement rempli les objectifs du mois et nous allons même très probablement doubler nos bénéfices d'ici septembre. C'est pourquoi nous pensions réinvestir une partie des dividendes dans... »


Le bruit de la tête d'Armand Trueman heurtant violemment son bureau interrompit Kévin dans son exposé. Le jeune homme écarquilla les yeux de surprise.


« Non mais ça va pas ? Faut dormir la nuit hein !

- Ça j'aimerais bien pouvoir en ce moment ! »


/// - ///



« Je vous ai préparé un café, vous m'en direz des nouvelles !

- Ah Gringo ! Tu es le meilleur ! » s'exclama Caleb en humant le précieux breuvage.


Malheureusement pour lui, le PDG de la compagnie arriva à cet instant et s'empara de la tasse avant que le scientifique puisse la porter à ses lèvres.


« Génial ! Du café !

- Hé ! C'est mon café !

- Oui ben c'est bon. Déjà que je vous paye à rien foutre alors vous allez pas commencer à instaurer un monopole sur les boissons chaudes en plus, grogna Armand en soufflant sur la tasse.

- Mais c'était MON café ! s'entêta Caleb, indigné de voir son patron boire d'une seule gorgée le délicieux arabica qu'il se faisait une joie de savourer. Réalisant soudain ce que cela impliquait, il répéta d'un air hébété : C'était mon café. Comment vous pouvez boire mon café ?

- Oh ce que vous êtes chiant ! »


Lui rendant la tasse, Trueman s'éloigna en levant les yeux au ciel. Caleb jeta un coup d'œil au récipient vide avant d'échanger un regard interloqué avec Gringo.


« Comment il peut boire mon café ?

- Ah ça... C'est une bonne question Signor !

- On dirait que ça ne lui a rien fait en plus ! »


/// - ///



« ARMAND !!! »


Se figeant sur place, Trueman étouffa un juron avant de se retourner lentement vers la femme échevelée et à l'air épuisé qui tenait un nourrisson hurlant dans les bras. Le regard furieux que lui lançait Carla aurait probablement suffit à le tuer sans qu'elle fasse usage de ses pouvoirs. Il esquissa un sourire se voulant chaleureux


« Carla ! Je croyais que vous deviez rester à la maison avec la petite.

- Mais bien sûr ! Bobonne reste à pouponner à la maison pendant que vous allez tranquillement bosser.

- Ben ouais, acquiesça Trueman sur un ton pas aussi sûr de lui qu'il l'aurait souhaité.

- Armand...

- Non mais vous pourrez revenir bosser plus tard. Après tout vous n'avez même pas profité de la moitié de votre congé maternité. Vous devriez rentrer toutes les deux.

- Pitié non ! Je vais devenir folle si je reste seule avec elle ne serait-ce qu'une après midi de plus. Je suis crevée ! Depuis votre départ c'est à peine si j'ai pu fermer l'œil pendant trois heures. Et après la nuit qu'on a passé...

- Et vous croyez quoi ? Que je suis ici pour faire la sieste ? On bosse là !

- Et moi je préférerais bosser aussi ! On échange !

- Ah non ! Je me suis coltiné les biberons de 1H00, 4H00 et 6H00 cette nuit ! Alors aujourd'hui je bosse tranquillement !

- Dites plutôt que vous préférez faire la sieste dans votre bureau ! s'insurgea Carla en frottant le dos de sa fille qui commençait à s'agiter davantage.

- N'importe quoi ! Face au regard qu'elle lui lança, Armand concéda : Bon ok j'ai peut-être dormi une heure ou deux. Mais vous avez dormi autant, non ? »


Poussant un soupir, Carla se laissa tomber dans une chaise, bientôt imitée par Trueman. Prenant un biberon dans son sac, elle commença à nourrir leur fille. Exténués, ils restèrent un moment à se dévisager en silence tandis que la petite tétait goulument.


« Ça ne peut plus durer. Il faut qu'on trouve un moyen pour passer au moins une nuit tranquille. Sinon je vais devenir barge.

- Ouais. Je n'arrive même plus à être productif.

- Au moins vous avez eu le temps de prendre une douche aujourd'hui.

- Et ça va finir par nous coûter une fortune en café.

- On devrait bien réussir à trouver une solution »


/// - ///



« Votre super pouvoir c'est de la merde ! » hurla le directeur des ressources humaines en vidant son chargeur sur l'aspirant super-méchant qui avait l'outrecuidance de se présenter comme le nouveau Magneto – un Magneto dont l'unique talent aurait été de tordre des petites cuillères en inox. Un coup frappé à la porte de son bureau l'interrompit avant qu'il puisse recharger son arme et Hippolyte se rassit avant d'inviter son invité impromptu à entrer. Armand Trueman pénétra à l'intérieur de la pièce, jeta un regard désintéressé au corps étendu à côté du bureau et adressa un sourire à son employé.


« Hippolyte, j'aurais voulu savoir s'il vous restait encore beaucoup d'entretiens à passer ?

- Je viens juste de terminer le dernier. Je fais juste un brin de rangement et je pars.

- Parfait. Juste une petite chose : vous vous souvenez à quel point vous avez insisté pour être le parrain de Catherine ?

- Oui bien sûr. Encore merci de m'avoir choisi ! Je suis sûr que votre fille sera le Dark Phoenix de sa génération ! La plus grande méchante de...

- Oui, oui... répondit Armand avec un geste impatient. Mais vous avez conscience de tout ce qu'implique votre rôle de parrain ? Le fait d'être là en cas de besoin et de veiller sur elle ? Et de nous aider à nous occuper de notre fille ?

- Évidemment.

- Génial ! Tournant la tête, Trueman lança en direction du couloir : C'est bon ! On peut la lui laisser !

- Euh... »


Le doigt levé dans une tentative d'interruption, Hippolyte esquissa une grimace de surprise en voyant Carla arriver en trombe dans son bureau, sa fille dans les bras. Armand s'éclipsa brièvement avant de revenir, les bras chargés de sacs.


« Donc on vous laisse Catherine jusqu'à demain.

- Euh... C'est à dire que...

- Vous inquiétez pas elle a déjà mangé, déclara Carla en lui déposant la petite sur les genoux.

- Et on vous a mis les biberons et du lait en poudre dans ce sac.

- Il y a aussi un sac avec ses jouets et ses peluches. Son doudou est dans la poche de devant. Et il y a des habits propres pour la changer également.

- Et ça c'est le sac de couches, compléta Armand en posant un troisième sac sur le bureau sous le regard de plus en plus abasourdi de son DRH.

- Voilà, je crois qu'on n'a rien oublié.

- Oui. Donc on va y aller. On vous fait confiance pour prendre soin d'elle.

- Euh...

- Si vous avez des questions on vous a laissé un mémo avec les affaires de Catherine.

- En cas de problème vous pouvez appeler George, il pourra vous conseiller. Trueman fronça les sourcils de façon menaçante, accentuant ainsi la fatigue qu'il avait jusqu'à présent réussi à dissimuler derrière son air affable. Mais pas nous ! Jusqu'à demain midi on est occupés !

- Oui ! acquiesça Carla, un sourire hystérique lui montant jusqu'aux oreilles. Elle se pencha et déposa un baiser sur le front de la petite qui laissa échapper un rire amusé. Au revoir ma chérie, on te laisse pour la soirée. Soit sage !

- A plus tard Princesse ! Amuse toi bien avec Tonton Hippolyte ! ajouta Armand en faisant un geste de la main à sa fille. Il adressa un signe de tête à Kurtzmann avant d'entrainer précipitamment Carla vers la sortie : Bonne soirée ! »


Contemplant la porte d'un air hébété, Hippolyte essaya de remettre de l'ordre dans ses idées. Baissant les yeux vers le bambin qui mâchouillait sa cravate, la soudaine réalisation de ce qui venait de se passer le frappa alors.


« … Hé ! Non ! Revenez ! »


/// - ///



« Whoo ! Attention ! »


S'écartant de justesse du chemin du couple, Caleb protégea la fiole bouillonnante qu'il tenait à bout de bras. Cindy les regarda partir en courant, interloquée.


« Ils vont où comme ça ?

- J'en n'ai pas la moindre idée. Mais ils ont l'air d'avoir sacrément envie d'y arriver !

- Ton oncle est déjà parti ?

- Il vient juste de s'enfuir avec Carla, répondit la jeune barbare en se tournant vers son père. Il avait l'air super pressé de se barrer. Pourtant c'est pas ce mois-ci qu'est censé se pointer le FISC.

- Je crois qu'ils sont juste pressés de rentrer se coucher.

- Hein ?

- Bah oui. Tu sais chérie depuis l'arrivée de Catherine ils n'ont quasiment plus un moment à eux. Rien d'étonnant à ça. Après la naissance de ta sœur c'est à peine si ta mère et moi avions quinze minutes pour...

- Eurk ! N'en dis pas plus ! Pitié !

- … dormir.

- Ah oui ! Bien sûr ! s'exclama Caleb, l'air soudainement beaucoup plus rassuré.

- Vous pensiez à quoi franchement ?

- A rien !

- Ouais vaut mieux laisser tomber. Parce que les images mentales dues à cette conversation... Le scientifique s'interrompit et frissonna : Je préfère oublier ! »


Pour le plus grand bonheur de Cindy et Caleb, un hurlement strident interrompit cette conversation glissante. Hippolyte, tenant avec difficulté le nourrisson hurlant et gesticulant dans ses bras, les rejoignit. George fit une grimace à Catherine en lui chatouillant le pied.


« Ben alors qu'est ce qu'elle a cette petite puce ?

- Elle a que sa mère me l'a refourguée et maintenant je ne sais pas quoi en faire. Vous n'avez pas vu le patron ?

- Parti.

- Mais...

- Ils ne vous ont pas prévenu que vous deviez garder Catherine ce soir ?

- Dans un sens si, soupira le DRH. Jetant un regard à George, il esquissa un sourire faussement innocent : Dites vous ne voudriez pas vous en occuper ? Vous savez comment on s'occupe d'un bébé vous. Avec vos deux monstres vous avez de l'entrainement.

- Armand m'a déjà demandé mais je ne peux pas. Il faut que je m'occupe de Gladys, elle fait des cauchemars toutes les nuits depuis sa seconde régénération.

- Ouais, acquiesça Cindy avec une moue fataliste. Dés qu'on éteint la lumière elle est persuadée qu'elle se fait attaquer par des pucerons. On a même été obligés de lui acheter une loupiote en forme de coccinelle.

- Mais je ne sais pas m'occuper d'un bébé moi ! protesta Hippolyte sur un ton plaintif. Prenant un air de chien battu, il se tourna vers le scientifique : Caleb ?

- Ah non ! C'est filleule et c'est à toi qu'on l'a confiée ! Tu te démerdes !

- Mais heu...

- En plus Tonton sera furieux s'il apprend que tu as refilé sa petite princesse à Caleb. Pour lui c'est presque pire que de la laisser seule avec Kévin ! ajouta la jeune barbare sans même que le scientifique ne s'offusque de ses propos.

- Mais je vais en faire quoi de cette gamine jusqu'à demain ?!

- Lui donner des biberons, changer sa coucher, lui chanter des berceuses et la coucher ? Ça doit pas être compliqué pour une nuit. T'auras sans doute pas grand chose à faire.

- Oui, enfin ça c'est si elle dort, tempéra George. Parce que si j'en crois Armand vous risquez surtout de faire des aller-retours en la berçant.

- Génial !

- Ça vous fera faire de l'exercice !

- Et puis franchement ses hurlements c'est rien comparé aux choristes qu'on a affrontées l'année dernière.

- Tu vas t'en sortir !

- Si vous le dites...

- Allez, nous on file ! Caleb lui tapota amicalement l'épaule. Bon courage ! »


Poussant un soupir résigné, le DRH les regarda partir avant de baisser les yeux vers la petite qui suçotait son pouce avec un air de chien battu. Haussant les épaules, il esquissa un sourire philosophe.


« Je suppose que tout le monde ne peut pas se vanter d'avoir eu à torcher la plus grande méchante de la décennie à venir. »


/// - ///



Frappant à la porte du Bureau des Candidatures Spontanées, Caleb fut accueilli par un hurlement de joie enthousiasme. Joie qui disparut aussi vite qu'elle était apparue lorsque Hippolyte réalisa qu'il s'agissait de son collègue. Poussant un soupir résigné, il continua à faire sauter sa filleule sur ses genoux.


« Ah c'est toi.

- T'attendais quelqu'un d'autre ?

- Le Patron. Ça fait plus de quarante minutes qu'il aurait dû venir chercher la petite ! J'en peux plus !

- Exagère pas, ça a pas dû être si terrible.

- T'as vu ma tronche ?! hurla le DRH en désignant son teint cireux et les énormes cernes qu'il avait sous les yeux. J'ai pas pu fermer l'œil de la nuit ! Elle a refusé de dormir et quand enfin j'ai réussi à la coucher elle s'est réveillée au bout de deux heures !

- Ah ouais quand même.

- J'en ai marre ! Je suis crevé ! Et dès que je la lâche cinq minutes elle se met à chialer ! Ce bébé est un monstre !

- Roooh franchement.

- Un monstre je te dis ! Prenant un ton larmoyant le DRH ajouta : Quand est-ce qu'ils reviennent ?

- Tu as essayé de les appeler ?

- Leurs portables sont coupés.

- Bah ils vont sûrement pas tarder.

- Tu veux pas la prendre un peu ?

- Ah non, moi les bébés c'est pas mon truc.

- Parce que tu trouves que j'ai la tronche de Mary Poppins ? Hippolyte laissa échapper un soupir déchirant lorsque Catherine se remit à sangloter. Et elle recommence !

- Tu sais quoi ? Je vais aller te chercher un café ! déclara le scientifique en sortant précipitamment.

- Merci, c'est gentil. Mais tu reviens après hein ? Caleb ? Caleb ?! »


/// - ///



Carla enroula ses cheveux humides dans une serviette avant de s'emmitoufler dans un peignoir moelleux. Encore sous l'effet euphorique de son bain moussant, elle se dirigea tranquillement en direction du salon où Armand était occupé à lire le journal en sirotant son café.


« Bon sang ! J'aurais jamais cru que prendre un bain aurait été aussi agréable !

- Sur ce point j'approuve totalement. Ça faisait plus de deux mois que je n'avais pas eu l'occasion de me faire un masque capillaire. Ça devenait une catastrophe.

- A ce propos, il faudra m'expliquer un jour comment ça se fait que vous ayez plus de produits de beauté que moi.

- Une chevelure pareille ça s'entretient très chère, répliqua Trueman en esquissant un mouvement de tête à la l'Oréal. Il lui tendit un sac de la boulangerie : Un croissant ?

- Avec plaisir. »


Carla commença à manger tandis qu'Armand continuait à lire son journal. Levant les yeux vers la pendule, elle reposa sa tasse.


« Il est 13H30 passé.

- Oui, et alors ?

- On n'avait pas dit à Kurtzmann qu'on récupérerait Catherine à midi ?

- Si.

- On est en retard.

- Sans blague ? Armand abandonna son journal et lui lança un regard narquois. On est inquiète pour sa petite morveuse ?

- Oh non pas vraiment. Dans votre équipe de bras cassés, Kurtzmann est certainement le plus compétent.

- Donc tout va bien. On aura qu'à y aller après manger.

- Ou alors...

- Ou alors ?

- On pourrait retourner se coucher.

- Vous êtes encore fatiguée ?

- Non.

- Mais du coup pourquoi... Trueman s'interrompit en sentant le pied de Carla remonter le long de sa jambe. Ok, je vois.

- Et donc ?

- Ça ne serait pas raisonnable.

- Tellement pas raisonnable. »


Sans lui laisser le temps d'ajouter un mot de plus, Carla quitta sa chaise et l'attrapa par la cravate afin de l'entrainer vers la chambre.



… … … … …




Occupé à parcourir les nouveaux CV reçus par la Flander's, Hippolyte Kurtzmann se mit machinalement à siffloter. Parvenu au bout de la lettre envoyée par Taupe Man, il releva soudainement la tête, un air horrifié se peignant sur son visage. Réalisant d'où lui venait l'inspiration pour ses sifflements, il quitta son siège et ouvrit brusquement la porte de son bureau.


Dog goes woof, cat goes meow, bird goes tweet et mice goes squeek.

Cow goes mooo, frog goes croak and elephant goes tooot !



« Mais qu'est ce que c'est que ce bordel ?! »


Grimaçant en entendant les sons qui lui parvenaient depuis le couloir, Hippolyte s'empara de son arme avant de se diriger vers l'origine de ce boucan.


Duck goes quack, fish goes blub and the seal goes holw holw holw !

But there's a sound that no-one knows.

What does the fox say ?!



En arrivant dans la salle de repos, le DRH constata avec horreur que sa filleule avait été laissée seule dans son parc et que Kévin avait profité de l'occasion pour l'agresser avec l'une de ses chansons au goût plus que douteux. En effet, le jeune kikoolol enchainait avec enthousiasme mouvements de tecktonik et imitations d'animaux plus ou moins réussies tout en produisant une série de Ting Ding Ding Ding, Popoopo Pooo Pooo et autres Awoui Ah Hiiiii sous les yeux de la fillette qui s'agitait comme un diable, très probablement horrifiée par le spectacle qu'elle était contrainte de subir.


Tiny paws up the hill, suddently you standing still.

Your fur is red ! So beautiful ! Like an angel in disguise !

But if you meet a friendly horse, will you communicate by morse ?



N'écoutant que son sens du devoir, Hippolyte brandit son arme et faucha Kévin d'un coup de crosse bien placé dans les jambes. S'interposant entre Catherine et le kikoolol, il entreprit de défoncer le crâne de celui-ci.


« Comment oses-tu infliger tes goûts de merde à ma filleule ?! Tu espères peut-être la corrompre en la soumettant à cette bouse dés son plus jeune âge ?!

- AIEEEEE ! Mais non ! Vous comprenez pas... Elle...

- T'essayes de te trouver des excuses en plus ! Petite merde ! Raclure de bidet !

- Mais... Elle aime cette chanson !

- Comment oses tu ?! Enfoiré ! hurla Hippolyte en tirant à deux reprises à cinq centimètres de la tête du kikoolol recroquevillé sur le sol.

- Pitié !!!

- Je peux savoir ce que vous foutez exactement ?! »


Relâchant la détente, Kurtzmann tourna la tête vers les deux parents qui assistaient à la rixe, les traits déformés par la colère et l'indignation. Le DRH ouvrit la bouche pour s'expliquer mais fut surpris de voir Kévin ramper en direction du couple pour se mettre sous la protection de Trueman tandis que Carla prenait dans ses bras sa fille qui avait éclaté en sanglots. Le jeune homme leva un regard suppliant vers Armand qui ne semblait guère apprécier le fait qu'il répandait son sang sur son costume neuf.


« Je... J'étais en train de... de m'occuper de Catherine...comme vous me l'aviez demandé et... Kévin ravala sa morve avec difficulté avant de pointer un doigt accusateur vers Hippolyte : Et il m'a lâchement attaqué ! Devant la petite !

- Hein ?! Mais non ! Il était en train de chanter sa merde devant Catherine ! Je suis intervenu pour préserver son intégrité mentale !

- Mais puisque je vous dis qu'elle kiffe cette chanson !

- Arrête tes conneries ! Qui pourrait aimer cette bouse en dehors des abrutis dans ton genre et des...

- Enfants ? compléta Carla en foudroyant Hippolyte d'un regard furieux tout en s'efforçant de calmer la fillette qui refusait de cesser de pleurer.

- Mais... »


Après un geste d'apaisement à sa compagne, Armand s'approcha du DRH et, passant un bras autour de ses épaules, lui adressa un sourire mielleux.


« Mon cher Hippolyte. J'apprécie réellement ce que vous faites pour nous aider et assurer le bonheur et la sécurité de notre fille. Votre implication dans ce rôle de parrain fait vraiment plaisir à voir et je n'en attendais pas moins de vous. Par contre il va peut-être falloir envisager de se calmer un peu et surtout de réfléchir un bref instant avant de dégainer vos armes pour tirer sur tous les abrutis qui pourraient s'approcher de Catherine. Non parce que nous n'avons toujours de psy pour remplacer Parker et ça m'emmerderait plutôt de payer quinze ans de psychothérapie pour ma Princesse Adorée juste parce que son psychopathe de parrain a décidé de commettre une boucherie sous ses yeux. Donc il va falloir mettre le holà sinon je crois que je serai contraint de lui trouver un nouveau parrain.

- Vous n'oseriez pas ?!

- On parie ? Je suis sûr que Lex serait ravi de prendre votre place. »


Béant d'horreur, Hippolyte adressa un regard suppliant à son patron qui se contenta de lui adresser un sourire sournois avant de rejoindre Carla et de l'entrainer avec leur fille vers son bureau.



… … … … …




Jetant un coup d'œil à la gamine qui mâchouillait l'un de ses cubes en bavant allègrement, Cindy esquissa une grimace.


« Elle est un peu conne quand même, non ?

- Pourquoi tu dis ça ?

- Je sais pas. On dirait qu'elle passe son temps à tout mettre à la bouche même si elle risque de s'étouffer avec. Et puis on peut pas dire qu'elle soit très éveillée : tout à l'heure il lui a fallu plus de vingt minutes pour comprendre que la forme ronde de son jeu ne pouvait pas rentrer dans le trou carré.

- Elle est encore jeune. Mais elle va sans doute s'améliorer, les bébés ça apprend très vite.

- Mouais, je suis pas convaincue. En plus on dirait qu'elle n'a pas de pouvoirs.

- Elle a à peine un an ! Laisse lui le temps. Tu sais mes pouvoirs ne sont pas apparus avant que je commence la rédaction de ma thèse.

- T'en avais pas avant ? Ça craint ! Je les ai eu dès ma naissance. Et à son âge je décapitais déjà mes poupées, signala fièrement Cindy en se remémorant son enfance. Bon j'avoue c'est seulement à trois ans que je me suis fait les dents sur le hamster du voisin. Mais dés le départ j'ai exprimé le maximum de mon potentiel.

- Tout le monde ne peut pas être une barbare psychopathe, répliqua Caleb avec un rictus.

- Tsss ! Je ne dis pas qu'elle devrait être comme moi. Mais quand même avec les pouvoirs de sa mère et l'intelligence de Tonton, elle devrait être super balèze !

- C'est vrai que d'un point de vue génétique elle devrait techniquement être plutôt gâtée. Enfin sauf si... »


Soudainement pris par la tournure de ses réflexions, le scientifique commença à marmonner dans sa barbe pour le plus grand agacement de Cindy qui lui envoya son poing dans l'épaule.


« Hé ! Sauf si quoi ?

- Non j'étais juste en train de penser... Caleb s'interrompit afin de chercher le moyen le plus simple d'expliquer sa réflexion. Tu es au courant de cette théorie comme quoi le gène mutant serait principalement transporté par le chromosome Y ?

- Tu veux dire cette idée comme quoi c'est le père qui serait à l'origine des pouvoirs chez les jeunes mutants ?

- C'est ça.

- Ouais mais c'est débile comme idée. Je veux dire rien que l'existence de mutantes contredit la validité de cette théorie, non ?

- Oui c'est une théorie qui reste à démontrer. Néanmoins si on garde l'idée que le père joue un rôle fondamental dans la transmission des pouvoirs, et si l'on considère que le patron n'en a aucun...

- Han ! Tu sous-entends qu'elle n'aura jamais aucun pouvoir ?! s'exclama la jeune femme, scandalisée par cette idée.

- Ben, on ne peut rien affirmer avec certitude encore. Mais selon mes estimations la probabilité qu'elle soit complètement normale est élevée.

- Ça craint !

- Qu'est ce qui craint ? demanda le DRH en entrant dans la pièce avec son café.

- Caleb prétend que Catherine n'aura jamais de pouvoirs parce que Tonton n'en a pas ! »


A l'évocation de cette idée, Hippolyte manqua de s'étouffer avec sa boisson. Recrachant la gorgée de café qu'il avait avalé il se tourna vers son collègue pour le foudroyer du regard, rouge de fureur.


« QUOI ?!!

- Attention, je n'affirme rien. Je pense juste que considérant son héritage paternel il y a de fortes chances pour que cette petite n'ait pas de pouvoirs.

- Mais tu déconnes là j'espère ?! Catherine, ma filleule, l'Antéchrist de ce siècle, la future plus grande méchante du monde, n'a pas de pouvoirs ?!

- C'est une probabilité.

- Tu sais où tu peux te les mettre tes probabilités ?!

- Il n'y a pas de quoi en faire un drame. Je ne vois pas ce que ça change.

- Tu ne vois pas ce que ça change ? Hippolyte inspira profondément et serra les poings. S'efforçant de garder son calme, il demanda poliment : Caleb, essayerais-tu de me faire péter les plombs par hasard ? Parce que là tu y arrives très bien !

- Je dis juste que vu l'absence totale de pouvoirs de son père, ça ne serait pas étonnant qu'elle n'en ai pas non plus.

- Oui mais Tonton a eu des pouvoirs avec ta potion, souligna Cindy. Et ils étaient hyper puissants.

- Ah Ah !

- C'est vrai qu'il y a ce point à prendre en compte, concéda Caleb plus pour sa réflexion personnelle que pour leur faire plaisir. Mais normalement toute la potion a dû être éliminée par son organisme.

- Il aurait pu en assimiler une partie ? proposa Hippolyte d'un ton suppliant. Une toute petite partie ? Une riquiqui minuscule partie ?

- Et genre ça lui aurait donné du super sperme ? C'est un peu tiré par les cheveux, non ?

- Un peu, mais ça reste une probabilité.

- Yes !

- Et bien sûr il y a aussi la probabilité qu'elle tienne davantage de sa mère.

- Mais comment on pourrait savoir ?

- Ben à part attendre que ses pouvoirs se manifestent...

- Pfff !

- Ou alors on pourrait faire des tests, proposa Caleb.

- Des tests ? Quels genres de tests ?

- Tu ne vas pas la disséquer quand même ?

- Non. Mais je suppose qu'en lui proposant certains exercices ou jeux bien choisis on pourrait l'amener à utiliser ses pouvoirs.

- Oh oui ! On va faire ça !

- Cela dit, je ne suis pas sûr que ses parents acceptent...

- Mais il faut qu'on sache ! hurla Hippolyte en attrapant son collègue par son blouson de cuir pour le secouer. Il faut que je sache ! »


/// - ///



« Bon on commence par quoi ? »


Caleb jeta un regard indécis aux objets éparpillés devant la petite. Tournant la tête vers Carla qui observait la scène les bras croisés, il attendit un avis de sa part mais elle se contenta de hausser les épaules.


« C'est vous le scientifique.

- Ok... Bon ben on va essayer la psychokinésie pour commencer, proposa Caleb en brandissant une petite cuillère sous le nez de la gamine. Catherine tu vois cette cuillère ? Tu va essayer de la tordre. Concentre toi très très fort et fais bouger la cuillère.

- Tu crois pas que c'est un peu difficile pour commencer ? observa Hippolyte.

- Ben j'ai pas d'autre idée pour le moment. Allez Catherine fait bouger la cuillère ! Vas y !

- Tu peux le faire.

- Ou pas.

- Cindy arrête de la déconcentrer !

- Je déconcentre quoi là ? Elle en a rien à foutre de ta cuillère.

- Peut-être qu'elle aussi, elle a une super force ? proposa Kévin.

- Ah ouais pas con ! La jeune barbare s'empara de la cuillère et la tordit avec deux doigts avant de la tendre à sa cousine.

- Cuére ! s'exclama la petite en jetant le couvert dans leur direction.

- Mouais... Donc elle arrive à jeter une cuillère à dix centimètres. Pour la super force on repassera.

- Laissez moi essayer quelque chose. »


Carla s'empara d'une lampe de bureau, en dévissa l'ampoule et s'agenouilla devant sa fille. Avec un sourire, elle envoya une décharge d'électricité dans l'ampoule qui s'alluma sous le regard émerveillé de la petite.


« Tu as vu ce qu'a fait maman ? C'est rigolo, hein ? Maintenant maman te passe l'ampoule et tu vas essayer de faire pareil. D'accord chérie ? Tiens. »


Carla tendit l'ampoule à sa fille qui s'en empara et la porta immédiatement à sa bouche.


« Mais non ! Ne la met pas dans ta bouche trésor ! Ça ne se mange pas !

- En tout cas ça ne s'allume pas non plus.

- Peut-être qu'on devrait essayer de la lui brancher autre part ? proposa Cindy.

- Ou peut-être que maman devrait lui montrer comment on électrocute quelqu'un ? répliqua Carla sur un ton cinglant, outrée par la proposition de la jeune barbare.

- C'était juste une idée en l'air.

- Je crois qu'on peut éliminer le contrôle des champs électro-magnétiques de la liste des possibilités.

- Et y a quoi d'autre sur ta liste ?

- Oh ! Peut-être qu'elle est télépathe ! s'enthousiasma Hippolyte.

- Et tu veux qu'on vérifie ça comment ? Elle sait à peine parler !

- J'ai une idée, répondit George en attrapant un jeu memory. Catherine écoute bien. Tonton va prendre une carte et il va regarder le dessin. Et toi tu vas essayer de deviner ce que c'est. D'accord ? Tirant une carte de la pile il ajouta : Alors est-ce que c'est un ballon, une poupée ou un gâteau ?

- Tatô !

- Un gâteau ? Tu es sûre ?

- Tatô !

- Mais elle raconte n'importe quoi, c'est pas un gâteau, murmura Cindy en regardant le dessin par dessus l'épaule de son père.

- Tatô ! Veux tatô !

- Ah ok. En fait son super pouvoir c'est de bouffer.

- Cindy !

- Nan mais c'est cool comme pouvoir. Après elle nous transforme ses gâteaux en armes de destruction massive.

- Hein ?

- Sérieux le contenu de ses couches est hyper impressionnant !

- Bon ça suffit, déclara Carla en prenant sa fille dans ses bras.

- Non mais attendez !

- Ça ne marche pas et j'ai suffisamment perdu mon temps.

- Non mais sinon on peut revenir à ma première idée et contrôler son activité cérébrale avec des électrodes.

- Je vous répète qu'on ne mettra pas d'électrodes sur Catherine.

- Je peux savoir pourquoi vous parlez de mettre des électrodes sur la tête de ma fille ? D'ailleurs je peux savoir à quoi vous jouez exactement, demanda Armand qui venait d'entrer dans la pièce où se tenaient leurs petites expériences.

- Caleb a organisé des tests pour savoir quels pouvoirs Catherine pourrait posséder, expliqua Hippolyte.

- Mais à priori elle ne réussit pas grand chose, c'est assez humiliant pour la famille » compléta Cindy.


Armand Trueman toussota avant de leur adresser un sourire mielleux. Il sembla hésiter un moment, se tapota la lèvre et finit par esquisser un rictus ne présageant rien de bon.


« Vous vous foutez de ma gueule là ?

- Euh non, répondit Kévin qui ne semblait pas voir le problème.

- Donc vous êtes bien en train de traiter ma fille comme un rat de laboratoire pour vérifier si elle a des pouvoirs ? Se tournant vers George et Carla, il ajouta : Et vous, vous les encouragez à faire leurs petites expériences ?

- Non mais ce n'est absolument pas dangereux.

- Je rêve ! Trueman arracha Catherine des bras de sa mère. Viens avec Papa ma Princesse. Parce apparemment Maman trouve normal de te traiter comme un cobaye.

- Armand il n'y a pas de quoi en faire un drame.

- Tututut ! Je suis très déçu Carla. Je m'attendais à mieux de votre part.

- Non mais de toute façon t'es juste jaloux parce qu'en t'as pas de super-pouvoirs ! »


Laissant échapper un hoquet d'indignation, Armand tourna la tête vers sa nièce et la foudroya d'un regard noir. Un sourire faussement aimable déforma ses traits tandis qu'il resserrait son étreinte autour de la petite.


« Tu me déçois beaucoup aussi,Choupinette. Et pour que ça soit bien clair : le prochain que je surprends à tester les pouvoirs de ma fille, je le transforme en kebab. Ok ? »


Il observa avec un plaisir sadique ses employés et sa famille hocher la tête d'un air peu rassuré et leur accorda un nouveau sourire.


« Bien. Sur ce, je vous laisse bosser et je m'en vais lire une histoire à ma Princesse Adorée. Bon travail ! »


/// - ///



Asseyant la petite sur ses genoux, Armand lui adressa un sourire et posa son doigt sur son nez, suscitant un éclat de rire de la part de sa fille.


« Booop !

- Dada !

- Oui Papa. Mais tu sais chérie, il ne faut pas que tu les laisses t'embêter avec leurs histoires de super pouvoirs. En plus c'est nul les super-pouvoirs. Tu sais ce qui est mieux que les super-pouvoirs ?

- Nan.

- Le pognon ! s'exclama le PDG de la Flander's en sortant de sa poche une liasse de billets qu'il agita sous le nez de la fillette. Et ça, Papa il en a plein ! »


Catherine gloussa avec ravissement tandis que les billets volaient autour de sa tête. Trueman en lança une nouvelle poignée en l'air, observant avec amusement sa fille s'agiter sur ses genoux pour tenter sans grand succès d'attraper les grosses coupures avant qu'elles atterrissent sur le sol.


« Tu sais quoi ? Pour ton prochain anniversaire Papa va t'acheter un poney ! Un gros ! Avec plein de poils ! Et plus tard je t'offrirai un robot ! Et une batmobile quand tu auras l'âge de conduire ! Et une base sous-marine ! Et une armure volante ! Parce que rien n'est trop beau pour ma Princesse Adorée ! Armand embrassa le front de sa fille avant d'ajouter avec un rictus : On verra s'ils feront encore les malins avec leurs pouvoirs quand tu voleras au-dessus d'eux en les mitraillant avec tes rayons laser. »


/// - ///



« Elle est mignonne quand elle dort.

- C'est vrai. »


Armand replaça la couverture sur le ventre de sa fille assoupie et caressa son front doucement, repoussant une fine mèche de cheveux de ses yeux.


« Un vrai papa poule.

- N'importe quoi.

- Si, si. D'ailleurs ça va ruiner votre carrière de super méchant.

- Hé ! C'est pas moi qui lui chantait ''Brille, brille petite étoile'' y a dix minutes.

- C'était juste pour l'endormir.

- C'est ça, on y croit.

- N'empêche que ça fonctionne.

- Mouais... Se concentrant à nouveau sur Catherine, Armand esquissa un sourire attendri en ajoutant : On dirait qu'elle a mes cheveux.

- Mieux vaut ça que votre fourberie.

- En tout cas elle a votre sale caractère. »


Les deux parents échangèrent un sourire complice avant de se tourner pour contempler leur enfant endormi. Après un moment, Carla se décida à aborder le sujet qui la taraudait.


« Mais ça vous dérange tant que ça qu'elle puisse avoir des pouvoirs ?

- Non. Non c'est juste que...

- Que vous êtes jaloux ?

- Je ne suis pas jaloux ! Juste agacé que vous vous la pétiez tous avec vos pouvoirs à la con. Face à l'air dubitatif de Carla, Armand soupira et ajouta : Mais non ça ne me dérangerait pas qu'elle ait des pouvoirs. Après tout c'est votre fille et je l'aime quand même. Alors si elle se met à carboniser ses jouets à distance, je ne vois pas pourquoi ça changerait.

- Vous avez le chic pour faire des déclarations pleines de bons sentiments, remarqua-t-elle en lui donnant une tape dans le bras. Mais je suis sûre que même si elle a des pouvoirs elle vous aimera aussi.

- Et ils seront peut-être même plus puissants que les vôtres.

- Alors ça, ça m'étonnerait.

- C'est ce qu'on verra.

- Oui. Mais je pense qu'on a le temps encore.

- N'empêche, quand on la voit dormir comme ça, ça donnerait presque envie d'en faire un autre.

- Pardon ?! s'écria Carla en lançant un regard horrifié à son amant qui éclata de rire.

- Je déconne.

- Y a intérêt ! Bon, on la laisse dormir ? »


Armand acquiesça et éteignit la lumière. Jetant un dernier regard à Catherine, les deux parents quittèrent la pièce sous les yeux amusés de leur fille dont le corps astral effectua une pirouette dans les airs avant de rejoindre son berceau. Rouvrant les yeux, elle se redressa sur les fesses et laissa échapper un rire ravi face à sa prouesse. Décidément, elle risquait de leur en faire voir de toutes les couleurs dans les années à venir.


[Fic] Fête psychédélique, Salut les geeks !, Mathieu Sommet [de Plague Doctor, pour Skitty]

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Titre : Fête psychédélique
Auteur : Plague Doctor (participant 12)
Pour : Skitty (participant 22)
Fandom : Salut les geeks !
Persos : Mathieu Sommet, et en guest, Le Patron, Le Hippie, Le Geek, Maître Panda, La Fille, Le Prof, Le Psychiatre, Sebastien Molas et son acolyte Fred (Le Joueur du Grenier), Antoine-Daniel (What the cut !) et différents personnages des vidéos traitées dans Salut les geeks !
Rating : PG-13
Disclaimer : Salut les geeks ! est une émission de Mathieu Sommet
Prompt : Fic - Salut les geeks
C'est l'anniversaire de Mathieu et tout le monde met la main à la pâte afin de lui organiser une super fiesta. Évidemment entre le Patron qui s'occupe des invité(e)s et des activités, le Panda qui a décidé de gérer la partie musicale, le Hippie qui apporte boisson, gâteaux et autres substances plus ou moins illicites et le Geek qui fait gaffe sur gaffe cette petite fête risque de connaître quelques légers accidents. Pour ce qui est du choix des invités et des pairings tu fais ce que tu veux mais ça pourrait être cool de croiser quelques stars des vidéos de SLG


La soirée avait commencé vers 19h30. Mathieu se réveilla de sa sieste – celle qu'il faisait tous les après-midi à cause de ses médicaments, qui le faisaient somnoler et le transformait en véritable larve – au son de la stéréo, et lorsqu'il sortit de sa chambre, vaseux et les cheveux en vrac, il se fit agresser par Mamie Rhubarbe.
Il réussit heureusement à l'apaiser en lui montrant le frigo rempli de compotes Andros.

Son appartement avait été totalement modifié pour les besoins – du fantasme – de la fête, et ressemblait à une pub stéréotypée inspirée de Projet X. BMX dans la piscine, gobelets rouges, beaux gosses et bimbos, tout y était.
Le Patron passa son bras autour de ses épaules :
- Alors, tu aimes ? C'est moi qui ai tout organisé...
Mathieu se massa les tempes.
- J'ai besoin de prendre un café...
- C'est moi qui m'occupe des boissons !, s'exclama le Hippie en lui tendant un pichet plein.
Le présentateur de SLG goûta le liquide et recracha.
- Mais c'est quoi ça ??
- Du jus de champignons, gros.
- Je t'avais dis de l'alcool, putain !, rugit le Patron.
- Y en a là-bas, fit le Hippie d'un air neutre, en désignant la table.
Mathieu s'éclipsa pour rejoindre le buffet. Il se fraya un chemin dans la foule et bouscula une petite rappeuse avec un tatouage YZ au stylo bille, évita avec dégoût un homme-statue portant un chapeau de cow-boy et rencontra...
- Sheryl et Nicolas !, s'exclama-t-il, stupéfait.
Le frère et la sœur, issus des années 80, se tournèrent vers lui – et Mathieu put admirer de près le mulet du jeune homme. La nausée monta et avant d'avoir pu leur parler, il s'enfuit en direction des toilettes.

Tandis qu'il tirait la chasse, il entendit une voix rauque chanter :
- Ma biiiiiite, ma biiiiiitte...ma biiiiiite....ma biiiiiiite !
Ses jambes se mirent à flageoler. Il s'assit sur le siège et s'essuya la bouche avec le PQ. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait déjà 27 ans. Il allait bientôt avoir 30 ans. 30 ans et toujours pas d'emploi stable, de copine, de santé mentale....en même temps, est-ce qu'il en avait réellement envie ? Est-ce qu'il voulait une vie bateau, avec un beau mariage, un emploi qui paye, une grosse voiture, un chien et une maison ?
La réponse était non. Et puis il préférait les chats, d'abord.
Il secoua la tête, d'humeur défaitiste, et se décida à sortir pour se confronter au reste du désastre.
Il vit une fillette en train de chanter au sujet de Thanksgiving avec un micro en forme de cuisse de dinde sur une estrade ; cette vision lui suffit. Il sortit prendre un peu l'air.

Il trouva enfin quelque chose qui le mit de bonne humeur. Le Geek en train de se noyer tout habillé dans la piscine.
- Il faudrait peut-être plonger pour le sauver, fit Seb, en sirotant pourtant très tranquillement un verre de punch à 30 centimètres à peine du gamin qui se débattait.
Fred jeta un coup d'oeil à la victime désignée de la soirée, et haussa les épaules, sa chemise hawaïenne pendant tristement sur ses épaules amaigries. Il lança avec indifférence :
- Noooon.
Ils s'en allèrent vers le coin console où se déchaînait déjà ce type qui aime tant insulter sa kinect.

Finalement, le Geek atteignit le rebord tout seul, à force de battre des bras, et il rampa hors de l'eau en haletant. Au-dessus, penchés sur le balcon, deux mecs jouaient avec un laser rouge en riant comme des beaufs, très contents d'eux.
- T'es vraiment un boulet, déclara Mathieu, sans pitié.
Son autre lui-même lui jeta un regard humide.
- J'y peux rien, c'est toi qui m'as fait comme ça !
Soudain Mathieu eut terriblement mal à la tête. Il s'esquiva.

Il s'allongea sur un transat et ferma les yeux. La fatigue revenait, comme une vieille copine. Il entendait la voix du Panda entamer ses tubes les plus célèbres, tels que « Tu manges du caca » et « Fais-moi mal, Johnny Johnny ».
- J'en ai marre, marmonna-t-il.
Un bruit étrange lui fit rouvrir les paupières.
Un homme en costume venait de jeter de la nourriture par terre et commença à la manger. Mathieu le regarda faire.
C'était une vision étrangement apaisante.

Un peu plus tard, Mathieu s'était réfugié dans la cave. Celle-ci sentait mauvais, à cause des cadavres non-enterrés et à demi décomposés abandonnés par le Patron, mais il n'en avait cure.
Il s'était pris la tête avec Kriss de Minute Papillon sur un sujet politique, il s'était fait frapper par un combattant de musangwe et Milo Moiré lui avait pondu un œuf de peinture sur le pied, ruinant ses chaussures toutes neuves !
Assis sur une caisse pleine de boîtes d'Ipad contenant des briques, il se prit la tête dans les mains, épuisé. Sa tête pulsait, comme si elle allait exploser.
- Vous allez bien Monsieur Sommet ?
L'interpellé releva le nez vers l'homme à lunettes qui l'observait d'un air attentif. Son expression le mit inexplicablement très mal à l'aise, comme s'il le connaissait sans s'en souvenir.
- Vous êtes...
- Votre psychiatre, Monsieur Sommet...vous ne vous rappelez pas de moi ?
Mathieu se redressa brusquement. Il devait partir, tout de suite !
- Ça ne sert à rien de fuir, Monsieur Sommet !, le prévint le psy.
Le jeune homme dévala les marches quatre à quatre, avant de réaliser qu'il descendait au lieu de monter. Il se retrouva pourtant bel et bien au niveau de la fête : Maître Panda dansait avec une petite fille en de rose et couverte de bijoux Hello Kitty sur la scène, le Geek bourré partageait de la vodka orange avec des filles court vêtues armées de perceuse et de scie – et maquillées en chattes. Le Patron était en train de se battre avec Sam-qui-ne-boit-pas, faisant valdinguer sa grosse tête blanche.

Quelqu'un posa sa main sur l'épaule de Mathieu.
- On se casse, Matt ?, demanda Antoine-Daniel en lui adressant un sourire gouailleur.
Il jeta son joint, et celui-ci fut englouti dans l'aspirateur Bisson de la Fille, qui chantait « I want to break free » de Freddy Mercury.
- J'ai jamais vu un anniversaire aussi foiré...
Mathieu lui sourit à son tour, son anxiété s'effaçant peu à peu en présence de son ami proche :
- Sauf une fois, au chalet ?
L'autre leva les yeux au ciel :
- Bordel de couilles, cette punchline est VRAIMENT périmée.
Mais il se mit à ricaner et Mathieu l'imita, complice.
- Je connais un bar sympa, déclara Antoine. Ça s'appelle Le Choix de Buscarone, et on y trouve des pirates ! Mais pas de chameaux...
Mathieu lui saisit le bras avec un enthousiasme un petit peu exagéré :
- Dans ce cas...allons-y Alonso !
Ils passèrent devant le Prof en l'ignorant superbement, et celui-ci ne dit rien.
Il n'existait déjà plus de toute façon.

Date de fin de session

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La session annuelle d'obscurs échanges prendra officiellement fin à la date du 28 février 2015. Nous nous assurerons que tout le monde ait reçu son dû à cette date. Merci à tous pour votre patience et votre participation.


Si vous avez des questions, n'hésitez pas à vous adresser à moi.

[Fic] Changer de peau, La Princesse et la Grenouille, Tiana/Charlotte [de Thefu, pour Feu Follet]

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Titre : Changer de peau
Auteur : Thefu
Pour : Feu Follet (participant 4)
Fandom :La Princesse et la Grenouille
Persos/Couple : Tiana/Charlotte
Rating : PG-13
Disclaimer : Tout appartient aux studios Disney.
Prompt : Tiana/Charlotte. Du yuri entre ces demoiselles ne me gêne pas ! Les deux femmes ont grandi ensemble et on partagé bien des moments ensemble. Charlotte est une fille qui n'a pas froid aux yeux et voilà, qu'un jour, elle embarque Tiana dans un nouveau jeu. Les demoiselles vont devoir se déguiser en hommes pour aller dans les lieux de la Nouvelle-Orléans interdits aux « filles comme il faut ». Par là je n'entends pas forcément des lieux « glauques » mais par exemple les quartiers Noirs où une fille comme Charlotte n'a pas le droit d'aller vu son statut. Tiana pourrait lui montrer son univers et, contre toute attente, Charlotte ne se moque pas d'elle comme le feraient les autres Blancs.
Warnings : Mention d’ivresse et de drogues récréatives.




Tiana observait son amie essayer diverses tenues en se laissant emporter par les souvenirs. L’un d’entre eux, surtout, se détachait de tout le reste – parce qu’il avait marqué des changements significatifs dans leur relation, parce qu’il ne ressemblait à aucun autre, et aussi, peut-être, parce que Charlotte n’y portait pas de robes. Non pas qu’elle y soit nue (encore que…) ; mais la vision de la soie qui crissait sur la peau blanche la renvoyait à cette aventure de leur jeunesse, inconsidérée et troublante. Elle se balança un peu sur place, bercée par le babillage incessant de Lottie, et se rappela...

Oh, elles étaient plus jeunes, alors ! Plus jeunes et plus heureuses, du moins en ce qui concernait Tiana. Son Da était encore en vie, et même si leurs dettes restaient loin d'être épongées, ils vivaient tous ensemble dans un bonheur très simple. Sa Ma allait régulièrement confectionner des robes, notamment pour ses meilleurs clients, les La Bouff. De compagne de jeux d'enfance, Charlotte s'était métamorphosée en meilleure amie.

Une amitié passionnée et tumultueuse. C’était souvent Charlotte qui l’entraînait, qui la persuadait avec d’adorables moues boudeuses ou des élans irréfléchis. Bien évidemment, Tiana savait garder la tête froide en toute situation, et ne cédait pas toujours ; mais parfois, Lottie tenait tellement à un projet qu’elle était capable d’en parler pendant des jours et des jours.

C’était l’une de ces idées qu’elle avait eu bille en tête qui l’avait conduite à ne pas porter de robes – mais à la place, un pantalon et une chemise, empruntées au père de Tiana. Dans l’esprit de la jeune fille, les deux images se superposèrent un temps – l’élégante demoiselle en train d’essayer une nouvelle robe, rose, celle-ci ; le jouvenceau aux membres déliés et au sourire canaille.

Submergée par l’émotion, elle ferma les yeux.



C’était la semaine du carnaval. Un temps de répit avant les sévérités austères du carême. Une période où tout se mélangeait, où les costumes se mêlaient aux maquillages pour faire surgir des rues de la Nouvelle-Orléans de nouvelles créatures. Certaines inhumaines et sublimes, d’autres grotesques voire obscènes, mais toujours incongrues.

Pour les filles de bonne famille comme Charlotte, c’était le moment de tenter de nouvelles robes, grandioses, certes, mais assez sages. Tiana, moins bien née sans pour autant être une pauvresse, pouvait se déguiser elle aussi. Dans aucun des deux cas, cependant, l’on ne verserait dans les débordements dans lesquels tomberaient certaines femmes de la ville.

Seulement, Lottie aurait bien aimé. Pas se promener presque nue ou le visage totalement fardé, non ; mais se travestir en homme, le temps de la fête, et en profiter pour s’éclipser dans des rues inconnues d’elle.

Le proverbe disait vrai : le cochon sait bien à quel bois il va se frotter ! Jamais le père de Charlotte n’aurait accepté une chose pareille, mais avec Tiana, évidemment, son amie tenterait sa chance. Et mettait justement toutes lesdites chances de son côté, pour être certaine de gagner. Charlotte savait passer de la fille dégourdie à l’adorable amie suppliante en un clin d’œil.

« S’il te plaîîît, Tiana, implora-t-elle avec cet air qui fonctionnait si bien sur son père. Rien qu’une fois ! Après, on retournera à notre petite vie rangée, ce sera juste une parenthèse… »

La serveuse se passa la main sur le visage, un chiffon dans l’autre main, tandis que son amie lui assénait ses arguments l’un après l’autre. En boucle. Cela durait maintenant depuis une bonne demi-journée.

« Tu connais mieux ces endroits que moi. C’est si mystérieux ! Je voudrais y aller, rien qu’une fois. Je t’en prie.
-Lorsque t’as quelque chose en tête, c’est pas dans ton pied, s’agaça Tiana.
-S’il te plaît ! J’ai déjà tout prévu ! Je voudrais tellement voir tout ça… Au moins une fois. »

Elle la prit par le bras et la regarda avec de grands yeux contrits. Très vite, cependant, un torrent de paroles s’échappa de ses lèvres. Des projets échevelés, une espèce de machination presque innocente, mais qui avait un sacré potentiel pour mal tourner.

« Imagine ! Ne pas porter ces stupides jupes, ces robes idiotes !
-Je croyais que tu adorais les robes », glissa Tiana, l’air de rien.

Lottie fit un geste méprisant et vague.

« On ne m’a pas laissé le choix. Mais moi, j’aimerais bien débarouler en pantalon, ne serait-ce qu’une fois. »

Sa voix avait repris ces accents rauques et rudes qu’elle connaissait parfois. Étonnant comme le timbre de son amie était capable de se montrer tout à tour cajoleur, autoritaire ou même, un peu voyou.

Tiana était à la fois intriguée et scandalisée.

« C’est des choses de mauvaise fille ! De… (Elle n’osait pas dire le mot. Lottie, si.)
-De prostituée ? » Elle éclata de rire, soudain joyeuse. « Enfin voyons, Tian’, je parle d’une petite escapade ! Pas d’une fugue en bonne et due forme où on finirait ruinées, à devoir ouvrir les cuisses !
-Charlotte !! » Maintenant, elle était vraiment outrée.

« Puisque je te dis que ça serait pasça, nuança patiemment la blonde. Est-ce que tu peux imaginer ? Le quartier noir ! On serait tellement libres… J’ai jamais vu ces coins-là – et toi, tu ne veux jamais me les montrer. Là, au moins, on serait tranquilles ! Hein ? Qu’en penses-tu ? »

Les rues dont parlait son amie n’étaient pas à proprement parler des coupe-gorges, mais Tiana se montrait néanmoins pleine de défiance. Ce n’était probablement pas aussi idyllique que la jeune fille riche voulait bien le croire. Elle serait probablement déçue. Contrairement à ce que Lottie voulait bien croire, sa vie n’avait rien d’un roman gothique.

« On descendrait dans les bars noirs, on boirait du tafia, on écouterait du jazz ! Ce serait tellement chouette… Tia, tu m’écoutes ? »

La concernée se mordilla la lèvre inférieure, songeuse. Son univers savait se montrer accueillant et chaleureux, certes, mais il possédait également un visage plus sombre, délabré, presque sordide. Auprès d'elle, Charlotte continuait à énumérer son plan, d'une humeur extatique – presque endiablée – sans paraître se soucier des interrogations et des réserves de son amie.

« ...Aussi, nous volerons – enfin, emprunterons – deux des costumes de mon papa ! Il en a tellement qu'il ne verra pas la différence, et puis on les rendra le lendemain.
-Plutôt du mien. Le style vestimentaire de ton père est trop aisé, il ne passerait pas inaperçu dans les bas-quartiers », rectifia la Noire avant de pester ; elle venait précisément de tomber dans le piège (peut-être inconscient) que Charlotte était en train de tisser : l'investir insidieusement dans cette folle entreprise, même de manière hypothétique, afin d'ensuite provoquer une participation réelle.

C'était une technique d'enfant gâtée, que sa riche amie utilisait probablement sans s'en apercevoir ; elle n'en demeurait pas moins efficace. On ne comptait plus les fois où de folles entreprises conjointes avaient commencé par une petite concession de la sorte – « si c’est moi qui te fais la courte échelle, tu risques de tomber », par exemple. Parfois, cela ne s’était pas très bien terminé.

Tiana serra les poings, furieuse de s’être fait avoir par une ruse aussi banale. A croire qu’elle retombait en enfance, lorsqu’elle était avec son amie, à voler des goyaves dans le jardin du voisin de Charlotte qui l’avait traitée de ‘sale négresse’. (Lottie pouvait en acheter autant qu’elle voulait, évidemment, mais elle voulait punir l’affreux bonhomme. Et aussi, Tia était bien moins responsable que maintenant. Elle s’était réjouie de la vengeance, avant d’éprouver de terribles remords.)

Une chose restait sûre : en sa compagnie, sa prudence s’amenuisait. Peut-être qu’elle appuyait sur certains mécanismes de sa pensée, des structures qui l’empêchaient ensuite de réfléchir correctement. Un mélange de précipitation, d’enthousiasme et de sourde persuasion.

« C’est la fête partout ! Même si nos papas nous démasquent, on se fera pas tant disputer que ça… »

En effet. Si l’on y réfléchissait bien, était-ce si dangereux que Tiana le croyait ? Certes, se déguiser en garçons pour descendre en ville, ce n’était pas très moral ; mais l’était-ce d’obliger les jeunes filles comme elles à toujours rester à la maison ou sous le regard de leurs parents, sages et bien mises ? N’était-ce pas la société qui se montrait injuste ? La seule occasion de s’amuser, c’étaient les bals, insupportablement normés…

Le jour tombait déjà. Elle jeta un regard aux gamins armés de banjos ou de saxophones qui se pourchassaient en riant dans les rues poussiéreuses. Ce n’étaient pas des gamines ; ce ne serait jamais des gamines. N’était-il pas tentant de goûter à cette radieuse liberté, rien qu’un soir ?

Après un long débat intérieur, où elle fixait la fenêtre, Tiana finit par se tourner vers son amie, qui avait respecté son silence. Peut-être sentait-elle que la décision – et leur escapade éventuelle – dépendaient de cet instant.

« C’est d’accord. »

Lottie lui sauta au cou et elle l’accueillit en riant.



Elles ne sortirent pas ce soir-là, ni même celui d’après. Tiana avait insisté pour qu’elles choisissent un jour où leurs deux Da seraient sortis, certes, mais aussi où elles sauraient précisément le nom de leur point de chute. Hors de question de tomber sur Tia-père en poussant la porte d’un bar noir. Il n’était pas alcoolique, mais aimait bien écouter de la musique en distribuant de la nourriture faite maison, surtout en ces temps de fête.

Bref. L’important, c’était de saisir l’occasion où elles pourraient sortir sans attirer les soupçons, mais aussi en étant certaines de ne croiser personne de leur connaissance dans les bas-quartiers. Des conditions difficiles ; ce n’était pas gagné.

Et pourtant. Vers le milieu du carnaval, le papa de Tiana fut invité à distribuer de délicieux accras à la morue lors d’une réception de standing moyen. Le salaire était confortable et le père de Charlotte y irait lui aussi. Les deux jeunes filles étaient aussi ravies que leurs parents.

« Cette nuit », chuchota Lottie à l’oreille de son amie, qui acquiesça discrètement.

Elles se tinrent toutes deux sages comme des images jusqu’à ce que Papa Powell parte. Il fit même une petite plaisanterie sur le fait que Charlotte, d’habitude si dispersée et volubile, soit particulièrement calme. Puis il rassembla ses beignets non pas dans un torchon propre comme à l’ordinaire, mais dans un joli plat d’argent, mit son plus beau complet – celui au veston de flanelle grise – et s’en alla avec Mama Powell.

Furtivement, les deux jeunes filles se glissèrent pieds nus jusqu’à sa chambre abandonnée. Lottie piétinait pratiquement sur place de joie. Ce fut elle qui entrebâilla la porte du placard, dans un grincement prometteur. Tia se pencha par-dessus son épaule et jeta un coup d’œil à la garde-robe de son père.

Rien de particulièrement luxueux, mais aucune tenue poussiéreuse ou sale. L’ensemble restait néanmoins assez souvent usé ou élimé, et toujours simple. Des vestes en coton, des chemises de lin un peu déchirées, des pantalons de velours côtelé qui avaient connu des jours meilleurs.

Charlotte s’empara d’un veston marron et se tourna vers sa complice, les yeux brillants d’excitation.

« Vas-y, Tia ! Choisis ce que tu vas mettre ! »

Cette dernière réprima un soupir et considéra les habits masculins qui s’offraient à sa vue. Rien n’était de couleur vraiment vive, mais elle décela tout de même un costume anciennement moutarde, maintenant un peu passé, qui se fondrait probablement dans la masse, dans les cafés louisianais.

À côté d’elle, Lottie s’amusait à sélectionner une panoplie complète, notamment du côté des accessoires – comme les bretelles. Elle essaya le vieux canotier délabré de son père, avant de le reposer d’un air sage. Puis, sans prévenir, elle commença à déboutonner sa robe.

« Hey ! l’arrêta Tiana. Attends un peu. Tu ne vas pas te déshabiller devant moi, quand même ? »

Charlotte eut un geste qui montrait qu’elle balayait l’objection.

« Comme si je ne m’étais jamais dévêtue devant toi, pour essayer des robes ! »

C’était vrai. Mais Tiana éprouvait cependant un trouble inédit et inexplicable à l’idée de la voir ainsi se métamorphoser en jouvenceau inconnu. Ce n’était pas le passage d’une enveloppe à une autre, mais au contraire une véritable métamorphose. Et elle n’était pas certaine que son teint mat cache à quelqu’un qui la connaissait aussi bien qu’elle rougissait.

La stricte tenue commençait déjà à glisser de ses épaules, à dévoiler des sous-vêtements que la jeune fille renforçait par des bandelettes pour nouer sa poitrine. C’était déconcertant, excitant d’une manière inattendue. Brusquement, elle imagina ses propres mains sombres sur cette peau blanche, sa bouche dans son cou. Elle cligna des paupières et agita la tête.

« Attends », répéta-t-elle d’une voix faible, avant de se précipiter dans la pièce voisine, son butin de tissu dans les mains. En se déshabillant, la partie rationnelle d’elle-même analysait ses sentiments, sans trop comprendre ce qui venait de se passer. Pourquoi avait-elle eu soudain des pensées aussi étranges ? Cela ne lui ressemblait pas vraiment.

Lorsqu’elle eut elle-même fini de se changer, elle revint, presque sur la pointe des pieds, considérer où en était Lottie. Cette dernière s’en était bien sortie, finalement, même en se changeant toute seule. De petits détails restaient à ajuster : une chemise qui n’était pas rentrée dans le pantalon, des plis qui tombaient mal.

Dans l’ensemble, cependant, elle irradiait d’une sorte de charme magnétique, à la fois troublant parce qu’inconnu, et familier. C’était elle, et ce ne l’était pas. Si elle avait rencontré ce jeune homme dans les rues de la Nouvelle-Orléans, elle aurait peut-être fait une entorse aux règles de la bienséance en le suivant longuement du regard.

Charlotte ne se tenait plus de la même manière ; quelque chose de troublant et de fier s’était mêlé à ses attitudes habituelles.

« Tu es sublime ainsi, laissa-t-elle échapper.
-Merci, Tia. »

La concernée se figea quelque peu.

« Tu peux pas m’appeler ‘Tia’ ou ‘Tiana’, réalisa-t-elle à voix haute. Pas plus que toi, je ne peux te nommer ‘Charlotte’. Pas avec ces habits-là.
-Pourquoi pas ‘Charley’ ? proposa la blonde, presque du tac au tac. C’est une version masculine de mon nom, ça fera l’affaire.
-D’accord. Et pour moi… » Elle réfléchit un moment. « Christian, peut-être. Abrégé en Tian. Ça te va ?
-Voyons, ce n’est que pour un soir, chère ! C’est pas grave si on se trompe un peu ! »

C’était justement cette insouciance-là qu’elle craignait, songea Tiana, ou plutôt Tian, en emboîtant le pas à son amie. Oui, ces tenues signifiaient la liberté ; mais cela ne voulait pas pour autant dire qu’elles pouvaient abandonner toute prudence.



Au début, elles furent quelque peu embarrassées pour marcher côte à côte. Elles avaient l’habitude de se prendre mutuellement le bras, mais ce geste semblerait purement déplacé entre deux jeunes hommes. Mais du coup, elles avaient toutes deux l’impression d’être plus isolées.

Apparemment, cela ne gênait pas vraiment Charlotte, qui se fendait d’une démarche presque victorieuse. On eût dit que la ville toute entière lui appartenait. Tiana, par contre, marchait d’une manière plus discrète, presque précautionneuse. Lors des premières rues, elle craignit de se faire reconnaître par un voisin, une connaissance. Cependant, l’enthousiasme débordant de sa compagne – ou plutôt compagnon, dans ces habits – avait quelque chose de communicatif. Peu à peu, elle se laissa emporter par la vague, elle aussi.

Et en effet, c’était fascinant que de déambuler ainsi, au hasard, sans réel but ; sans non plus craindre les remontrances des parents parce qu’on avait réalisé un détour. La démarche que les pantalons leur donnaient les rendait probablement méconnaissables. Charlotte n’était plus une princesse égarée dans le monde réelle ; Tiana n’incarnait plus une serveuse surchargée de travail. Les voici jeunes hommes insouciants, la ville à leurs pieds.

Les rues étaient bien moins mal fréquentées qu’elle ne l’aurait pensé. En revanche, elles avaient quelque chose de misérable en raison de leur pauvreté. Soudain, un frisson de honte la saisit, et elle eut peur que Charlotte se moque ou ait un geste de dérision ; mais son amie ne disait rien et semblait très attentive à chaque détail. Elles étaient arrivées dans le quartier noir proprement dit. Des rumeurs de banjo égaillaient une rue par ailleurs sale et délabrée.

« C’est magnifique », murmura-t-elle tout à coup, les yeux levés.

Tiana eut peur qu’il ne s’agisse d’une moquerie ; mais nulle ironie, nulle dérision ne perçait dans la voix de son amie. À vrai dire, elle n’en faisait d’ailleurs jamais preuve. Lottie était une fille sincère, directe ; le second degré n’était pas une manière de parler qui lui soit familière.

Il fallait donc bien croire que son exclamation reflétait ses émotions. Mais en quoi ? Les quartiers noirs étaient misérables, pensait la cuisinière. Il ne s’agissait pas du royaume des fées ou de palais sublimes.

Alors, elle suivit le regard de Charlotte, et leva elle aussi la tête.

Des guirlandes de papier crépon avaient été accrochées aux rambardes délabrées de fer forgé. Aux balcons, on pouvait discerner de petits enfants déguisés, en train de s’envoyer des confettis ou des ballons. Leurs mères, aux cheveux attachés dans des coiffes de madras complexes, les surveillaient étroitement, manifestement inquiètes d’une chute – mais pour le moment, tout allait bien. Et au-dessus de cela, le ciel d’un bleu nuit intense semblait davantage piqué d’étoiles, maintenant que les rues étaient moins éclairées.

Elles restèrent un temps à contempler ce spectacle, neuf pour Lottie, familier à Tiana sauf qu’elle ne s’attachait jamais à sa splendeur. Ce fut d’ailleurs elle qui reprit ses esprits la première.

« Allez, viens, Charley, l’enjoignit-elle en la prenant par le bras d’une manière qu’elle espérait fort virile. Tu as dit que tu voulais visiter la ville, tu y es ! »

Ledit Charley esquissa un sourire émerveillé et suivit son ami dans les bas-quartiers.



Ce ne fut qu’au fil du dédale urbain qu’elle perdit ses réticences premières. Après tout, elles se s’étaient jamais aventurées dans ces quartiers – Charlotte parce qu’elle était blanche, Tiana parce que c’était une femme, et qu’on réservait plutôt ces allées un peu mal famées aux membres de la gent masculine.

Elle commença à sentir cette sorte de force galvanisante qui s’était manifestement emparée de son amie depuis le début. Loin de ses allures raffinées, presque nobles, elle ressemblait maintenant à un jeune Blanc venu s’encanailler dans les bas-quartiers. Tiana savait bien qu’elles ne feraient rien que de très innocent, mais la lueur qui brillait dans les yeux bleus de ‘Charley’ pouvait prêter à confusion.

Des ordures encombraient les pavés. Les balcons en fer forgés semblaient de plus en plus rouillés, voire délabrés. Mais les décorations de carnaval continuaient à les rendre enchanteresses. Leurs souliers usés mais bien vernis foulaient le sol inégal, symbole de ce qu’incarnait cette nuit : une aventure.

Ivres de cette impression de puissance, elles s’égarèrent dans un bar réservé aux Noirs, mais qui accueillait cependant quelques Blancs désœuvrés – l’inverse était, bien entendu, totalement impossible. Le barman resta impassible à leur arrivée. S’il se doutait que les deux jeunes hommes venant d’entrer dans son bar n’en étaient pas, en tout cas, il n’en souffla pas un mot.

« Bonswa », déclara-t-il sobrement. Ils lui retournèrent son salut, Charlotte soulagée d’avoir compris le mot créole, même si ce n’était pas encore une véritable conversation. Sa compagne mesura sa gêne et lui serra doucement le bras, en signe de soutien. Visiblement, son assurance commençait à s’éroder.

« Vini ti mal », les enjoignit un homme adossé au bar de zinc, avec un geste d’invite. Davantage que la phrase, ce fut ce dernier qui se révéla éloquent. Un chapeau lui masquait le visage, et sa voix éraillée n’avait pas grand’ chose d’engageant. Poussé par la curiosité, ‘Charley’ vint pourtant s’installer à ses alentours – sans cependant oser trop s’approcher. ‘Christian’, inquiet, se posa juste à côté de lui. Le premier geste de l’homme fut de lui rouler un impressionnant cigare, probablement pas de tabac, en signe de bienvenue. Grisé, Charley commanda des verres, aussi.

Malgré la Prohibition, on trouvait toujours de l’alcool dans ce genre d’endroits. Pas d’excellent bourbon comme on en versait en secret lors des fêtes raffinées du père La Bouff, seulement du tafia de basse qualité. C’était déjà bien, mais l’organisme des nouveaux arrivants n’y était pas habitué. Les verres s’enchaînaient sur la table de zinc poussiéreuse. Or Charley s’enivrait avec opulence, sous le regard inquiet de son compagnon.

Le tafia dit toujours la vérité. Et de toute évidence, son ami(e) avait l’alcool affectueux. Au bout de quelques verres, Charlotte – ou plutôt Charley – était saoule, et encore plus tactile qu’à l’ordinaire. La jeune fille aimait lui nouer le bras autour des épaules, et son alter ego masculin également ; mais cela prêtait à quelques confusions, dans leur situation. Sans parler de son haleine désastreuse.

Elle s’était probablement aussi intoxiquée au gros cigare que le fameux inconnu leur avait offert, et qui ne comprenait pas tant de tabac que cela, d’après son odeur capiteuse. Les vapeurs du chanvre se diffusèrent dans toute la salle. Avec elles, une atmosphère à la fois détendue et délétère se répandait derrière le zinc.

« J’ai envie de toi, Tian’ », murmura tout à trac Charlotte, en lui balançant la fumée de son joint en pleine figure. Tiana garda son calme, en apparence, même si intérieurement, elle avait cette vague impression qu’un incendie couvait dans ses entrailles.

« T’es bourré, Lottie… euh, Charley, rectifia-elle de la voix grave de Christian, afin de ne pas griller leurs couvertures. Je te ramène. 
-Noooon, gémit le présumé Charley. J’veux qu’on reste s’amuser toutes… tous les deux. C’est pas si souvent ! »

Vite, une diversion, pensa Tiana. Elle ne s’était jamais retrouvée dans une situation pareille, mais de toute évidence, c’était l’alcool qui parlait, pas son amie. Elle balaya donc la salle poussiéreuse du regard. Par chance, un groupe de street jazz était en train de s’installer sur la scène.

« Regarde, il va y avoir de la musique ! » fit-elle en montrant les musiciens à Charlotte.

Lottie tourna vivement la tête et lorsqu’elle vit le groupe s’installer, cela l’enthousiasma beaucoup, manifestement. Les musiciens étaient déguisés, cela allait de soi. Leurs bouffonneries détournèrent l’attention de son amie, qui se leva brusquement pour esquisser des pas, non de jeune dame de la haute société, mais de garçon déluré.

Il y avait quelque chose de dionysiaque à la voir danser. Charlotte prenait une mine audacieuse, presque chafouine. Des allures de jeune diable en société. Ravie et soulagée de voir son énergie canalisée ailleurs, Tiana tapait rythmiquement dans ses mains, sans pour autant oser la rejoindre. Les hommes ne dansent pas ensemble.

Quelque chose se nouait dans son estomac, pourtant ; un charme qui ne l’aurait pas frappée si c’avait été un séducteur invétéré de leur âge qui la marquait maintenant – probablement parce qu’elle connaissait Lottie aussi bien qu’elle-même, mais que Charley était un presque inconnu, dont les tribulations l’intriguaient tout en la fascinant.



À cause de sa pantomime déchaînée, Charley-Lottie avait un peu dessoulé. Il restait cependant quelque chose de la flamme que l’alcool avait réveillée en elle dans son regard, dans sa gestuelle désordonnée et brutalement tendre.

« Il y a ce dicton créole dont tu m’avais parlé une fois, quand on était petits… Celui sur l’amour. »

Tiana retint un soupir exaspéré. Elle adorait son amie, certes, mais elle était vraiment plus que romantique, et cela commençait parfois à devenir un défaut. Sans compter que cela fichait quelque peu leur couverture en l’air : dans l’image qu’elle se faisait des hommes, les discussions à l’eau de rose n’étaient pas spécialement viriles. Sauf, évidemment, pour enthousiasmer les filles.

« Lequel, chère ?
-Dis-moi qui t-tu aimes, je te dirai qui tu es. »

Elle dont la prononciation était toujours impeccable avait buté sur la phrase, comme si elle révélait quelque chose d’elle-même enfoui, de dissimulé, qui jaillissait à la lumière par le choix de ce proverbe précis.

« Oui, et donc ? fit-elle prudemment.
-Eh bien ce n’est pas logique parce que ça voudrait dire que je suis toi ! »

La tirade était sortie très vite, Charlotte l’avait également dite d’un ton un peu ironique au début mais presque brutal vers la fin ; Tiana ne savait pas quoi penser de tout cela.

« Mais j’ai peur que moi, tu me détestes, continua la Blanche, qui n’en avait pas terminé.
-Pourquoi ? s’étonna-t-elle.
-À cause des soucis que je t’ai causé dans cette soirée, les déguisements, et si on nous avait reconnues ; et puis papa a raison, je suis une vraie enfant gâtée, et… »

Elle semblait au bord des larmes, alors Tiana se leva brusquement et la prit dans ses bras. Elle stoppa net sa déclaration.

« Charlotte, Charlotte, Charlotte, répéta-t-elle comme une litanie. Tu n’es pas une enfant gâtée. Non, vraiment, tu te comportes de la plus adorable des façons qui soit, surtout quand on voit d’où tu viens.
-Tu dis ça pour me faire plaisir », geignit la concernée, la bouche dans son écharpe, mais elle ne se dégagea pas.

Tiana commença à lui caresser les cheveux, et continua :

« Et tu es très bien comme tu l’es. Tu es la meilleure amie que j’aie jamais eue au monde. »

La tête toujours nichée dans son cou, elle murmura enfin, en créole :

« Tu sais, mo laimm twa*, Charlotte. »


_

* « Je t’aime » en créole louisianais.

[Fic] Enfant perdu, Noragami, Yato, Hiyori, Yukine et un OC [de Plague Doctor, pour Feu Follet]

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Titre : Enfant perdu
Auteur : Plague Doctor (participant 12)
Pour : Feu Follet (participant 4)
Fandom : Noragami
Persos : Yato, Hiyori, Yukine, un petit enfant
Rating : PG-13
Disclaimer : Noragami est un manga du duo de mangakas Adachitoka, qui a été adapté en anime par Bones.
Prompt : Le trio Yato, Yukine, Hiyori.  Une petite scène style « famille » entre les personnages. Quelque chose comme Hiyori qui fait découvrir le monde des humains à Yukine. J'aimerais globalement quelque chose de léger et s'il y a du Yato/Hiyori ce serait génial.
Commentaires : Je me suis inspirée d'une légende urbaine pour écrire cette fic. Sinon, il y a des petits indices de Yato/Hiyori, et éventuellement un brin de Yukine/Hiyori (ça dépend de l'interprétation qu'on en fait).

Il n'était pas en train de les espionner. Pas du tout.
Il se trouvait juste qu'il a des courses à faire dans le coin, et c'est un strict hasard s'il avait choisi de les faire précisément dans ce quartier de la ville. Ce n'était pas du tout en rapport avec le fait qu'Hiyori et Yukine s'y promènent.
Et s'il se cachait, ce n'était pas du tout parce qu'il était en train de les suivre discrètement. Ce n'était pas parce qu'il voulait surveiller Yukine, ce n'était pas parce qu'il s'inquiétait, non.
Il était un dieu après tout, et il n'avait à s'inquiéter de rien, car il pouvait – à peu près – tout résoudre.
Il regarda sa liste de course – celle de sa « cliente ».
Que des objets difficiles à trouver.
Il allait avoir du pain sur la planche s'il voulait toucher son dû.


Yukine était un peu mal à l'aise. La dernière fois qu'il avait traîné dans le centre-ville avec Hiyori, ça s'était plutôt mal passé.
Bien sûr, aujourd'hui, il n'était plus tout à fait le même qu'alors, néanmoins, cela ne l'empêchait pas d'angoisser un petit peu.
Ils passèrent devant la vitrine d'un magasin de skate-board. Spontanément, il s'empara de la main d'Hiyori, la serrant avec nervosité et lui jetant un regard perdu.
Celle-ci se tourna vers lui et esquissa un doux sourire.
- Viens, je connais un endroit où ils font d'excellents milk-shakes !
Elle ne posa pas de question mais l'entraîna loin de la tentation.


Yato s'étrangla en voyant Yukine prendre la main d'Hiyori. Embarrassé, il cacha le bas de son visage dans son bandana ; il n'avait pas ressenti de piqûre, alors Yukine ne nourrissait aucune mauvaise pensée. Il ne pouvait donc pas intervenir.
Il ignorait encore pourquoi il se sentait vexé et avait envie de les séparer. C'était stupide et inconvenant. Il ferait mieux de se remettre au travail.
A contrecœur, il se détourna et consulta à nouveau sa liste.
Une paire de tassels en crin de cheval (noirs), un ouvre-pot de confiture manuel, deux ampoules halogènes en tube à économie d'énergie...
Bon sang, il n'en voyait pas le bout.


Le milk-shake était bon. Yukine regardait autour de lui ; ils s'étaient posés sur un banc, dans un parc, et les enfants s'ébattaient sur les jeux, dévalant le toboggan, riant sur le tourniquet.
Il se demandait si lui aussi, il avait aimé ça quand il était humain. Jouer avec les autres, courir, s'amuser. Depuis qu'il était un esprit, les seuls moments où il avait été réellement détendu, c'était quand il faisait quelque chose de mal. Il s'en voulait par la suite, mais c'était pour éprouver ce sentiment qu'il était allé jusque-là.
A présent, il regrettait, car il avait blessé les gens auxquels il tenait – et qui tenaient à lui.
Il jeta un coup d’œil à sa compagne. Elle avait les yeux perdus dans le vague, comme si elle réfléchissait à quelque chose. Elle était à mille lieus de là, et pourtant ils étaient côte à côte.
Il ressentit une sorte de regret à la voir si loin et si près en même temps. C'était assez déconcertant.
Il regarda sa main posée sur son genou et se demanda s'il pouvait lui demander ce qui n'allait pas. Elle était soucieuse malgré ses sourires, toutefois il n'arrivait pas à en débusquer la raison.
Il s'apprêtait à poser sa main sur la sienne pour essayer de lui parler lorsque quelqu'un surgit des buissons, faisant peur aux enfants qui se tenaient à côté.
- Yukine, je vais avoir besoin de toi !
Aussitôt, le blondinet se leva. Yato avait des feuilles dans les cheveux et l'air pressé.
- Que se passe-t-il ?, demanda Hiyori.
- Pas le temps de t'expliquer. Yukine, on y va !, s'exclama la divinité en jogging.
Persuadée qu'ils allaient encore risquer leur vie dans un combat contre des ayakashi, Hiyori courut derrière eux pour les suivre...abandonnant son corps au passage.
Elle ne les lâcherait pas, même si c'était dangereux.


« Toi qui commets l'affront de profaner la terre du soleil levant ! Moi, divinité Yato, je te détruis à l'aise de Sekki, et j'excommunie ta corruption ! Péris ! »
Hiyori arriva juste à temps pour le frapper à l'arrière de la tête.
- Non mais ça ne va pas !?
Yato détourna les yeux de son adversaire une minute ; ce dernier profita de sa distraction et enfonça la pointe de son épée dans le ventre mou du dieu vagabond.
- Aouch !, fit celui-ci, semblant se dégonfler comme un ballon.
- Arrête ton cinéma ! Cette épée est en plastique !, ronchonna l'adolescente en battant impatiemment de la queue.
Sekki changea d'apparence et redevînt Yukine. Il jeta un regard blasé à son maître, tandis que le petit garçon, effrayé par sa métamorphose, s'enfuit en courant, sa cape faite d'une couverture flottant derrière lui.
- C'est ça, fuis avant de devoir faire face à mon terrible courroux !, lança Yato, le poing levé.
Derrière lui, Hiyori ne lui prêtait pas la moindre attention. Elle rejoignit l'enfant :
- Dis donc, où sont tes parents ?
Le gamin haussa les épaules :
- Je suis un héros ! J'ai pas besoin de parents !
La jeune fille se tourna alors vers Yato :
- Il faut l'aider...
Le soit-disant dieu était en train de se curer le nez en lisant un journal froissé trouvé sur un banc.
- YATO !
Il sursauta et reporta enfin son attention sur Hiyori.
- Désolé, mais aucun dieu ne travaille gratuitement.
L'adolescente lui jeta un regard furibond, un brin déçue.
- Très bien. Alors nous retrouverons ses parents sans toi. Viens Yukine.
Le garçon, qui jusque là s'était contenté de regarder son amie et son maître en train d'interagir avec nostalgie, se leva d'un bond et suivit Hiyori, non sans jeter un dernier regard plein de pitié à Yato, qui faisait mine de n'en avoir rien à faire.
Cependant, une fois les jeunes hors de vue, il souffla par le nez d'un air exaspéré.
- Ah ça, j'vous jure, ceux-là alors ! Toujours à se mettre dans les ennuis !


Le temps qu'Hiyori retrouve son corps et qu'ils partent à la recherche des parents du petit garçon, le ciel s'était déjà assombri et les passant se faisaient de plus en plus rares dans les rues.
- On devrait peut-être aller voir la police, suggéra Yukine, hésitant.
La jeune fille s'accroupit près du garçonnet pour avoir les yeux à sa hauteur.
- Tu te souviens de où tu habites ?
Le gamin hocha doucement la tête sans la regarder.
Depuis son perchoir, Yato espionnait la scène. Il était tranquillement posé sur un feu tricolore et observait la situation, prêt à intervenir en cas de besoin. La créature à l'aspect enfantin lui jeta un regard noir – pas colérique, mais surtout sans iris ni sclérotique. Ses orbites étaient comme deux puits sans fond qui ne reflétaient rien.
Hiyori lui sourit, ne se rendant pas compte de à quoi elle avait affaire.
- Tu peux nous dire où c'est ? On va te ramener chez toi.
- D'accord, minauda le petit.
Il prit la main de l'adolescente et avança vers une ruelle plus sombre – évidemment. Yukine les suivit en traînant des pieds, les sourcils froncés. Il ressentait une nette anxiété ; cela ressemblait un peu trop aux circonstances dans lesquelles il avait été agressé par un ayakashi alors qu'il tenait compagnie au fantôme d'une petite fille. Il avait l'estomac lourd et le milk-shake semblait sur le point de lui remonter dans la gorge, l'emplissant d'un goût amer qui refusait de le quitter. Il avait l'impression que quelque chose se tordait dans son ventre, lui disant de faire marche arrière, de ne pas aller plus loin, comme s'ils approchaient d'un point de non-retour, d'une frontière qu'ils ne devraient pas franchir.
Il releva soudain la tête pour regarder la route déserte, le feu tricolore brillant dans la semi-obscurité. Il n'y avait absolument personne.


Peu à peu, Hiyori commençait à s'inquiéter, mais elle essayait de paraître calme. Il faisait vraiment noir à présent, et elle devrait rentrer bientôt si elle ne voulait pas que ses parents s'inquiètent.
La présence de Yukine la rassurait un peu, ce qui était idiot : étant la plus âgée, c'était elle qui avait la responsabilité de ramener tout le monde chez lui sain et sauf.
Elle ne comprenait pas la réaction immature de Yato, et son insistance à refuser de les aider. Avec ses pouvoirs, il aurait certainement pu ramener le petit garçon à ses parents en un clin d’œil.
Mais elle ne pouvait décidément pas lui faire confiance. Cela la rendait triste, parce qu'elle aurait aimé pouvoir compter sur lui, après toutes les aventures qu'ils avaient traversé. Elle croyait en lui, même si elle était peut-être la seule dans ce cas. Il avait toujours résolu les problèmes auxquels ils étaient confrontés, même quand il faisait mine de s'en moquer. Elle pensait réellement que derrière la façade de l'arrogance qu'il arborait, il y avait quelqu'un d'honnête. Même s'il disait que les dieux ne suivait pas de code moral, elle voyait bien qu'il était bon. Qu'il ne voulait pas faire de mal. Alors pourquoi n'était-il pas avec eux en ce moment ?
- C'est par là, on n'est plus très loin, déclara le garçonnet en pointant un chemin étroit encadré par des arbres noueux qui formaient une végétation très dense autour.
Il entraîna Hiyori mais Yukine la retînt en arrière, les doigts serrés sur son poignet.
- N'y vas pas.
La jeune fille se retourna :
- Hein ?
La pression sur son autre main se fit plus forte et elle gémit :
- Tu me fais mal !, dit-elle en se tournant à nouveau vers l'enfant.
Il darda sur elle ses yeux sans pupille, glacés.
- C'est par là, répéta-t-il.
Yukine joignit ses deux doigts :
- FRONTIERE !
Une ligne lumineuse apparut tandis qu'il la traçait, entre la créature et eux. Mais celle-ci n'attaqua pas. Elle se contenta de les observer.
- Je suis un héros. Je peux y aller tout seul si vous ne venez pas, s'exclama-t-il.
Puis il tourna les talons et s'enfuit sur le chemin, sa cape volant derrière lui.
- Qu'est-ce que...qu'est-ce que c'était ?, demanda Hiyori, pétrifiée.
- C'était un black eyed child, expliqua calmement la voix de Yato.
Les deux plus jeunes se retournèrent ; il avança vers eux, les mains dans les poches, comme si rien ne s'était passé.
- On en rencontre quelque fois, même si c'est rare dans nos contrées. Personne ne sait clairement ce qu'ils veulent, et bien que ce soit des hybrides cachés sur le seuil entre Higan et Shigan, ce ne sont ni des dieux, ni des ayakashi, un peu comme toi, Hiyori...
- Est-ce que ça veut dire qu'ils étaient humains ?, interrogea la jeune fille en pinçant les lèvres.
- Je ne pense pas, non. Mais qui sait ?, souffla Yato.
- En attendant, tu nous as espionné tout l'après-midi, mais tu n'es pas venu nous aider au moment opportun, balança Yukine.
- Argh ! Tu...tu m'as vu ?
- Et en plus, je parie que tu n'as pas eu le temps de t'occuper de ton client, pas vrai ?
La divinité écarquilla les yeux d'horreur :
- Oh NON ! J'ai oublié la multiprise électrique anti-tonnerre ! Vite, il faut que je retourne au centre-commercial !
Hiyori l'arrêta :
- Je dois en avoir une à la maison.
Yato la regarda comme si c'était la première fois.
- Tu es sûre ?
Elle esquissa un sourire.
- Je suis sûre.
- Alors allons chez Hiyori, conclue Yukine en croisant les bras derrière sa tête. Ce sera toujours mieux que de rester ici à se geler.
Hiyori lui prit la main, et le fixa d'un air très grave :
- Je te promets que la prochaine fois qu'on fera une balade, ce sera plus amusant !
Yukine ignora les grimaces et gesticulations de Yato derrière Hiyori, qui lui ordonnait silencieusement de s'écarter, et se pencha tout près avec un sourire.
- Promis ?
- Promis !
Et Yato de s'énerver, parce qu'encore une fois, il n'était pas invité. Hiyori se mit à rire, mais au fond, elle était contente.
Elle l'avait mal jugé : il s'était inquiété pour eux et s'était tenu prêt à les défendre en cas de besoin, mettant de côté sa mission pour les surveiller.
Cela lui faisait chaud au cœur, mais ce n'est pas pour autant qu'elle irait le lui dire.

Session 2014 : terminée

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Chers participants, j'ai le plaisir de vous annoncer qu'après de multiples péripéties, la session 2014 de la communauté est officiellement cloturée !
Nous remercions tous les participants et les pinch-hitteurs qui ont bien voulu rendre fanfics et fanarts.
A cause du retard accumulé, il n'y aura pas de "Qui est qui ?" cette année. Vous pouvez commencer à reposter vos fanfictions !

Aussi, je rappelle que si vous postez sur AO3, il y a une collection ouverte pour la communauté. (C'est évidemment sans obligation)
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