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[Fic] (con)fusion des êtres, Steven Universe, Pearl/Rose [de Nix, pour Mardi Gras]

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Titre : (con)fusion des êtres
Auteur : Nix (Participant 4)
Pour : Mardi Gras (Participant 24)
Fandom : Steven Universe
Persos/Couple : Pearl/Rose
Rating : G
Disclaimer : Tout appartient à Rebecca Sugar et CN.
Prompt : Pearl/Rose : Après avoir accueilli Garnet, Rose devient curieuse au sujet de la fusion, et expérimente avec Pearl. Peut-être qu'elle lui a demandé directement ; sinon, Pearl était immédiatement volontaire de toute façon. Et elle apprécie beaucoup l'expérience.
Détails supplémentaires faculatifs : je préfèrerais le point de vue de Pearl. Souhaiterait-elle rester ainsi en permanence comme Ruby et Sapphire ? Rose veut-elle expérimenter aussi avec d'autres personnes, et comment Pearl le prend-elle ? Quelles sont les opinions globales dans le groupe sur la fusion, y a-t-il d'autres tentatives ? Bismuth est-elle là ?
Notes : Je n'ai pas pu m'empêcher de mettre une touche d'angst, tout me venait plus naturellement ainsi. J'espère que j'ai bien répondu au prompt :)



Cela fait déjà plusieurs jours que Garnet est parmi elles. Et Pearl éprouve un étrange sentiment, à savoir que Garnet est une fusion, une vraie, entre deux gemmes différentes. Elle se demande ce que ça fait, de fusionner avec une autre. De former une nouvelle gemme. Tant de questions lui viennent à l'esprit - pourtant elle se tait.

C'est Rose qui finit par briser ce silence.

« Garnet est une jeune fusion mais elle est déjà si stable ! Ruby et Sapphire doivent s'aimer énormément pour parvenir à maintenir cette forme sans aucun problème. »

Il y a quelque chose dans le ton de Rose qui surprend Pearl. Cela ressemble à de l'envie, de l'admiration - de la curiosité. Pearl acquiesce doucement, sans répondre. Elle croit qu'elle sait où Rose veut en venir (où du moins elle sait ce qu'elle aimerait que Rose dise ensuite).

Des étoiles brillent dans les yeux de Rose. Sa curiosité n'a pas de bornes, et elle considère Pearl comme une véritable amie, malgré leur statut différent selon Homeworld. Il est bien simple de deviner la suite.
« Est-ce que tu voudrais essayer ? »

Pearl se lève d'un bond, comme une biche farouche. Une partie d'elle veut sauter au cou de Rose, hurler que oui, oui et encore oui. Elle en a rêvé si longtemps. Et Rose -Rose elle-même lui propose cela. Comment refuser ?

Mais aucun son ne sort de sa gorge sèche, tandis qu'une plainte muette monte de son cœur. Elle ne peut pas. Rose la regarde avec attention, souriante, attendant calmement sa réponse.

Pearl se détourne -elle ne peut pas dire ça à Rose en la regardant en face, non. Ses mains tremblent légèrement -d'excitation et d'émerveillement, parce que c'est Rose (Rose!) qui a proposé ; Rose veut d'elle, veut fusionner avec elle. Elle déglutit difficilement, cherchant ses mots.

« Je ne peux pas. » Elle ne bégaie pas. Il faut qu'elle soit ferme. Tu mérites mieux que moi, est ce qu'elle ne dit pas.

Elle s'éloigne rapidement, craignant la réaction de Rose. Il lui semble qu'il y a un étau autour de son cœur.

*

Pearl trouve Garnet près de la rivière. La fusion passe de longues heures à observer la nature. Tremper sa main dans l'eau, faire courir du sable entre ses doigts, attraper une grenouille, tout l'émerveille. Et parfois, elle s'interrompt en plein mouvement, frappée d'une réalisation soudaine. Elle regarde ses mains, ses bras, ses jambes, tout ce corps si étranger encore mais si vrai. Il y a des moments où Garnet se prend dans ses propres bras, heureuse d'exister.

Elle n'ose pas interrompre Garnet. Pas dans ces instants volés où Garnet peut enfin être elle-même, sans crainte de rien. Et puis elle intimide Garnet -un comble, mais pour l'instant ce n'est pas plus mal. Elles ne se connaissent pas assez pour se faire tout à fait confiance. Pearl ne peut pas se confier à elle ainsi.

Elle laisse Garnet à sa contemplation, et va se trouver un coin à elle.

*

C'est Rose qui vient la trouver. Elle pose une main sur son épaule, amicale et rassurante, et se met à parler. Pas de ce qui s'est passé, non. Rose parle de la beauté de la planète terre, de son envie de la protéger, et de l'explorer. Elle parle de tout, sauf de ça. Pearl écoute en silence, se détendant peu à peu. Elle n'avait pas remarqué à quel point elle était crispée. Mais le contact de Rose a toujours cet aspect magique, qui la fait se sentir mieux. Son pouvoir de guérison se limite-t-il vraiment aux larmes, quand le simple toucher de ses doigts agit comme un baume sur le cœur de Pearl ?

Elles sont toutes les deux perdues dans une clairière, parmi les herbes folles. Le vent bruisse doucement, et l'air a une senteur de pluie. Des nuages s'amoncellent lentement. L'orage va éclater. Pearl se demande s'il en sera de même pour la confusion qui emplit son esprit. Va-t-elle finir par ouvrir son cœur à Rose ?

Dire enfin les mots qui lui écorchent les lèvres ?

Une honte glacée la secoue. Il y a une voix dans sa tête qui lui dit qu'elle a déjà dépassé les limites de la bienséance, en croyant pouvoir se battre. Et se battre aux côtés de Rose Quartz, rien que ça.

Elle est si proche de Rose que leurs épaules se frôlent. Quelques jours auparavant, elle arrivait à ne pas se monter la tête, mais l'arrivée de Garnet a tout chamboulé. Elles sont déjà si proches. Pearl n'aurait besoin que d'un geste pour tenter de fusionner avec Rose. Et c'est insoutenable. Cette proximité physique, si rassurante et chaleureuse, alors que Pearl se sent à des années lumière de Rose.

Rose, qui la laisse agir à sa guise, qui l'a prise sous son aile, lui a appris à se battre. Rose, avec qui elle se permet tant de familiarités qui lui vaudraient d'être brisée. Rose, dont la simple vue l'emplit d'un sentiment plus intense que tout ce qu'elle a jamais ressenti.

Et malgré tous les discours de Rose, son enthousiasme charmant, et son assurance quand elle dit que Pearl est libre, et qu'elle est bien plus qu'un simple ornement, Pearl ne se sent pas à sa place. Pas ici, pas alors qu'elle se permet de manquer à tous ses devoirs de Pearl en agissant comme si elle était l'égale d'une Rose Quartz.

« Pearl ? »

Elle sursaute. Est-elle vraiment aussi pathétique et égoïste qu'elle se permet de s'apitoyer sur son sort au lieu d'écouter Rose ? (Pourtant il n'y a aucune colère dans les yeux de Rose, aucune déception. Juste de l'inquiétude.)

« Pearl, est-ce que ça va ? »

La voix de Rose est si douce, si réconfortante. Pearl a comme une envie de pleurer, et sa gorge se serre une fois de plus. Elle hoche la tête pour toute réponse. Rose a un petit sourire triste, et de sa main, elle effleure la joue de Pearl.

L'air est moite, lourd. Mais il n'y a aucune électricité dans ce contact, aucun choc. C'est doux, familier. Plein d'une affection qui tait son nom.

Pearl veut se blottir contre cette main. Elle veut enlacer Rose de toutes ses forces, comme elle a vu Ruby le faire avec Sapphire lors d'une des rares fois où elles n'étaient pas fusionnées. Pire, elle veut fusionner avec Rose. Elle n'a jamais rien voulu avec une telle force.

(Est-ce qu'elle s'entend seulement penser ? Une Pearl fusionnant avec une Rose Quartz. C'est ridicule. Quelle prétention de sa part. Elle le sait, pourtant, que c'est contre nature. Contre l'ordre social établi. L'ardeur de ses sentiments ne cesse pourtant de redoubler.)

L'orage éclate d'un coup. Rose ferme les yeux, souriant à la pluie qui mouille son visage, et Pearl n'a jamais été aussi reconnaissante envers la nature. Les larmes aux coins de ses yeux perlent comme la pluie le long de ses joues, insoupçonnées. A peine sont-elles plus salées.

*

Rien n'est comparable à la vision de Rose qui se bat. Sa grâce devient féroce, sa délicatesse devient technique. Son visage n'est obscurci d'aucun nuage, ses yeux sont limpides. Pearl y lit de la détermination, de la force, et de l'amusement aussi -car pour cette fois, tout n'est qu'un jeu. Garnet les regarde avec attention, mains jointes (Paume contre paume. Gemme contre gemme. Un geste si simple et si symbolique.) comme pour une prière.

Un énième détail que remarque Pearl, et qui la déconcentre. Elle maudit son incompétence en esquivant de justesse le coup de Rose. Elle invoque sa lance, et tente de la frapper. Le coup retentit sur le bouclier, et Rose s'apprête de nouveau à frapper avec sa modeste épée quand Pearl trébuche. Au lieu de la laisser tomber au sol, comme elle devrait, Rose fait disparaître ses armes instantanément, et rattrape Pearl d'un bras.

Garnet applaudit, et Pearl se sent rougir. Le souffle court, elle cligne des yeux plusieurs fois, détournant le regard de Rose. Elle sait qu'elle devrait se dégager de l'étreinte, mais elle n'en a pas la moindre envie. Elle peut s'accorder ça, n'est-ce pas ? C'est un geste insignifiant, même pas fait exprès !

« Ça va ? », demande Rose. Pearl acquiesce doucement, savourant la sensation des mains de Rose sur son corps.

Garnet s'approche d'elles, excitée. « Je l'avais prédit ! Enfin, j'avais vu que c'était une possibilité, mais je n'imaginais pas que ça allait vraiment arriver ! »

Rose rit, et c'est la chose la plus merveilleuse que Pearl ait entendu de sa vie.

« Vous aviez l'air de danser. »

Pearl lance un regard interrogateur à Garnet qui arbore un grand sourire.

« Quand vous vous battiez, je veux dire. On aurait dit une danse.

-Pearl est très élégante en combat, confirme Rose en souriant. »

Pearl rougit face au compliment.

« Quand Ruby et Sapphire ont fusionné la deuxième fois, elles ont dansé avant. »

Oh. Alors c'est là où Garnet voulait en venir. Pearl se mord la lèvre, légèrement embarrassée. Rose ne l'a toujours pas lâchée.

« Vous avez déjà... ? »

Garnet ne finit pas la question, mais elle n'en a pas besoin. Rose et Pearl savent pertinemment ce qu'elle ose à peine demander. Rose secoue la tête négativement, et répond dans un souffle. « Non, jamais. »

Le silence qui s'installe est gênant. Garnet ne sait pas où se mettre, embarrassée d'avoir mal interprété leur relation, et fuit leur regard. Rose sourit doucement à Pearl, sans aucun jugement. Pearl baisse les yeux, et se détache de l'étreinte de Rose.

Elle ne devrait pas rendre cela plus difficile que ça ne l'est déjà.

Mais Rose voit les choses d'une autre manière, elle le sait. Rose voit en elle un potentiel inédit. Elle la considère comme une confidente, une amie, une égale.

« Cela ne fait que quelques jours, mais comment te sens-tu ? » Rose demande à Garnet. « Qu'est-ce que cela fait d'être une fusion formée de deux gemmes différentes ? »

Garnet semble réfléchir quelques secondes. Elle jette un coup d’œil aux gemmes qui ornent ses paumes. Puis elle sourit. « Bien. Je me sens bien. Aimée. »

Pearl a le droit d'aimer Rose. Après tout, sa vie appartient à celle pour qui elle se bat. Tant pis si elle brise les lois de Homeworld, tant qu'elle peut être là pour Rose, et la servir. L'aimer n'est qu'une conséquence logique - si cela signifie qu'elle donnera tout pour elle, alors tant mieux.

Mais fusionner ? C'est une idée ridicule.

(Une idée ridiculement tentante, surtout. Mais Pearl préfère étouffer ces sentiments irrationnels. Rose sur un piédestal, et elle à ses pieds, comme cela doit être. Malgré les dires de Rose, elles ne peuvent pas être égales, pas quand Pearl doit tout à Rose Quartz.)

*

Pearl est au sol, vaincue. L'épée de Rose est plantée à côté d'elle. Rose lui tend la main pour l'aider à se relever. Elle semble inquiète. Leurs séances d’entraînement à l'épée stagnent, ces derniers jours. Pearl est distraite.

« Je suis désolée. Je n'aurais pas proposé cela si j'avais su que cela te perturberait autant. Je... pensais que tu le voulais aussi. »

Ce n'est pas ça ! Pearl veut crier. Je le veux, je le souhaite autant que toi, et plus encore !

A la place, seul un son étranglé franchit ses lèvres. Sa main s'arrête juste avant de saisir celle de Rose. Elle agit de manière insensée, n'est-ce pas ? A dissimuler ses sentiments à celle pour qui elle donnerait sa vie. Elle met en péril leur complicité, et donc leur cause.

Des larmes s'accumulent au coin de ses yeux alors qu'elle balbutie d'une voix maladroite :

« Je suis désolée. Tu mérites mieux que moi. Je ne suis pas... à ta hauteur. Une simple Pearl, fusionnant avec une Rose Quartz, ça n'a pas de sens. »

Une ombre passe sur le visage d'habitude si tranquille de Rose.

« Pearl ! Je t'en prie, ne dis pas ça ! Peu importe les lois dictées par Homeworld. Tu n'es pas sans valeur. Tu n'es pas qu'une décoration, qu'une servante. Et tu n'es pas n'importe quelle Pearl. » Rose lui tend la main avec plus d'insistance. Dans ses yeux, Pearl voit briller toutes les étoiles du ciel. « Ma Pearl, réponds-moi honnêtement. Veux-tu fusionner avec moi ? »

Oh, c'est vrai. Comment Pearl a-t-elle pu oublier ? Rose Quartz fait toujours ce qu'elle veut. Et elle veut Pearl, de la même manière dont Pearl la désire.

« Je le veux. »

C'est un cri du cœur, un espoir qui lui échappe. Pearl prend enfin la main de Rose. Elle pense au récit de Garnet, à la danse de Ruby et Sapphire, à leur joie, leur extase à l'idée de fusionner de nouveau, libres cette fois.

Elle a à peine le temps de se demander si Rose et elle vont danser, aussi, que Rose l'attire vers elle. Le moment où elles s'enlacent est celui où Pearl sent une félicité sans nom l'envahir.

...

Rainbow Quartz ouvre les yeux -elle en a quatre!- et éclate de rire.

*

Les premiers pas sont hésitants, mais Rainbow Quartz trouve vite son équilibre. Elle peine un peu à réaliser qu'elle existe vraiment. Elle sent tant d'affection venant de Rose et de Pearl. Venant... d'elle- même ?

Elle se sent bêtement heureuse. Elle marche, saute, exécute quelques pas d'une danse inconnue. Elle frémit en sentant le vent dans ses cheveux, la terre et l'herbe sous ses pieds.

Quand la nuit tombe, elle est toujours elle-même. Elle s'assied au pied d'un arbre, fredonnant. Quelques étoile sont déjà visibles.

« Je suis heureuse. »

Ce n'est pas vraiment elle qui parle, ni totalement Rose ou Pearl. Un peu d'elles trois sans doute.

« Je... on pourrait rester comme ça. Toujours. Comme Ruby et Sapphire. »

Je. On. Nous. Elles. Elle ne sait pas quel pronom utiliser. Garnet utilise je, et c'est ce qui lui semble le plus adapté. Mais elle hésite. Deux opinions divergentes la traversent d'un coup, et elle se sent sombrer.

« Qu'est-ce que c'était ? »

Pearl et Rose se font face, haletantes. Les yeux de Pearl sont remplis de larmes et d'une adoration sans bornes.

« Cette pensée, à l'instant... tu serais vraiment d'accord pour rester comme Garnet ? Demande Pearl.

-Peut-être pas toujours, murmure Rose Quartz, une fois de plus rendue soucieuse par le comportement de Pearl. Mais souvent. Qu'en dirais-tu ?

-Je ne sais pas. Je...

-As-tu aimé, au moins ? C'était...

-Magique. »

Elles ont prononcé ce mot en même temps. Elles sont si émues qu'elles ont envie de rire et pleurer en même temps. Leurs mains se trouvent et s'enlacent, leurs fronts se touchent. Rien ne pourrait troubler ni ce moment, ni l'affection qu'elles se portent.

« Expérience concluante ? Murmure Rose.

-Oui, souffle Pearl en fermant les yeux, et en s'abandonnant au contact familier de Rose contre elle. »

Et sans qu'elle ne s'en rende compte, Pearl pense déjà à la prochaine fois.

*

Garnet est ravie de rencontrer Rainbow Quartz. Les deux fusions s'entendent à merveille, et elles discutent aussi souvent qu'elle le peuvent.

Bientôt, sans y faire attention, Rose et Pearl passent plus de tant fusionnées que séparées.

Mais Rainbow Quartz sent toujours grandir un doute en elle, un doute que Rose et Pearl font de leur mieux pour ignorer.

Cette insouciance ne dure que quelques jours. Trop vite le moment vient pour les Crystal Gems de mettre fin à leur retraite, d'affronter Homeworld, et de crever l'abcès.

« Rainbow Quartz ne saura pas se battre face à Homeworld. Je ne peux pas accepter. »

Rose fronce les sourcils, et reste interdite pendant plusieurs secondes.

« Rainbow Quartz sait se battre, tu le sais aussi bien que moi.

-Là n'est pas la question ! »

Pearl a presque crié. Cela ne lui ressemble pas, et Rose s'en rend bien compte.

« Alors quel est le problème ?

-Si nous fusionnons, comment pourrai-je te protéger ? Je suis ton chevalier, ton bouclier. J'ai besoin d'être à tes côtés, de marcher devant toi pour te défendre. »

Rose est interloquée. « Tu n'as pas à aller aussi loin, Pearl. Je n'ai pas envie que tu te mettes en danger pour moi. »

Rose ne comprend pas, évidemment. Elle ne peut pas comprendre les raisons de Pearl. Ce pourquoi elle a été créée. Il y a tant de choses qu'elle aimerait dire. Les taire reste plus facile, pourtant.

« Rose. Laisse-moi faire cela pour toi, s'il-te-plaît. »

Rose ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais se retient. Elle hoche la tête, résignée, et a un sourire triste et aimant. Pearl se rapproche d'elle et joint leurs mains.

Rien n'est comparable à ça. Rien n'est comparable à Rose. Pearl aime sentir la peau de Rose contre la sienne. Elle aime que Rose la regarde, être au centre de son attention. Elle aime les frissons qui la parcourent alors qu'elles s'apprêtent à fusionner. Elle aime être spéciale aux yeux de Rose. Elle voudrait se rendre irremplaçable.

(Et si jamais Rose voulait fusionner avec d'autres gemmes, un jour ? Pearl essaie de ne pas trop y penser. Pour le moment, il n'en est pas question, de toute façon. Mais arrivera un moment où d'autres gemmes se joindront à leur cause, combattront à leurs côtés. Alors, que fera-t-elle ? Elle tente de noyer cette pensée dans l’œuf. Il n'y a pas de place pour le doute.)

« Je devrais aller voir où est Garnet, dit Rose. Lui parler de nos plans. »

Pearl la regarde se détourner. Elle voudrait suivre Rose, fusionner avec elle une fois de plus. Quelque chose lui dit cependant que cela n'est pas une habitude à prendre -trop tard. Elle veut s'abandonner toute entière à ses sentiments, laisser ses actes parler pour elle.

« Rose ! »

Rose se retourne, lui sourit, et Pearl déborde de joie. Qu'a-t-elle fait pour mériter l'amour et l'attention de Rose ?

« Je voulais juste te dire... Fusionner avec toi est le plus grand privilège qu'il m'ait jamais été donné. Je n'échangerais ça pour rien au monde. »

Pearl pourrait tomber à genoux, rester dans cette position à jamais. Que tout le monde sache qu'elle voue une dévotion sans borne à la rebelle Rose Quartz. Oui, pour Rose, elle affichera fièrement son statut de renégate, sans faire part de ses doutes à personne.

« Accompagne-moi voir Garnet. »

Rose a parlé si doucement que Pearl a l'impression d'avoir rêvé. Ce n'est pas un ordre, même pas une requête. Pearl lit la question dans ses yeux, incline sa tête pour signifier son accord. Elle rejoint Rose en courant presque, euphorique. Avec Rose pour l'accepter et l'encourager, il n'y a rien qu'elle ne peut accomplir.

La fusion est douce, heureuse. Pearl sent sa conscience reculer, faire place à une autre qui est l'incarnation de leur amour. Elle se sent bien ainsi, alors que leurs deux êtres se mêlent pour ne faire qu'un. Elle voudrait se fondre totalement en Rose Quartz, exister à travers elle seulement.

Elle pourrait passer toute sa vie ainsi, à faire partie de cette fusion délectable, qui la comble de joie. Confusément, une partie d'elle sait pourtant que cela ne peut être -mais cela n'a pas d'importance. Pearl restera toujours dans l'ombre de Rose Quartz, brûlant d'un amour sans fin.


Petit bond de la deadline

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Quelques personnes me l'ont demandé, d'autres pourront en profiter avec un soupir de soulagement : la date limite est déplacée de deux semaines, donc reportée au 14 septembre à minuit.

J'espère que vous ne me ferez pas attendre jusqu'au dernier moment, ceci dit ;-)

Bon courage pour l'écriture !

[Fic] De vraies vacances, Deux ans de vacances [de 4 septembre 1870, pour OrionXIsidore]

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Titre : De vraies vacances
Auteur : 4 septembre 1870 (participant 18)
Pour : OrionXIsidore (Participant 8)
Fandom : Jules Verne – Deux ans de vacances
Persos : Gordon, Briant, Doniphan
Rating : G
Disclaimer : Quelqu’un a dit : « Ce n’est pas parce que César est dans le domaine public qu’il ne faut pas lui rendre son manteau. » Non… Ce n’est pas tout à fait ça… Bref, merci à toi, Jules Verne !
Prompt : Deux ans de vacances : Doniphan, Gordon, Briant, Jacques, Moko… 
C’est bientôt l’anniversaire de Gordon et Doniphan et Briant sont décidés à faire preuve pour une fois de bonne volonté et de coopérer pour que ce jour sera une réussite. Mais est-ce que tout se passera vraiment comme prévu ? 
Genre : Humour, amitié
Notes : Ce prompt m’a beaucoup plu, mais au moment d’y répondre il m’a, hélas, complètement échappé, et j’ai bien peur d’avoir répondu à moitié à côté et à moitié à l’envers… J’espère que tu trouveras quand même dans ce bazar des bouts qui t’amuseront.


De vraies vacances


Un conclave – Discussion – Idée de Briant et de Doniphan – Le cadeau


La punition exemplaire de Dole, on l’a dit, fit définitivement passer le goût de la paresse aux plus jeunes et aux plus dissipés des colons improvisés. Ce triomphe de la discipline n’étouffa toutefois pas (et, serait-on tenté d’ajouter, fort heureusement) les velléités d’espièglerie qui sont la sève de l’enfance mais que les petits cherchaient, sans d’ailleurs penser à mal et d’un mouvement presque inconscient, à dissimuler aux grands.

Le dégel, la remontée du mercure et ses promesses d’exercice et de plein air, soufflèrent sur ces énergies une brise toute viride. Un matin où, ayant constaté que le sol de Sport-terrace, jusque-là détrempé par la fonte des neiges et trop boueux pour des travaux sérieux, commençait à sécher, Gordon se dirigeait vers Store-room pour discuter avec Moko de l’opportunité d’une expédition aux bois pour reconstituer le stock de combustible destiné au fourneau, il surprit à l’entrée du boyau qui conduisait à la grotte une étrange cérémonie.

Agenouillé dos à l’entrée et le front collé contre la paroi de roche râpeuse, Iverson paraissait se recueillir, entouré de ses camarades de jeu habituels, restés debout pour leur part. Jenkins tenait dans sa main droite une sorte de verge, son bois vert incrusté en son bout d’entailles collantes, et dans la main gauche un semblant de couronne tressée. De couleur brune, elle se composait, compte tenu de la saison, surtout d’épines. Face à lui, Costar et Dole entrechoquaient entre leurs doigts deux ou trois galets veinés aux formes géométriques qu’ils avaient récoltés sur les bords du rio Zealand.

Reproduisaient-ils quelque rituel primitif, à l’instar de ceux qu’aurait pu établir une tribu indigène à l’île, si celle-ci avait été peuplée avant le naufrage du Sloughi ? Se vengeaient-ils contre le garçon accroupi d’un crime qui n’aurait point encore remonté aux oreilles du chef de la colonie ?

L’arrivée de Service, qui émergeait du fond de la cave les bras chargés des premiers fruits confits qu’il avait voulu préparer à partir de baies hivernales sur lesquelles quelques lignes encore lisibles du journal de François Baudoin avaient attiré son attention, répondit aux interrogations silencieuses de Gordon. Suivant la coutume enfantine et avec les moyens du bord, les cinq garnements s’apprêtaient à célébrer le jour de la naissance d’Iverson. Gordon n’eut pas le cœur de les arracher à leur fête. Il se contenta de leur rappeler qu’ils seraient bientôt attendus dehors.

L’incident resta à la mémoire de Gordon et lui donnait à réfléchir. Quoique pleine de solidarité et baignant, à l’exception des rivalités dont nous avons déjà fait état, dans une belle camaraderie, la vie des anciens pensionnaires connaissait peu de festivités organisées. Cette sobriété de leur routine, que la situation rendait nécessaire, équilibrait le caractère et fortifiait des esprits juvéniles qui, encore malléables, auraient risqué de perdre dans ces circonstances déboussolantes la cohésion et la discipline procurées par l’éducation. Néanmoins, à trop vouloir égaliser le quotidien, ne finirait-on pas par diminuer la singularité de chacun des membres d’une colonie qui n’en dénombrait que fort peu ?

Toujours mesuré dans ses prises de décision, le sage garçon consulta ses deux camarades Briant et Doniphan, sur lesquels il pouvait compter pour offrir systématiquement des avis divergents.

« Ce n’est pas faire bon usage de notre responsabilité que d’habituer les petits à recevoir un traitement de faveur », fut prompt à répondre Doniphan.

Il s’était peut-être résigné à l’abandon des pratiques du faggisme comme une concession raisonnable aux rigueurs de la vie sauvage, mais il n’en restait pas moins convaincu que les privilèges ne devaient s’acquérir qu’avec l’âge et le mérite.

Conscient qu’exprimer une opinion contraire à celle du jeune Anglais attiserait dangereusement la flamme d’une hostilité qui cherchait chaque jour un prétexte nouveau pour s’embraser, Briant ne put cependant se retenir d’objecter :

« Mais une attention occasionnelle peut bénéficier grandement au moral collectif. Ils sont encore enfants, Doniphan, même si on leur demande d’être des hommes, et nous aurions tort de leur refuser un peu de réconfort. »

(Ainsi parlait cette âme bien née, elle-même si pauvre en années !)

« Peut-être, suggéra alors Gordon, pourrait-on choisir des prétextes moins personnels ? 

‒ Tu ne penses tout de même pas aux saints du calendrier ? »

Doniphan interrogeait Gordon, mais son regard s’était fixé sur Briant comme si le Français s’était déjà rendu coupable de pareille proposition.

« Je songeais plutôt, répondit calmement Gordon, à qui l’urgence dans la voix de Doniphan n’avait pas échappé, à créer quelques fêtes qui nous seraient propres. La colonie de l’île Chairman, dotée de sa géographie particulière, n’a-t- elle pas en outre une histoire ? N’avons-nous pas connu nos propres réussites, n’avons-nous pas nos propres découvertes à célébrer ? »

Nous avons déjà eu à plusieurs reprises l’occasion d’insister sur les différences de caractère
entre Briant et Doniphan, contraste où l’écart culturel avait renforcé l’inclination naturelle. Mais il demeurait une question sur laquelle les pensées des deux garçons convergeaient absolument : celle du retour. Fermement décidés à revoir la Nouvelle-Zélande et leurs familles, ils croyaient à la nécessité de quitter l’île dès qu’aurait été trouvé le moyen d’en partir. Tous deux tenaient donc à mettre un frein à celles des mesures voulues par Gordon qui allaient trop clairement dans le sens d’un établissement définitif sur l’île Chairman et menaçaient de faire oublier aux mémoires des plus jeunes ce dont ils avaient été privés. Fêter les anniversaires apparut donc soudain comme une excellente idée à Doniphan.

« À condition », précisa-t- il à Briant dès que Gordon, qui avait été appelé par les cris de Wilcox et les aboiements de Phann à l’orée de Bog-woods pour une urgente affaire de poudre et de plumes, se fut éloigné de quelques pas, laissant la conversation interrompue, « que soient aussi célébrés les anniversaires des grands, afin que les petits ne se trouvent pas seulement en position de bénéficiaires. » Briant, attentif à maintenir la paix, s’empressa d’approuver la proposition.

« Justement, camarade, le jour de la naissance de Gordon n’arrive-t- il pas bientôt ? Il me semble que c’était juste au sortir de l’hiver que son tuteur venait à la pension lui rendre cette visite un peu solennelle dont nous étions quelquefois témoins.

‒ Certainement, Briant, je crois que tu as raison.

‒ En tant que chef de notre groupe et par ses qualités, Gordon mérite cet honneur plus que tout autre et sa position confère à la célébration une allure presque politique qui l’embarrassera moins.

‒ Certaine impératrice de la Chine ancienne, ajouta doctement Doniphan, offrait aux familles nobles qu’elle souhaitait neutraliser de si somptueux cadeaux que celles-ci, ne pouvant répondre à cette offrande par un présent d’une égale richesse, s’infligeaient elles-mêmes un exil forcé. Sans pousser si loin l’artifice, notons que si nous concoctions pour Gordon une fête réussie, il se sentirait probablement obligé de perpétuer la tradition. »

Le rusé garçon omit de préciser à la fin de cet exposé que, de la sorte, Gordon veillerait au bon déroulement des anniversaires suivants et que cette surveillance garantirait les apparences d’une équité qui, minimisant les effets visibles de la popularité de Briant, apaiserait sa propre vanité.

Si Briant soupçonna ses craintes, il eut l’intelligence de n’en rien laisser paraître. Le sourire qu’il échangea alors avec Doniphan, une fois n’est pas coutume, vibrait de facétie. French-den connut, dans les deux semaines qui suivirent, une curieuse période de grâce. Une atmosphère de joyeux secret se faisait de plus en plus prégnante à mesure que Doniphan et Briant mettaient leurs camarades dans la confidence de leur projet.

Doniphan le premier avait fait remarquer qu’un cadeau, pour plaire à Gordon, se devait de satisfaire un but utile. Souhaitant y joindre l’agréable, Briant s’était alors rappelé d’une ingénieuse invention qu’il avait pu admirer en Europe : plusieurs des commerçants de son ancien quartier, pour raccourcir le temps perdu en courses quotidiennes, avaient décidé d’investir dans une draisienne.

Si Briant n’avait d’ailleurs observé l’objet que de loin, son frère Jacques, fasciné par tout ce qui sortait de l’ordinaire et portait en graine la promesse d’un amusement, s’était quelquefois aventuré sur le cadre de bois de ces véhicules rudimentaires, mais pratiques. Ces tentatives s’étaient soldées par plusieurs chutes spectaculaires et parfois douloureuses, car Jacques à l’époque n’était pas bien grand et parvenait à peine à se hisser sur les plus petits de ces modèles pour adultes, mais Briant espérait que le souvenir de ces aventures ranimerait les esprits, toujours si incompréhensiblement abattus et mélancoliques, de son frère.

Il n’en fut rien, mais les souvenirs et les conseils de Jacques permirent à Baxter de sculpter les parties les plus délicates, selle et guidon, dans les bois que Doniphan avait personnellement sélectionnés, tandis que Briant orchestrait le montage.

La machine, une fois finie, ne permettait rien de la mobilité qui fit le succès du vélocipède inventé, quelques mois plus tard seulement mais à l’autre bout du monde, par un serrurier parisien.

Qu’importe ! Dans l’histoire de la colonie Chairman si chère à Gordon, la construction de cette draisienne ne marquerait aucune révolution des moyens de locomotion. Mais elle resterait associée, dans le souvenir des pensionnaires, à la première et peut-être à la plus fructueuse des trêves entre Briant et Doniphan.

[Fic] Éducation sentimentale en fa majeur, Richard et Galavant [Aonach Dubh, pour Dulce Jeans]

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Titre : Éducation sentimentale en fa majeur
Auteur : Aonach Dubh (Participant 14)
Pour : Dulce Jeans (Participant 9)
Fandom : Galavant
Persos/Couple : Richard, Galavant
Rating : G
Disclaimer : Galavant appartient à ses créateurs.
Prompt : Richard(/)Galavant + Éducation sentimentale post incident de la licorne.
J'ai trouvé hautement improbable que Richard, le novice absolu des plaisirs de la chair, ne profite pas de l'expertise de Galavant pour tenter d'en faire son mentor. Du coup, j'aimerais bien voir Galavant un peu forcé de faire l'éducation sentimentale de son ami et tenter de faire de Richard un véritable tombeur - à la demande insistante de ce dernier. Peut devenir ship ou rester en friendship, pas vraiment obligé de dépasser le PG-13.
Bonus : Il y a toujours moyen d'inclure du comique de situation, des clins d'oeil brisage de 4e mur ou de l'humour, c'est Galavant après tout. Aussi possibilité d'inclure un Richard sur le ace spectrum et/ou à Galavant d'expliquer en quoi être vierge/ne pas avoir de désir/etc. n'est pas une tare - le but n'est pas que Richard perde sa virginité à la fin.
Notes : Se passe à la fin de l'épisode 2 de la saison 2, avant que Richard ne découvre la disparition de son château. J'ai tâché de développer l'idée d'un Richard sur le ace spectrum et de pousser jusqu'au bout l'absurdité même des licornes, surtout comme elles sont expliquées dans la série.



C'était une belle matinée de printemps à l'heure où verdit la campagne (soit, approximativement, neuf heures du matin), comme l'avait joliment dit un poète de Valencia. Deux voyageurs traversaient ladite campagne. Le premier avait le pas altier et la fière mine d'un héros. Le second, malgré sa barbe luxuriante et son pourpoint brodé, avait le regard traqué d'un homme aux abois. Il ne cessait de se retourner pour surveiller le bois derrière eux.
-Pour l'amour de..., finit par crier Galavant, Richard, te me rends fou à te retourner sans arrêt ! Tu as des chaussures parfaitement réparées, une épée neuve et on a de la nourriture pour des jours. Qu'y a-t-il de si intéressant là-bas ? Tu as oublié quelque chose au village ?
-Rien, absolument rien, répondit Richard d'une voix peu assurée. J'ai juste cru...
-Quoi ?
-J'ai l'impression... qu'on est suivis.
Une main sur son épée, Galavant se retourna et observa avec attention le moindre recoin d'ombre sous les arbres et chaque épi de blé tremblotant. Il finit cependant par éclater d'un rire soulagé et rengaina avant de reprendre sa route.
-Il n'y a personne entre nous et ce patelin. Juste un cheval blanc dans un champ.
Richard blêmit et accéléra le pas.
-Très bien, je me suis trompé. Allons-y. Plus loin on sera de ce village à la nuit tombée, mieux ce sera.
Galavant le frappa sur l'épaule d'une claque qui se voulait amicale mais faillit le faire tomber par terre.
-Voilà une mentalité qui fait plaisir à voir ! Fini les jérémiades, te voilà un vrai aventurier ! Il ne te manque plus que l'odeur, la prestance et une fille à chaque bras !
Le héros ne remarqua pas la grimace que fit Richard derrière lui. Ils reprirent leur marche vers le château de Richard, suivis de loin par une licorne immaculée. Richard était parfaitement conscient qu'elle les suivait mais n'osait plus se retourner pour vérifier. A tort ou à raison, il avait honte de cette filature.
Il réussit à ne pas aborder le sujet qui le préoccupait pendant quatre héroïques heures avant de craquer. Trois fois les deux voyageurs s'étaient arrêtés pour boire de l'eau à un puits ou une source et à chaque fois des bergères, paysannes et quelques bergers aux yeux rêveurs s'étaient attroupés pour contempler Galavant et soupirer derrière lui. Richard aurait tout aussi bien pu être son cheval qu'ils ne lui auraient pas accordés plus d'attention. Même s'il avait porté sa couronne et ses plus beaux atours, ces plébéiens n'auraient quand même vu que la poitrine musclée et bronzée du chevalier, parfaitement mis en valeur par sa chemise trempée qui lui collait aux pectoraux. Au quatrième arrêt et à la quinzième donzelle qui glissa son numéro de chaumière dans le haut de chausse de Galavant, Richard craqua.
Bien sûr, il le fit avec la subtilité d'un crieur public à une veillée funéraire. Il arracha à Galavant le seau qu'il tenait et le traîna aussi loin que possible de la foule de ses admirateurs.
-C'est bon, j'en ai assez. Comment est-ce que tu fais et est-ce que tu pourrais arrêter pour en laisser un peu pour les autres ?
Galavant lui jeta un regard interloqué.
-De quoi parles-tu ?
-De toute cette... séduction, précisa Richard avec un vague geste en direction des paysans. Tu bois et dix pécores se jettent à tes pieds. Tu entre dans un bar et on te supplie en chanson de tomber ta chemise et ta veste. Comment tu fais ?
Le héros regarda plus attentivement le rassemblement et il hocha la tête, comprenant enfin.
-Je n'avais même pas remarqué. Les gens ont tendance à se comporter comme ça autour de moi. C'est mon charme naturel.
Richard grinça les dents. Il avait envie de se jeter à la gorge du héros, mais leur programme avait déjà du mal à décoller et ce serait pire s'il tuait ce bellâtre et que la série devait être rebaptisée « Richard ».
-Je vous déteste toi et tes parfaites pommettes et ton parfait sourire. Comment est-ce que cela peut être aussi facile pour toi et aussi dur pour moi ? Tu as séduit Madalena juste en lui souriant et en tendant un bouclier de marguerites alors que tout mon or et mon amour n'a pas suffi.
-Il faut croire que j'ai ce qu'il te manque, se vanta Galavant en gonflant sa poitrine comme un paon.
-Des muscles en acier trempé ?
-Certes, mais surtout, je suis suave. Les femmes – et les hommes – aiment la prestance, le charme. Il faut savoir être tendre dans le moindre de ses gestes. Il faut donner à l'autre l'impression qu'il ou elle est le plus admirable joyau sur lequel on a posé les yeux et que c'est nous qui sommes chanceux de l'avoir et pas le contraire.
-Et c'est comme ça que tu as séduit Madalena et Isabella ?
Ayant vu le baiser de Galavant avec la seconde, Richard était dubitatif. Galavant hocha négativement la tête.
-Non, j'ai réussi à séduire Madalena car elle aime le sexe et les cadeaux et j'ai séduit Isabella malgré le fait que je sois un imbécile. Je suis doué pour séduire, moins pour faire tomber les gens amoureux.
Richard avait toujours eu envie d'être amoureux. Ce devait être fantastique de se tenir par la main, de s'embrasser et de langer dans la même pièce sans s'insulter. Et « le » faire devait être phénoménal. Oui, il avait hâte d'être amoureux. « Le » faire sans l'être devait être fade comme du pain sans graisse de porc.
D'un autre côté... Il y avait cette diablesse de licorne qui traînait dans un coin, prête à le ridiculiser. La séduction sans sentiments ferait l'affaire.
-Galavant, apprend moi à séduire, cria-t-il en le saisissant par les épaules.
Le héros soupira en se frottant les oreilles.
-Pas ici en tout cas, tu es grillé. Très bien, je vais t'apprendre. Avec un peu de chance, on a encore le temps pour une séquence avant la fin de l'épisode. Sinon tant pis, ils couperont au montage.
Galavant passa un bras par dessus les épaules de Richard, l’entraîna vers la route et se mit à chanter.
-Pour commencer tu dois
avoir confiance en toi,
tu dois bomber le torse,
cesser de faire le morse.
Soigne tes atours
pour soigner tes amours.
Souris à pleines dents
et rentre-leur dedans.
La belle a l’œil volage,
attire-la par ton plumage.
Le bougre a l’œil rêveur,
montre-lui ton ardeur.
Si elle a l’œil qui brille,
s'il sort de sa coquille,
le tour est déjà joué,
tout finit sur l'oreiller.
-Mais une fois au lit comment assurer ?
Si inexpérimenté, j'ai peur de tout rater.
-Être dépucelé à cinquante ans
n'a certes rien d'évident,
mais on peut te trouver
une belle attirée
par les mèches argentées
ou un vieux briscard
monté comme un drakkar
pour lever tes jambes aux cieux
dans un moment licencieux.
Je ne vais pas prendre de gants,
tu es un débutant.
Ce sera une catastrophe,
tu auras les pétoches,
Je les ai eu aussi :
on ne devient pas bon en une nuit.
Il faut de la patience
avant d'avoir l'assurance
- et le talent aussi -
pour une étreinte réussie.
Galavant s'arrêta pour reprendre son souffle.
-On reprend en prose, cette marche en côte m'a épuisé. Je peux plus chanter comme à mes vingt
ans.
-A qui le dis-tu... Des fois j'ai un point de côté au bout de quelques notes.
-On s'arrête au prochain puits pour faire une pose. D'ailleurs, ce sera peut-être l'occasion de tester la théorie pour passer à la pratique.
L'estomac de Richard resta noué jusqu'au dit puits. Il n'était pas prêt. Il écouta attentivement chaque conseil de Galavant mais bien vite ceux-ci s'embrouillèrent dans sa tête. Il devait sourire, d'accord, mais comment ? Et qu'est-ce que cela voulait dire, rire de manière sexy ? Richard connaissait le rire machiavélique, le rire « je sais que ma blague est mauvaise, mais riez avec moi ou je vous fait tous exécuter », le rire « je fais semblant de vous apprécier mais je complote votre assassinat », le rire « pitié ne me tuez pas » mais pas le rire sexy. Si au moins il avait pu s’entraîner devant un miroir, mais non son professeur voulait lui faire faire directement des travaux pratiques. Il était mauvais dans ce genre d'exercice. Il lui avait fallu six séances de trois heures pour apprendre à ranger son épée dans son fourreau sans la faire tomber quand il était petit. Son frère avait passé tout ce temps à ce moquer de lui. Le souvenir continuait à l’embarrasser encore aujourd'hui et voilà que Galavant commençait à parler d'épée et de fourreau comme métaphore pour « la chose ». Maintenant, Richard était sûr de perdre tous ses moyens lors de sa première fois.
Quand ils arrivèrent en vue d'un puits où une demi-douzaine de bergères nourrissait leurs troupeaux, Galavant donna à Richard leurs deux gourdes vides et le poussa légèrement en avant.
-Je t'ai enseigné les bases, maintenant va-y champion et rend nous fier !
Richard s'avança jusqu'au puits en essayant d'ignorer la sueur qui perlait le long de sa colonne vertébrale et le contenu de son estomac qui menaçait de remonter. Il respira, plaqua son plus royal sourire sur ses lèvres et aborda les bergères. Tout allait bien se passer. Il ouvrit la bouche pour répéter la phrase d'approche de Galavant « si j'avais su que de telles beautés se cachaient à l'ombre d'un puits, j'aurais depuis longtemps quitté mon château pour me désaltérer ».
L'une des filles pouffa en le regardant. Richard en oublia sa réplique. Il ouvrit la bouche mais au lieu d'une remarque suave, il proféra de la voix la plus grave et menaçante trois mots.
« Bien, bien, bien. »
-Et bien, c'était une catastrophe.
-Je sais, soupira Richard, assis au sol, sa tête dans ses mains.
-Je n'ai jamais vu quelqu'un se saborder soi-même comme ça. Je ne savais même pas que c'était possible. Je veux dire, ta phrase d'ouverture n'étais déjà pas bien brillante, trop menaçante, mais c'était rattrapable. Un mauvais départ, c'est classique chez les débutants.
Richard gémit.
-Je suis pitoyable.
-Un peu, répondit gaiement Galavant. Surtout lorsque tu as glissé et que tu as failli te rompre le cou sur la margelle du puits. Mais là encore, tu pouvais sauver la situation.
-Vraiment ?
Cela semblait assez peu crédible. Une des paysannes passa près d'eux avec son troupeau. Elle pouffa et même ses chèvres paraissaient se moquer de Richard.
-Faire appel à la pitié des femmes marche parfois, clarifia Galavant sans aucune considération pour l'ego écorché du roi. Bon, peut être pas quand on leur explique qu'on ses fait cocufier en réussissant même à aider sa femme à trouver des occasions de le faire, sans même s'en rendre compte. C'est un coup à attirer d'autres Madalena.
Perspective terrifiante. Richard gémit de plus belle.
-Donc je suis définitivement foutu.
-Mais non. On fera un deuxième essai plus loin, avec moins de personnes. Apprendre à séduire, c'est comme apprendre à monter à cheval, il faut remonter juste après la chute sinon on risque d'être trop effrayé pour recommencer.
-Je le suis déjà.
-Oui, ça c'est vu, surtout quand tu t'es mis la tête dans le seau pour que personne ne voit à quel point tu étais rouge.
Ils restèrent assis sur le talus un long moment à contempler les moutons. Les dernières bergères s'en allèrent avec leurs troupeaux, sans doute pour propager la honte de Richard.
-Pourquoi cette obsession soudaine pour devenir un tombeur ?, finit par demander Galavant. Ce n'est pas seulement Madalena qui te trotte dans la tête. Il s'est passé quelque chose au village ? Quelqu'un s'est moqué de toi ? Il fallait me le dire, je m'en serais occupé.
Richard n'eut pas le loisir de répondre. Dotée d'un sens de l'à-propos dévastateur, la licorne apparut à l'horizon. Elle hennit et se cabra pour bien faire luire sa corne au soleil. Il n'y avait aucune chance que Galavant ne se pose pas des question. Le héros fronça les sourcils tandis que ses yeux multipliaient les allers-retours entre la licorne et sa victime.
-Je veux juste qu'elle arrête de me suivre, confessa Richard. Je suis sûr que ça l'amuse. Je n'avais jamais eu honte d'être vierge avant qu'elle ne débarque. D'accord, c'est un secret que je n'avais pas envie de voir se propager, mais je n'avais pas honte non plus. Pourquoi est-ce qu'elle fait ça ? Je suis sûr que ça l'amuse.
-J'imagine qu'elle était à la foire ?, soupira Galavant sans se moquer. De vrais nuisibles ces licornes, mais les enfants adore et ça rapporte plus d'argent que les ours aux forains. Qu'as dit son éleveur exactement ?
-Que les licornes sont attirées par les gens purs de corps. Il a ensuite précisé que cela voulait dire ceux n'ayant jamais été avec une femme.
-Donc coucher avec un homme ne fera rien, bon à savoir. Si ça avait été le cas on aurait peut-être pu régler le problème facilement. Bizarrement la plupart des licornes n'ont aucun problème avec l'homosexualité masculine, au contraire. Par contre, elles détestent les lesbiennes.
-Quoi ?
La conversation prenait une tournure qui laissait Richard pantois.
-De vraies pestes je te dis. J'ai perdu ma virginité à quinze ans parce que je ne supportais plus qu'une de ces parasites me suivent. J'ai passé un très bon moment mais rétrospectivement je n'aurais pas dû. Je manquais encore un peu de maturité et de recul et à refaire, j'aurais attendu. J'ai même connu une chevalière qui était suivie en permanence par neuf licornes. Elle adorait faire l'amour avec des hommes mais à cause de son escorte on la surnommait la Blanche Pucelle. Aucun homme n'osait plus l'approcher de peur de lui faire perdre son surnom et ses anciens amants savaient qu'on ne les prendrait pas au sérieux s'ils disaient la vérité. Elle a fini par trouver une jolie vivandière et elle a couché avec elle au milieu des bois sans jamais cesser de fixer ces sales canassons. Ils l'ont laissé tranquille après ça. Elle n'était plus pure.
-Mais ça n'a aucun sens. Pourquoi serait-on moins pur pour avoir couché avec une femme et pas avec un homme ?
-Ça reste des animaux, même magiques. A leurs yeux ça doit avoir du sens. Elles aiment que les femmes soient pures de corps et d'esprit donc elles aiment les hommes puceaux car ils n'ont jamais touché de femmes.
-Et tu ne trouve pas ça ridicule un cinquantenaire puceau ? Tu me conseilles de faire comme cette dame ?
-Non. Richard, tu es un type sincère et honnête derrière ta grosse voix et malgré le fait que tu ais été le roi le plus cruel des Sept Royaumes. Les aventures sans lendemain, ce n'est pas pour toi. Tu es un grand romantique. Ne te force pas à coucher à droite et à gauche parce qu'une licorne te mets la pression. Et même si tu es amoureux, ne te force pas. Le sexe n'est pas la condition de l'amour, ce n'est qu'une de ses composantes possibles. Rejette toute personne qui te dirais le contraire. Compris ?
Richard ne réussit qu'à hocher la tête, toujours interloqué, mais aussi passablement soulagé d'entendre ce discours. Ces dernières paroles surtout lui ôtaient un grand poids de la poitrine et de l'estomac. « Le » faire semblait soudain bien moins terrifiant. C'était juste quelque chose à essayer pour voir si on aime, comme une nouvelle couronne.
-Bien, repris Galavant. Maintenant, on doit se dépêcher de rejoindre ton château et d'aller sauver Isabella. Mais quand on aura fini, je te promet qu'on retournera à la Forêt Interdite. Je te garantis que cette saleté sera trop heureuse là bas pour penser encore à te suivre. Et d'ici là, je proclamerais haut et fort que c'est moi qui suis puceau et que je me réserve pour Isabella. Je me sais assez doué au lit pour ne pas me sentir menacé dans ma masculinité. D'ailleurs, la seconde partie n'est pas un mensonge.
Ému aux larmes, Richard se précipita dans les bras de Galavant. La licorne hennit des encouragements.
-Toi, va mourir, la menaça Galavant tout en cherchant à se décoller de Richard.

[Fic] Quelque chose de grandiose, Rogue One, team [d'Aonach Dubh, pour Lady Tuxedo Mask]

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Titre : Quelque chose de grandiose (partie 1)
Auteur : Aonach Dubh (Participant 14)
Pour : Lady Tuxedo Mask (Participant 25)
Fandom : Rogue One
Persos/Couple : Jyn/Cassian, Baze/Chirrut, Bodhi, K2
Rating : G
Disclaimer : Rogue One appartient à ses créateurs.
Prompt : Jyn/Cassian et Chirrut/Baze, AU Everyone Lives/Nobody Dies. Ils ont survécu à Scarif, mais de justesse et non sans d’irréversibles blessures (perte de membres, brûlures, problème de mémoire…). Rogue One est donc obligé de passer plusieurs semaines cloué dans les lits de l’infirmerie de la Résistance pendant que les autres s’affairent. Des liens très forts se sont crées et continuent à se développer alors qu’ils en apprennent plus sur la vie des uns et des autres pour faire passer le temps. Comment vivent-ils le fait d’être sur la touche ? Comment chacun se remet de cette expérience ? Que fait-on de sa vie alors que l’on avait pas prévu de survivre ?
Facultatif : Si la fic couvre les événements des films Star Wars avec la rencontre avec Leia, Luke et Han.
Notes : J'ai centré le texte surtout sur les débuts de l'hospitalisation de Rogue One pour permettre le parallèle avec Un nouvel espoir. J'espère que ceci te plaira !



Ils n'allaient pas survivre songea Jyn tout en se laissant tomber sur le sable fin de Scarif. Elle l'acceptait avec fatalité. Déjà, une vague de mort et de dévastation se dressait à l'horizon. Finalement, heureusement que son père était déjà parti. Il serait mort de chagrin s'il avait su que sa création avait tué sa fille. La jeune femme comprenait soudain que son père était mort en paix, malgré ses blessures, parce qu'il avait vu et qu'il savait que son message avait été entendu. Jyn était prête à mourir elle aussi. Elle avait des regrets (tant de choses qu'elle aurait du faire, qu'elle aurait du dire) mais ce qui dominait en elle, c'était la certitude d'avoir bien agi, peut-être pour la première fois de sa vie. Elle se serra contre Cassian, étrangement sereine. Il lui rendit son étreinte et ils fixèrent en silence la vague de débris qui devait les engloutir. Déjà la poussière les noyait dans un brouillard sinistre. On ne voyait plus la mer ni le ciel. Ils étaient au milieu de la dévastation et c'était le dernier paysage qu'ils contempleraient jamais.
Le bruit était déjà tel qu'ils faillirent ne pas entendre le bruit de moteur au-dessus de leur tête. Les deux rebelles redressèrent la tête au-même moment et l'espoir jaillit à nouveau dans leur cœur, bien malgré eux. Les impériaux n'étaient pas du genre à chercher des survivants au milieu de leur fuite. C'était la rébellion.
Sans savoir comment, ils trouvèrent la force de se redresser et d'hurler pour qu'on les repère. La poussière qu'ils avalèrent les fit tousser, les forçant à se contenter de grands gestes. Heureusement, ce fut suffisant. Une navette noire de petite taille se mit en vol stationnaire juste au-dessus du sol à une faible distance. Ils coururent, terrorisés et à l'agonie, se soutenant l'un l'autre. Jyn trébucha dans le sable, à quelques mètres de la navette, entraînant avec elle Cassian qui hurla à la mort. Ils étaient déjà exténués et un vent s'était levé, charriant les débris. Ils ne pouvaient pas se redresser. Il leur fallu ramper et s'agripper à la rampe de chargement pour monter à bord. Jyn y parvint non sans mal mais Cassian n'avait plus assez de forces. Ses mains ne parvenaient pas à saisir assez fermement la rampe de métal pour pousser le reste de son corps dessus. De grosses mains l'attrapèrent finalement aux épaules et le hissèrent à bord. Baze était couvert de sang et de brûlures mais il trouva tout de même la force d'appuyer sur un bouton pour relever la rampe. Il hurla au pilote de déguerpir et alors seulement il s'autorisa à s'évanouir, glissant doucement le long de la paroi de métal.
Bodhi, pria mentalement Jyn, faites que ce soit Bodhi qui pilote mais toute son énergie s'était envolée. Elle voulait se bouger pour aller vérifier mais ses jambes tremblaient trop pour le faire. Elle ferma les yeux et sombra dans l'inconscience, juste après Cassian.
Les embardées de la navette de parvinrent pas à les tirer de leur sommeil de mort, alors même qu'ils sont propulsés d'un bout à l'autre de la cabine. Il fallut une sirène stridente comme l'empire les aimait tant pour sortir Cassian de sa torpeur. Il refusa d'écouter son corps qui le suppliait de rester immobile et se redressa pour regarder autour de lui. Jyn reposait inanimée, le visage ensanglanté. Elle ne l'avait pas au moment où ils étaient monté à bord. Lui-même sentait une bosse monumentale prendre naissance derrière sa tête, souvenir des tonneaux effectués par la navette pendant son inconscience. Baze était tout aussi immobile que Jyn et reposait dans son propre sang, mort peut-être. Un seul passager s'était vu épargné les plaies et bosses liées au décollage et c'était Chirrut. Baze l'avait assis et attaché avant leur fuite de Scarif mais il ne paraissait pas en meilleur état que son compagnon. Son visage était couvert de sang séché et tous deux sentaient la chair brûlée et le sang. Dans un coin reposait la carcasse de K2. Cassian ne parvenait même pas à imaginer comment celui-ci avait réussi à quitter la tour étant donné les trous qui perçaient son thorax d'acier. Tous avaient besoin d'une aide urgente. Cassian aurait voulu avoir le temps et l'énergie de chercher un kit de secours, mais il ne pouvait même pas se permettre de vérifier qu'ils respiraient encore. Il était beaucoup plus urgent de s'occuper de cette alarme. A contrecœur, le capitaine les abandonna donc pour avancer en boitant vers l'échelle et monter dans la cabine de pilotage. Sa jambe gauche menaçait de s'effondrer sous lui à chaque pas. Chaque inspiration devenait douloureuse avec ses côtes cassées, deux au moins.
La cabine sentait le sang et la chair brûlée elle aussi. Cassian ne savait pas ce qui s'était passé au sol pendant que Jyn, K2 et lui investissaient la tour, mais c'était probablement un miracle si leurs compagnons étaient encore en vie. S'ils l'étaient. Le capitaine découvrit Bodhi Rook à moitié effondré sur les commandes. Sa veste en lambeaux collait à son dos sanguinolent. A travers la vitre, on pouvait distinguer une planète qui lui était familière. La bonne nouvelle, c'était qu'Hoth était inhabitée et jamais fréquentée par les impériaux, au point que l'Alliance pensait y implanter une base un jour ou l'autre. Malheureusement, ils étaient bien loin de Yavin IV et il n'y avait à l'heure actuelle aucune présence rebelle sur Hoth.
En entendant Cassian entrer, le pilote releva la tête.
-Fais un saut à l'aveugle, expliqua-t-il d'une voix pâteuse. Plus de propulsion, les moteurs sont morts. Et il y a eu du dégât au décollage, peut être des fissures. Il nous faut de l'aide, vite.
Les communications étaient du côté du copilote, trop loin pour que Bodhi les atteigne sans se lever. Il n'en avait probablement pas la force, d'où l'alarme. Cassian s'avança et s'effondra en gémissant sur le fauteuil tandis que Bodhi désactivait l'arme. Il n'était pas familier avec ce type d'appareil et questionna Bodhi du regard. D'une main, celui-ci lui désigna les commandes à actionner successivement. On pouvait voir un os saillir à travers les plaies et les cloques de sa main. Cassian laissa ce problème de côté et se concentra pour entrer ses codes de transmission de l'Alliance.
Tout d'abord, personne ne lui répondit. Cassian s'efforça de ne pas paniquer. Toutes les lignes devaient être utilisées à cause de la bataille de Scarif. Il avait heureusement un autre code, prioritaire. Il n'était censé l'utiliser que pour des nouvelles stratégiques vitales et urgentes mais après ce qu'ils venaient de faire pour la rébellion, sans être sûr d'être suivi et aidés, Cassian estima que Rogue One était un problème vital et urgent pour la rébellion. Il tapa le second code.
Cette fois-ci, un grésillement léger résonna dans la pièce. Cassian saisit le micro, tremblant et récita ses codes d’identification.
-Ici Rogue One, expliqua-t-il ensuite. Besoin d'aide urgente, nombreux blessés, transport inutilisable. Nous sommes en orbite stationnaire au-dessus de Hoth. Je répète, besoin d'aide urgente.
Par précaution, il répéta deux fois le message et finit par entendre un très faible « reçu » au-dessus du bruit de statique. Soulagé, il se laissa tomber en arrière dans le fauteuil et sombra à nouveau dans l'inconscience, persuadé qu'il n'en ressortirait pas. Tout ce qu'il espérait, c'était que son appel ait été envoyé à temps pour sauver au moins un de ses compagnons.
Si la Force était réelle, elle leur devait bien ça.

Chirrut est le premier à s'éveiller, brièvement, lorsqu'on dépose son corps meurtri sur un brancard. Autour de lui, tout n'est que frénésie mais le Gardien est en paix. Il sent la Force tout autour de lui et la présence de ses amis. C'est en souriant qu'il se laisse partir à nouveau.
Baze est réveillé dans le transport médical par une douleur immense dans le bras et l'épaule. Il entend un bruit strident dans ses oreilles et pas grand chose d'autre. Il n'arrive pas à ouvrir les yeux. Trop de sang collé à ses paupières. Deux paires de bras le maintiennent à terre et il pense que ça y est, l'empire les as trouvé et commence à les torturer comme il a torturé ses frères, comme il a torturé Chirrut. Ils vont le briser cette fois, et Jyn et Cassian et anéantir ce qu'il reste de Bodhi. Baze hurle et se débat mais il est fermement maintenu sur place par les épaules. Il frappe de la tête et entend un craquement douloureux. Il a cassé le nez d'un de ses tortionnaires au moins. Quelqu'un hurle d'augmenter la dose. Très vite, Baze est à nouveau immobile et les médecins se remettent à leur pénible tâche.
Cassian n'a pas sa chance. L'Alliance exige un rapport sur les événements de Scarif, leurs informations sur la bataille étant au mieux parcellaires. Les médecins, eux, ont des dizaines de questions à poser sur les causes des blessures de chaque membre de l'équipe. Quand Cassian s'éveille à moitié lors du transport, ils se mettent à l'interroger. Il reçoit juste assez d'antalgiques pour tenir à distance la douleur et doit supporter la vue des plaies des autres. Il ne pourra jamais oublier les cris de Baze. Il finit le voyage dans un état second, trop abruti par la douleur et les médicaments pour comprendre ce que lui dit Mon Mothma lorsqu'elle lui serre la main juste après l'atterrissage. Quand on le pousse dans l'infirmerie et qu'il voit les cuves à bacta, il éclate en sanglots.
Bodhi est maintenu sévèrement sous sédatifs pendant l'essentiel du voyage mais l'équipe médicale a sous-estimé la quantité d'équipement à prendre pour s'occuper de Rogue One. A contrecœur, les docteurs baissent progressivement la dose de sédatif de chaque patient avant l'arrivée. Le choc de l'atterrissage réveille Bodhi. Il balbutie « je suis le pilote » en boucle jusqu'à ce qu'on l'endorme à l'entrée du bloc opératoire.
Jyn ne se réveille pas une seule fois.


L'infirmerie de la base est en effervescence dès l’atterrissage du vaisseau de secours. L'Alliance a rameuté en urgence quelques uns de ses meilleurs docteurs disséminés d'habitude dans des bases secrètes aux quatre coins de la galaxie. En temps normal, bacta, pansements et médicament sont sévèrement rationnés, mais cette fois-ci l'Alliance est prodigue avec ses ressources. Elle a trop besoin de héros.
Même ainsi, il est déjà presque trop tard pour les cinq survivants de Scarif lorsqu'ils sont amenés dans l'infirmerie. Vingt heures se passent, vingt heures d'opérations et de bains de bacta prolongés avant qu'un médecin n’annonce au conseil de l'Alliance « une issue probablement favorable ». Le conseil se congratule presque, comme si ses membres étaient eux-même responsables de la survie de Rogue One. Ils parlent déjà de récompenses, de médailles, réfléchissent à l'influence que leurs actes peut avoir sur d'éventuels réticents à rejoindre l'Alliance. Le médecin ajoute alors avec un mépris flagrant pour leur pensée politicarde qu'il ne faut pas cependant envisage d'exhiber rapidement ces héros sur un podium. Ils ne sont pas encore réveillé et rien ne garantit qu'ils pourront se rétablir complètement. Il y a trop de complications possibles.

Cassian est finalement le premier à ouvrir les yeux, quelques heures après être sorti de la cuve de bacta pour la seconde fois. Il lui semble que son corps n'est que plaies et chaque respiration est douloureuse. Il essaie de bouger pour réveiller ses muscles endoloris mais s'arrête quand il réalise la souffrance que cela cause dans toute sa jambe gauche. Avec incrédulité, il réalise que toute cette douleur signifie qu'il est en vie et en sécurité. C'est le petit matin sur Yavin IV mais son réveil génère aussitôt un attroupement du personnel présent. Le chef médecin, une twi'lek entre deux âges finit par chasser ses subordonnés pour l'ausculter en silence. Cassian se laisse faire, pas encore assez éveillé pour protester. D'ailleurs, il connaît assez le docteur Nankusa pour savoir qu'il se sert à rien d'essayer d'échapper à un diagnostic complet et qu'il n'aura aucune réponse avant qu'elle ait fini.
Intérieurement pourtant, il bout d'impatience. Peut lui importe son état, tout ce qu'il veut c'est savoir si ses frères d'armes s'en sont tirés.
-Comment vous sentez-vous ?, finit par demander le docteur.
-J'ai été plus mal, reconnaît-il, mais pas de beaucoup.
-J'imagine. Trois côtes cassées, des brûlures liées à des impacts de blaster, un léger traumatisme crânien sans compter un poumon perforé... La liste est longue. Si j'ai bien lu votre témoignage juste après que l'on vous ai secouru, vous avez été touché par des tirs de blaster et vous êtes tombé cinq à dix mètres plus bas ? Vous avez de la chance d'avoir survécu à cette chute.
Comment répondre à part en hochant la tête ? Il n'en revient pas lui-même.
-Mes camarades ?, finit-il par questionner.
-Dans le même état, peu ou prou, élude le docteur. Ce n'est pas le sujet pour le moment, je n'en ai pas encore fini avec vous. Vous êtes au repos complet capitaine. Je vous vois vous lever ou essayer de faire le moindre mouvement que je ne vous ai pas autorisé et je vous ligote dans votre lit et je vous isole. Votre seul souci doit être votre rétablissement. N'essayez pas non plus d'avoir des nouvelles de l'extérieur. Les seules informations qui vous parviendront seront celles que je jugerais sans risque pour votre santé.
-Je doute fort que mes supérieurs acceptent de rester longtemps...
-Ils se tiendront loin s'ils veulent récupérer leurs héros autrement que dans des cercueils.
Son ton implacable convainc Cassian du sérieux de son état. Il se laisse examiner sous tous les angles par une douzaine de médecins différents. Il répond à toutes les questions qu'on lui pose sur la mission, même si il ne peut expliquer que les causes des blessures de Jyn et les siennes propres. Il ne pose lui-même aucune question alors qu'elles se bousculent dans son esprit. Où sont les plans, comment va Jyn, où est K2, a-t-on trouvé la faille, comment vont Baze et Chirrut, comment va Bodhi, où sont les plans, qui d'autre a survécu, qui est mort, où sont les plans. Au lieu de cela, il écoute les médecins lui expliquer que son poumon perforé a causé un pneumothorax qui a été saisi à temps mais qu'il devra faire très attention les prochaines semaines avec ses côtes cassées pour ne pas aggraver la situation. Enfin, deux infirmiers lui planifient des séances de bain de bacta, de la rééducation pour son genou et on lui répète dix fois qu'il a de la chance d'être en vie. Dix fois il hoche la tête sans rien dire. La onzième fois, il cède à la colère.
-Je sais bien que j'aurais du y rester et que je ne récupérerai probablement pas entièrement de mes blessures. Vous croyez que c'est la première fois que je suis blessé au combat ? Mais il est hors de question que je fasse quoi que soit de plus avant d'avoir vu mes camarades.
Cette diatribe le laisse épuisé, le souffle court. Sa poitrine le lance, comme si on l'avait poignardé. Malgré ses dires, il a quand même minimisé son état si hausser légèrement la voix le laisse si mal. Ses infirmiers, un zabrak et une humaine, hésitent mais un docteur les interpelle depuis l'autre bout de la pièce.
-Ce sont ses hommes, bien sûr qu'il allait exiger de les voir, à quoi vous vous attendiez ? Laissez-le faire, qu'on puisse commencer son traitement !
Ce ne sont pas ses hommes mais ses caparades. S'ils sont les hommes de quelqu'un, ils sont ceux de Jyn qui les as réuni autour de sa cause, mais cela ne concerne pas ces gens. Cassian ne proteste pas, soulagé que son souhait lui soit accordé. Avec un luxe de précaution, il est redressé dans son lit. A deux reprises il retient un gémissement de douleur de peur qu'on lui refuse finalement de voir le reste de l'équipe. Enfin, on le fait rouler jusqu'au lit du Chirrut, le plus proche.
Sur sa couche, l'homme est livide. On l'a intubé et il est couvert de pansements de bacta et de bandages sur les bras. Le plus pénible à voir, c'est l'espace vide en dessous de son genou gauche.
-Un caillot sanguin, explique le médecin sans épiloguer. La prochaine fois que vous partez en mission suicide, faites-moi plaisir, prenez un médecin avec vous.
C'est contraire à l'idée même d'une mission suicide. D'ailleurs, l'Alliance manque déjà bien assez de médecins pour en gaspiller sur le terrain. Cassian n'essaie même pas de lui expliquer ça. Il se contente d'opiner et de demander qu'on le conduise auprès du blessé suivant.
Jyn est allongée un peu plus loin, plus pâle encore que Chirrut si possible. Elle n'a pas l'air grièvement blessée. Son épaule est couverte de bandages et il un énorme hématome pourpre s'étale sur sa tempe.
-Elle va bien, murmure rapidement le zabrak. Il ne reste qu'à attendre son réveil.
Il est difficile de mentir à un espion. Les mots de l'infirmier en révèlent plus qu'il ne le pense. Jyn devrait déjà s'être réveillée. Ses blessures sont insignifiantes comparées au reste de l'équipe. Il y a un problème, mais, délibérément, les infirmiers passent très vite devant elle pour empêcher Cassian de poser trop de questions. C'est qu'ils n'ont pas vraiment de réponses à lui apporter.
Baze, de l'autre côté de la pièce, est à peut près dans le même état que Chirrut, même si Cassian n'a vu l'étendu des blessures d'aucun des deux hommes. A part ses yeux, sa bouche et son menton, son visage entier est couvert de bandages. Un moignon de bras repose au-dessus de sa couverture. Quand à Bodhi, il offre un spectacle pitoyable dans la pièce voisine. Il est encore dans une cuve de bacta, le visage tourné vers l'autre côté de la pièce. Son dos et ses bras sont une énorme plaie à vif, couverte de brûlures et d'entailles. Rien qu'à le voir, Cassian sent à nouveau la chair brûlée comme à l'intérieur de la navette. Il ferme les yeux pour ne rien voir d'autre, pour ne pas voir ses mains surtout et se laisse rouler en silence jusqu'à sa place dans l'infirmerie.
Les deux infirmiers déroulent les rideaux pour laisser au capitaine un peu d'intimité. Aussitôt seul, Cassian se met à sangloter en silence. Pourquoi avoir survécu si c'est à ce prix ? Pourquoi eux et pas les autres ? Il aurait du mieux préparer la mission. Sûrement qu'il aurait pu convaincre plus de monde et... Il laisse s'échapper un rire désabusé. Trouver plus de volontaires n'aurait sans doute contribué qu'à augmenter le nombre de morts. Il ferme les yeux et se force à mettre tout cela derrière lui, comme après chaque mission. Rien n'a changé finalement. Un haut le cœur le saisit. Par réflexe, il se redresse et vomit sur le sol. La douleur dans sa poitrine est aussitôt insoutenable et manque de le faire tomber au sol.
L'infirmier zabrak, resté de l'autre côté du rideau, se précipite pour lui tendre une bassine et l'aider à se redresser. Cassian le remercie du regard seulement, trop occupé à vomir puis à retrouver son souffle. Il y a du sang dans sa bouche et sur le sol. Le docteur Nankusa accourt pour vérifier l'état de ses côtes quand le zabrak s'en apperçoit et l'appelle. Après l'avoir aidé à se ralonger, elle secoue ses lekku d'un air désabusé et soupire.
-Il faudra vous remettre dans le bacta quelques heures plus tôt que prévu, mais ça aurait pu être pire. Remarquez, ''ça aurait pu être pire'' résume assez bien votre état général à tous de toute façon. Vous voulez les grandes lignes ? A vous cinq vous avez trois membres en moins, une dizaine d'os cassés, des brûlures au premier, deuxième et troisième degré, une déchirure musculaire, un poumon percé et trois traumatismes crâniens. La dernière fois que j'ai vu autant de blessures sur si peu de personnes, on venait de libérer un camp de prisonnier impérial. Et je vais vous dire ce que j'ai dit à ces survivants. Vous allez tous vous en sortir parce que vous êtes trop butés pour qu'il en aille autrement.
-Même Jyn ? La femme, elle n'était pas gravement blessée. Pourquoi est-elle tojours inconsciente ?
-Traumatisme crânien. Elle va finir par se réveiller, mais impossible de dire quand et quelles seront les séquelles. Le matériel que nous avons ici pour les scanners cérébraux est vétuste. J'ai demandé à ce qu'on mette ça en haut de la liste des fournitures de première nécessité.
-Et Chirrut ? Pourquoi est-il intubé ?
-Selon nous, il a été trop prêt d'une explosion et propulsé en avant sur le sol. Cela a causé un hémotorax – un épanchement de sang dans la cage thoracique – et il a fallu l'intuber par précaution pour rétablir une bonne oxygénation. On devrait lui enlever d'ici quelques heures, il se rétablit à un bon rythme selon nos dernières observations.
-Et K2 ? Un droïde, il était dans la navette avec nous.
-Je n'ai pas entendu parler de droïde, mais on ne gère pas ce genre de problème ici. Je me renseigne à la première occasion. Autre chose ?
Cassian hésite avant de penser à quelque chose d'autre. Il se rappelle d'une scène dans le vaisseau de secours et des cris et menaces de Baze.
-Baze et Chirrut, les deux jedhans, pouvez-vous les rapprocher l'un de l'autre ? Si Baze se réveille sans pouvoir immédiatement s'assurer de l'état de Chirrut... Je crains sa réaction.
-C'est celui qui a cassé le nez du médecin qui essayait de voir si on pouvait encore sauver son bras ou s'il fallait l'amputer ? Il vaut peut être mieux les rapprocher oui. Mais je vais aussi l'attacher et garder de quoi le calmer à portée de main.
Le conseil n'a pas été donné une minute trop tôt. Quelques minutes après le déplacement de lit, alors que Cassian finit l'ignoble gruau qui est la seule nourriture qu'on lui autorise pour l'instant, un grognement signale le réveil de Baze. Tout comme Cassian, ce n'est pas la première fois qu'il se réveille dans une infirmerie. Avant même d'ouvrir les yeux il reconnaît des bruits familiers et, les premières secondes, il pense être sur Jeddha. Il s'attend à ouvrir les yeux pour voir Chirrut souriant à ses côtés d'un air amusé et exaspéré à la fois. Puis, d'un coup, il se souvient. NiJedha est morte. Il se souvient aussi d'explosions et de crois dans l'obscurité (les siens ? Ceux de Chirrut?)
-Il se réveille.
-Bon. On va peut être avoir des réponses.
Baze fait partie des survivants de son ordre, éradiqué par l'Empire dès les premiers mois de son existence. Il a été mercenaire et assassin les années qui ont suivi. Ce n'est jamais bon d'entendre ces mots. Ils signifient en général interrogatoires et torture. Baze ne réfléchit pas davantage. Il ouvre les yeux, se redresse et lève le bras droit pour frapper l'homme à son chevet tout en planifiant déjà la suite. L’assommer, lui prendre son arme, s'occuper de l'autre homme de l'autre côté du lit, les achever pour éviter qu'ils ne somment l'alerte, trouver Chirrut, trouver les autres, fuir. Son plan est stoppé net quand son geste est arrêté par des lanières sur le torse qui le clouent au lit mais surtout par une terrifiante constatation.
Son bras n'est plus là.
-Votre ami est de l'autre côté, l'informe aimablement le docteur penché au-dessus de lui sans paraître perturbé par sa violence.
Sans plus se soucier de lui, Baze se tourne. Chirrut est là, oui. Blessé, inconscient mais vivant et pour la première fois depuis très, très longtemps, Baze remercie la Force.
-Je vais vous détacher et vous allez pouvoir vous redresser très lentement, poursuit le médecin. On rapprochera votre lit du sien quand je vous aurait examiné. Votre capitaine est déjà éveillé au fait.
Baze étouffe un ricanement. Ce n'est pas son capitaine, s'il appartient à quelqu'un c'est à Chirrut et vraiment, ces gens n'ont pas vu la manière dont Cassian Andor regarde Jyn s'ils croient que c'est lui qui dirige leur groupe. Ce n'est pas sa vision qui lui a donné vie. Il se contente donc de saluer du menton le capitaine rebelle qui observe la scène depuis son lit à l'autre bout de la salle. L'homme est dans un sale état, vu sa respiration laborieuse et son teint livide, mais il survivra. De l'autre côté de la pièce, il distingue Jyn allongée et Bodhi dans une cuve de bacta, mais ses yeux reviennent sans cesse vers Chirrut. Il est trop pâle et trop couvert de cicatrices à son goût. L'absence d'un membre sous les couvertures est flagrant, mais secondaire. Il respire normalement. C'est l'essentiel.
Sachant qu'il n'a aucun moyen de l'éviter, Baze laisse le personnel de l'infirmerie l'ausculter et lui faire les recommandations de rigueur pendant une bonne heure. Faire attention, éviter les mouvements brusques, ne pas toucher à ses pansements de peur d'avoir des cicatrices,... Il les écoute à peine. Il a conscience de la gravité de ses blessures. Son visage le brûle sous les pansements de bacta, son bras manquant le démange, il a des bourdonnements dans l'oreille gauche qui l'empêchent presque de se concentrer. Sa jambe droite le démange, on lui apprend qu'elle est cassée et dotée d'une attelle pour l'aider à se consolider. Peut importe. De toute façon, il ne respectera pas leurs ordres. Dès qu'il sentira que son corps est en état, il se lèvera et recommencera l’entraînement. Il n'a jamais laissé une blessure le retenir et ce n'est pas à son âge qu'il va commencer. Après tout, il doit protéger Chirrut.
C'est là qu'il réalise l'hideuse réalité. Il a un bras en moins et rien ne garantit que l'Alliance rebelle soit prête à payer pour une prothèse. Il a passé l'âge de cinquante ans, ses articulations commencent à le faire souffrir et ses réflexes se font moins bons même s'il refuse de le reconnaître à haute voix. De plus, l'empire sera tôt ou tard à la poursuite des membres de Rogue One, trouver des contrats de mercenaire pour payer une prothèse risque d'être presque impossible à court terme. Combien de temps avant qu'il ne puisse plus nourrir Chirrut ?
-Tu dois t'apprendre à cesser de t'en faire mon ami. La Force pourvoira à tout.
Le soulagement que ressent Baze en entendant cette voix calme et douce est indicible. Il n'as qu'une envie, se précipiter pour le prendre dans ses bras, mais ni l'un ni l'autre n'aiment les démonstrations publiques d'affection. Ce qu'ils ressentent n'a jamais concerné qu'eux d'eux. Il se contente donc d'un grognement qui n'est pas tout à fait un assentiment.
-Et bien pour l'amour de la Force, ajoute-t-il d'un ton bourru, je te prierai d'éviter de faire croire à ces docteurs que tu découvres que tu es aveugle, sinon je sort de ce lit et j'achève le travail de l'empire.
Normalement, à ce stade d'une de leurs discussions d’hôpital c'est le moment où Chirrut rit doucement et commence à séduire le personnel médical et à minimiser ses blessures. Il est cette fois étrangement sérieux et silencieux.
-Baze ?, finit-il par demander d'un ton incertain. Tu ne dis rien ?
Le sang se fige dans les veines de Baze et Cassian. Personne n'ose dire un mot dans la pièce. Lentement, presque en tremblant, Chirrut bouge sa main pour taper à deux reprises sa tempe, juste à côté de son oreille. Ses yeux s'écarquillent. Jusque là, il avait été suffisamment abruti par les médicaments pour qu'il ne se soit pas rendu compte qu'il n'entendait pas le bruit de sa propre voix.
-Je suis sourd alors, finit-il par murmurer sans que sa voix ne tremble.
Baze l'admire pour cela même si lui a envie de pleurer.
-Pas forcément, répond un docteur en commençant à examiner ses oreilles, plus pour le bénéfice de Baze et Cassian que pour celui de Chirrut. Ce peut être une surdité temporaire liée à une explosion. Si je me fie à vos brûlures à tous les deux, vous avez été pris dans une explosion j'imagine ?
-Deux. J'ai des bourdonnements dans l'oreille gauche et j'ai l'impression que les sons sont un peu étouffés.
-Alors on va regarder ça de plus près.

L'équipe médicale s'active autour des trois hommes, leur laissant peu le loisir de parler. Ils sont traînés tour à tour pour des examens minutieux avant d'être ramenés vers les cuves de bacta pour une nouvelle immersion de quelques heures. Baze et Chirrut ont à peine le temps de se frôler le bout des doigts avant d'être à nouveau séparés et plongés dans le bacta. Dans les cuves, le patient n'est pas systématiquement endormi, surtout s'il sort d'une inconscience prolongée. Le séjour dans le bacta est presque reposant car dépourvu de souffrance pour les trois hommes. Le temps y semble cependant vite long.
Chirrut médite. Il n' jamais eu tant de mal à le faire, même après la chute des jedi et la destruction du temple de NiJedha. Sa cecité lui a paradoxalement aidé à appréhender la Force d'une façon qu'il n'imaginait même pas et il sait que c'est une épreuve qu'elle lui a envoyé pour le préparer. Mais à quoi ? Ces derniers jours, il s'est persuadé qu'elle le forgeait pour la mission de Jyn et il a pressenti sa mort toute proche. Alors pourquoi a-t-il survécu ? Vers quelle autre destinée le dirige la Force ? Son cœur se serre. Est-ce cela une épreuve de la Force, ne plus jamais entendre Baze, ne plus avoir que son toucher et son odeur pour se baigner dans son amour ? Dans quel but ? Il inspire et expire mais n'entend que le silence. Impossible de rester concentré.
Baze essaie de méditer, pour la première fois depuis des années. Il n'y arrive pas, mais il n'a jamais été très doué pour ça, même quand il était Gardien. Son inquiétude et son sentiment de culpabilité sont trop forts, alors même qu'il sait que le second n'a pas lieu d'etre. Il ne pourrait pas sauver Chirrut de lui-même.
La scène se rejoue en boucles dans son esprit. Il revoit Chirrut se retournant vers lui, avec ce très léger sourire, comme pour s'amuser de son manque de foi sans jamais le lui reprocher. Il entend le coup qui l'a propulsé au sol alors que lui est resté figé, paralysé d'horreur. Il a couru comme il ne se savait plus capable de courir. Il avait retourné le corps de Chirrut, s'attendant à le trouver mort ou mourrant. Chirrut avait l'air étonné lui aussi d'être en vie. Le tir n'avait fait que le frôler mais sa tunique était poisseuse de sang avait réalisé Baze en le redressant avant qu'une seconde explosion ne les fasse voler à quelques mètres de là. Du shrapnel avait transpercé son bras. Baze l'avait arraché et pansé sommairement pour saisir son arme et défendre chèrement leurs vies même s'il savait que l'issue serait fatale. Bodhi avait surgi à ce moment là dans un vaisseau différent que celui avec lequel ils avaient atterri. Il avait tiré sur les stormtroopers et s'était posé. Baze avait saisi Chirrut dans ses bras aggravant ses blessures au point de se déchirer un muscle. A bord, il avait sécurisé Chirrut qui s'était évanoui et s'était précipité dans le poste de pilotage pour aider le pilote.
Au final, il n'est pas surpris d'avoir perdu son bras, juste étonné de n'avoir perdu que ça. Il avait fallu une succession de miracles pour qu'ils soient là où ils étaient. Bien sûr, Chirrut appellerait ça la Force. Pour la première fois depuis des années, Baze se demande s'il a raison. Mais est-il prêt à croire à nouveau ?
Cassian hait par dessus tout les cuves de bacta. Certes, son genou ne lui fait pas mal pour l'instant et il peut bouger sans souffrir, même s'il doit toujours prendre garde à sa poitrine. Cependant, Cassian a toujours trouvé ses cuves oppressantes. Il n'y a rien d'autre à faire que réfléchir et il ne veut penser ni au passé, ni au présent, ni au futur. Il s'est tellement préparé à mourir sur Scarif qu'il n'arrive pas à imaginer un avenir. La seule idée de redevenir l'homme qu'il a été, l'espion solitaire et implacable, le frigorifie. Il ne tiendra pas six mois avant d'être abattu à cause d'un manque d'attention ou de se tirer une balle dans la tête. Seule sa dévotion pour la cause l'en a empêché jusqu'ici. Tout son avenir se joue autour d'une seule question. Rogue One a-t-elle un avenir en tant qu'équipe ? Il faut déjà que les autres le veulent. Il faut surtout un accord venu d'en haut. Cassian se force à arrêter d'y penser. Il ne veut pas réfléchir à l'avenir car, pour la première fois depuis son enfance, il se prend à le rêver. Il ouvre les yeux. A travers l'épaisseur du bain de bacta et de la vitre, il distingue Jyn allongée à quelques mètres de lui, toujours inanimée. Après ça, il a du mal à les refermer.
Quand ils sortent des cuves, les trois hommes sont si fatigués qu'ils s'endorment à peine installés sur leurs lits.

Au réveil, ils se sentent frais et alertes comme jamais, malgré leurs blessures. C'est leur première nuit complète depuis longtemps après tout. On a rapproché leurs lits, pour faciliter les soins ou pour leur rendre les prochaines journées plus supportable. La première pensée des trois hommes est pour Jyn et Bodhi. La première est toujours inconsciente, le second a été sorti de la cuve et repose dans un lit en face de celui de Baze.
-Il s'est réveillé un moment à l'aube, explique une infirmière tandis qu'elle refait les bandages de Cassian. Il délirait à moitié et tenait un discours incohérent. Mes collègues lui ont donné un léger sédatif pour qu'il finisse la nuit au calme. Vous voir lui fera beaucoup de bien.
C'est tout ce qu'ils espèrent mais Baze et Chirrut échangent un regard dubitatif.
-Son état mental semblait s'améliorer après l'arrivée sur Yavin, note Cassian une fois qu'ils sont seuls. Mais je ne suis pas sûr que ce soit définitif.
-Déjà rencontré des victimes de torture ?
-Je me suis déjà retrouvé devant une sonde d'interrogation impériale.
Cassian omet de préciser qu'il a également été une fois ou deux celui qui tenait l'instrument de torture. Les choses qu'il a faites pour la Résistance...
-J'ai vu des choses aussi, en tant que mercenaire et qu'assassin, reconnaît Baze sans complexe. Je n'ai jamais vu quelqu'un dans l'état de Bodhi.
-J'en parlerais au docteur Nankusa pour qu'elle sache à quoi s'attendre, mais je me fais peu d'illusions. L'Alliance a toujours manqué de personnel médical et plus particulièrement dans le domaine psychiatrique.
-Jyn sait quelque chose je pense. Je l'ai vu quelques fois fixer Bodhi d'une drôle de manière. Chirrut le pense aussi. Il a dit qu'il sentait de la culpabilité en elle quand elle regardait Bodhi. De la colère et de la répugnance aussi.
Cassian se sermonne mentalement. Il fait un piètre espion s'il n'as pas vu ça, peut importe l'effet que lui fait Jyn. Il faut espérer que Baze et Chirrut aient raison. Bodhi est le seul témoin survivant de son propre supplice. Le questionner à ce sujet pourrait l'en libérer comme empirer la situation. Cassian n'est pas prêt à prendre de risque.
-On l'aidera, finit-il par conclure. On les aidera, quoi qu'il advienne.
Leurs regards se tournent vers Chirrut. Allongé dans son lit, immobile, il est presque impossible de dire s'il dort ou s'il médite. Seules les rides de tension sur son front trahissent son inquiétude. Le cœur de Baze se serre de le voir ainsi sans pouvoir le toucher pour l'assurer de son amour.
-Il s'en sortira, dit Cassian en tâchant maladroitement de rassurer cet homme qui a le double de son âge. Il n'est pas du genre à se laisser abattre, n'est-ce pas ?
-Des fois, j'aimerais qu'il le soit. Ce vieux fou finira pas se faire tuer à force de refuser de faire profil bas.
L'inquiétude et l'affection sont presque palpables dans sa voix. Cassian comprend ce qu'il n'a pas eu le temps de voir pendant leur chasse frénétique des plans de l'Etoile Noire. Ces deux-là ne sont pas frères d'armes, ou du moins pas seulement. Il y a une histoire là derrière que Baze ne dit pas. Pourtant, en parler pourrait le détourner provisoirement de ses angoisses. L'indiscrétion est fort heureusement fermement ancrée dans tout l'être de Cassian.
-Vous êtes ensemble depuis longtemps ?
Le vieux guerrier hésite à répondre. Il aime à garder son intimité mais Cassian est leur frère d'are et leur as sauvé la vie. Un autre les aurait abandonné sur Jedha. D'ailleurs, le jeune homme expose tellement son cœur à vif dans chacun de ses regards vers Jyn que Baze peut bien faire de même un instant.
-Dix huit ans, à quelques mois près.
-Depuis l'occupation de Jedha ?, calcule Cassian.
-Et la chute du temple. Les Gardiens font vœux de célibat. L'empire nous aura au moins permis de nous libérer de ce carcan inutile. Comme si Chirrut ne pouvait pas être le meilleur des Gardiens parce qu'il était en couple. Mais il voulait respecter ces règles et je l'ai attendu. Je n'ai jamais fait que ça. Quarante ans à supporter ses frasques et son impétuosité.
-Mes condoléances, s'amuse Cassian.
-Attends qu'il mette la main sur une canne ou sur une prothèse, le menace Baze du doigt, et je te garantis que tu devras lui courir après toi aussi. Je baisse ma garde pendant cinq minutes et regarde où j'en suit.
Ils restent à nouveau silencieux, ramenés à la dure réalité et reportent leur attention sur le déjeuner qu'on leur a apporté un peu plus tôt. Ni l'un ni l'autre n'a faim, mais ils ont hâte d'avoir repris assez de force pour bouger.
Chirrut est le seul à ne pas manger. Il cherche désespérément à retrouver son équilibre mental. Le silence persistant où il se trouve l'angoisse. Il se souvient des premiers temps de sa cécité, juste après l'empire. La voix de Baze l'a aidé autant que la Force lui a donné un centre sur lequel se focaliser. Cette fois, il n'a plus que leur présence lointaine. Ce ne devrait pas être si dur. Si au moins il pouvait être certain de l'état de santé de Baze, de celui de tous ses camarades, il irait mieux. Il se concentre sur leur présence à tous. Cela l'aide à méditer et un sourire finit par naître au coin de ses lèvres.
Ce sourire rassure Baze qui mange avec plus d'entrain. Il est sur le point de finir quand le docteur Nankusa revient dans la pièce. Dans ses mains elle tient un datapad qu'elle étudie attentivement avant de se tourner vers eux.
-Vos blessures évoluent de manière très satisfaisante, particulièrement pour vous, finit-elle par dire en s'approchant de Baze allongé entre les deux autres. Laissez-moi voir ça en détail.
Elle le fait s’asseoir et l'ausculte en détail avant de hocher la tête, satisfaite.
-L'évolution est très satisfaisante. Il n'y a pas d'infection au niveau du bras et vos autres blessures se résorbent progressivement. En principe, vous en avez fini avec les bains de bacta mais il est encore trop tôt pour enlever ces bandages sur votre visage. Par ailleurs nous avons remarqué un léger percement de votre tympan gauche. Le bacta l'a en partie résorbé mais on vous as programmé une intervention tout à l'heure pour finir de corriger le problème. Levez-vous s'il vous plaît.
Se tenir sur ses pieds pour la première fois après tout ce temps est un soulagement. Même si ses jambes sont légèrement flageolantes, Baze refuse de s'aider de la main du docteur. Il sourit avec triomphe lorsqu'il se tient enfin droit et stable sur ses pieds. Il est même près à ignorer la douleur dans sa jambe. Nankusa lui sourit en retour.
-On dirait que je me suis trouvée un assistant.
La phrase ne fait aucun sens jusqu'à ce que la twi'lek le pousse doucement vers le lit de Chirrut.
Perdu dans l'obscurité et le silence, Chirrut reconnaît immédiatement la main calleuse de Baze lorsqu'elle se pose sur son épaule. Il reconnaît également les mains qui le saisissent doucement par les poignets après avoir ôté ses couvertures. Vu leur fraîcheur, ce sont celles de la docteur twi'lek. La main de Baze descend sur son épaule pour le pousser en position assise tandis que la twi'lek tire. Il est agréable de ne plus appuyer sur ses blessures dans le dos. Ils l'aident ensuite à passer sa jambe valide sur le côté du lit. La médecin pose ses doigts au-dessus de son autre genou mais hésite à descendre.
-Je suis au courant pour ma jambe amputée, la rassure Chirrut en articulant le plus possible les mots qu'il n'entends pas. Mon dos est plein de brûlures, je sens une ? Deux ? Côtes cassées et bien sûr, il y a ce souci d'audition. Je me trompe ?
La main de Baze se crispe avec colère sur l'épaule de Chirrut. Il a temporairement oublié l'état de son dos mais le moine ne lui en tient pas rigueur. Chirrut sait que la colère de Baze est dirigée contre lui-même.
-Remercions la Force d'être en vie l'admoneste-il. Ne nous laissons pas abattre par ce que nous avons perdu. A ce propos, aurait-tu oublié un bras ou une main sur le champ de bataille.
Baze le réprimande d'une tape sur l'avant bras cette fois, toujours avec la même main, ce qui confirme ses soupçons. La main se fige ensuite sur son bras et l'étreint avec force. Leurs épaules se touchent désormais. Chirrut peut sentir sa gravité et son angoisse. Il refuse d'angoisser. Il ne fait qu'un avec la Force.
Quand il sent le cœur de Baze exploser de joie et que son compagnon l'enlace sans se soucier de leurs blessures ou des gens à proximité, Chirrut éclate de rire. Il entendra, peut être peu, peut être mal, mais il entendra. Il va pouvoir continuer à lutter contre l'Empire. La Force a encore un dessein pour lui et Baze et il pressent qu'il va être glorieux. Ses mains tâtonnent pour trouver le visage de Baze. Il note les pansements au passage et les ignore pour l'embrasser avec véhémence.
Sa stupéfaction rend le baiser meilleur encore. Chirrut voudrait le faire durer une éternité.
Baze serait bien incapable d'arrêter Chirrut. Il est trop occupé à lui rendre son étreinte et à remercier la Force et le sort. Il finit par le lâcher mais seulement pour l'aider à s'allonger à nouveau pour qu'on l'emmène vers l'opération qui sauvera une partie de son audition. Il ne le lâche que pour faire de même.
Cassian reste seul. Son genou et ses côtes ne permettent pas de l'autoriser à se lever pour le moment, a décidé le docteur Nankusa. Il lui faut encore au moins deux bains de bacta pour consolider suffisamment ses os et une opération pour lui insérer une prothèse dans le genou afin qu'il puisse remarcher. Les heures passent après le départ de Baze et Chirrut et Cassian en vient à ne plus supporter l'endroit. Il a dormi une heure ou deux puis a commencé à s'ennuyer. Finalement, il commence à harceler les infirmiers qui passent à sa porter pour exiger qu'on lui apporte des nouvelles de K2 et pour essayer d'obtenir des nouvelles de l'extérieur. Ils ont de plus en plus de mal à refuser de lui répondre. Peu à peu, ils se mettent à l'éviter et à passer le plus loin possible de lui. Cassian sent une tension chez eux et remarque facilement la façon qu'ils ont de regarder vers la porte, comme s'ils attendaient une mauvaise nouvelle d'une minute à l'autre. Déjà il peut sentir les nuages s’amonceler au-dessus de l'Alliance. Quelque chose a mal tourné après la bataille de Scarif. L'angoisse est omniprésente et augmente d'heure en heure. S'il n'y avait pas son genou, Cassian se forcerait un passage hors de l'infirmerie.
Un bruit à mi-chemin entre le soupir et la râle à l'autre bout de la pièce le détourne de ses pensées. Des infirmiers se précipitent et Cassian se soulève le plus possible, sans souci aucun pour ses côtes.
Jyn ouvre les yeux et croise son regard. Elle ne s'est jamais senti aussi mal de sa vie, physiquement du moins, même à l'époque où elle vivait avec Shaw. Sa tête la fait tellement souffrir qu'elle a l'impression de voir des éclairs rouges à la périphérie de sa vision dès qu'elle bouge la tête. Elle fixe donc le regard en face de son lit, pour éviter la lumière des plafonniers et le soulagement l'envahit. Cassian est vivant. Il la regarde comme sur la plage de Scarif, comme s'il ne parvenait pas à croire au miracle de sa présence. Elle est sûre que son regard transmet la même chose. Elle n'arrive pas à croire qu'ils sont en vie. Il lui faut le toucher pour s'en assurer. Elle a tant de choses à lui dire, à lui demander... Quelqu'un à côté d'elle déclare joyeusement et beaucoup trop fort que c'est fantastique qu'elle soit réveillée et qu'elle a été inconsciente cinq jours. Aussitôt, elle oublie Cassian.
-Les plans ?, coasse-t-elle d'une voix rauque.
Les yeux de Cassian, qu'elle n'a pas cessé de fixer, se font plus tendre encore. Il s'apprête à lui dire quelque chose mais un infirmier le coupe d'une voix bien trop sonore au goût de Jyn.
-Cela n'a aucune importance pour le moment. Il faut que...
Elle l'interrompt et saisit sa main au moment où il se penche pour l'ausculter.
-Tu ne feras absolument rien avant que je ne sache où sont les plans et où l'Alliance en est du décodage.
Elle croise à nouveau le regard de Cassian et y voit un reflet de sa propre inquiétude.
-Je prends la suite.
Mon Mothma se tient à l'entrée de la pièce, la mine austère et la visage fermé. Elle est suivi de près par le docteur Nankusa qui ne cache pas sa colère.
-Ce sont mes patients, proteste-t-elle. Ils doivent guérir avant de...
-Ils finiront par le savoir. Je préfère qu'ils l’apprennent maintenant qu'à cause de la négligence de quelqu'un.
Elle se tourne vers Cassian et Jyn, s'assurant que leur état leur permettra de tenir le coup face à ce qu'elle a à leur apprendre.
-Il n'y a pas de bonne façon de l'annoncer... Le vaisseau qui transportait les plans a disparu il y a trois jours. On sait qu'ils étaient poursuivis par le vaisseau de Dark Vador. On a d'abord espéré qu'ils se soient cachés et qu'ils fassent profil bas le temps de nous rejoindre mais la princesse Leia Organa était à bord et nous sommes sans nouvelle d'Alderande depuis vingt quatre heures. Impossible de joindre qui que ce soit sur toute la surface de la planète.

[Fic] Quelque chose de grandiose, Rogue One, team [d'Aonach Dubh, pour Lady Tuxedo Mask]

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Titre : Quelque chose de grandiose (partie 2)
Auteur : Aonach Dubh (Participant 14)
Pour : Lady Tuxedo Mask (Participant 25)
Fandom : Rogue One
Persos/Couple : Jyn/Cassian, Baze/Chirrut, Bodhi, K2
Rating : G
Disclaimer : Rogue One appartient à ses créateurs.
Prompt : Jyn/Cassian et Chirrut/Baze, AU Everyone Lives/Nobody Dies. Ils ont survécu à Scarif, mais de justesse et non sans d’irréversibles blessures (perte de membres, brûlures, problème de mémoire…). Rogue One est donc obligé de passer plusieurs semaines cloué dans les lits de l’infirmerie de la Résistance pendant que les autres s’affairent. Des liens très forts se sont crées et continuent à se développer alors qu’ils en apprennent plus sur la vie des uns et des autres pour faire passer le temps. Comment vivent-ils le fait d’être sur la touche ? Comment chacun se remet de cette expérience ? Que fait-on de sa vie alors que l’on avait pas prévu de survivre ?
Facultatif : Si la fic couvre les événements des films Star Wars avec la rencontre avec Leia, Luke et Han.
Notes : J'ai centré le texte surtout sur les débuts de l'hospitalisation de Rogue One pour permettre le parallèle avec Un nouvel espoir. J'espère que ceci te plaira !
Note de la modératrice : Posté en deux parties. Lien vers la partie 1



La nouvelle les laisse anéantis. Ils ne réalisent même pas le départ de Mon Mothma. Combien de milliards de personnes sur Alderande ? Combien de familles anéanties ? Jyn se roule en boule dans son lit sans se soucier de son épaule démise ou de son pied bandé. Elle aurait voulu être morte. Comment pouvait-elle être en vie alors que l'arme de son père a tué des millions d'enfants ? Elle voudrait que l'infirmerie disparaisse avec son bruit et sa lumière insupportables. On la laisse à sa douleur, heureusement. Elle n'est pas prête à supporter la colère ou la compassion des rebelles.
Cassian est resté figé depuis l'annonce de Mon Mothma. Il ne sort de sa torpeur que pour expliquer la situation de Baze et Chirrut quand ils se réveillent après leur opération. Baze doit presque crier pour répéter les mots de Cassian afin que Chirrut les entende. Chaque son lui semble parvenir de très loin mais il ne se plaint pas. Chaque mot de Cassian et Baze fait tressaillir Jyn qui se recroqueville sous sa couverture. Après ça, ils restent tous silencieux à l'exception de Chirrut qui répète en boucles « Je ne fait qu'un avec la Force, la Force ne fait qu'une avec moi » d'une voix brisée. Il aurait préféré ne rien savoir, ne rien entendre.
-Est-ce cela que tu as ressenti ?, murmure-t-il à Baze assit à ses côtés. Le jour où tu as perdu la foi ?
Baze ne sait quoi répondre. Il ne s'attendait pas à ce que voir son compagnon passe par les mêmes tourments intérieurs qu'il a vêtu soit si douloureux. Il ne peut que lui offrir le réconfort de sa main sur son bras. Chirrut le laisse faire un moment puis le repousse doucement.
-Il y en a d'autres qui ont aussi besoin de réconfort mon ami. Ne les abandonne pas.
Cassian et Jyn ont les yeux grands ouverts sur un monde terrifiant. Baze a déjà vécu ça. Il se penche sur la forme recroquevillée de Jyn.
-Nous ne pouvons pas les sauver petite sœur, mais nous pouvons les venger.
Jyn s'accroche désespérément à son bras et à sa tunique et éclate en sanglots silencieux. Baze la laisse faire, mal à l'aise. Il essaie de se rappeler les mots de réconfort qu'il offrait aux novices au temple, mais c'était il y a trop longtemps et il est un homme trop différent.
-Ma mère avait la foi, se souvient Jyn après avoir épuisé ses larmes. Je ne me souviens pas de grand chose à son propos. J'étais encore petite quand l'homme en blanc l'a tué. Elle croyait en la Force et m'a offert son cristal juste avant sa mort. C'est tout ce qui me reste d'elle.Elle disait toujours d'avoir confiance en la Force. J'aimerais y croire.
-Moi aussi petite sœur. Moi aussi.
-Comment as-tu perdu la foi ?
-Le jour où Chirrut a perdu la vue. Si la Force existait, elle n'aurait pas permis que l'Empire détruise son temple et que le meilleur de notre ordre subisse ce que l'Empire lui a fait.
Il refuse d'en dire plus et Jyn se contente de hocher la tête.
-Tu étais le meilleur de l'ordre, le contredit doucement Chirrut.
Il n'insiste pas et Baze lui en est reconnaissant. Sentant Jyn plus calme, il saisit ses doigts et les détache de sa tunique. Il jette un coup d’œil furtif à Cassian. L'homme tremble et est baigné de sueur froide mais ne prendrait sans doute pas bien un geste de la part de Baze. Il s'approche plutôt d'un infirmier et exige le rapprochement des lits de Cassian et Jyn. L'homme lève les yeux au ciel devant ce nouveau changement qu'on leur demande et s'exécute. S'il murmure que Rogue One est l'équipe la plus co-dépendante qu'il ait jamais vu, c'est trop bas pour être entendu. Les deux lits sont collés l'un à l'autre comme ceux de Baze et Chirrut le sont désormais. Les deux jeunes gens se serrent désespérément pour se réconforter. Satisfait, Baze retourne à sa place près de Chirrut.
Le silence s'installe à nouveau, douloureux, lorsque les portes de l'infirmerie s'ouvrent brutalement. Deux hommes, une femme et un wookie entrent, suivis d'une bande de médecins.
-Finissons-en au plus vite, déclare la jeune femme d'une voix décidée. J'ai autre chose à faire que de subir des examens médicaux.
-Princesse Leia, après ce que vous avez subi...
-J'ai survécu jusqu'ici. Je ne me laisserais pas enfermer ici alors qu'on décode les plans.
A ces mots de la princesse, les quatre membres de Rogue One se redressent. Leurs regards se fixent sur la princesse, avide. Seul Chirrut regarde ailleurs, captivé par un de ses compagnons. La princesse finit par remarquer ces regards et disperse avec agacement les médecins qui l'entourent. Lorsqu'elle voit Jyn, ses yeux s'écarquillent et elle s'approche à grands pas.
-Vous êtes Jyn Erso ? La fille de Galen Erso ?
Jyn répond par l’affirmative de la tête avant de la baisser, honteuse. La femme qui se tient devant elle a tout perdu à cause de sa famille. Jyn cherche ses mots mais est prise par surprise quand Leia s'empare de sa main et la presse.
-Merci. Ces chiens de Vador et Tarkin m'ont peut être empêché de ramener les plans de l'Etoile de la Mort assez tôt pour empêcher qu'elle ne soit utilisée une troisième fois mais c'est grâce à vous qu'Alderande sera vengée.
-C'est ce que mon père aurait voulu, tente d’expliquer Jyn, la gorge serrée, avant d'être coupée par l'émotion.
La princesse lui serre la main une dernière fois et se laisse entraîner par les médecins dans une autre pièce. Elle semble soudain minuscule et fragile.
Un infirmier se dévoue pour expliquer à Rogue One comment les plans sont arrivés et à la base. La joie et l'horreur se disputent la première place dans leurs cœurs lorsqu'ils comprennent que l’Étoile de la Mort arrive et qu'une course contre la montre s'est engagée. L'Alliance a perdu trop de forces dans la bataille de Scarif. Il est impossible d'évacuer, tout ce jouera ici. L'infirmier finit tout juste son explication quand la princesse et son escorte ressortent. Ils portent quelques pansements de bacta mais semblent pour le reste en parfaite santé. Les yeux de la princesse sont rougis mais tout le monde fait semblant de l'ignorer.
-Pouvons-nous aider votre altesse ?, demande Cassian.
-Remettez-vous d'abord. On m'a raconté l'exploit que vous avez accompli. Si nous trouvons la faille à temps, vous aurez contribué à sauver des milliers de planètes. Vous en avez assez fait.
La louange les gène plus qu'autre chose. S'il y a une chose sur laquelle ils sont tous d'accord, c'est qu'ils ont fait ce qui devait être fait. Ils remercient maladroitement la princesse et la regardent partir avec ses compagnons.
L'équipe médicale se disperse, les docteurs criant des ordres. Il va y avoir une bataille aérienne, il faut libérer de la place pour les inévitables blessés. Les cinq membres de Rogue One sont désormais encombrants et sont déplacés dans une réserve transformée en chambre pour l'occasion. La pièce est petite, mal éclairée et encombrée mais c'est la première fois qu'ils ont un peu d'intimité depuis leur arrivée et ils ne se plaignent pas, au contraire. Une fois laissés seuls, Jyn soupire en regardant la porte avec envie.
-Si seulement on pouvait en faire partie...
-Je suis d'accord, soupire Cassian. Mais pour l'heure ils ont besoin d'analystes et de pilotes, pas de ce que nous sommes. Nous aurons notre chance plus tard, s'ils l'abattent.
-Je ne pensais même pas avoir droit à une nouvelle chance, confesse Jyn. Mais l'avoir obtenu et ne pouvoir rien faire est insoutenable.
-Pareil. Je pensais payer de ma vie pour ce que j'ai fait, pas me retrouver sur un lit d’hôpital incapable d'agir.
-Que faisons-nous maintenant ? S'ils détruisent l’Étoile de la Mort ?
Personne ne réponds. Tous réfléchissent à cet avenir qu'ils n'ont jamais envisagé. Secrètement, ils veulent tous la même chose, mais aucun d'entre eux n'ose le dire le premier, de peur que les autres pensent différemment. Jyn se lance la première. Après tout elle n'a plus rien à perdre, mais tout à gagner.
-Je ne peux... Je ne veux pas redevenir ce que j'ai été. J'ai fini de me cacher de la réalité. Je veux participer, d'une manière ou d'une autre.
-Moi aussi, approuve Chirrut, je crois que je vais rester. Il y a des gens... intéressants ici.
Son sourire est radieux et son excitation palpable. Il n'en faut pas plus pour que Baze le soupçonne de quelque chose.
-Je reste aussi, déclare-t-il en jetant à son compagnon des coups d’œil inquisiteurs. L'Empire doit payer et je suis prêt à aider pour ça.
Cassian n'aurait pas dû être si soulagé en apprenant qu'ils restaient, mais il n'était.
-Il faut voir ce qu'en disent Bodhi et R2. Personnellement, l'idée de continuer à faire partie de Rogue One me plaît. Malgré les circonstance... on peut faire une bonne équipe.
Ils ont tous conscience des obstacles qu'ils rencontreront pour obtenir satisfaction. Il n'est pas dit qu'ils se remettrons suffisamment de leurs blessures. On peut leur refuser la pose d'une prothèse pour leurs membres perdus. L'Alliance peut ne pas avoir les ressources pour le leur offrir. Il peut ne pas y avoir de vaisseau à leur donner. Elle peut juger chaque membre ou la totalité du groupe trop instable pour leur confier des responsabilités. Ils peuvent tout simplement mourir dans quelques heures, pulvérisés par l’Étoile de la Mort.
-Je parlerais à l'état-major, déclare Cassian malgré tout. Il y aura peut-être des concession à faire. Draven ne voudra pas me lâcher si facilement. Je suis un de ses meilleurs éléments et il y a deux voire trois opérations en cours qui pourraient être compromises si mon visage devenait public.
-Fais ce que tu dois, réponds Jyn. Je me suis maintenu le plus à l'écart possible de la rébellion et de l'empire mais j'ai quand même des contacts que je peux offrir à l'Alliance. Des contrebandiers, des officiers impériaux peu scrupuleux... J'ai même mes entrées auprès d'un moff sous une de mes identités.
-J'ai des contacts dans la pègre, ajoute Baze. Certains sont prêts à vendre leurs connaissances sur l'empire et ses opérations secrètes contre un bon prix.
-Même Bodhi doit avoir des connaissances à faire peser sur la balance, ajoute Jyn avant de froncer les sourcils. Je sais que nous avons assez d'informations à mettre sur la table pour négocier, mais j'ai peur pou r son état mental.
Tous se tournent vers Bodhi, l’excitation du moment oubliée. Il est toujours inanimé mais il a reprit des couleurs.
-Tu sais ce qu'il a subi. Cela te perturbe.
L'affirmation de Chirrut donne la nausée à Jyn. Elle hésite puis commence à raconter.
-J'ai grandi auprès de Saw. C'était un homme dur qui a fait de moi une femme dure. Il pensait qu'on ne peut battre l'Empire qu'en lui rendant sa violence au centuple. J'ai longtemps été d'accord avec lui. Aujourd'hui, je ne sais plus. Comment aurait-il voulu répondre à l’Étoile de la Mort ? Toujours est-il qu'au fil des années il s'est allié à toute sorte d'individus peu recommandables. Le Bor Gullet en était un. Je n'ai jamais trop su ce que c'était mais je l'ai vu faire une fois et j'ai vu ses victimes. Il viole leur esprit jusqu'à ce qu'il ait vu leur moindre souvenir et il ne laisse derrière lui que des esprits fragmentés. Sa disparition est la seule bonne chose à tirer de la perte de Jedha. Bodhi a eu de la chance d'en sortir avec une partie de son esprit encore intact.
-Nous avons rencontré Saw une fois. Il cherchait à engager des jedhans pour travailler avec ses partisans. Il voulait Baze et était prêt à prendre avec un moine infirme. C'était le genre d'homme à trouver une utilité dans tous ceux qu'il rencontrait. Un homme fort déplaisant.
-Oui. M'abandonner est le seul présent qu'il m'ait jamais fait. J'imagine qu'il m'aura fallu jusqu'à maintenant pour le réaliser. Mais j'étais enfant, j'avais vu ma mère mourir et mon père disparaître. Je voulais qu'il soit fier de moi et j'étais prête à devenir comme lui. Son abandon m'a presque détruite.
Sa gorge est toute sèche d'avoir ainsi parlé de son passé. Elle se sent mise à nue. Elle n'a jamais envisagé de partager tout ceci. Ses compagnons comprennent son émotion et détournent les yeux pour lui laisser le temps de se remettre. Chirrut se met à méditer en murmurant doucement. Baze se lève et quitte la pièce en boitillant, profitant de sa liberté de mouvement retrouvée. Cassian, touché par les aveux de Jyn prend la parole à son tour.
-Je n'ai jamais connu que la guerre. Mes premiers souvenirs sont ceux d'une manifestation contre la République. Je me souviens de mon père me portant sur les épaules et des tirs de représailles des soldats. J'avais six ans la première fois que je me suis servi d'une arme. Je ne connais rien d'autre que la guerre et la guérilla. La guerre et l'Empire ont fait de nous qui nous sommes que ce soit de notre plein gré ou à notre insu.
Quelques jours plus tôt, Jyn aurait pris ce discours pour une insulte ou une remontrance. Maintenant elle voit que c'est une confession ou un regret. Elle sourit doucement à Cassian. Leurs lits sont assez près pour qu'elle passe avec un minimum de difficultés et de douleur de l'un à l'autre. Elle se serre contre Cassian, prenant garde à ses blessures. Il écarte un bras pour l'aider à se pelotonner contre lui.
Ils ne savent pas vraiment ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre. Ils savent juste qu'ils se sentent mieux ainsi. Quand au reste, d'un accord tacite ils sont près à attendre leur sortie de l'infirmerie pour en parler. Ils veulent avoir la temps. La pression de l’Étoile de la Mort au-dessus de leurs têtes ne leur fera pas commettre l'erreur d'aller trop vite. Se tenir, se sourire leur suffit pour l'heure. L'un contre l'autre, bercés par le mantra de Chirrut, ils s'endorment.
Le moine sourit en les sentant si calmes. Il n'a pas entendu la moitié de leur conversation. L'amélioration de son audition est encore trop insignifiante. Il se languit soudain de sa jeunesse insouciante. Voilà un mot dont ces jeunes gens ignorent la signification. Il se sent vieux tout à coup et pas seulement parce que ses os lui rappellent son âge. Non, c'est la perte de Jedha, de ses habitants, de ses traditions qui le fait se sentir si fatigué. Mais sa jeunesse, Jedha, les traits du visage de Baze, tout cela est le passé et il refuse de s'y attarder. Il préfère penser au futur radieux qu'il a sentit dans un jeune homme encore insouciant. Celui-là marchera en plein ciel et dans la Force. Chirrut a toujours gardé confiance en la Force mais jamais il ne s'en est senti plus proche qu'en présence de ce garçon. Il sent un nouvel espoir grandir pour toute la galaxie. Cette pensée l'apaise. Sans même s'en apercevoir, il s'endort à son tour.

-Incroyable. Vous risquez votre vie pour des Humains et ils se contentent de dormir pendant que vous passez à deux doigts de la casse. Rappelez-moi de vous laisser mourir la prochaine fois.
La voix geignarde et métallique de K2-SO réveille les trois blessés. Ils se redressent pour observer Baze et un mécanicien déposer le droïde dépourvu de ses bras et jambes sur une étagère. Le mécanicien essaie de s'éclipser discrètement mais Baze le saisit fermement par l'épaule.
-L'équipe médicale qui nous as secouru as dis aux mécaniciens de la base d'aller chercher K2 dans leur navette. Ces imbéciles l'ont fait mais l'ont trouvé éteint. Ils ont estimé que la meilleure chose à faire était de le balancer directement dans un coin pour en récupérer les composants plus tard.
Le sang de Cassian se fige dans ses veines. Il se redresse totalement et crie, sans se soucier de la douleur dans sa poitrine.
-Quoi ?
-Que vouliez-vous qu'on fasse ?, se justifie le mécanicien. Regardez-le, c'est une épave. Ses banques de données ont été touchées, il ne peut plus bien fonctionner. On ne peut se permettre...
-Quoi ? De sauver le droïde responsable de la transmission des plans de l’Étoilé de la Mort à la princesse Organa ? Ou de sauver un membre éminent des services secrets de l'Alliance ? C'est certain, l'Alliance ne peut pas se le permettre.
L'ironie glaciale de Jyn terrifie l'homme qui balbutie des excuses au moment même où K2 s'exprime.
-Nous ne savions pas que...
-J'ai fais ça ?
Profitant du silence stupéfait, le technicien recommence à se justifier.
-Je vous ai dit qu'il y a avait du dégât dans ses données. Et ce n'est pas comme si on croulait sous les pièces de droïde impérial.
-Je peux le tuer Cassian ?
-Je suis à deux doigts de dire oui, grince ce dernier. Sortez avant que je ne change d'avis. Et priez pour ne pas vous retrouver sur la même planète que K2 le jour où il retrouvera des bras.
-Jyn m'a donné une arme, précise fièrement le droïde.
Le technicien ne se le fait pas dire deux fois. Dès que Baze l'a lâché, il se précipite hors de la chambre. Pour laisser à Cassian le temps de reprendre le contrôle de ses émotions, il reprends ses explications.
-Il fallait que je sortes. Avec l'alerte générale qui les occupe, les infirmiers n'ont pas réussi à m'en empêcher. J'en ai d'abord interrogé quelques uns. Je les crois quand ils disent qu'ils vous ont obéi et qu'ils sont allés demander partout où était K2. Les techniciens leur ont dit qu'ils n'en avaient aucune idée.
Cassian lâche une bordée de jurons dans trois langues différentes. La main de Jyn sur son bras le calme, même s'il lit dans ses yeux la même colère froide.
-K2 ? De quoi te souviens-tu ?
-Jyn m'a donné une arme, répond K2 en commençant par ce qui lui semble le plus important. On m'a tiré dessus.
-Où ? Sur quelle planète.
-Corellia.
Corellia, c'est une mission qui date de six mois. Le cœur de Cassian se serre mais il doit continuer.
-Comment est-tu sorti de la tour ?
-La tour ?
Ils se relayent tous pour lui raconter la mission. K2 se souvient de détails mais confond l'ordre des événements. A un moment de la conversation, il oublie ce qui s'est dit au début de celle-ci. Ce qu'il a retenu des faits est parfois étrange. Il se rappelle à la perfection les insultes échangées avec Jyn ou le taux de survie de Cassian à chaque moment clé de la mission. Par contre, il a oublié presque tout ce qui concerne sa propre participation.
-C'est injuste, finit-il par geindre. Pourquoi les droïdes sont toujours les plus blessés dans une mission ?
-Tu plaisantes j'espère ?, proteste Jyn. Au concours des gueules et des corps cassés on arrive tous grands garants.
-Nous te réparerons Kay, ajoute Cassian pour le calmer. Cela prendre du temps c'est sûr. Il va falloir te trouver un autre corps et transférer tes données en espérant ne pas toucher à ta personnalité lors du transfert. Ce sera compliqué étant donné que je n'ai qu'une vague idée de ce que j'ai fait au moment de la coder.
-Comment ça ?
-Son code de reprogrammation est absolument répugnant, explique K2.
-A ma décharge, j'avais perdu deux litres de sang, tu m'avais tiré dessus presque à bout portant, j'étais assommé par le cocktail de médicaments que je m'étais injecté pour supporter la douleur et il y avait deux tonnes de pierres qui risquaient de nous tomber dessus à tout instant. Je n'ai rien oublié ?
-Dark Vador allait débarquer d'un instant à l'autre pour t'interroger, tu devais quitter la planète avant qu'il n'arrive.
-Non, ça c'était la mission suivante.
-Une époque intéressante, s’amuse Chirrut.
-La compagnie était moins nombreuse et plus agréable, rétorque K2.
-Kay ! Ça suffit. Oui, il y a eu des moments particuliers. Mais j'imagine que chacun ici a vécu plus que sa part d'anicroches avec l'empire.
-Et bien, pouffe Chirrut, il y a eu cette fois...
-Non, proteste Baze. Pas celle-là. On n'en parle plus.
Chirrut lève les bras au ciel d'un air dramatique et ricane.
-Tant que je peux encore raconter l'histoire avec maître Jyn et le padawan Kenobi dans les grottes de cristaux de kyber, j’imagine que je peux faire une croix sur l'épique récit de Baze Malbus et du percepteur impérial dans les égouts de Jedha.
Tous ouvrent la bouche pour réclamer des précisions pour le plus grand bonheur de Chirrut quand une alarme sonne au loin. Le son leur parvient étouffé, mais le message est clair. L’Étoile de la Mort arrive.
Ils ont perdu toute envie de plaisanter. Dix minutes passent avant que l'alarme n'arrête de sonner en continu. Les pilotes de la Rébellion doivent s'être envolés pour livrer bataille. Jyn est livide. Ce son trop fort, tout comme les voix sonores de ses camarades, vrillent sa tête et lui donnent une épouvantable migraine. Au prix d'un grand effort, elle parvient à l'ignorer. La terreur est de toute façon plus forte que sa douleur.
Ils sont pris au piège. Impossible de fuir, et ils ne l'auraient pas voulu. Ils ont fui deux fois l’Étoile de la Mort, laissant derrière eux mort et dévastation. Cette fois-ci, ils mourront avec les autres s'ils ne peuvent se battre. Il leur est dur pourtant de se tenir là, blessés et désarmés alors que d'autres se battent. C'est leur combat et ils sont impuissants.
A chaque seconde, ils se demandent pourquoi ils sont encore en vie. Ils attendent de sentir la terre trembler et se fragmenter. Bientôt, ils ne seront peut être que des débris dans l'espace. De la poussière d'étoile.
-Je suis contente qu'il dorme encore, murmure Jyn en regardant Bodhi. Je préférerai ne pas m'être réveillée.
-Non, je préfère cette façon de mourir, soupire Chirrut en serrant la main de Baze. Mieux vaut être entouré des siens et pouvoir leur parler que de partir seul entouré d'une odeur de cendre et de métal.
Baze jure. Sa main le démange d'envie de tenir une arme. Cassian revoit mentalement le mur de débris menacer de les engloutir et prie pour que la mort soit instantanée. Il ne veut pas voir l'agonie de ses camarades.
Comme pour accentuer à dessein leur angoisse, une voix se fait entendre partout dans la base à travers les hauts parleurs : « Cinq minutes avant que l’Étoile de la Mort soit à portée de tir. Que la Force soit avec nous et avec nos pilotes. »
Cinq minutes d'angoisse et d'appréhension. Chaque minute est interminable et trop courte en même temps. Ils les passent dans un silence tendu, le souffle court et la gorge sèche. Ils comptent chaque seconde et quand le temps est presque écoulé, la voix de Chirrut s'élève, sereine.
-Je fais corps avec la Force. La Force est avec moi.
Hésitante d'abord puis ferme, la voix de Jyn se joint à la sienne, puis c'est le tour de celle de Cassian, rauque mais douce. Enfin, Baze soupire et joint sa voix aux leurs en parfaite harmonie.
-Je fais corps avec la Force. La Force est avec moi.
Le délai est écoulé et le temps continue de défiler. Ils ne cèdent pas à l'espoir, ils continuent de prier. Peut-être ont-ils gagné. Peut-être l’Étoile de la Mort prend-elle son temps pour les torturer davantage avant de les tuer.
-Je fais corps avec la Force. La Force est avec moi.
Ce n'est que quand le haut parleur s'allume à nouveau et que Leia Organa hurle « Ils l'ont fait ! Luke Skywalker l'a détruite ! » et qu'une explosion de joie retentit dans toute l’infirmerie qu'ils se taisent. Ils sont d'abord hébétés, puis sereins. Ils ont vécu pour voir leur tâche accomplie.
Jyn relève la tête et éclate de rire. Ce son la surprend elle-même. Elle n'a pas ri sincèrement depuis son enfance. Cassian rit et pleure en même temps. Jyn se redresse et l'embrasse doucement.
-Tu es sûre ?
-Je suis heureuse d'être en vie. Je suis heureuse de l'être avec toi. Aujourd'hui, je ne veux pas me poser davantage de questions.
Il lui rend son baiser puis éclate de rire. K2, qui est resté jusqu'ici étrangement silencieux, choisit ce moment-là pour se rallumer.
-Si j'en crois les démonstrations excessives, j'imagine que nous avons tous survécu ?
-Tu n'avais pas réalisé ?
-J'ai préféré m'éteindre. Quitte à mourir, je préfère ne pas m'en rendre compte.
De son côté, Baze murmure un remerciement envers la Force. Chirrut hoquette de stupéfaction et l'embrasse à pleine bouche.
-J'ai toujours su que tu nous reviendrais.
Baze grommelle pour la forme. Il lui expliqueras plus tard que croire à nouveau ne change rien, qu'il aura toujours ses doutes et ses rancœurs envers la Force, qu'il ne redeviendras pas non plus le jeune moine de jadis. Chirrut le sait déjà d'ailleurs.
La porte s'ouvre à la volée. Leur infirmier zabrak entre, les joues vermeilles et un sourire éclatant affiché sur son visage.
-Tout le monde va bien ici ? Désolé de vous avoir un peu abandonné ces dernières heures. On va recevoir les pilotes survivants d'ici quelques minutes. On nous as signalé quelques grands blessés, on risque d'y passer la nuit puis on reviendra vers vous pour faire le point et vous replonger dans le bacta, s'il nous en reste. A moins qu'il y ait des problèmes à gérer dans l'immédiat ?
Tous l'assurent que leur état ne nécessitent pas d'attention urgente. Soulagé, le zabrak se précipite pour aider à recevoir les premiers blessés. Il laisse la porte ouverte et Rogue One contemple l'arrivée des pilotes, écorchés, brûlés, mais débordants d'enthousiasme. Ils semblent trouver plus important de décrire aux infirmiers leur expérience de la bataille que la gravité de leurs blessures. L'arrivée de Luke Skywalker, envoyé de force se faire examiner par la princesse Leia, est saluée par des applaudissements.

Bodhi se réveille en entendant des cris de joie. Son dos lui fait mal et ses mains aussi. Il ne panique pas. La joie et le désordre environnant lui disent qu'il n'est pas entre les mains de l'Empire. Ses camarades sont là près de lui, lui souriant. Il ne savait pas qu'ils en étaient capable. Il ne sait pas s'il en est capable.
-Hé Bodhi, le salue Jyn allongée contre Cassian ce qui est inattendu. On a réussi.
Bodhi éclate en sanglots. Il a réussi. Est-ce que cela suffit à racheter ses actes ?
-On l'a fait, réussit-il à balbutier. Galen serait fier.
Bodhi s'aperçoit qu'il sourit aussi à travers ses larmes et lève les mains pour essuyer celles-ci. Sa main gauche est couverte de bandages. La droite a disparu.
Bodhi hurle.
Baze et Jyn se précipitent pour le tenir mais il se débat avec une force qu'ils ne lui connaissait pas.
-Ca va aller Bodhi, essaie de le rassurer Jyn en caressant son front. On va te créer une nouvelle main, je te le garantis.
Il ne l'entends même pas.
-Je ne peux pas être un pilote si je ne peux pas piloter, lui explique-t-il entre deux sanglots. Je suis le pilote. Je suis le pilote.
Les larmes aux yeux, Jyn le tient jusqu'à l'arrivée d'un infirmier armé d'une seringue de sédatif.

Le matin du sixième jour, Rogue One se réveille avec un dixième de l'enthousiasme ressentit la veille. Bodhi est plus calme, mais amorphe. Ses yeux vont sans cesse de ses camarades à sa main. Jyn a le visage d'une femme qui n'a pas dormi de la nuit, tout comme Baze. La première n'a pas pu fermer l’œil à cause du bruit omniprésent. Le second s'est battu toute la nuit contre sa crise de foi. Cassian ne vaut guère mieux. Le futur l'obsède trop pour qu'il se réjouisse. Il réalise qu'il n'a pas changé. Il reste trop obsédé par la victoire finale pour s'attarder sur celle d'hier. La seule différence est que la survie de Rogue One est désormais également au centre de ses pensées.
L'arrivée du docteur Nankusa et de trois infirmiers les détourne heureusement de leurs sombres pensées. Le docteur se concentre sur le cas de Bodhi, le rassurant progressivement par ses murmures. L'infirmier zabrak s'occupe de Jyn.
-Il faudra un court bain de bacta pour finir de réparer votre déchirure musculaire au pied, finit-il par dire. Heureusement vous n'avez pas trop empiré la situation en vous levant hier soir. Votre épaule démise se remet bien en place. Vos migraines m'inquiètent plus. D'autres problèmes liés à la tête.
Jyn hésite. Elle n'est pas habituée à partager ses problèmes. Dans le milieu où elle a vécu il ne faut surtout pas donner l'impression d'être faible. Il lui faudra du temps avant d'être véritablement à l'aise pour se confier à des amis ou un médecin.
-J'ai l'impression qu'il y a toujours trop de bruit et de lumière. Des fois j'ai l'impression que même le mouvement de mes cheveux fait trop de bruit. J'ai parfois la nausée si je bouge trop brusquement.
-Ca doit être les suites de votre traumatisme crânien. Je ne vais pas vous mentir, on ne peut rien faire contre ça, juste espérer que ça passe. Cela peut durer trois mois, un an... ou bien s'arrêter demain. J'imagine qu'on peut rajouter ça à la longue liste des problèmes que vous avez accumulé lors de votre petite virée sur Scarif. Elle commence à se faire longue. Quand je vous vois vous et l'autre groupe de héros de la base, la différence est impressionnante.
-Que voulez-vous dire ?, demande Cassian.
-La princesse Organa, Skywalker, Solo et le wookie ? A eux quatre, si on oublie les marques de torture de la princesse, ils totalisent six bosses, deux légères brûlures liées à des tirs de blaster perdus et trois jambes écorchées.
Six grognements incrédules lui répondirent.
-La force était avec eux, remarque Chirrut avec juste un peu d'agacement dans la voix.
-Et leurs droïdes ?, demande K2.
-Le protocolaire va bien. L'astromécano devra subir des réparations mais on lui pronostique un rétablissement complet.
-C'est injuste. Ils devraient au moins avoir perdu quelques bras et jambes eux aussi.
-K2 !
-Quoi ce n'est pas ce que vous pensez ?
Personne n'ose lui répondre. Oui, ils notent tous qu'il y a une certaine forme d'injustice. La Force doit avoir ses favoris, mais ce n'est pas une chose à dire tout haut de peur d'avoir l'air idiot ou jaloux.
Finalement, les médecins se retirent, laissant l'équipe se reposer à nouveau. Ils auront bien droit à un dernier bain de bacta dans l'après-midi, mais ils devront ensuite finir de guérir rapidement. Les réserves médicales de Yavin IV s'épuisent, et c'est largement leur faute. Il va même être temps de commencer à parler greffes et prothèses. Avant de partir, le docteur Nankusa se penche vers Cassian pour une dernière recommandation.
-Votre ami pilote guérira physiquement, mais c'est son mental qui m'inquiète. Il a l'air de se remettre de sa torture et Jyn Erso m'a expliqué brièvement les faits. Il serait bon quand même de le faire parler de ses blessures, de la façon dont il les as subi. Cela lui ferait du bien et l'aiderait à accepter ce qui lui arrive.
Cassian opine et la laisse partir. Il hésite sur la méthode à employer mais il préfère être direct. Bodhi a subit suffisamment de choses ces derniers temps pour qu'il lui laisse le choix de dire non, au moins pour commencer.
-Alors Bodhi, que c'est-il passé après notre départ ? Je suis impressionné que tu ai réussi à faire voler le vaisseau avec ces blessures.
Bodhi baisse les yeux, honteux. Il se souvient. Quelqu'un a tiré une grenade dans le vaisseau. Il a sauté dessus et l'a renvoyé puis s'est jeté à terre, le dos tourné à la grenade et les mains sur la nuque pour éviter de subir trop de dégâts liés au shrapnel. Il a senti son dos criblé d'impacts et sa main brûler sous le souffle de l'explosion. Il a pensé que c'était trop près, qu'il y aurait des dégâts dans le moteur. Il ne s'en est pas occupé, trop soucieux de trouver ses partenaires et de les sauver. Il a failli tous les tuer.
-J'ai fais ce que j'ai pu, finit-il par dire en fixant le sol.
Il lui faudra deux mois pour réussir à raconter cette histoire. Ce n'est qu'en voyant Jyn rire dans son verre en murmurant son nom d'un air désespéré qu'il comprendra qu'il est un héros. Pour l'instant, ses compagnons n'insistent pas. Bodhi voit bien qu'ils le traitent comme quelque chose de fragile. C'est vrai, il sent que son esprit peut rompre à tout moment, mais cela lui fait du mal de se voir traiter ainsi. Il voudrait être fort comme eux qui ignorent si facilement la douleur, qui acceptent ce qu'ils ont perdu. C'est presque un soulagement pour Bodhi d'être conduit dans la cuve de bacta.
Ils y restent tous un long moment, soulagés de voir s'envoler leur souffrance après le manque de soin de la veille. Leurs blessures les ont lancé toute la nuit. Ils somnolent pendant toute la durée du traitement. Les rares fois où ils ouvrent les yeux, ils peuvent observer l'équipe médicale affairée à empaqueter le matériel.
L'Alliance rebelle ne pouvait se permettre de perdre les vaisseaux qui lui restaient après Scarif dans une seconde bataille spatiale, même pour évacuer une partie du personnel de la base. Maintenant, il est urgent de l'évacuer au cas où Tarkin ait transmis sa position au reste des troupes impériales. C'est peu probable, décrète Cassian. Tarkin était du genre à garder pour lui tous les détails d'une opération jusqu'à la fin afin d'être sûr d'en récolter tous les lauriers. Cependant, aucune précaution n'est superflue avec l'Empire.
Avant le départ se tient tout de même une cérémonie de remerciement pour les héros qui ont permis la destruction de l’Étoile de la Mort. Baze et Jyn sont les seuls en état d'y aller mais refusent.
-Même si mon père a aidé à détruire cette horreur, il serrait de mauvais goût que la fille d'un de ses concepteurs se tienne à côté de la dernière des Organa.
Cassian n'est pas d'accord avec elle, mais respecte sa décision. Quand à Baze, il refuse catégoriquement d'aller à la cérémonie et refuse de s'expliquer. Les autres comprennent bien que la raison a à voir avec sa crise de foi et l'état de santé de Chirrut. Les dirigeants de l'Alliance n'insistent pas. Ils ont quatre héros à exhiber, rayonnants de jeunesse et de bonne santé.
Dès la fin de la cérémonie, c'est la débandade. Des dizaines de vaisseaux de toute taille décollent. Rogue One est plus jeté que conduit dans un vaisseau médical et conduits dans la nouvelle base de l'Alliance. En deux heures, il ne reste plus aucune trace de la rébellion sur Yavin IV, mis à part le manque de poussière à l'intérieur des vieux bâtiments et quelques clairières récemment déboisées pour servir de pistes d’atterrissage.

Les cinq premiers jours après Scarif semblent avoir duré une éternité pour Rogue One. La douleur et l'angoisse concernant les plans sont fautives. Les semaines suivantes, le temps semble s'accélérer autour d'eux. A l'infirmerie, rien ne se passe. Ils attendent de guérir avec une impatience de moins en moins contenue. Dehors au contraire, chaque rebelle semble réquisitionné pour une mission urgente et dangereuse. Chaque personne qui atterrit à l'infirmerie a une histoire à raconter sur une course poursuite avec Dark Vador, l'interception d'un convoi de prisonnier ou le sauvetage d'un camarade en détresse. On traite Rogue One en héros, mais pas avec cette camaraderie déférente que les gens adoptent envers Skywalker. Non, on regarde leurs blessures et on les traite en invalides qui ne pourront plus jamais servir la rébellion. Chirrut est le seul à s'en amuser. Il ne voit pas de différence avec la façon dont on le traite habituellement.
Jyn en particulier le prend très mal. D'eux tous, elle est la première à être physiquement sur pied et prête à l'action. Malheureusement, dès qu'elle commence à s’entraîner pour récupérer son endurance perdue, elle est assaillie de maux de tête et de nausées. Son hyperacousie la force à se réfugier dans l'infirmerie où elle s'occupe en aidant Cassian et K2 à analyser la programmation de ce dernier pour le jour où ils lui trouveront un corps de rechange.
Au bout de trois semaines d'immobilisation complète, Cassian se voit enfin poser une prothèse au genou. Il lui faut subir deux semaines de rééducation laborieuse pour enfin recevoir l'autorisation de se lever. C'est tout juste s'il ne sort pas au pas de course de l'infirmerie en s'appuyant sur des béquilles pour aller supplier Mon Mothma et Leia Organa de lui trouver quelque chose à faire, même de l'archivage de données. Il ignorait que l'inaction le rendait si nerveux. S'il ne s'occupe pas la tête le jour, son esprit revient en boucle sur les pires actes qu'il a commis au service de l'Alliance et il se retrouve à vomir dans les toilettes les plus proches, soutenu par Jyn qui accumule les insomnies. Heureusement, Mothma et Organa se montrent compréhensives. La seconde l'intègre dans son équipe d'analystes ce qui permet à Cassian d'éviter d'aller voir le général Draven pour demander son congé. Deux jours plus tard, Jyn s'installe à côté de lui pour l'aider, sans demander la permission à qui que ce soit. Personne ne songe à protester.
Bodhi est le second à bénéficier de la greffe d'une prothèse et contemple avec soulagement sa nouvelle main des heures durant. Il se lève tous les jours lentement pour éviter les vertiges qui le saisissent parfois, marche et s'étire plusieurs fois par jour. S'il essaie d'en faire trop, le menacent les docteurs, il risque de se déchirer un muscle ou de rouvrir les blessures de son dos en lui rappelant qu'il a failli ne plus jamais pouvoir marcher sans assistance. Ils sont surpris de le voir si attentif à suivre leurs ordres. Bodhi veut revoler un jour. Il ne risquera pas de briser son rêve parce qu'il a été trop pressé. Chirrut dit à qui veut l'entendre qu'il a la patience d'un jedi. Baze rétorque qu'ils n'ont pas du croiser les même jedi. Finalement, il obtient l'autorisation de s'aventurer du côté du hangar où les pilotes de la résistance se réunissent. Il est accueilli à bras ouvert, à sa grande surprise. On se dispute presque pour lui proposer d'aider à réparer tel ou tel vaisseau pour entraîner sa nouvelle main à des tâches difficiles.
Les deux anciens moines sont loin de faire preuve de la même patience que Bodhi et font le désespoir de l'équipe médicale. Ils ont décidé d'être le plus tôt possible sur pied et ignorent tous les conseils de patience. Les infirmiers se démènent pour cacher tout ce qui peut servir de canne à Chirrut avant sa greffe, mais celui-ci trouve toujours quelque chose pour faire l'affaire. Dès qu'il a enfin reçu sa jambe, les choses empirent. Il quitte à tout bout de champ l'infirmerie à l’affût d'endroits particuliers pour méditer ou pour aller discuter des heures durant avec Luke Skywalker. Dès lors, impossible d'empêcher Baze de lui courir après, même s'il boite encore légèrement et que les docteurs aimeraient les voir éviter de tirer sur leurs innombrables cicatrices.
Semaines après semaines, leur état s'améliore, à l'exception de celui de K2. L'état de sa mémoire se dégrade de plus en plus, au point qu'il finit par choisir de s'éteindre jusqu'à ce que ses compagnons lui trouvent un corps où le transférer.
Les cinq humains s'échappent de l'infirmerie à chaque occasion possible, avec ou sans accord mais y reviennent tous les soirs. Ils tiennent à obtenir un bon bulletin de santé le plus vite possible et doivent prouver aux docteurs excédés que leur état de santé ne se dégrade pas. Ils les laissent refaire les bandages, vérifier la cicatrisation de leurs blessures et la consolidation de leurs os. Ils parlent aussi entre eux, difficilement d'abord, puis avec aisance. Jyn leur décrit la mort de sa mère avant d'aboutir, tremblante, entre les bras de Cassian. Bodhi parle de son enfance tranquille sur Jedha, de son engagement, de ses désillusions face à l'Empire et son désir de le fuir, toujours plus fort. Cassian avoue qu'il n'avait pas dix neuf ans la première et seule fois où il a envisagé d'en finir avant de renoncer et de reposer son blaster sur ses genoux. Pas parce qu'il avait peur, mais parce qu'il pensait que c'était égoïste de se tuer pour oublier ses souffrances et sa honte alors qu'il restait tant à faire pour rétablir la liberté dans la galaxie. Baze parle de l’angoisse qui l'a saisit quand il est rentré d'un pèlerinage à l'autre bout de la planète pour découvrir que le temple était détruit et que Chirrut avait été emmené par l'Empire pour refus d'obtempérer. Il parle de l'horreur qui l'a étreint lorsqu'il s'est introduit dans une prison pour découvrir l'homme qu'il aimait désespéramment marqué de dizaines de coups de bottes, à moitié nu et à moitié mort, le regarder avec des yeux désormais aveugles. Chirrut, lui ne parle du passé que s'il peut évoquer les moments joyeux, leur premier baiser sous la pluie, la beauté des cristaux de kyber. D'autres fois, il leur parle du futur, de la Force et de Skywalker.
Ils finissent par véritablement se connaître. Ils savent ce qui les rend gai, ce qui les rend tristes. Ils savent quels sujets peuvent être abordés et quand. Ils apprennent à faire avec l'humour de Chirrut, les ronflements et les grognements de Baze, les rires nerveux de Bodhi, les colère de Jyn et les silences de Cassian. Ils apprennent à ne plus s'en faire les uns autour des autres et à former une famille.
Bien sûr, ils continuent à souffrir de ce qu'ils ont vécu, se réveillent parfois en sueur en entendant des explosions ou des tirs de blaster qui n'existent que dans leur tête. Il leur suffit de fermer les yeux et ils sentent le sable de Scarif sous leurs pieds et le goût du sang dans leurs bouches. Ils savent qu'ils ne s'en remettront jamais, qu'ils se sentiront toujours en sursis car ils auraient dû mourir sur les plages de Scarif.
Et enfin vient le soir où Mon Mothma s'invite dans leur chambre à l'infirmerie pour leur annoncer en souriant que l'Alliance rebelle a une mission pour Rogue One. Ils sont prêt à transformer leur survie inespérée en quelque chose de grandiose.

[Art] For the Night is dark and full of Terrors, Don't Starve, Wilson [de Cock en Stock, pour Wubba]

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Titre : For the Night is dark and full of Terrors
Auteur : Cock en Stock (Participant 21)
Pour : Wubba (Participant 16)
Fandom : Don't Starve
Persos/Couple : Wilson
Rating : G
Disclaimer : Don't Starve est un jeu de Klei Entertainment
Prompt : Comme tu le sais si tu as joué au jeu, on ne voit jamais les personnages dormir. Donc mon prompt, c'est Wilson recroquevillé au coin du feu et essayant de dormir malgré les monstres qui le guettent dans les ténèbres



obscur échange 2017 cock en stock.png

[Art] Les mercredis de Mercredi, Addams Family, Mercredi, Pugsley [Tarabiscotte ->Here comes trouble

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Titre : Les mercredis de Mercredi
Auteur : Tarabiscotte (Participant 12)
Pour : Here comes Trouble (Participant 20)
Fandom : La famille Addams
Persos/Couple : Mercredi et Pugsley Addams
Rating : G
Disclaimer : (j'ai dans ma cuisine un couteau du même genre. Les personnages, par contre, appartiennent à Charles Addams.)
Prompt : Un portrait de Wednesday, peut-être un peu dans le style de ce mème avec la petite fille qui sourit devant une maison qui brûle (tape "girl smile fire" dans le moteur de recherche pour la trouver), en plus simple cependant bien entendu. Quelque chose peut brûler effectivement, ou peut-être est-ce Pugsley avec un coûteau planté dans le dos, ou n'importe quel "incident" typique de Wednesday.
Notes : J'ai représenté Mercredi de face parce que c'est comme ça qu'on la voit le plus souvent. M'est avis que Puglsey va passer un sale quart d'heure :P (et qu'est-ce que c'est les autres jours de la semaine !)



OE PROMPTS - Wednesday.png


[Fic] Dreams, Star Wars Rogue One, Bodhi, Cassian, Jyn [de Gemma, pour You Know my Name]

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Titre : Dreams
Auteur : Gemma (Participant 5)
Pour : You know my name (Participant 23)
Fandom : Star Wars - Rogue One
Persos/Couple : Bodhi, Cassian, Jyn, très léger Bodhi/Cassian si on cherche, plus des persos de l’univers étendu parce que je suis une fangirl et que j’aime les caméos obscurs
Rating : PG
Disclaimer : Rien n’est à moi. Tout est à Lucasfilms et Disney.
Prompt : Je pense que pour ce fandom un canon fix-it s’impose, et j’aimerais plus particulièrement en lire un centré autour de Bodhi, que ce soit en pairing ou non ! Peut-être quelque chose qui nous en dise plus sur son passé, la manière dont il gère sa torture psychique par la bestiole de Saw Gerrera, celle dont un ancien impérial peut s’intégrer à l’Alliance, peut-être quelque chose sur le fait que sa ville ait été réduite en gros cratère fumant par l’empire (et le parallèle que ça lui donne avec les survivants d’Alderaan ?) Bon, toutes mes propositions sont plutôt sombres ^^, mais n’hésite pas à injecter de l’espoir et un peu d’humour si tu veux, via le reste de l’équipe, les droides, etc !
Notes : Avec toutes mes excuses pour l’attente, j’espère que ce petit quelque chose te plaira ! :3



“Je ne sais pas quoi te dire. J’espère que tu ne m’en veux pas de te tenir compagnie en silence. Je me demande à quoi tu rêves...”

Bodhi Rook ne se souvenait plus quand il avait arrêté de rêver.
Quand il était enfant, les petits déjeuners familiaux étaient rythmés par les récits des aventures oniriques de la nuit passée. Dans la chaleur sèche et déjà écrasante du petit matin, il y avait toujours quelqu'un pour offrir une oreille attentive à Bodhi.
Et puis, petit à petit, comme s’ils avaient été mangés par les sables du désert, ses rêves s'étaient estompés jusqu'à ce qu’il ne garde de ses nuits que le souvenir d’un vide glacial et silencieux comme l’espace.
Comme si le jour où il était devenu pilote pour l’Empire afin de nourrir sa famille, il avait vendu son âme en échange. Même lorsque la brûlure de son soleil lui manquait, aussi fort ou presque que la caresse brusque de son père sur sa nuque, il n’y avait que ce vide froid et métallique. Rien pour le soulager, lui offrir une échappatoire.
Avec le temps et le souvenir du visage soucieux de sa mère lorsqu’il était parti pour l’Académie, Bodhi en était venu à se dire qu’il avait mérité ce silence et cette punition.

Il s’était perdu dans le travail et dans le jeu, et oh, ce que sa pauvre grand-mère dirait si elle le voyait ainsi dépenser le peu de la solde qu’il gardait pour lui !

Puis son chemin avait croisé celui de Galen Erso, avec ses beaux discours, ses arguments et ses idéaux, tentateur et salvateur comme l’un des nombreux prêcheurs qui haranguaient les âmes en recherche d’un sens sur le parvis du temple de Ni Jeddah.
Et Bodhi Rook, Bodhi le pilote, Bodhi le rêveur, Bodhi à la recherche de ses rêves… Bodhi Rook s’était raccroché tout entier à cet espoir de rachat. Il avait cru Galen et bu ses promesses comme un fou perdu dans le désert.
“Trouve Saw Guerrera. Donne lui mon message. Nous pouvons racheter nos fautes, Bodhi Rook, si seulement tu fais ça pour moi, si tu trouves le courage...”

Il avait cru qu’aider Galen lui rendrait ses rêves.
Il avait eu tort.
Retrouver Saw Guerrera avait transformé ses rêves en cauchemars bien réels.

Un temps infini après, passé à se noyer dans le froid gluant déversé dans son esprit par le Bor Gullet, Bodhi Rook le pilote (c’est moi le pilote) s’était réveillé dans une réalité encore plus cauchemardesque.

“J’avais espéré que cette fois encore, tu te réveillerais si je te parlais. Sans doute qu’avoir deux fois cette même chance, ce serait trop demander. Ce n’est pas grave. Je vais rester encore un peu.”

Le prix du message de Galen à ce fou de Guerrera était bien trop cher à payer.
Alors qu’il fuyait à bord de ce petit vaisseau rebelle, avec dans les narines l’odeur du désert, de la sueur et du sang, Bodhi regardait la destruction froide de la ville de son enfance, du Temple où son grand-père allait prier tous les matins, et il pensait à tous les gens qui n’avaient pas eu la chance de s’enfuir, tant de visages connus, de noms qui avaient un sens pour lui...
C’était lui le pilote.
C’était lui qui, en voulait racheter des erreurs, avait commis la pire des trahisons. Il aurait voulu mourir cent fois. Il aurait voulu maudire Galen Erso, mais il n’avait que lui-même à blâmer. Et l’Empire, bien sûr.
Il avait déjà transporté la mort des dizaines de fois pour l’Empire, sur des planètes aussi pauvres que Jeddah, sur des populations aussi innocentes que sa propre famille mais là, c’était trop... Comme l’avait craché Cassian à Jyn, la guerre était beaucoup plus réelle quand elle nous frappait directement.

Alors, c’était à ça qu’il s’était raccroché, au milieu du maelstrom laissé par le Bor Gullet et la destruction de ses origines. La culpabilité, bien sûr, un peu de haine, aussi, et de désespoir, mais surtout, contre tout attente… son contraire. Une petite graine germée sous la brûlure du désert.

“L’espoir est à la base de toute rébellion.”

Bodhi Rook le pilote, Bodhi Rook le traître, Bodhi Rook le rêveur sans rêves avait su dès qu’ils avaient mis au point leurs plans un peu fous qu’il ne survivrait pas. Mais cela n’avait pas d’importance. En revanche, il avait espéré, en les regardant, qu’ils en réchapperaient tous, la sauvage Jyn, le sage Chirrut et le loyal Baze, mais aussi K2 et Cassian, le droïd et l’assassin, tous les deux si tragiquement humains…

Était-ce la tragédie qui les avait rapprochés ? Ou bien peut-être était-ce simplement les blessures en eux, comme autant de fissures qui tiraient toutes leur origine dans le néant sombre de l’Empire et qui fuyaient pour s’y perdre vers cet espoir fou auquel ils se raccrochaient… peu importait à Bodhi qu’ils se soient rencontrés il y a si peu de temps. Il n’avait trouvé chez eux aucun jugement négatif envers lui, pas chez Jyn, avec sa haine froide pour l’Empire, ni même chez Cassian, chez qui cette même haine brûlait aussi fort que les laves de Mustafar. Rien que de la gentillesse, plus ou moins maladroite, mâtinée de l’impression étrange qu’ils cherchaient à le protéger.
Lui.
Le pilote.
Le traître.
Lui qui avait le sang des siens sur les mains.

“Baze m’a confié que tu étais de Jeddha. Je suis désolé, Bodhi. Nous aurions dû comprendre… Mais ce n’est pas ta faute, tu sais.”

Alors quand Bodhi Rook avait vu la grenade tomber à l’intérieur de son vaisseau, il avait vu, confirmant le cliché, sa vie défiler devant ses yeux. Chaque fraction de seconde de ses souvenirs, le claquement des drapeaux de dévotion accrochés autour du Temple, chaque geste, le sourire de sa mère, chaque mot prononcé, la main de Chirrut sur son épaule, chaque décision prise, les larmes de Jyn, jusqu’au moindre souffle, le regard perdu de Cassian

“Tu es notre seul moyen de sortir d’ici” avait dit Cassian.

Un millième de seconde, à peine le temps de fermer les yeux.
Ou pas.

Il ne se souvenait même pas avoir sauté vers la trappe.
Il ne se souvenait pas avoir roulé au sol pour éteindre les flammes qui rongeaient déjà ses vêtements.
Il se souvenait à peine avoir titubé vers un autre vaisseau abandonné, trébuchant au passage sur Baze et Chirrut, enroulés l’un autour de l’autre comme des enfants se protégeant du froid de la nuit dans le désert.
Il se souvenait un peu plus, avec une clarté étrange, d’avoir volé vers Jyn et Cassian, qui se dirigeaient vers la plage.
Remontée dans l’atmosphère.
Coordonnées entrées pour le saut en hyperespace.
Et puis plus rien. A part son vieux compagnon, ce silence vide et oppressant.

Puis du silence, des voix qui sortaient, pour l’extirper à l’espace et le ramener vers elles..

“Tu nous as tous sauvés, Bodhi Rook. Laisse-nous la chance de te remercier…”

Le contact gluant du Bor Gullet, partout sur son corps.

“Je fais corps avec la Force et la Force est avec moi…”

Ses doigts qui ne lui répondaient pas.

“Je me souviens de ta mère. La courageuse Prajya Rook. Elle serait fière de toi.”

Si froid. Puis si chaud. De l’eau contre son front.

“Bodhi le héros. C’est comme ça que tout le monde t’appelle, maintenant.”

Il connaissait ces voix. Jyn, Chirrut, Baze, Cassian…

“Bon, Bodhi Rook, héros ou pas, si tu ne te réveilles pas bientôt, je vais devoir me mettre en colère !”

Et enfin, Bodhi Rook le rêveur éveillé, le héros endormi, le pilote sans vaisseau, Bodhi Rook ouvrit les yeux.
Ou plutôt, il essaya.
Il était sur le ventre, la tête tournée sur le côté, les paupières lourdes et collées comme par de la colle. La voix qui l’avait menacé ne lui était pas familière mais elle avait brisé la chape de plomb qui l’avait maintenu endormi jusqu’alors. Il ne sentait rien, comme si son corps n’était pas encore réveillé. Seuls ses yeux semblaient vouloir réagir à l’éveil de son esprit, mais en vain...

Pourtant, il entendit une inspiration surprise non loin de lui, puis perçut un mouvement précipité.

“Attends, j’appelle les médecins !”

Bodhi se laissa porter par la valse des soignants auprès de lui. Il les écoutait à peine, se contentant de lire sur leurs sourires confiants qu’il était bien vivant et qu’il allait le rester. Et que de sourires, quelle douceur dans leurs gestes presque déférents...
Il les laissa l’examiner avec détachement. Oui, il allait s’en sortir, presque sans séquelles apparemment, mais les autres ? Dans ses derniers souvenirs, Chirrut respirait à peine, et Cassian et Baze étaient si pâles… Quel intérêt avait-il à sa propre survie si ceux qu’il avait essayé de secourir n’étaient plus là ? Il avait entendu leur voix, mais il n’avait plus rêvé depuis si longtemps qu’il n’était plus sûr d’arriver à faire la distinction...

Ils le tournèrent sur le dos pour l’aider à respirer et il se rendit à peine compte à ce moment-là qu’il s’étouffait. Les alarmes stridentes des appareils médicaux résonnaient à ses oreilles comme les hurlements des soldats de Rogue One morts pour qu’ils puissent réussir leur missions, comme les habitants de Ni-Jeddha lorsque la destruction s’était abattue sur eux, comme Jyn face à Cassian et à la perte de son père… Jyn qui criait sa détresse et sa haine, Jyn qui criait son nom…

“Bodhi ! Bodhi ! Tout va bien, Bodhi, respire !”

Elle était au dessus de lui, une mèche de ses cheveux châtains lui caressant le front, comme pour lui prouver qu’elle était bien réelle. Il ferma ses yeux brûlants une seconde, une éternité, et quand il les rouvrit, Jyn était toujours là et elle lui souriait. Lentement, les alarmes se calmèrent, de même que son souffle.

Elle était vivante, elle était là. La fille de Galen. Est-ce que ça le rachèterait un peu aux yeux de Galen, aux yeux de sa propre famille ? C’était tellement infime, une vie, au vu de ce qu’il avait fait en travaillant pour l’Empire, mais c’était Jyn. Bodhi Rook avait sauvé au moins une personne, il avait sauvé Jyn Erso.

Elle recula mais ne quitta pas Bodhi des yeux, le temps que les médecins finissent de l’examiner. On lui proposa un sédatif qu’il refusa presque frénétiquement. Il avait assez dormi, assez perdu de temps. Il avait peur de fermer les yeux et de se retrouver dans l’étreinte du Bor Gullet, ou pire encore, sur sa couchette, dans son vaisseau.

Bodhi Rook le rêveur avait peur de rêver. En quelques jours, de rencontre en sacrifice, la réalité, bien qu’amère, lui était devenue plus précieuse que ses rêves inaccessibles.

Alors, il attendit que les médecins s’éloignent, et qu’il ne reste avec lui que Jyn et une autre femme, brune et à la peau mate, des boucles rebelles entourant son visage souriant. Elle le regardait comme si elle le connaissait déjà, comme si elle l’appréciait déjà. Bodhi s’agita sur son lit, gêné par cette attention bienveillante mais inconnue. Jyn vint s’asseoir à son chevet mais ce fut l’autre femme qui brisa le silence qui s’était installé.

“Quand Cassian saura que c’est moi qui t’ai réveillé… J’ai hâte de voir sa tête !” lança-t-elle en s’appuyant contre le mur, l’air profondément satisfait d’elle-même.

Il y avait quelque chose dans sa voix, quelque chose de familier… Elle laissa échapper un petit rire alors qu’il la dévisageait et lui fit un salut militaire.

“Lieutenant Shara Bey, ravie de faire enfin ta connaissance, Bodhi Rook le pilote ! C’est vraiment pas de chance pour Cassian. Avec tout le temps qu’il a passé à user la chaise à côté de ton lit, il a fallu qu’il s’absente une heure pour que tu te réveilles… On pourrait penser que tu l’as fait exprès !
- Je suis sûre que Bodhi ne saurait même pas comment faire, intervint Jyn en regardant fixement ses mains posées sur le matelas, à côté de celle de Bodhi. C’est quelqu’un de bien.”

Bodhi dévisagea Jyn, ses traits tirés par la fatigue, ses yeux bleus un peu ternes. Il referma le poing avec une grimace douloureuse, sa peau tirant comme du tissu trop neuf. Le lieutenant Bey laissa échapper un soupir et les regarda tous les deux sans rien dire. Un sourire un peu triste lui traversa le visage.

“Je crois que je commence à comprendre ce que Cassian voit chez vous, Rogue One, lâcha-t-elle. Vous êtes au moins aussi idiots que lui.
- Merci, répondit simplement Bodhi, avant de tousser douloureusement.
- C’est bien ce que je disais… soupira Shara avant de se diriger vers la porte. Je vais le chercher, d’ailleurs, il doit bientôt avoir terminé.”

Le temps que Jyn lui tende un verre d’eau pour sa gorge asséchée, la lieutenant était sortie.

“Elle était dans l’escadron qui a attaqué la station de contrôle sur Scarif, lui expliqua Jyn en récupérant le verre une fois vide. La première fois que je l’ai vue, elle passait un savon à Cassian. Je ne comprenais pas la langue, mais difficile de ne pas saisir le ton.”

Ils se regardèrent en chiens de faïence quelques secondes. Elle semblait gênée, lui cherchait à démêler le noeud de questions qui lui bloquait la gorge.

“Est-ce que… les autres… Baze et Chirrut… bégaya-t-il, emporté par cette envie viscérale de savoir.
- Ils vont bien. Ils ont sorti Chirrut du bacta un peu avant toi. Tu les as sauvés. Tu nous as sauvés.“

Jyn se mordit la lèvre. Bodhi sentit son coeur s’emballer de nouveau. Allait-elle lui annoncer une mauvaise nouvelle ? Shara Bey avait parlé de Cassian, alors il était encore vivant… N’est-ce pas ? Les autres ? Il avait vu lui-même une bonne partie des autres membres de Rogue One tomber sous les tirs des Impériaux. Il n’avait rien pu faire pour eux… est-ce qu’elle allait le lui reprocher ?

“Personne n’avait jamais fait ça pour moi… Pas vraiment.
- Quoi ? De quoi est-ce que tu…
- Même Saw, il voulait un bon petit soldat ou bien il devait une faveur à mon père, qu’importe… Les Rebelles ? Ils voulaient que je les aide… Mais toi, tu… tu nous as sauvés, Bodhi Rook. Tu m’as sauvée. Personne n’avait jamais fait ça pour moi sans espérer quelque chose en échange.
- J’ai juste… je voulais juste que vous vous en sortiez. Je voulais vous donner une seconde chance.
- Et toi ?”

Il ne répondit rien, se contentant d’un haussement d’épaules. Il n’avait jamais pensé survivre. Dès qu’il avait accepté la mission de Galen, il avait su que ses jours étaient comptés. A l’époque, ça n’avait aucune importance. Bodhi n’avait toujours été qu’un exécutant. Quelqu’un comme Cassian aurait sans doute prévu l’éventualité, même peu probable, de sa propre survie et aurait envisagé quelque chose. Mais lui… il ne lui restait rien, à part ce besoin de se racheter. Si les Rebelles voulaient de lui, il resterait. Bodhi avait déjà dépassé l’espérance de vie qu’il s’était fixé. Il passerait le temps supplémentaire que la chance lui avait donné à essayer de faire le bien.

Jyn se leva lentement et se pencha vers lui, plongeant ses yeux bleus dans les siens. Sans même le toucher, elle l’immobilisa de son simple regard. Elle lui rappela tellement Galen à cet instant, si fière, si intense, que des larmes se bloquèrent dans sa gorge, lui coupant le souffle.

“Je te revaudra ça, Bodhi Rook. C’est une promesse,” murmura-t-elle avant de poser ses lèvres sur le front du pilote pour sceller ce serment.

La porte s’ouvrit alors qu’il allait protester qu’elle ne lui devait rien, tant lui-même devait de choses à Galen. L’apparition de Cassian le coupa dans ses tentatives maladroites de marchandage, un soulagement intense remplaçant toute autre émotion. Derrière lui, le lieutenant Bey et un autre homme, la peau brune, les cheveux coupés courts, l’air soucieux. Ce dernier poussa doucement Cassian dans le dos pour le faire avancer et Jyn tira un peu la chaise comme pour l’inviter à s’asseoir.

Cassian traversa lentement la pièce, s’aidant d’une canne pour marcher. Ses traits étaient tirés, sa démarche visiblement douloureuse mais il avança jusqu’au lit de Bodhi sans aucune hésitation. Il y avait quelque chose de caractéristique dans la démarche de Cassian Andor. Il marchait comme quelqu’un qui ne regardait jamais en arrière. Et même là, blessé et fatigué, Cassian avançait comme un homme investi d’une mission. Il s’installa raidement dans la chaise, tandis que Jyn rejoignait les deux rebelles à la porte. Elle lui fit un petit signe de la main avant de refermer derrière elle, le laissant seul avec Cassian.

“J’étais avec Baze et Chirrut quand Shara est venue me chercher, commença Cassian. Je suis chargé de te transmettre ces deux messages mot pour mot : “C’est pas trop tôt. Repose-toi, nous viendrons te voir demain” et aussi “Te voir réveillé me remplirait de bonheur, petit frère, d’abord parce que tu nous as inquiétés, mais aussi parce que cela signifierait que j’aurais retrouvé la vue. Je pense que je devrai malheureusement me contenter d’écouter le son de ta voix.”

Cassian avait l’air gêné de l’homme austère qui exprime des sentiments, et son visage embarrassé accompagné du message de Chirrut firent sourire Bodhi. Cassian baissa la tête avec une grimace amusée.

“Je suis content que tu sois réveillé, moi aussi, continua-t-il néanmoins. Les médecins s’inquiétaient que tu ne supportes pas bien ton passage dans la cuve à bacta.
- Cuve à bacta ? répéta bêtement Bodhi, sidéré. Mais je ne suis pas un gradé, alors pourquoi est-ce que…
- Tu étais très gravement brûlé, alors gradé ou pas... Nous ne sommes pas l’Empire, Bodhi, et tu avais vraiment besoin de ce traitement, le coupa fermement Cassian. C’est déjà un miracle que tu sois resté conscient suffisamment longtemps pour nous récupérer tous les quatre.”

Du bacta pour un simple pilote… Ses supérieurs impériaux en auraient fait une syncope. Et puis, le simple fait d’avoir quelqu’un à son chevet à son réveil… ça ne lui était pas arrivé depuis qu’il était entré à l’Académie. Cassian, Jyn, et même le lieutenant Bey… Ca semblait presque trop beau pour être vrai. Était-ce vrai ? Était-il en train de rêver ? Est-ce qu’il savait seulement faire la différence ? Il serra les poings et déglutit convulsivement.

“Tout va bien, Bodhi, le rassura Cassian de sa voix basse et calme, cette même voix qui l’avait ramené à lui alors qu’il se débattait avec les séquelles du Bor Gullet, tu es dans une base de l’Alliance Rebelle, tu vas te remettre et bientôt, tu chercheras un moyen d’échapper à Shara. J’ai eu le malheur de lui dire que tu étais pilote, elle va vouloir te mettre à l’épreuve. Entre elle et Wedge Antilles, si j’étais toi, je me méfierais…”

Cassian continua à parler, égrenant des noms et des événements juste pour sortir Bodhi de sa tête et le ramener au présent. Indistinctement, il lui sembla comprendre qu’ils avaient réussi, que le sacrifice du reste de Rogue One avait servi, que l'Étoile de la Mort avait été détruite, apportant du répit et de l’espoir aux Rebelles. Il eut une pensée furtive pour Galen mais ne s’y attarda pas, son esprit luttant contre lui-même pour se raccrocher à la voix de Cassian.

Quand il y parvint enfin, Cassian parlait toujours. Il s’était détendu sur sa chaise et jouait avec le pommeau de sa canne.

“... j’ai dit à Kes de trouver quelqu’un d’autre, mais apparemment ils n’ont pas fini de se battre. Et Shara insiste qu’un seul témoin, c’est amplement suffisant pour un mariage.”

Bodhi cligna des yeux.

“Tu n’as pas suivi ce que je disais, pas vrai ? lui demanda Cassian sans méchanceté.
- J’écoutais plutôt… le son de ta voix. Désolé, admit Bodhi en baissant la tête.
- Ne t’excuse pas. C’est normal après ce qu’il t’est arrivé, le rassura-t-il sobrement. Prends le temps qu’il te faut. Tu l’as mérité.”

Bodhi secoua la tête et Cassian lui saisit vivement le bras, comme mû par une urgence soudaine. La pression de ses doigts était délicate, comme si Cassian avait peur de le briser.

“Après ce que tu as fait pour la Rébellion et pour nous…
- Je n’ai fait que ce qui était… je ne sais pas… juste ? Bien ?
- Je te dois la vie, Bodhi Rook. Quand nous tous, nous avions abandonné, toi, tu n’as pas renoncé, et tu nous as sauvés. Tu es un héros. Je ferai taire quiconque dira le contraire et je sais que Jyn, Baze et Chirrut seront derrière moi.”

Il y avait une telle virulence dans la voix de Cassian que Bodhi se retrouva sans voix une seconde. La seule fois où il avait entendu une telle passion chez Cassian, il parlait de la Rébellion et de son combat.

“Jyn a dit un peu la même chose, parvint-il finalement à répondre.
- Si tu ne le crois pas venant de moi, crois-le venant d’elle.
- Pourquoi je n’y croirais pas venant de toi ?”

Cassian n’avait toujours pas lâché son bras. Ses ongles étaient rongés mais ses mains étaient douces.

“Je t’ai utilisé pour aller tuer Galen Erso.
- Mais tu ne l’as pas fait, contra Bodhi. Et si tu vas par là… j’étais un agent Impérial.
- Mais tu as déserté.
- On a tous des choses à se reprocher… à part peut-être Chirrut et Baze?”

Cassian eut un petit bruit de gorge pensif qui arracha un sourire à Bodhi. Mais une pensée soudaine fit disparaître ce sourire.

“Et K2 ? demanda-t-il.
- Les Impériaux l’ont détruit, mais j’avais fait une sauvegarde de sa mémoire avant notre départ. Dès que j’aurai un peu de temps, je verrai à lui reconstruire un corps. Je pense à quelque chose de plus petit… sans bras, peut-être, réfléchit-il tout haut, l’air amusé.
- Je pensais que tu allais dire “quelque chose de muet”, plaisanta Bodhi.
- On s’y fait, rétorqua Cassian sur le même ton, avant de reprendre son sérieux avec un soupir. Lui aussi nous as sauvés. Mais il ne s’en souviendra pas.
- On lui racontera, lui assura Bodhi avant d’étouffer un bâillement. Pardon…”

Cassian se redressa sur son siège, retirant sa main du bras de Bodhi d’un geste lent.

“Repose-toi, pilote. Tu en as besoin.”

Il fit mine de se lever, mais Bodhi lui attrapa à son tour la main sans pouvoir retenir un tremblement. Ils échangèrent un regard. Bodhi ne savait pas comment expliquer qu’il ne voulait pas dormir parce qu’il ne voulait pas rêver. Rêver, c’était courir le risque de perdre la réalité. Une réalité où Chirrut et Baze l’appelaient petit frère, où Jyn lui souriait et où Cassian… Cassian se rasseyait et serrait la main dans la sienne.

“Je reste encore un peu. Et quelqu’un sera là quand tu te réveilleras, Bodhi. Peut-être Jyn, Baze ou Chirrut… peut-être même Kes ou Shara.
- Ce n’est pas ça... souffla-t-il, cherchant les mots pour s’expliquer face au regard interrogateur de Cassian. J’ai juste… peur de rêver. Ca fait des années que je n’ai pas rêvé et avec le Bor Gullet…”

Il s’interrompit pour déglutir avant de bâiller de nouveau. Cassian avait l’air pensif, les sourcils froncés.

“Je n’ai pas de recette contre les cauchemars. Mais il y aura quelqu’un pour te réveiller. Tant que tu en auras besoin. Alors dors, Bodhi Rook.”

Bodhi ferma les yeux.

Plusieurs fois, cette nuit-là, et les suivantes, il fut réveillé en sursaut par une main sur son front, sur son bras, ou même par une voix métallique lui annonçant d’un ton critique les statistiques de ses cycles de sommeil.

Petit à petit, les cauchemars laissèrent place aux rêves.
Et comme lorsqu’il était enfant, il trouva toujours quelqu’un à qui raconter ses aventures oniriques.
Mais malgré tout, malgré la guerre qui s’éternisait, les batailles et les morts autour d’eux, jusqu’à la fin pour Bodhi Rook, la réalité resta plus précieuse que ses rêves, même les plus doux.

FIN

[Fic] Roulage de pelle, Le fossoyeur de films, Fossoyeur/Capitaine du Nexus VI [Wubba, pour Ouranos]

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Titre : Roulage de pelle
Auteur : Wubba (Participant 16)
Pour : Ouranos (Participant 3)
Fandom : Le Fossoyeur de films
Personnages : Le Fossoyeur/Le Capitaine du NEXUS VI, une oracle
Rating : PG-13
Disclaimer : Le Fossoyeur est un personnage créé et interprété par François Theurel. Le Capitaine...appartient au Capitaine (de la chronique youtube NEXUX VI)
Prompt : Fossoyeur/Capitaine du NEXUS VI - "Mettons-nous d'accord sur la définition de rouler une pelle, l'ami" (nawak bienvenu)



Le baiser dura de longues minutes, durant lesquelles le Capitaine pressa les jours du Fossoyeur dans ses mains qui tenaient son visage en coupe, les lèvres fermement plaquées sur les siennes, avec une passion qu'on ne lui aurait jamais prêté auparavant. La lueur vacillante des torches se reflétait sur leur visage, formant des ombres mouvantes qui dansaient sur les murs en marbre de l'ancien temple.
Lorsque le Capitaine se détacha enfin, il y eut un bruit mouillé de ventouse qui se décolle, et tandis que le Fossoyeur affichait une mimique effarée, les yeux complètement écarquillés à la limite de sortir de leur orbite, le Capitaine se pourlécha les babines d'un air satisfait.
« Ça me démangeait depuis un bon bout de temps ! », marmonna le Capitaine.
Puis il s'adressa à l'oracle qui leur faisait face, assise sur un trône artistiquement sculpté et qui les regardait d'un air intéressé.
- On a fait ce que tu voulais, alors aboule les infos !
- Hmmm, je ne sais pas, répliqua d'oracle en se caressant le menton. Ça n'avait pas l'air aussi bien que dans les films...peut-être l'absence de musique... ?
La colère fit s'étrangler le Capitaine :
- Tu te fous de m...
- Attendez une minute !, interrompit le Fossoyeur sur un ton calme et mesuré.
Le Capitaine lâcha un soupir frustré et se tourna vers lui :
- On n'a pas le temps ! Tu veux des réponses, oui ou merde ?
- Merde ?, répondit le Fossoyeur d'un ton pince-sans-rire.
- Dites, on peut en revenir à nos moutons ?, déclara l'oracle.
- Oh toi la ferme !, la coupa le Capitaine avant de revenir sur le Fossoyeur. Quoi ? Qu'est-ce que tu veux ? Elle a demandé que je te roule une pelle, c'est ce que j'ai fait !
Le Fossoyeur resta une seconde désarçonné, avant de répondre :
- Alors il va falloir qu'on se mette d'accord sur la définition de ''rouler une pelle'' mon ami.
Avec un demi sourire affichant une parfaite confiance en lui, il leva devant leurs yeux sa précieuse Pupuce :
- Ceci, mes aïeux, est comme vous l'aurez sans doute deviné, une pelle.
- Votre famille a vraiment un truc pour les machins qui se plante dans la terre, grommela le Capitaine.
Le Fossoyeur fronça les sourcils mais décida de l'ignorer.
- Et ceci, est un roulage de pelle !
Il fit tourner le manche dans la paume de sa main d'un geste expert, et un rayon de lumière dorée jaillit, frappant l'oracle en pleine figure. Celle-ci s'écroula comme une loque au sol, dans un enchevêtrement de voilages violets.
- Qu'est-ce que tu fous ???, s'égosilla le Capitaine en se jetant sur le Fossoyeur pour lui faire lâcher son arme.
Ce dernier l'attrapa par le col de son t-shirt blanc sale et l'embrassa passionnément en le renversant en arrière comme une scène hollywoodienne.
Après un long moment en dehors du temps et de l'espace, le Fossoyeur se redressa, décochant clin d'oeil et sourire gouailleurs au Capitaine laissé sans voix :
- Je n'aime simplement pas qu'on nous regarde, susurra-t-il.
- Ou alors on les fait payer, rétorqua le Capitaine. On n'est pas au spectacle ici !
- J'aime bien ton mauvais esprit, répondit le Fossoyeur en lui tapant amicalement sur l'épaule. C'est comme un plaisir coupable que l'on ne peut s'empêcher de savourer en même temps que l'on tire la grimace. Comme des pop-corns salés en somme, ceux que l'on sert dans les cinémas UGC. Dégueulasses. Mais tellement croustillants !
Le Capitaine roula des yeux et s'écarta. Il alla examiner l'oracle inconsciente sur le sol, tapotant ses côtes avec le bout de sa chaussures pour vérifier qu'elle ne faisait pas semblant de dormir.
- Ça va être dur de lui faire dire où est ce satané trésor maintenant !
- Mais le trésor que nous recherchions n'est-il pas déjà celui que nous venons de trouver au cours de notre quête elle-même ?
- Arrête ça, tu deviens trop méta, le coupa le Capitaine. Les « le trésor que tu cherches se trouve dans ton coeur », c'est bon quoi, on n'est pas dans un Disney des années 2000 ! Moi j'ai besoin de thunes, de vraies thunes ! Comment tu crois que je paye les réparations de mon vaisseau ? Avec des arcs-en-ciel et des fleurs ?
- Ton cynisme me désole, soupira le Fossoyeur.
Il lui tendit sa pelle et pointa le sol de l'index. Il y avait une large croix rouge peinte sur le carrelage juste en dessous du trône, qui semblait être là uniquement pour dissimuler la marque.
- Commence à creuser et tu trouveras peut-être ce que tu cherches. Mais n'oublie pas de me rendre Pupuce quand tu auras fini.
Puis il se détourna vivement, les pans de son manteau voletant derrière lui, la poussière qui le recouvrait formant un nuage de particules qui firent tousser le Capitaine.
- Tu vas où comme ça ?, dit-il en toussotant dans son poing.
- Chercher des réponses au sens de la vie, déclara dramatiquement le Fossoyeur. Pourquoi toi ? Pourquoi moi ? Pourquoi le cinéma est-il en pleine perdition ? Pourquoi le cinéma de genre a-t-il si mauvaise réputation ? Pourquoi les oiseaux ont-ils des plumes ?
- Pour voler, je suis quasi sûr que la réponse est « pour voler ».
- La vérité est ailleurs, Mulder. Et les poules ont des plumes mais ne peuvent pas voler, répondit le Fossoyeur d'une voix mystérieuse avant de passer le seuil, disparaissant dans la nuit.
Le Capitaine hésita, regarda la croix au sol avec les yeux plissés par l'amertume, avant de se lancer à la poursuite du Fossoyeur, abandonnant l'idée du trésor.
- Arrête de dire n'importe quoiiiiiii !!!

[Fic] C'était le jour un, Fantômette, Fantômette/Oeil de lynx [d'Ada Lovelace, pour Masked Tape]

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Titre : C’était le jour un
Auteur : Ada Lovelace (Participant 19)
Pour : Masked Tape (Participant 15)
Fandom : Fantômette
Persos/Couple : Fantômette/Oeil-de-Lynx
Rating : PG-13
Disclaimer : Hormis la fic, patamoi.
Prompt : Fantômette : "Oh, nom d'un pompon : ma maison a encore été dynamitée par le Masque d'Argent ! J'ai des partiels à réviser, vous m'hébergez ?"
Du Fantômette/Oeil-de-Lynx ou du Fantômette->Oeil-de-Lynx, en début de relation et/ou progression, avec Françoise qui, quittant l'adolescence, flirte de façon totalement joyeuse et carnassière, pendant qu'Oeil est vraiment vraiment conscient d'être une proie... et, honnêtement, est loin de détester ça.
(Suggestions supplémentaires : Dynamique D/s au moins symboliquement dans la vie à deux, mais ça peut aller jusqu'au rating de ton choix - tant que Françoise garde son costume.)



Tout avait commencé un mercredi matin vers 7h18. A cette heure-ci, Françoise était entrée chez lui avec la clé qu’il lui avait donnée en cas d’urgence.
- Œil, lança-t-elle en se dirigeant vers la cuisine.
Elle avait à son épaule deux sacs de sport, un dont il connaît très bien le contenu –sa tenue et ses gadgets en tant que Fantômette- et un autre inconnu mais qui semblait encore plus lourd. Si cela était possible.
- Le Masque d’Argent a dynamité ma maison, encore une fois et j’ai mes partiels à réviser. Tu m’héberges ? C’est la fin de mon master, je ne peux pas me permettre…
Œil de Lynx leva les mains en signe de reddition.
- La chambre d’ami est pour toi, mais il va falloir résoudre le problème chronique de destruction de ton logement, parce que l’assurance va finir par se poser des questions.
- Framboisy est une ville dangereuse ? Proposa Françoise en se laissant tomber sur une chaise… et en lui piquant une des tartines de pain grillé et de beurre salé qu’il s’était fait.
Il la regarda sans commenter. Il fallait dire que depuis la fin de son lycée, Françoise avait développé tant d’habitudes presque domestiques envers lui qu’il lui fallait se souvenir à chaque instant qu’il l’avait connu à douze ans et qu’il était tout sauf adapté d’avoir envie d’aller plus loin que l’amitié ou l’amour fraternel avec elle.
- Comment vont Ficelle et Boulotte ? Demanda-t-il. Elles ont besoin d’un toit aussi, je suppose ?
- Non. Il restait juste deux chambres à l’hôtel, donc je leur ai laissé.
- Tu es sûre ? Ca ne me dérangerait pas que vous soyez là toutes les trois. Et puis, ça serait peut-être mieux pour leurs finances… Essaya le journaliste, car après tout, il aurait nettement moins de tentation en leur présence.
- Ce n’est pas un souci. Fantômette en a parlé avec la propriétaire de l’hôtel. Elle est d’accord qu’il faut prendre soin d’elles, sans les faire payer.
Cela ne l’arrangeait pas du tout.
- Bon, je vais prendre une douche. J’ai l’impression de sentir encore la poudre, ajouta Françoise en se levant et en déposant un baiser sur la joue d’Œil. Merci de m’accueillir.
Il la suivit du regard alors qu’elle disparaissait dans le couloir menant à sa chambre, la chambre d’ami et la salle de bain. Elle ne sentait absolument pas la poudre à son avis, plutôt au cuir, certainement sa tenue. Elle n’avait pas opté pour une tenue version SM, comme on pouvait voir dans certains comics américains, mais plutôt pour une meilleure résistance et une meilleure protection.

***

Le Masque d’Argent n’avait pas fait les choses à moitié cette fois-ci. Bien souvent, quand lui ou Le Furet s’en prenaient à sa demeure, tout était effacé en quelques jours. Autant dire qu’un coup de peinture, quelques briques et du plâtre ne suffisaient pas. Cela faisait trois semaines que Françoise s’était installée et Œil envisageait de devenir chèvre. Ou un lapin entre les feux d’une voiture. Parce qu’on ne pouvait pas dire qu’elle semblait inquiète contrairement à lui !
Dès le premier jour, il avait eu le plaisir malsain de découvrir la quasi totalité de ses jambes, qu’il trouvait soudainement interminable, quand elle était sortie de la salle de bain enroulée dans sa serviette pour chercher ses affaires qu’elle avait laissé dans la cuisine.
Le jour quatre, c’était sa poitrine et que le Seigneur lui en soit témoin, il avait tout fait pour ne pas regarder. Simplement, quand il avait fallu l’aider à nettoyer la blessure qu’elle s’était faite à l’épaule, il n’avait guère pu faire plus que s’assurer qu’elle porte un soutien-gorge, ce qui l’avait fait rire, au point de lui demander si cela le gênait vraiment qu’elle ne porte rien la majorité du temps.
Difficile de savoir si c’était cette information qui l’avait le plus troublé ou alors l’apparence de ce qu’elle avait daigné mettre. Depuis quand elle possédait quelque chose d’aussi affriolant, qu’un soutien-gorge fait de dentelles rouges et de rubans en satin noir, cachant à peine ses seins et laissant deviner l’aréole de ses tétons ? Il avait cru mourir sur place quand elle lui avait dit que si ça lui plaisait, elle avait le bas qui allait avec. Œil se demandait s’il pourrait survivre à cette vision et surtout ce que cette culotte –il voulait vraiment se convaincre qu’elle possédait la culotte assortie et non… autre chose !- pouvait bien cacher.

Jour sept, il avait dû l’aider pour son examen pratique de massage ayurvédique. C’était une option qu’elle avait demandée dans le cadre d’un diplôme universitaire sur les médecines traditionnelles, malgré le fait qu’elle finalise un cursus d’ingénieure-informaticienne. Officiellement, il n’avait aucune idée de comment elle avait pu le faire passer. Officieusement, elle avait juré que c’était pour ses activités nocturnes. Quand elle avait commencé cela, il n’avait pu s’empêcher à quelque chose de plus sexuel que la réalité. Enfin, c’est ce qu’il avait cru avant cette journée où il s’était retrouvé allongé sur son lit, torse nu, Françoise installée à côté de lui et ses mains sur sa peau.
Elle avait une manière de faire, de caresser, non Œil, de le masser qui n’aidait absolument pas. Les premières minutes, il avait su en profiter, se détendre. Elle avait une voix vraiment envoutante à lui expliquer comment elle faisait, la manière dont elle avait chauffé l’huile de sésame entre ses mains –cette partie lui avait semblé parfaitement pornographique-, le bien que cela lui ferait, quel muscle elle travaillait à l’instant, ...
Françoise avait des mains dangereuses. Terriblement dangereuses. Pas uniquement pour ses aptitudes au combat, mais aussi pour ce qu’elle était présentement en train de faire, vu l’érection douloureuse qu’il avait, alors qu’elle était à califourchon sur ses fesses. Quand elle lui avait dit qu’il pouvait se relever, alors qu’il glissait lentement vers un mélange déroutant de sommeil et d’excitation sexuelle il n’avait pu baragouiner plus qu’un vague « oui, oui, plus tard ». Couinement qui avait été reçu par un éclat de rire de la part de Françoise et d’un « tu sais, ça arrive souvent, tu ne devrais pas avoir honte et il existe des massages aussi pour cela ». Les derniers mots avaient presque été susurrés à son oreille, avant d’elle ne dépose un baiser sur le haut de sa tempe.

Jour dix avait été le jour de lessive. Et non, c’était impossible qu’elle porte des choses avec aussi peu de tissus en guise de sous-vêtement. C’est à ce moment-là où il avait compris qu’il était sa proie. Néanmoins, difficile de savoir si elle était plus chatte –jouer avec sa proie avant d’en abandonner le cadavre- ou plus panthère –jouer avec sa proie avant de le dévorer. Œil ne savait pas véritablement s’il s’en souciait. Il fallait dire que c’était délicieux et que l’idée de Françoise dans ces tenues valait tous les peep-show mentaux. Il n’était pas un passionné des revues pornographiques, mais il ne doutait pas un instant que Françoise avec toute cette dentelle et ces rubans, ces jeux de transparence, ait bien plus de charme que ces femmes de papier glacé.
Il n’avait presque pas rougi en les étendant. Par contre, au moment de les plier et de les ranger avec les affaires de Françoise, le pornographe qui lui servait de cerveau avait assez fonctionné en roue libre pour qu’il rougisse profondément.
- Tu en as gardé une, pour te caresser ? Demanda Françoise surgissant sans prévenir dans son dos. Je ne t’en voudrais pas, mais je te conseille la rouge. C’est la plus douce.
Elle était partie sans lui laisser le temps de répondre. Ce qui n’empêcha pas que… Qu’il fut presque mortifié de trouver le tanga rouge en cherchant un mouchoir dans sa poche durant la réunion matinale du journal. Le sourire goguenard de la majorité de la rédaction ponctua la remarque de son rédacteur en chef : « Pierre, vous pouvez être amoureux ou avoir de multiples liaisons, mais nous apprécierons de ne pas tout savoir ».

Jour quatorze avait à peine commencé quand il avait entendu Framboise. Il était difficilement quatre heures du matin. Ce fut du bruit dans le couloir qui le réveilla. Il mit plusieurs secondes avant de comprendre que cela devait être son amie, avant de se dire que l’horaire était plus que tardif. Ou matinal. C’était selon les goûts de chacun.
Encore largement endormi, il ouvrit la porte de sa chambre pile au meilleur moment, pour tomber nez à nez avec Framboise.
- Qu’est-ce que… Baragouina-t-il.
- J’ai croisé le Furet, cette nuit. Mon costume est presque fichu. Je viens de le mettre à tourner, après l’avoir désinfecté.
- Désinfecté ? Demanda-t-il.
- Oui. Il tentait une nouvelle sorte de bombe biologique. Je dirais un mélange de sang, de boyau et de bile. J’ai bon espoir que ce soit d’origine animale et que ça ne se voit plus après nettoyage. Je suis déjà nettement plus propre depuis ma douche.
- Je ne veux pas savoir ce qu’ils avaient en tête. Le Furet est de plus en plus grillé de l’intérieur, soupira-t-il.
Il ferma les yeux, fatigué autant par l’heure que par les lubies délirantes de leurs criminels locaux.
- Tu devrais aller te rendormir, fit-elle doucement, avant de plaisanter. Tu dois te lever tôt pour sauver le monde.
- Pas toi ?
- Non, je ne suis qu’une dilettante d’étudiante qui traine sur ton canapé au lieu de réviser, voyons, fit-elle dans un rire, en s’éloignant.
C’est une fois à nouveau dans son lit, quand il pensa à la délicieuse vision de sa chute de rein quand elle s’était retournée pour lui sourire en entrant dans la chambre d’ami qu’Œil s’en rendit compte. Françoise était nue !

Jour dix-neuf avait été un bon jour. Un très bon jour. Fantômette avait arrêté Le Furet et celui-ci dormait en prison, ce soir-là. Œil et Françoise s’étaient donc octroyés un excellent repas au restaurant en fin d’après-midi, avant d’aller chercher Mephisto que le vétérinaire avait enfin déclaré apte à rentrer auprès de sa maîtresse après l’explosion de leur maison. Il n’avait rien eu de bien grave, mais, Françoise avait craint de nouvelles attaques et avait accepté la proposition du vétérinaire de le garder le temps que son stress se résorbe.
Ils avaient donc fini tous les trois sur le canapé, face à un film –un sous Indiana Jones avec des ficelles plus grosses que le scénario- avec du pop-corn salé. Le canapé n’était pas immense, mais il y avait de l’espace pour deux. Assez d’espace pour être bien, même si sous la fatigue, Françoise avait visiblement sombré contre son épaule.
Il avait hésité pendant un moment, avant de la laisser, ainsi. Ce n’était pas voulu de sa part, contrairement au reste du temps. Elle était naturelle à cet instant. Il aurait pensé qu’elle aurait fait plus jeune quand elle dormait, mais ce n’était pas le cas. Elle faisait toujours ses vingt-trois ans et elle était toujours aussi belle.
Et il avait toujours envie de l’embrasser.

Jour vingt-deux…
Quand il s’était réveillé, elle était là, dans un tee-shirt qu’elle lui avait emprunté, assise dans un fauteuil qu’elle avait dû ranger, vu que quelques heures plus tôt, il était submergé de vêtements.
- Tout va bien ? Demanda-t-il étonné de la voir.
- Il paraît que je peux rentrer demain.
- C’est… Une bonne nouvelle ?
- Je ne sais pas. Je me serais bien vue rester encore ici. Tu n’avais pas l’air totalement contre que je reste, jusqu’à maintenant, fit-elle en s’installant à côté de lui sur le lit.
- Si tes parents l’apprennent, ils me tueront. Tu es leur petite fille.
- Tu disais déjà cela quand j’ai commencé à être Fantômette et tu es toujours en vie.
Œil éclata de rire.
- Principalement, parce qu’ils ne savent toujours pas ce que tu fais de tes nuits. Sauf que si tu ne rentres pas à la maison et que tu restes ici, là ils vont s’en rendre compte.
- Oh… Et ce serait sérieux au point qu’ils s’en rendent compte ? Donc… De venir à mon bras pour Noël ? Voir, horreur mettre enceinte leur fille un jour ? Le taquina-t-elle.
- Tu voudrais que ce soit moins sérieux ? Demanda-t-il sincèrement étonné, n’ayant jamais pensé à cette possibilité.
- Non, souffla-t-elle. La preuve, je vais t’embrasser et je vais recommencer encore et encore durant les années à venir.
Ce baiser fut tout ce à quoi il s’attendait et même un peu plus. Il fut à son image, pétillant, insouciant et sérieux à la fois. C’était parfait.
- Tu sais quoi ? Fit-elle remarquer. J’avais douze ans quand j’ai commencé à porter la cape. C’est certainement pour ça qu’ils t’auraient tué à l’époque.
Elle écarta les draps pour se glisser contre lui.
- Sauf que là, je suis largement majeure, parfaitement consentante et… Tu pourras toujours dire que je t’ai traqué avant de te faire… Plein de choses que tu ne voudras pas raconter à mes parents. Aucune raison qu’ils veuillent te tuer.
Lentement en voyant qu’il hochait la tête pour l’inciter à continuer, elle s’enfonça dans le lit, déposant un baiser sur le torse du journaliste et de descendre un peu plus… Avant de réapparaitre soudainement, un sourire canaille aux lèvres.
- Promis, ce n’est qu’un début dans la longue liste de tout ce que tu ne voudras pas raconter à mes parents.
Il aurait bien éclaté de rire, mais la bouche de Françoise sur son sexe lui fit oublier tout le reste.

Oh oui, il serait ravi d’avoir plein d’histoires à ne pas raconter aux parents de Françoise.

Fin.

[Fic] Il n'y a pire aveugle..., Rogue One, Baze/Chirrut + team [d'Aonach Dubh, pour Gemma]

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Titre : Il n'y a pire aveugle que celui qui croit y voir
Auteur : Aonach Dubh (Participant 14)
Pour : Gemma (Participant 5)
Fandom : Rogue One
Persos/Couple : Baze/Chirrut, Cassian, Jyn, Bodhi
Rating : G
Disclaimer : Rogue One appartient à ses créateurs.
Prompt : Chirrut et Baze, c’est une histoire qui remonte à leur jeunesse. Ils sont ensemble depuis tellement longtemps qu’ils ne ressentent plus le besoin de le crier sur les toits. Alors quand les autres membres de Rogue One n’ont pas l’air de comprendre qu’ils sont quand même un peu beaucoup mariés… Et bien ça amuse Chirrut et ça désespère Baze. Mais ce n’est pas bien étonnant. Après tout, si Cassian, Jyn et Bodhi étaient en phase avec leurs sentiments, ça se saurait ! A toi de voir comment Chirrut et Baze gèrent l’aveuglement de leurs coéquipiers.



Les premières fois que Baze et Chirrut sont pris pour de simples frères d'armes, ils ne s'en rendent pas compte. Après tout, ils sont sur le point d'être capturés par les partisans de Saw, de mourir dans la destruction de Jedha ou de partir en mission suicide sur Scarif.
La première fois que cela arrive après Scarif, ils ne remarquent rien non plus. Les survivants de Rogue One sont réunis à l'infirmerie de la base de Yavin IV et regardent avec appréhension un infirmier enlever les bandages qui recouvrent le visage de Baze. Le résultat n'est pas beau à voir. Les éclats de shrapnel qui l'ont atteint lui ont laissé en souvenir un visage couturé de cicatrices de toutes les tailles et de toutes les formes. Il a perdu un œil et son sourire s'étire jusqu'à l'oreille gauche. Il n'a jamais eu un visage rassurant mais il est désormais proprement terrifiant. Jyn, Cassian, Bodhi et K2 ont été soldats, résistants, criminels. Ils ont vu de nombreuses blessures mais ne peuvent retenir un gémissement de compassion. Assis à côté de Baze, une main sur son épaule, Chirrut reste impassible.
-Pour ma part, commente-t-il, je te trouve toujours aussi beau.
-Je n'ai jamais été beau, rétorque-t-il en contemplant son reflet dans le miroir qu'on lui tend.
Chirrut fait une grimace exagérément outré.
-On m'aurais donc menti ? J'ai gâché trente ans de ma vie auprès d'un homme qui dépare à côté de moi ?
-Si quelqu'un s'est fait avoir, c'est moi. Qui eut cru que tu deviendrais encore plus invivable sur tes vieux jours ?
Ce sont des plaisanteries de vieux couple, mais pas un de leurs camarades ne s'en aperçoit. Ils se contentent de sourire, amusés par leur amitié et leurs répliques incisives.
-Vous vous connaissez depuis trente ans ?
-Non, nous nous supportons l'un l'autre depuis trente ans, clarifie Chirrut. Nous nous connaissons depuis quarante sept ans.
Son explication ne clarifie rien du tout. K2 s'est désintéressé de la conversation. Quand à Casisan, Bodhi et Jyn, ils froncent les sourcils, cherchant à comprendre la plaisanterie. Puis l'infirmier pose une question et la conversation est oubliée au profil de questions plus importantes.

La fois suivante, Chirrut réalise ce qui se passe. La seule raison pour laquelle il n'éclate pas de rire, c'est qu'il doit faire attention à ses côtes fracturées.
Ils sont toujours à l'infirmerie quand cela se produit. Rogue One y a passé un total de deux semaines et les docteurs sont enfin assez satisfaits pour les laisser sortir. Bien sûr, ils insistent pour leur réciter la panoplie complète des recommandations d'usage. Continuez bien à prendre vos médicaments. Changez les bandages tous les jours. Revenez au moindre signe d'infection. Et surtout, surtout, évitez tout mouvement trop acrobatique ou risquant de rouvrir vos blessures. Les efforts physiques sont à prohiber.
-Répétez-ça un peu plus fort pour Baze, susurre Chirrut. Il est intenable après ses sorties d’hôpital et je sais qu'il va essayer de m'épuiser.
Baze manque de s'étouffer tellement il est outré.
-Ce qu'il ne fait pas entendre ! C'est toi qui essaie toujours d'enchaîner les acrobaties. Je n'ai plus l'endurance de nos vingt ans.
-A ta place je ne dénigrerais pas autant ton endurance. Tes performances étaient encore parfaitement satisfaisantes les dernières fois.
Une des infirmières manque de s'étouffer et doit s'éclipser en toussant désespérément. Les deux autres sont rouges écrevisses, mais les allusions passent tellement au-dessus des têtes de leurs coéquipiers qu'elles volent dans la stratosphère.
Cassian fronce les sourcils.
-Je comprend l'importance de l’entraînement, dit-il d'un ton sévère pour être sûr d'être bien compris par Chirrut, mais ils ont raison. Se rétablir complètement est plus important que de d’essayer d'en faire trop et trop vite. Je suis sûr que nous pouvons tous maîtriser nos désirs.
Chirrut apprécie le double sens en connaisseur. Celui-là est d'autant meilleur qu'il est visiblement involontaire.
-Celui-là n'a aucune maîtrise, grommelle Baze sans avoir remarqué l'aveuglement de ses camarades.
Chirrut, lui, l'a parfaitement remarqué. Il retient son rire et décide de les laisser faire. Il pourrait être amusant de voir combien d'allusions il leur faudra pour réaliser la vérité.

La troisième fois, l'aveuglement de l'équipe est si évident que Baze ne peut plus ne pas s'en apercevoir. Rogue One a été libéré de l'infirmerie en fin de matinée. Le reste de la journée, ils se sont familiarisés avec la base où l'Alliance rebelle vient de s'installer. Cassian y est fort heureusement venu quelques fois au moment de son installation et les guide à travers le labyrinthe de couloirs et de salles de réunion. Leurs blessures les fatiguent cependant vite et très tôt il propose de les guider vers leurs nouvelles chambres pour qu'ils se posent. Sa proposition est saluée par des gémissements de soulagement, même chez les plus jeunes de l'équipe.
-La base n'était pas prévue pour autant de personnes, explique Cassian tout en les dirigeant vers leurs chambres. On n'avait pas envisagé être obligé de quitter Yavin IV aussi vite après s'y être installés. Jusqu'à ce que l'on ait creusé ou construit d'autres abris, il faudra nous serrer un peu. Je n'ai pu nous obtenir que deux chambres et l'une d'elle était prévue pour un couple d'officier. Je déteste demander cela mais... Baze et Chirrut, cela vous dérangerait de partager un lit ?
Baze est tellement stupéfait qu'il se fige sur place et Bodhi manque de lui rentrer dedans.
-Je vous demande pardon ?
-Je ne voudrais pas vous choquer, s'excuse Cassian. C'est juste que je ne me vois pas imposer à Jyn de partager son lit avec un d'entre nous et que comme vous êtes amis de longue date...Je ne connais pas assez votre ordre pour savoir si je vous propose quelque chose d'inenvisageable, désolé.
-Voyons Baze, cesses d'être aussi pudibond, l'admoneste Chirrut avant de se retourner vers Cassian. On pourrait croire qu'avoir quitté l'ordre et s'être fait mercenaire l'aurait guéri de ce problème, mais non. Je pense que nous devrions parvenir à partager un lit, inutile de vous en faire. C'est cette chambre ?
Il est obligé de pousser un Baze aux yeux exorbités dans la chambre et ferme avec précautions la porte avant de s'accorder un fou rire. Tant pis si ses côtes en souffrent.
-Ils ne peuvent quand même pas croire..., se désespère Baze. Enfin, nous n'avons jamais été discrets dans nos affections ! La mère supérieure nous as convoqué à douze ans pour nous éduquer sur la question parce qu'elle ne se sentait pas capable d'empêcher l'inévitable. Je ne parviendrais jamais à oublier cette humiliation...
-Il faut croire que nous sommes devenus plus discrets avec les années à défaut de devenir plus sages.
-C'est pire que ça, ils ont laissé passer chacune de tes propositions indécentes. Et Andor se prétend espion ?
-Je pense surtout qu'ils sont très, très préoccupés par leurs propres soucis personnels au point d'être aveugles au reste.
-C'est le moins qu'on puisse dire ! ''Je ne me vois pas imposer à Jyn de partager son lit''... La petite lui aurait dit vingt fois oui s'il avait proposé !
-Et bien si le lit grince et que les murs sont fins ils comprendront très vite. Qu'en dit-tu ?
Baze ne peut résister au petit sourire indécent de Chirrut et le rejoint sur le lit. Celui-ci grince à souhait. Les murs doivent être plus épais qu'ils ne le croyaient car personne ne leur fait la moindre remarque. Baze et Chirrut sont trop fatigués pour penser à rectifier l'erreur de leurs camarades.

Les fois suivantes, chaque fois que Baze ouvre la bouche pour expliquer à Jyn, Cassian, Bodhi ou K2 qu'ils sont mariés depuis trente ans, que les mots ''amis'' et ''frères d'armes'' leur conviennent si peu que s'en est presque comique, le bâton de Chirrut atterrit systématiquement et violemment sur son pied.
-Laisse les faire, murmure-t-il. Ils m'amusent.
Comme si Baze pouvait résister à la moindre demande de son époux. Les jours suivants, il laisse Chirrut l'entraîner dans des coins discrets de la base pour l'embrasser. Ils ont toujours vécu parmi des gens qui savent qu'ils sont ensemble. Baze doit en convenir, le goût du secret que cultive soudain Chirrut épice leur relation et rend ce dernier encore plus inventif.
Une fois, ils sont surpris par Bodhi qui pénètre juste derrière eux dans une réserve. Ils se sentent soudain ridicules avec leur petit jeu. Heureusement, ils sont encore tout à fait décents et se tiennent simplement très près l'un de l'autre. Le pilote les regarde avec un air étonné presque comique.
-Que faites-vous là ?, demande-t-il. C'est une réserve de pièces d'X-wings.
-Je savais bien que nous étions perdus, s'exclame joyeusement Chirrut.
-Oh. Où cherchiez-vous à aller ?
-Je cherchais quelque chose à manger.
Le double sens est tellement énorme, même pour Chirrut, que Baze laisse s'échapper un gémissement d'horreur. Chirrut lui fait la grâce de parâtre un tout petit peu honteux. Bodhi, bien sûr, ne remarque rien et leur indique le chemin de la cafeteria. Après cela, ils gardent leurs étreintes pour l'intimité de la chambre et prennent bien garde à fermer celle-ci à clé. Ils sont trop vieux pour se faire surprendre comme de jeunes amants. Le fait que Bodhi ait failli leur faire faire un arrêt cardiaque y est aussi pour quelque chose.

Trois jours plus tard, alors qu'ils profitent d'un verre tardif à la cantina de la base, Jyn s'écroule à côté d'eux, l'air excédé.
-Tout va bien petite sœur ?, s'inquiète Baze.
-Oui. Non. C'est Cassian.
-Raconte.
-C'est juste que... J'aimerais comprendre où nous en sommes l'un envers l'autre. J'ai l'impression que dès que l'un de nous deux essaye de faire un pas en avant, l'autre recule. Si je m'approche il me fuit. Si c'est lui qui tente quelque chose, c'est tout juste si je n'essaie pas de le mordre.
Oh, que tout cela les renvoie loin... Jusque dans un jardin clos au centre du monastère où deux enfants se repoussaient car effrayés par leurs sentiments. Sous la table, les doigts de Baze et Chirrut se frôlent et s'enlacent. Ils sourient doucement puis Chirrut reporte son attention sur Jyn.
-Vous êtes tous deux deux fortes personnalités. Et à cause de votre histoire vous ne savez pas comment vous faire confiance pour construire quelque chose ensemble.
-Je sais tout ça, soupire Jyn en prenant sa tête entre ses mains. Je vois parfaitement où est le problème, mais pas comment le résoudre.
La scène leur est de plus en plus familière. Baze et Chirrut revoient l'époque où, devenus adultes, ils méditaient côte à côte dans ce même jardin où ils s'étaient disputés enfants. Très souvent leur méditation était interrompue par l'arrivée plus ou moins discrète d'un garçon ou d'une fille à l'air gêné. D'abord les jeunes gens louvoyaient autour du sujet puis finissaient par les presser de questions ou par leur raconter leurs peines. Sans même s'en rendre compte, les deux hommes étaient devenus adultes et les enfants et adolescents du temple se tournaient vers eux pour comprendre leurs émois naissants. Avec les années, ils étaient devenus les confidents de toute une génération de jeunes moines et moniales. Jyn n'est pas la première à venir chercher leur sagesse et leur expérience, loin de là.
-Jyn, commence Baze avant d'être aussitôt interrompu par le rire gêné de Jyn.
-Pardon, je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça. Je ne devrais pas pas vous ennuyer avec nos histoires. Je sais que c'est à des parsecs de votre expérience. Profitez bien de votre soirée.
Avant qu'ils aient eu le temps de protester, Jyn a vidé son verre et est partie. Exaspéré, Baze se tourne vers Chirrut.
-Tout ça c'est de ta faute. Tu aurais dû me laisser leur dire la vérité il y a des jours.
-Si j'avais su, bien sûr que je le leur aurait dit, proteste Chirrut, vexé lui aussi. Mais à quel genre d'ordre croient-ils que nous appartenions ?
-A force de te voir te comporter comme un jedi, ils ont fini par croire que tu en es un. Heureusement que les Gardiens n'étaient pas aussi coincés que ceux-là.
-J'aurais fais un très mauvais jedi.
-Tu aurais été chassé de l'ordre avant même de devenir padawan si tu t'étais comporté avec leurs novices comme avec moi, ricane Baze. Un tel libertinage ne leur aurait pas plu.
-Tu n'étais pas en reste, rétorque Chirrut en l'embrassant.
-Vous devriez arrêter de boire, les interrompt la voix métallique de K2-SO qui passe derrière eux. L'alcool fait faire des choses stupides aux humains. C'est répugnant et je n'ai rien vu.
Il s'en va sans demander son reste. Baze ricane, Chirrut rit et ils se concentrent à nouveau sur leurs boissons.

Une semaine plus tard, c'est au tour de Cassian de remettre en cause leurs compétences de conseillers amoureux. Lui et Bodhi sont occupés à effectuer des ajustements sur le vaisseau de leur prochaine mission. A leurs côtés, Baze s'occupe à nettoyer ses armes. Chirrut profite simplement des derniers rayons de soleil.
-On n'avance pas, se plaint Cassian à Bodhi, et c'est de ma faute. On a passé à se crier dessus. J'ai si peur de tout gâcher entre nous que j'accumule les erreurs. La vérité, c'est que je n'ose pas lui poser la question...
-Laquelle ?
-Son père. Est-ce qu'elle pourra un jour me pardonner ? Est-ce qu'il y aura toujours son fantôme entre nous ? Je ne peux pas lui demander ça...
-Il le faut au contraire, intervient Baze. Si vous ne pouvez pas parler de choses aussi grave, vous ne pouvez pas former un couple solide.
-Je ne veux pas la faire fuir ou la blesser. Mais connaissant Jyn, elle sera à l'autre bout de la galaxie avant que j'ai eu le temps de finir ma première phrase.
-Crois-moi, ajoute Chirrut, quand on est en couple, un problème aussi gros fini toujours par ressurgir. Mieux vaut crever définitivement l'accès.
-Vous êtes sûr ? Je ne veux pas vous vexer, mais ce n'est pas vraiment votre domaine de compétence à tous les deux, non ?
Cette fois, s'en est trop pour Baze. Il laisse tomber au sol les morceaux de l'arme qu'il était en train de remonter et sort en lâchant une bordée de jurons jedhans. Cassian et Bodhi le suivent des yeux, estomaqués.
-Qu'est-ce qui lui prend ?
Chirrut ne sait plus s'il doit rire ou pleurer. Lui et Baze adorent être les confidents de la jeunesse et connaître tous les cancans. Il ne va pas pouvoir passer sa vie à côtoyer Cassian et Jyn ou Solo, Skywalker et la princesse Organa sans donner son avis à tout bout de champ parce qu'ils le croient incapable d'avoir eu un passé coquin. Il n'a pas subi toutes ces réprimandes et pénitences pour dévergondage pour passer pour un ascète dans ses vieux jours. Ces jeunes écervelés et aveugles ne vont pas leur ôter leurs petits plaisirs tout de même !

Deux jours passent et Rogue One se retrouve embourbée dans une des pires situations de sa courte existence qui en compte déjà beaucoup de passablement mauvaises. Le contact de la rébellion était un vendu à l'empire, ils se sont fait poursuivre et tirer dessus par des stormtroopers déterminés à ne pas les lâcher des yeux et ont dû se cacher dans les égouts plusieurs heures avant de pouvoir ressortir.
L'équipe a finalement réussi à se réfugier dans une sorte d’hôpital secret utilisé par la résistance locale et qui manque de tout, ou presque. Pas de bacta, pas de bandages, rien pour opérer un blessé. Cassian est obligé de donner à Baze un cocktail de pilules suspectes et d'alcool pour l'abrutir suffisamment pour l'opérer. Il s'est trouvé trop près de l'explosion d'une grenade et son bras est transpercé de dizaines d'éclats de shrapnel.
Quand finalement l'effet du dangereux mélange commence à se dissiper, Baze se sent étrangement... bien.
-Je me sens bien, dit-il à Chirrut d'une voix pâteuse et trop forte.
-Je n'en doute pas.
Chirrut n'a pas l'air de le croire.
-Je me sens vraiment bien, insiste-t-il. Tu as de beaux yeux. Ils sont comme le ciel de Jedha en plein été.
-C'est bon à savoir.
Bodhi s'étrangle de l'autre côté de lui. Baze n'en a cure ; il ne veut pas quitter des yeux Chirrut. Il lui prend la main.
-Je t'ai déjà dit à quel point tu était beau ? Au moins aussi beau que le soleil de Jedha, et aussi aveuglant.
-A quel soleil devrais-je te comparer alors puisque c'est moi qui ait été aveuglé ?
-On a trop forcé sur le dosage, gémit Jyn. Je ne vais plus jamais oser le regarder en face.
Baze l'ignore. Il est trop occupé à chercher à attraper le visage de Chirrut sans lâcher sa main.
-Tu te rappelles la fois où la mère supérieure nous as surpris dans la salle des prières ? Tu avais fait exprès qu'elle nous surprenne pour qu'elle accepte de nous laisser nous marier.
-Je me rappelles.
-Tu étais allongé nu sur la table des offrandes.
-J'avais oublié ce détail, reconnaît Chirrut tout en ignorant délibérément le hoquet de stupéfaction de Cassian derrière lui.
Baze soupire avec nostalgie et ferme les yeux. Il ne lui faut que quelques secondes pour se mettre à ronfler doucement, laissant Chirrut gérer seul l'effarement de leurs amis. Baze a peut être eu autant de subtilité que Dark Vador dans une base rebelle, mais le message est passé au moins. Peut-être que ces jeunes têtes brûlées écouteront leurs conseils maintenant. Quand à les suivre...
Non, c'est sans doute trop demander.

[Fic] Le festival de Lumière, La Belgariade, Garion/ Xe'Nedra, etc [d'Aonach Dubh, pour Caméléon]

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Titre : Le festival de Lumière, ou comment Belgarion appris à ne plus s'en faire et à aimer la politique
Auteur : Aonach Dubh (Participant 14)
Pour : Caméléon (Participant 22)
Fandom : La Belgariade/La Mallorée
Persos/Couple : Garion/ Xe'Nedra, Belgarath, Polgara, Silk
Rating : R
Disclaimer : La Belgariade et la Mallorée appartiennent à David et Leigh Eddings.
Prompt : N'importe qui : Un grand événement (cérémonie, festival local, mariage/naissance royal...) va avoir lieu et ça veut dire un tout aussi grand n'importe quoi.
- Honnêtement, j'adore tout le monde à toutes les époques, donc que ça soit le groupe qui s'éparpille joyeusement en pleine quête pour faire la fête (comment retrouver Silk au milieu d'une fête religieuse avant qu'il y ait trop de morts?), les imbroglios politiques entre rois pour nouer des alliances (couples crack et même OC bienvenus) dans un contexte complètement inapproprié, Garion qui devient dingue autour de l'organisation pratique d'un truc qui n'a pas eu lieu depuis 200 ans mais qui doit a-bso-lu-ment être célébré cette année (ça serait plus simple de jeter tout le monde au cachot), ou même un OC de citoyen lambda qui vit sa petite vie dans ce monde... tout me plaira.
Gros bonus pour des éléments culturels/religieux/etc. (canons ou inventés). Niveau ships et rating, tout me va, canon comme non-canon (et sans ship, ça me va aussi).
Notes : se déroule après la fin de la Mallorée.



-Pourquoi moi ?
-Ah non Garion, ça ne va pas recommencer, tu as passé l'âge !
-Non mais sérieusement, pourquoi moi ?
Belgarath regarda avec exaspération son petit fils, avachis plus qu'assis à son bureau dans ses appartements privés du château de Riva. Il s' y était réuni avec sa famille paternelle venue lui rendre une petite visite. Polgara releva les yeux de sa couture.
-Qu'y a-t-il mon chou ?
-J'ai reçu une lettre de Zakath, grogna Garion en envoyant rouler celle-ci dans un coin de la pièce. Belgarath regarda la boulette avec curiosité mais était dépourvu de la moindre envie de se lever et de lâcher sa choppe de bière.
-Ah ? Et comment se porte notre empereur de Mallorée favori ?
-Comme un charme. Il propose que se tienne l'an prochain une fête pour commémorer les cinq ans de la défaite de Zandramas et de l’ascension d'Essaïon. Réunir la bande pour partager nos souvenirs et, tant qu'on y est, invité les souverains signataires du traité de Dal Perivor pour, je cite, "consolider les liens qui nous unissent désormais et ne pas retomber dans les douloureux travers de jadis". C'est Cyradis qui a trouvé la formulation de cette phrase je parie.
-Ce n'est pas une mauvaise idée, nota Durnik. Il faut battre le fer tant qu'il est chaud et nos amis aloriens ont la tête dure. Leur rappeler que le temps de la paix est venue ne ferait pas de mal.
-Zakath veut que ce soit moi qui organise cette petite sauterie, sous prétexte que j'étais l'Enfant de la Lumière et donc que j'ai le plus de légitimité à accueillir toutes ces têtes couronnées.
-Et bien, dis-le lui si tu n'est pas d'accord.
-Je l'ai fait. C'est sa réponse que j'ai envoyé bouler.
-Que disait-il ?
-Qu'après ce qui s'est passé la dernière fois, il est hors de question qu'il laisse à nouveau entrer ensemble Sadi, Silk et Velvet en même temps sur son territoire et que comme c'est moi qui ai les amis et les confrères souverains les plus frappés du Ponant, c'est à moi d'organiser ça.
Belgarath ricana.
-Il n'a pas tout à fait tort. On dirait que tu as un an pour organiser l’événement le plus important de l’Ère qui s'ouvre. Sur tes épaules reposent la réussite ou l'échec définitif du processus de paix entre Angaraks et Aloriens.
Garion gémit et pris sa tête dans ses mains.
-Vous allez m'aider au moins ?
Les regards sévères et le silence de sa tante et de son grand père constituaient toute la réponse dont il avait besoin. Même Durnik évitait soigneusement son regard. Ce n'était sans doute qu'une coïncidence s'ils durent retourner de toute urgence au Val d'Aldur trois jours plus tard.
Garion se tourna alors vers le Gardien de Riva pour obtenir de l'aide. Celui-ci jeta un coup d'oeil sur la liste des invités et blêmit d'horreur.
-Si vous permettez votre majesté, vous connaissez tous ces gens mieux que moi. Que diriez-vous de vous occuper de l'organisation des festivités et que moi je m'occupe du budget à débloquer pour éponger les dégâts de celle-ci ? Je vous conseille d'ailleurs de commencer à vous serrer la ceinture question finances cette année, juste en prévision.
-Vous croyez que ça va coûter à ce point-là ?
-Entre le logement, la nourriture des invités et de leur suite, les réparations nécessaires après les inévitables altercations entre Aloriens et Angaraks, le budget pour des funérailles d'état...
-Là vous exagérez un peu.
-Avec tout ce monde réuni ? Je vous garantis qu'il y aura un mort dans l'une ou l'autre des
délégations. Avec un peu de chance, ce ne sera pas quelqu'un de trop important pour l'équilibre
géopolitique mondial.
Garion gémit à nouveau en laissant tomber sa tête sur le bureau. Grand seigneur, le Gardien tapota son épaule pour le réconforter.
-Je peux me charger de rédiger quelques eulogies assez standards, dans mes rares moments de temps libre. Je vous conseille de faire de même.

Xe'Nedra se montra guère plus compatissante envers le travail qui attendait Garion.
-Tu t'en sortira mon chéri, dit-elle en lui déposant leur plus jeune fille sur les genoux alors qu'il tentait désespérément de trouver où loger chaque suite royale. Tu t'en sors toujours.
-Dans un combat contre un dieu peut être, mais je t'assure que je vais perdre mon combat contre le budget décennal de Riva. Si tu voyais le nombre de gens absolument indispensables que chaque délégation veut emmener... Les rois aloriens insistent pour venir avec autant de monde qu'à un conseil des rois d'Alorie. On n'a pas la place pour loger et nourrir autant de monde. Cette horreur va nous endetter pour les dix ans à venir.
Cette idée fit blêmir la petite reine et réveilla son côté tolnedrain.
-Alors ça c'est inacceptable. Laisse-moi regarder ça.
Elle lui arracha presque sa liasse de papier des mains et se laissa absorber par ce travail avec délectation. Garion en profita pour jouer un peu avec le bébé. Il n'en avait pas eu suffisamment le temps ces dernières semaines.
-C'est insensé, finit par grogner Xe'Nedra. Qui as besoin d'une telle escorte à une conférence pacifique ? On dirait qu'ils cherchent à déclencher une nouvelle guerre.
-Ils ont tellement peur que ça dégénère qu'ils veulent assurer leur sécurité.
-Oui et bien comme ça je t'assure qu'elle va dégénérer la situation. Mais il y a une solution.
-Laquelle ?
Le visage de Xe'Nedra s'illumina et Garion aurait juré que son petit nez frémissait comme celui de Silk quand il voyait une opportunité de s'enrichir devant lui. Elle s'empara d'une feuille et y aligna à toute vitesse une série de chiffres. Quand elle redressa la tête, elle souriait d'un air machiavélique.
-Fais-leur verser une petite participation pour chaque personne appartenant à leur escorte. Je te garantis que la taille de celles-ci va fondre comme neige au soleil.
-Les Aloriens ne vont jamais être d'accord. Cela créerait un mauvais précédent pour le conseil d'Alorie.
-S'ils protestent, rappelle-leur que nous sommes un tout petit royaume et que s'ils insistent à venir avec autant de parasites que le château comporte d'habitants, ils pourront renouer avec la très vieille tradition alorienne de dormir sous une tente dans la neige, façon culte de l'Ours.
-Xe'Nedra !
-D'accord, passe leur un peu de pommade derrière. Dis-leur qu'on a hâte de les voir et que nous serions ravis s'ils amenaient quelques spécialités locales pour faire goûter à nos invités de toutes les régions du monde. Ils seront tellement occupés à chercher de quoi prouver leur supériorité nationale par la nourriture pour protester sur la contribution financière. Et ça nous permettra aussi de réduire la quantité de nourriture à fournir.
-Xe'Nedra, tu es géniale !
-Je sais, c'est pour ça que tu m'as épousé, lui rappela-t-elle avant de se souvenir d'un détail. De toute façon, il y aura rapidement un mort ou deux, ça libérera de la place pour les autres invités.

Dans le courant de l'hiver, Silk vint leur rendre une petite visite.
-Il se pourrait que j'ai effectué une opération commerciale douteuse du côté du Gar or Nadrak, avoua-t-il en souriant. Je me suis dit que ce n'était pas plus mal de me faire oublier quelques temps chez des amis très influents, juste au cas où certaines des personnes que j'ai pigeonnées seraient tentées d'envoyer quelqu'un me réclamer leur argent avec un poignard bien affûté. Alors, il paraît que vous nous préparez une jolie petite sauterie ?
Garion ne gémit pas. Il avait dépassé cette phase pour entrer dans une nouvelle où la simple mention de la cérémonie lui donnait envie d'utiliser sa magie pour s'autodétruire.
-J'en suis aux plans de table. Xe'Nedra me jure qu'il faut éviter de mettre les amis côte à côte pour ce genre d’événement parce que le but est justement de lier connaissance. Je ne dois pas non plus mettre tous les chefs d’État ensemble, il faut qu'il y ait des courtisans et des militaires à chaque table, sans oublier que je dois aussi inviter une partie des marchands de Riva. Tante Pol n'arrête pas de me répéter de faire attention à ces détails par lettres. Mais tu veux bien me dire comment est-ce que je suis censé placer Lelldorin à une table où il côtoiera des Mimbraïques et des Malloréens ? Est-ce que je peux mettre Hettar à la même table qu'un Murgo ? Si je met Mandorallen à la même table que Zakath, est-ce qu'ils risquent de se lancer dans un concours de diction ou de se défier en duel pour s'amuser ?
-J'imagine que je ne dois pas être facile à placer non plus.
-Je déteste faire ça, mais j'envisage de te mettre entre Relg et Essaïon s'il est là. Entre un Dieu et un homme capable de l'enfermer dans la roche, tu devrais te tenir tranquille.
Silk frissonna.
-Je les aime beaucoup mais notre ami mystique va être intenable à côté d'un Dieu qui est censé finir par supplanter tous les autres dans les cœurs des mortels, y compris UL. Le débat religieux va y être épique, mais je laisse ça à plus intéressé que moi.
Garion se força à rester totalement impassible. S'il s'y prenait bien, il pouvait diminuer par trois le déficit prévu du royaume pour les cinq ans à venir. Heureusement, il avait eu de bons professeurs, dont Silk en personne, et l'idée de lui apprendre rétrospectivement ce qu'il avait fait était juste jouissive.
-Deux ans. Et à ce prix-là je ne te met pas non plus à la table de Polgara qui va te jeter des regards menaçants toute la soirée.
-Adjugé. Mais tu es dur en affaires. Fais attention à ne pas me remplacer par un Tolnedrain à la table de Relg. Après ce qu'ils ont fait aux Maragues, on court au drame.
-Merci pour le rappel. Xe'Nedra a raison, il va y avoir un mort.
Le nez de Silk frémit tandis qu'il se redressait sur sa chaise.
-Quelle est la côte ?, demanda-t-il avant d'ajouter devant le regard perdu de Garion. La côte sur la personne la plus susceptible de mourir pendant la fête ?
-Enfin Silk, ce n'est pas un sujet sur lequel parier, se récria Garion.
Silk sourit et passa à autre chose. Garion était tellement épuisé qu'il ne comprit qu'au moment de se coucher que si ces paris n'existaient pas, Silk allait les organiser très vite et s’arranger pour pouvoir parier. De là à ce qu'il poignarde la personne qui lui rapporterait le plus d'argent, il n'y avait qu'un pas.
Heureusement, Garion avait prévu de le mettre à la table des plus jeunes enfants. Il était peu probable qu'il trouve une oreille très réceptive à cette table entre les bébés et leurs nourrices.

L'espion drasnien rendit un immense service à Garion en répandant l'histoire de la négociation du plan de table. Il semblait très fier et amusé d'avoir fait du jeune roi un homme d'affaire malgré l'influence de Polgara. Sans le savoir, il avait rendu un fier service à Garion. Son bureau croula bientôt sur les demandes de placement des têtes couronnées, des riches négociants, des gens de cour et des prêtres en tout genre. Le chef des services de renseignement drasnien offrit une coquette somme contre l'assurance d'être placé à la même table qu'un roitelet melcène apparemment insignifiant. Sadi offrit au nom de sa reine de belles pierreries pour pouvoir s'asseoir prêt d'un dignitaire murgo et doubla la somme contre la promesse qu'aucun négociant tolnedrain ne serait assis à cette même table. Garion réussit même à obtenir que l’eunuque n'importe à cette occasion que des drogues récréatives inoffensives sur le long terme.
Garion se prit au jeu et Xe'Nedra avec lui. Elle prit un immense plaisir à faire payer son oncle Varana une petite fortune contre le privilège d'être assis non loin de l'empereur de Melcénie.
-Les affaires sont les affaires, se contenta-t-elle de commenter quand elle reçut la lettre de remerciements grinçants de l'empereur de Tolnedrie. Mon oncle ne voudrait quand même pas que je mette mes enfants sur la paille tout de même ?
Étrangement, et cela fit plaisir à Garion, le seul à ne pas demander un service pour lui-même mais pour quelqu'un d'autre fut Zakath. Dans une courte lettre, il leur demandait de bien vouloir placer Cyradis à côté de Liselle, de Xe'Nedra ou de Polgara et de joindre à sa table une ou deux autres connaissances féminines du jeune roi. Cyradis, écrivait-il, avait encore du mal à se faire à la vie d'impératrice de Mallorée. Il espérait que se faire quelques amies qui ne chercheraient pas à profiter de son statut pour atteindre son impériale oreille lui ferait du bien. Garion aurait accepté la requête de cet ami imprévu sans aucune contrepartie et sourit quand il lut que l'étrange empereur lui offrait un des petits de la dernière portée de sa chatte en échange de ce service. Garion décida de céder à cette énième proposition. Après tout, si Geran avait un loup, Beldaran pouvait bien avoir un chaton à câliner.
Silk passa deux ou trois fois en coup de vent pour tâcher d'apprendre qui voulait être assis à côté de lui. Là encore, le roi et la reine de Riva firent un joli petit bénéfice en lui vendant ces informations qui pouvaient l'aider à protéger ses intérêts commerciaux sur les deux continents.
Un beau jour de fin d'hiver, le Gardien de Riva leur annonça que finalement, les dons accumulés les sauvaient non seulement de la banqueroute, mais allaient remplir les caisses de l’État.
-J'imagine que tous ces gens ont également payés pour que ne soit pas trop diffusées leurs demandes et la quantité d'argent qu'ils ont payé pour l'obtenir ?, finit-il par demander, l'air songeur.
-En effet. Pourquoi ?
-Je songeais simplement que si sa Majesté pouvait fréquemment soupirer au sujet du coût vertigineux de cette fête auprès de ses invités et que si l’événement était amené à se reproduire, il serait bon que les monarques proposent d'officialiser le fait que Riva soit le seul lieu approprié pour accueillir ces cérémonies. Le bénéfice pourrait être régulier.
-Pas trop régulier non plus. S'il faut un an à chaque fois pour préparer ce festival, je vais vite passer la couronne à Geran.
-Tous les dix ans, intervint Xe'Nedra. Il faut que ce soit tous les dix ans.
-Pourquoi, votre majesté ?
-Les dryades font beaucoup d'enfants. Dans dix ans Belgaran en aura quatorze et Geran dix-sept.
C'est parfait pour commencer à faire connaissance avec d'autres princes et princesses et pour commencer les tractations de mariage ?

-Tu veux transformer une cérémonie commémorant la paix et l'ascension d'Essaïon au rang de Dieu en un bal de rencontre pour nos enfants ?
-Pourquoi pas ? C'est un bon moyen de rencontrer son ou sa futur épouse. Ça c'est bien fini, mais j'ai personnellement très mal vécu de t'être servie sur un plateau d'argent parce qu'une prophétie l'ordonnait. De cette manière, nos enfants pourront trouver quelqu'un de leur rang qui leur plaise sans qu'on ait à faire le tour du monde des maisons royales chaque fois qu'un de nos enfants approche l'âge du mariage. Je ne sais pas pour toi, mais moi j'ai assez voyagé pour les dix ans à venir, au moins.
Ses arguments étaient imparables. Garion s'inclina.

Le festival se rapprochait de jour en jour et de nouveaux problèmes surgissaient à tout instant. Une dame de compagnie de Xe'Nedra, habituellement évaporée, remarqua un soir qu'il était stupide de n'avoir pas donné de nom à la cérémonie. Dès le lendemain, le bureau de Garion croulait à nouveau de lettres, cette fois-ci de proposition de noms, tous plus pompeux les uns que les autres. Un grand nombre proposait des noms qui mettaient bien trop en avant le fait que la fête était organisée par des Aloriens et frisait l'incident diplomatique, voire religieux étant donné que le Dieu des Angaraks était plus ou moins l'invité d'honneur. Garion trancha finalement pour le festival de Lumière, la proposition la plus sobre.
Xe'Nedra fit la grimace les trois jours suivants. Selon elle le nom manquait terriblement de panache.
La question suivante à résoudre fut autrement plus épineuse. Il fallait décider de la place qu'il fallait accorder à la religion dans les cérémonies. Garion n'était pas d'humeur à relancer la Mallorée et le Ponant dans des guerres religieuses et supplia par lettre Polgara et Belgarath de venir l'aider à fignoler les détails de la cérémonie. Entre les lignes, il suggéra que le plus dur était déjà organisé mais que toute erreur de dernière minute pouvait les envoyer à nouveau aux quatre coins du monde pour rétablir la paix.
Bizarrement, la lettre les inquiéta suffisamment pour qu'ils arrivent par la voix des airs, trempés et frigorifiés, en moins de deux semaines. Durnik, Poledra et les enfants devaient les suivre par bateau.
Garion leur offrit un repas chaud et une place près de la cheminée, un peu honteux de les avoir fait venir par ce temps. Ils échangèrent les nouvelles en regardant Xe'Nedra jouer avec les enfants près de la fenêtre avant que Garion n'en vienne à son problème.
-Si je n'accorde pas une place suffisante à Belar, je suis sûr d'assister à une résurrection du culte de l'Ours, expliqua-t-il d'une voix qui frôlait l'hystérie. Je dois donner une place importante à Essaïon sans qu'elle soit excessive, sinon j'aurais affaire au mécontentement de principe de tous les monarques aloriens. La voix dans ma tête m'a dit juste après qu'on ait récupéré Geran qu'Essaïon serait un jour le seul Dieu reconnu par les Humains. Si il y a des prophéties qui l'annoncent, on m'accusera de prosélytisme et de tentative de conversion. Par ailleurs les Tolnedrains, les Arendais et tous les autres seraient eux aussi effroyablement vexés si leurs Dieux n'étaient pas au moins mentionnés. Qu'est-ce que je fais ?
-Zakath t'as vraiment mis dans la mouise en te proposant cette fête, siffla Belgarath. Tu es sûr qu'il ne t'en veut pas pour quelque chose ?
-J'ai relu sa lettre. Je suis à peu près persuadé qu'on lui as fourré sous le nez une prophétie qui ordonne la tenue du festival de la Lumière.
-Le quoi ? Tu n'as pas trouvé mieux comme nom ?
Garion foudroya du regard son grand-père qui l'ignora avec délectation.
-Tu as demandé à Essaïon ce qu'il en pense ?, intervint Polgara.
-Je ne sais pas trop comment entrer en contact avec lui. J'ai cru comprendre qu'il viendrait sur le vaisseau de Zakath. Mais tu connais Essaïon, il demandera quelque chose de très simple, il n'aime pas beaucoup se mettre en avant. Mais c'est justement en me demandant ça qu'il risque de me faire vexer les Angaraks sans le vouloir. Ca fait sept mille ans que vous empêchez les choses de dégénérer dans le Ponant, vous devez bien avoir une idée ?
Ils réfléchirent en silence un long moment. Finalement, les gazouillis de Beldaran qui expliquait à sa mère qu'elle avait vu un très joli oiseau dans le jardin donna une idée à Polgara ?
-Tu as bien bien invité Relg, Taïba et leurs enfants ?
-Oui, bien sûr.
-Demande à Relg si son fils peut assurer la cérémonie.
-Son fils ? Mais il doit avoir quoi, six ans ? C'est bien jeune pour lui demander ça.
-C'est surtout le nouveau Gorim des Ulgos. Personne ne trouvera à redire que le grand-prêtre de UL, père de tous les Dieux, assure les cérémonies religieuses. Et de toute façon, qui protesterait devant un enfant de cet âge-là ? Surtout si, comme me l'a dit Taïba dans sa dernière lettre, il a toujours son léger zozotement.
Belgarath éclata de rire et regarda sa fille avec admiration.
-Voilà qui est assez bien vu Pol. Tu en remonterais à Silk !
-Notre ami drasnien devrait être heureux que je ne me lance pas dans les affaires, rétorqua-t-elle en acceptant le compliment avec un sourire. Je le ratiboiserais de tous ses millions en moins d'un an.

Une fois Durnik arrivé, les problèmes qui s’enchaînaient se résolurent facilement grâce à son bons sens sendarien accumulé à celui de Garion. La préséance des souverains posait problème pour la cérémonie d'ouverture. Durnik proposa que chaque souverain s'installe avant l'ouverture des portes de la salle du trône au public. Il fallut ensuite décider de leur placement. Ils les placèrent en suivant l'ordre alphabétique de leurs royaumes et en plaçant de grandes bannières portant le nom du royaume brodé au fil d'or au-dessus de leurs sièges. Garion aurait volontiers créé ces tentures à l'aide de son Pouvoir, mais Xe'Nedra protesta que les dames de la cour seraient fières de participer et de pouvoir montrer l'étendue de leur savoir faire aux invités étrangers. De la même manière, les artisans de Riva ne furent que trop heureux de travailler dans l'urgence pour fabriquer des estrades, des trônes, fournir des draps, des rideaux pour démontrer leur talent.
Il fut plus difficile de négocier avec le chef la présence de cuisiniers étrangers dans son domaine. Heureusement, Polgara repéra vite que son assistante était bien plus ouverte à l'idée de découvrir de nouvelles recettes et annonça à Garion que le chef tomberait malencontreusement malade le jour de l'arrivée des invités et ce jusqu'à leur départ. Elle écrit même à Sadi pour lui demander d'inclure dans sa valise quelque concoctions pour aider l'homme à rester cloué au lit.

L'assistante, mise au courant et soulagée de voir qu'elle aurait les mains libres sans l'irascible vieil homme, accepta sans problème l'idée de fournir chaque jour un buffet présentant des spécialités locales de tous les coins du monde. Ainsi, chacun pourrait picorer ce qu'il souhaitait sans qu'une nation se vexe d'en voir une autre mise en valeur.
Garion contacta Silk pour lui demander de faire venir des alcools variés de chaque région, sans oublier de lui rappeller qu'il avait promis de baisser ses prix pour les deux ans à venir. II ignorait où se trouvait le Drasnien à l'heure actuelle, mais il était certain qu'on l'entendrait hurler à un demi-continent de distance.
Restait à régler le problème du logement. Ils s'occupèrent d'abord des gardes. Xe'Nedra harangua avec ardeur les gardes riviens pour leur faire comprendre leur devoir. Ils acceptèrent avec empressement de partager leurs chambres avec des ennemis héréditaires. Ils étaient trop heureux de faire plaisir à leur petite reine pour réaliser que cela pouvait vouloir dire qu'ils devraient dormir entre un Murgo et un Nyissien. En pleine forme, Xe'Nedra fit pleurer la moitié des habitants de Riva en leur décrivant ces étrangers vibrant d'envie de faire leur connaissance et de voir leurs enfants grandir dans un monde en paix. Les Riviens se portèrent en masse volontaires pour héberger les marins et les marchands qui allaient débarquer.

Restait à régler le problème des invités d'honneur. Fort heureusement, les chambres des invités étaient placé sur deux étages dans deux ailes du château. Garion en attribua une aux souverains angaraks, l'autre à ceux du Ponant. Dans la chambre qui faisait coin entre les deux ailes au premier étage, il plaça Polgara et Durnik. Dans la chambre juste au-dessus, il installa Belgarath. Avec eux pour faire tampon, il était certain qu'il n'y aurait pas de tentatives d'assassinat ou de duel nocturne. Parce qu'on était jamais trop prudent, il passa la dernière semaine à démonter et remonter les lattes du plancher avec Durnik pour s'assurer qu'il serait impossible de marcher dessus sans les faire horriblement grincer. Pendant ce temps, Polgara et Belgarath s'arrangèrent pour rendre chaque rebord de fenêtre effroyablement friable à
l'extérieur.
Quand tout fut prêt, Durnik déménagea leurs affaires des appartements des invités d'honneur accolant à ceux de la famille royale à leur nouvelle chambre. Lors du dernier voyage, il regarda avec intérêt les pièces vides et alla voir Garion.
-J'ai trouvé quelque chose pour empêcher nos chers amis de démarrer une nouvelle guerre mondiale.
-Quoi donc ?
-Les appartements voisins aux tiens sont vides et très vastes. Ne pourrait-on pas y héberger les enfants des souverains ? Je doute qu'un roi soit tenté de déclarer la guerre sur un coup de tête quand son fils dort dans le même berceau que la fille de son ennemi à l'autre bout du château.
Garion éclata de rire.
-Oui, je ne doute pas que ce soit très difficile. Et ce n'est pas plus mal que nos enfants fassent ami-ami très jeunes avec les enfants de Urgit ou de Zakath. Je fais tout de suite monter des berceaux et des lits d'enfants à côté. Merci pour ton aide Durnik. J'ai hâte que tout cela soit derrière nous mais j'avoue que je commence à prendre goût à toutes ces manigances. Je comprend pourquoi Silk, Liselle et Sadi s'amusaient tant à Mal Zeth.
Les premiers invités allaient désormais arriver d'un jour à l'autre. Il avait même pris la précaution de demander à Barak de venir un peu plus tôt avec tous les participants à la quête originelle. Il leur avait dit par lettre qu'il espérait profiter un peu d'eux avant qu'ils ne soient noyés par la foule de participants. En vrai, il voulait les sermonner en bonne et due forme et leur rappeler qu'il avait le pouvoir de les mettre au cachot ou de les changer en salsifis et de les faire manger par les Angaraks s'ils faisaient seulement mine de commencer une dispute. Garion ne voyait vraiment pas ce qu'il pourrait avoir oublié. Bien sûr, il y aurait quand même des catastrophes. Mais au moins, ils auraient tout fait pour les éviter.

La première nuit du festival, le château de Riva manqua de prendre feu.

[Fic] Maman, comment les dieux..., Mythes égyptiens, Seth/Horus+Isis [Aonach Dubh pour Ada Lovelace]

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Titre : Maman, comment les dieux font les bébés ?
Auteur : Aonach Dubh (Participant 14)
Pour : Ada Lovelace (Participant 19)
Fandom : Mythologie égyptienne
Persos/Couple : Seth/Horus, Isis
Rating : K
Disclaimer : la mythologie égyptienne étant multimillénaire, elle appartient au domaine public et je me permet respectueusement de jouer avec.
Prompt : Seth/Horus - Horus n'a jamais vraiment reçu d'éducation sexuelle, car Isis le surprotège et voit toujours son fils comme un enfant. Sauf que... Il se demande si par hasard un dieu mâle pourrait être enceint, parce qu'avec Seth, ils ont fricoté... Et que... Voilà, quoi !
- Je n'ai rien contre le NC-17, ni contre l'humour et les quiproquos. (Si le mpreg est possible est au choix de l'auteur).



C'était une chaude journée de printemps et le khamsin soufflait sur la Terre Noire. Il soufflait si fort que les palmiers s’aplatissaient presque et que leurs feuilles en étaient arrachées. Il était impossible de sortir et la glorieuse Isis se tenait à son balcon, contemplant l'orage qui menaçait d'engloutir le Nil et ses rives verdoyantes.
Son fils la rejoignit sur le balcon et comme à chaque fois qu'elle le voyait, son cœur explosa de fierté et d'amour. Le bébé auquel elle avait donné naissance devenait peu à peu un garçon grand et beau comme son père. Mais il n'était pas encore un homme, loin de là. Il n'y avait qu'à voir ses adorables joues rondes et sa petite tresse pour le réaliser.
Horus vint s'accouder sur la balustrade à ses côtés et regarda la scène avec émerveillement. Il y avait, effectivement, une certaine beauté dans ce ciel orange et cette poussière qui volait avec fureur.
Horus n'était pas habitué au khamsin. Isis l'était et frissonna d'appréhension. Ce vent n'apportait que des sombres nouvelles.
-Je n'ai jamais vu le vent souffler aussi fort, confia Horus à sa mère.
-Vois, mon fils, la colère de ton oncle Seth. Si on le laissait faire, il ferait de la Terre Noire un désert aussi aride que le reste de ses terres. Voilà pourquoi tu dois régner comme l'a fait ton père.
-Oui mère, répondit-il avec docilité.
-Ton oncle n'est capable que de destruction. Toi, tu as assez de bonté et de courage pour bâtir un futur glorieux pour cette terre. Tu feras un grand pharaon.
-Je fais de mon mieux mère.
Isis détourna ses pensées de l'orage et regarda son fils plus attentivement. Il était inhabituellement pâle, comme s'il couvait quelque chose. Il était également échevelé et couvert de poussière. L'orage l'avait surpris en chemin, mais elle ne savait pas où il s'était rendu. Il arrivait hélas à l'âge où un enfant aime à cacher sa vie à sa mère. Pourquoi devait-il grandir si vite ?
Horus fixait l'orage en fronçant les sourcils et il faisait tambouriner ses doigts sur la balustrade de granite. Quelque chose le perturbait. Isis plaça son bras autour des épaules d'Horus et déposa un baiser sur son crâne. Ce geste affectueux délia la langue de son fils, comme elle l'espérait.
-Maman, demanda-t-il d'une toute petite voix, comment les dieux font les bébés ?
Isis ne s'attendait pas du tout à cette question. La situation était pire que tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Son petit garçon était trop jeune pour se poser de telles questions. Il lui semblait que c'était seulement la veille qu'il venait la voir couvert de vase, une dent cassée et une grenouille dans les mains, impatient de la lui montrer.
Isis l'avait pourtant protégé de ce genre d'horreurs. Elle adorait son fils mais la vie serait bien plus simple si sa fratrie avait été capable de se contenir. Non, son petit garçon était pur et innocent. Elle y avait veillé. Donc, quelqu'un lui avait mis ces mauvaises idées en tête. Isis allait la retrouver et lui faire subir un sort tel que les mortels en parleraient des millénaires durant.
-Maman ?, insista Horus. Quelque chose ne va pas ?
-Et bien, balbutia Isis, quand un dieu aime une déesse très, très fort, Râ descend du ciel et leur offre un enfant fait de rayons de soleil.
Horus fit une moue dubitative.
-Vraiment ? Ça me parait effroyablement peu pratique et puis cela n'explique pas tout. Si c'était vrai, je connais bien des couples divins qui n'auraient pas d'enfants et d'autres qui en auraient des dizaines.
-Peut-être, mais tu es un peu jeune pour te poser ces questions.
-Tout de même maman ! Si je suis assez grand pour devenir pharaon comme tu le répète sans cesse à l'Ennéade, je suis assez grand pour me poser des questions sur le sexe.
Il n'avait peut être pas tout à fait tord. Isis commençait à se remettre du choc qu'il lui avait causé et le regarda de plus près. Il était presque aussi grand qu'elle désormais, et musclé avec ça. Ses joues n'étaient plus si rondes. Elle lui sourit doucement.
-Il va être temps de couper ta tresse.
Horus rougit. Cela en disait bien plus à Isis qu'il n'aurait voulu dire et qu'elle n'aurait voulusavoir.
-Il serait temps, oui, balbutia-t-il. Mais tu n'as pas répondu à ma question.
-J'imagine que tu as déjà découvert par toi même la façon de faire.
-Disons que j'en ai ma petite idée, avoua-t-il en essayant de prendre un air décontracté. Donc, ma question c'est ceci : si deux dieux mâles font l'amour, est ce qu'il y a un risque de tomber enceint ?
Isis retint un hurlement d'horreur et dut se raccrocher à la balustrade pour ne pas vaciller.
-Pourquoi une telle question ?
-Et bien, vois-tu, il se trouve que, puisque je suis le meilleur choix comme pharaon comme tu le
répète sans cesse à l'Enéade, je me suis dit que ce pourrait être une bonne idée d'aller chez mon oncle Seth pour le convaincre et les choses ont... dégénéré. Il m'a proposé de rester pour dîner, on a bu un peu et, une chose menant à l'autre... je te laisse imaginer la suite.
Isis ne voulait surtout pas imaginer la suite. L'inceste entre frères et sœurs c'était une chose, ce n'était pas comme si sa fratrie avait eu beaucoup de choix en matière de partenaires. Cependant, il fallait mettre une limite quelque part et Seth l'avait franchie. Peut être que Sekhmet accepterait de repartir en croisade meurtrière très, très ciblée.
-Toujours est-il que j'étais ce soir chez lui et je me suis senti mal tout le repas, poursuivit Horus. J'ai fini par partir sans avoir fini mon assiette et j'ai vomis à plusieurs reprises en route. Tu crois que je pourrait être enceint ?
-Nous allons nous assurer que ce ne soit pas le cas. Je connais Seth. Il va utiliser cette histoire pour convaincre les dieux que tu n'es pas digne de régner. Il faut que nous le prenions de court. Tu va bien te nettoyer et te purifier de son sperme. Et s'il faut que je mette de ton sperme dans sa salade pour qu'on ne le prenne pas au sérieux, je n'hésiterais pas !
Isis avait parfois d'étranges idées.
-Enfin mère !
-Je ferais n'importe quoi pour protéger tes droits mon fils, lui asséna Iris avant de soupirer, enfin, heureusement que cela n'a eu lieu qu'une seule fois. La situation serait bien plus dure à rattraper si cela avait eu lieu à plusieurs reprises.
Les yeux au sol, Horus n'osait plus regarder sa mère en face. Elle retint un gémissement d'horreur et remit à plus tard les manigances pour maintenir Seth à distance du trône. Il était temps qu'elle s'occupe de la question qu'Horus posait avec tant d'insistance.
-Combien de fois ?
-J'ai perdu le compte. Quelques mois. Désolé mère.
-Il est un peu tard pour les regrets non ? Tu serais un humain, je pourrais te certifier qu'il n'y a aucune chance que tu sois enceint, mais notre famille est particulière et mieux vaut vérifier. Il est tout de même hors de question de confier ce petit secret à un autre dieu ou déesse. Nous allons consulter une guérisseuse humaine. Va te laver soigneusement tout de même avant.
Horus n'essaya pas de protester. Isis profita de son absence pour trouver de quoi passer incognito parmi les humains, parce que si ceux-ci voyaient la tête d'oiseau de son fils, ils étaient grillés. Heureusement pour elle, si Seth la traitait régulièrement de grosse vache, elle n'en avait pas la tête. Bien sûr, elle ignorait qu'elle en aurait une un jour mais vous et moi sommes mieux informés qu'elle. Par précaution, la déesse appela aussi un serviteur pour lui recommander de s'emparer des vêtements d'Horus pendant son bain et de les jeter dans le fleuve. On ne pouvait jamais être trop prudent selon elle.

Prétextant qu'il serait plus à l'aise sans sa mère à son entretien avec la guérisseuse, Isis poussa son fils dans la minuscule maison de briques de celles-ci. Aussitôt fait, elle se changea en faucon et s'envola. Elle dut battre des ailes de toutes ses forces, mais finit par réussir à voler au dessus du khamsin et atteignit rapidement le palais de Seth, à la limite du désert. Elle se transforma à nouveau et hurla de toutes ses forces.
-Seth ! Montre toi immédiatement espèce d'animal putride !
-Inutile de tomber dans les insultes vulgaires, me voici.
Le dieu se tenait nonchalamment appuyé contre un pilier de basalte. Isis lui trouva tout de même le teint maladif. Cependant, il y avait bien longtemps qu'elle n'était plus capable d'éprouver de la pitié pour son frère et elle le saisit par la gorge.
-Qu'as-tu osé faire à mon fils ?
Sans effort, il écarta ses mains de sa gorge.
-Je peux me tromper très chère sœur, mais il me semble que ton rejeton était très enthousiaste lors de chacune de nos rencontres. Le langage que ce jeune homme adopte une fois allongé est des plus imaginatifs d'ailleurs. J'aurais pensé que tu l'éduquerais mieux.
Avec un cri d'orfraie, Isis se précipita à nouveau vers lui. Il la repoussa une fois encore et la maintient à distance d'un bras.
-Je te ferais payer ce que tu lui as fait. Horus est trop jeune pour réaliser dans quoi il s'est engagé. Imagine s'il se retrouve enceint ! Il n'est pas du tout assez mûr pour assumer de telles responsabilités !
Le visage de Seth se figea.
-Va-t-en.
Isis essaya bien de répliquer mais elle fut soudain engloutie pas un rouleau de sable et de poussière qui la projeta au loin. Quand la vague daigna la lâcher, Isis se releva en plein milieu du désert.
Elle envisagea de voler à nouveau jusqu'au palais de Seth, mais le khamsin soufflait de plus en plus fort et se transformait en tempête. La chevaucher ne lui disait rien qui vaille. Par ailleurs, elle avait d'autres atouts à utiliser.

Le lendemain de cette altercation devait se réunir la trois cent quatre vingt quatorzième séance du tribunal des dieux consacrée à la succession d'Osiris. Isis y pénétra fulminante, suivie par son fils qui affichait un teint légèrement verdâtre. Seth, qui était déjà assis à sa place habituelle, gémit et laissa tomber sa tête entre ses mains en les voyant. Il semblait aussi mal en point que la veille.
-Si je viens à votre rencontre aujourd'hui, commença la déesse sans laisser à quiconque le temps de la saluer, c'est pour demander que soit réparé un grand tort qui a été fait à mon fils.
-Nous sommes au courant, soupira Râ. Comme à chaque séance depuis la mort d'Osiris.
-Il s'agit cette fois d'un nouveau tort que nous as fait Seth. Il a abusé de la confiance de mon fils !
Cela changeait suffisamment de la routine pour que tous les dieux assemblés cessent de somnoler. Ils écoutèrent avec délectation Isis narrer avec des trémolos dans la voix la séduction d'Horus par Seth. Son frère et adversaire l'écouta en silence, ponctuant simplement sa diatribe de reniflements méprisants. Horus, lui, donnait l'impression de vouloir disparaître sous terre.
-Je suis étonné que tu n'ai pas jeté son sperme dans le Nil pour nier tout ce qui as pu se passer entre nous, persifla finalement Seth.
Isis rougit mais refusa de répondre. Seth se leva et s'adressa à l'assemblée.
-J'ai entendu beaucoup d'accusations mais vu peu de preuves. Je m'étonnes même de ne pas avoir été accusé de plus de crimes. Ma chère sœur, tu m'accuse d'avoir dévergondé Horus. Pourquoi pas de l'avoir mis enceint ou empoisonné tant que tu y était ? Deviendrais-tu moins sujette à l'exagération ?
-Parce que tu n'as pas découpé Osiris en morceaux peut-être ?
-Simple détail. Alors ?
-J'ai cru qu'il était l'un ou l'autre quand il est rentré si pâle et nauséeux. Mais je me suis assurée que tu n'avais pas commis ceci en plus du reste.
-Charmant. Tu n'as pas été tentée également de m'humilier en démontrant qu'au moins Horus était au-dessus, par exemple en arrosant ma salade ou mes lentilles de sa semence ?
-J'y ai pensé.
-Ce sont de graves accusations que j'entends, finit par les couper Râ. Horus, veut-tu ajouter quelque chose ?
Le jeune dieu rougit, blêmit et verdit tour à tour mais ne dit rien. Seth leva les yeux au ciel.
-Par ma mère Nout... Tout ceci n'a que trop duré. Vous voulez savoir ce qui s'est passé avant-hier ? Horus s'est senti légèrement mal après avoir goûté ma cuisine. Je cuisine très mal.
Des gémissements chargés de dégoût et de remords résonnèrent aux quatre coins de l'assemblée, confirmant son affirmation. Seth lança un clin d’œil complice à une de ces victimes puis repris un air sombre.
-Mais ce n'est pas la seule chose qui as poussé Horus à fuir ma demeure. La vérité c'est que ce jeune lâche a fui quand il as compris pourquoi je l'avais invité ce soir-là. J'ai à peine mentionné mes nausées matinales qu'il s'est carapaté à toute allure.
En un instant le silence se fit dans la pièce puis un cri perçant le déchira.
-Horus !
Ce dernier tenta de faire disparaître sa tête dans ses épaules.
Isis ne l'avait jamais regardé comme s'il était une déception. C'était le cas maintenant.
-Pardon maman, implora-t-il. Je ne savais pas comment te le dire. Je crois que j'étais un peu terrifié à l'idée de devenir père. Je n'ai pas voulu te mentir.
-J'espère bien. Et maintenant qu'il soit bien clair que je ne vivrais pas pour voir mon fils fuir ses responsabilités.
Sa voix montait à nouveau en intensité. Plusieurs dieux et déesses se calèrent en grognant dans leurs sièges, devinant qu'elle était capable de se lancer dans un discours moralisateur prolongé. D'autres affûtaient leurs arguments pour la soutenir. Seth les coupa tous dans leur élan.
-Je veux une pension pour élever le petit. Pas grand chose, juste, disons, la moitié des revenus du royaume d'Horus jusqu'à ce qu'il sorte de l'enfance. Je me contenterais du tiers ensuite. Pour assurer son éducation, cela va sans dire.
-Tu veux dire que tu es prêt à renoncer au royaume d’Égypte contre une pension alimentaire ?
Les dieux se mirent à murmurer leur incrédulité tout autour des gradins. Seth sourit, ravit de son petit effet. Isis le saisit par sa tunique et chuchota tout en serrant les dents, de sorte à n'être entendu que de lui.
-Pourquoi fais-tu ça Seth ?
Son frère n'essaya même pas d'avoir l'air innocent. Il sourit à pleine dents.
-N'est-ce pas évident ? Tu as mis la plupart des dieux dans ta poche et Horus n'allait pas tarder à obtenir le trône d’Égypte. En me faisant engrosser par lui, je m'assure au moins de mettre dans ma poche une partie des revenus du royaume.
-Et tu crois que nous allons laisser passer ça ?
-Oui. Car si vous dites non, je reste sur les rangs pour devenir pharaon d’Égypte et après avoir découvert qu'Horus était prêt à m'abandonner pour que j'élève seul notre enfant, je te garantis qu'il y aura beaucoup moins de vote en sa faveur.
-Tu me le paieras.
-Non, vous allez me payer en argent et en pierreries, pendant très longtemps. Pour le reste je m'en moque, tu pourras raconter aux mortels comment j'ai été lamentablement écrasé par Horus lors d'une épreuve de force ou d'intelligente. Fais leur gober toutes les salades que tu veux, je m'en moque.
Avec un feulement, Isis lâcha Seth et rejoignit Horus pour lui chuchoter à l'oreille. Le jeune dieu s'inclina avec soulagement puis redressa la tête et s'adressa à Râ.
-Si Seth me cède le trône, j'accepte ses conditions.
Les négociations pouvaient enfin commencer. Elles s'étendirent sur des jours et des jours.
Finalement, les dieux finirent par quitter le tribunal en murmurant leur joie et leur soulagement de voir tout cela derrière eux. Vraiment, était-il vraiment besoin d'en faire tout une salade ?

[Fic] Les aveugles de l'Himalaya, Tintin, Haddock+Tintin/Tchang [OrionXIsidore pour Yolo Cacahuète]

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Titre : Les aveugles de l’Himalaya
Auteur : OrionXIsidore (Participant 12)
Pour : Yolo Cacahuète (Participant 13)
Fandom : Tintin
Persos/Couple : Capitaine Haddock, Tchang/Tintin
Rating : K+
Disclaimer : Tintin et tous ses personnages sont la propriété d’Hergé
Prompt : Tintin : (Tintin/Tchang) Tintin au Tibet. Pendant que Tchang se remet petit à petit de l’accident d’avion, lui, Tintin et le Capitaine en profitent pour se reposer de leur expédition. Entre tourisme dans Katmandou et ballades dans la région, Haddock ne peut pas s’empêcher de remarquer la très forte amitié qui lie Tchang et Tintin, qui ne quitte plus le jeune chinois d’une semelle. J’aime bien l’idée que Haddock tente (plus ou moins adroitement) de faire quelque chose pour que Tintin et Tchang arrêtent de se tourner autours et passent à l’étape supérieure ! De la mignonnerie, de l’humour, mais aussi pourquoi pas un peu d’angst pour pimenter la sauce. Après tout, Tchang est seul survivant d’un accident très certainement traumatisant, et Tintin et Haddock ont entrepris un voyage dangereux et incertain juste pour le retrouver…
Notes : Bon j’avoue que je m’y suis peut-être prise un peu tard et en plus je n’étais pas spécialement satisfait de mon style d’écriture, j’ai peur de ne pas avoir totalement rendu justice à notre cher capitaine Haddock.
Concernant Tchang il me semble qu’il se rend à Londres pour des études de médecine mais je n’avais pas les Bds pour vérifier donc j’espère que c’est correct.
Enfin, j’espère que ça te plaira quand même.


*

Au fur et à mesure de leurs aventures, l’amitié entre Archibald Haddock et Tintin n’avait jamais cessé de grandir et l’ancien capitaine considérait qu’il connaissait et comprenait plutôt bien son ami.

Ainsi il était plus que conscient que celui-ci se liait avec beaucoup de facilité à tous ceux qu’il rencontrait lors de ces aventures. Sa gentillesse, son honnêteté et son courage lui permettaient de conquérir la plupart des gens qu’il rencontrait, hormis évidemment les bandits qu’il poursuivait.

Et donc, Haddock avait classé Tchang parmi les innombrables amis de Tintin.

Quand Tintin l’avait mentionné pour la première fois, il avait en effet semblé au capitaine que le jeune reporter parlait de lui de la même manière qu’il parlait de tous les autres.

Quand il avait décidé de partir le sauver, il s’était dit qu’il était probablement un peu plus important que ce qu’il avait d’abord penser mais qu’après tout, Tintin était Tintin. C’était totalement son style de partir à la rescousse d’un ami : il l’avait d’ailleurs fait plusieurs fois pour Tournesol.

Quand Tintin avait pour la première fois décidé de continuer ses recherches alors que les chances de retrouver le jeune asiatique étaient presque inexistante, Haddock s’était d’abord dit que son ami n’était qu’un jeune idiot incapable d’écouter les conseils. Puis, il avait croisé son regard et avait aperçu la peur au fond de ses yeux.

Il avait alors compris que Tchang était vraiment spécial. Parce que la peur dans les yeux de Tintin, ce n’était pas celle de quelqu’un qui pense avoir perdu une connaissance, ni même un proche : c’était celle de quelqu’un de terrifié par l’idée de perdre quelqu’un d’encore plus précieux.

Et à partir du moment où Archibald était arrivé à cette conclusion, le marin arrêta d’essayer de barrer la route du reporter.

Ce qu’il ne regretta évidemment pas, car quelques jours plus tard, ils retrouvèrent Tchang et jamais il n’oublierait la joie qui avait alors illuminé le visage de Tintin.

Il s’était d’ailleurs senti un peu jaloux. Avec toutes leurs aventures communes, il se sentait comme le meilleur ami du jeune homme et le voir si dévoué envers un autre ami, lui laissait un goût presque amer. Il aurait aimé savoir si pour lui aussi, Tintin aurait bravé les démons de la montagne.

Mais cette puérile émotion fut rapidement tuée dans l’œuf. Car plus Tintin passait de temps avec Tchang, plus Archibald se rendait compte que la relation qui existait entre les deux, n’étaient absolument pas similaire à celle qu’il avait avec le reporter.

Et la principale raison qui expliquait cette différence, hormis évidemment le caractère de Tchang qui n’avait rien à avoir avec le sien, était que les sentiments que Tintin éprouvait pour Tchang ne ressemblait en rien à ceux qu’il éprouvait pour Haddock.

En effet, si le capitaine n’avait pas une grande expérience des histoires de cœur, il était quand même capable de voir quand quelqu’un était amoureux de quelqu’un d’autre. Surtout quand ce quelqu’un était son meilleur ami…

Cela établi, Haddock voulut alors s’assurer que la réciproque était vraie. Ce qui ne fut guère compliqué et il lui fallut très peu de temps pour s’en assurer.

Le jeune asiatique rayonnait à chaque fois que le reporter belge entrait dans la pièce et les rares fois où l’ancien marin avait tenté de discuté avec lui de leur ami commun et notamment de leur rencontre, il avait aussitôt été assailli par un flot de compliment et d’éloge qui aurait fait rougir n’importe qui. Et s’il était vrai que Tintin était certainement un jeune homme extraordinaire par bien des aspects, il n’était quand même pas exempt de défaut.

Toutefois Archibald n’arrivait pas à se réjouir totalement de cet amour naissant. Ou plutôt il se satisfaisait totalement de l’état actuel de leur relation. Tintin comme Tchang semblait être heureux tel quel et ils l’étaient peut-être même plus qu’en connaissant les sentiments de l’autre. Ils étaient deux hommes et la société n’étaient pas tendre envers ceux qui défiaient ses mœurs. Si de rare fois on pouvait entendre des discours pleins de tolérance, en grande majorité les gens rejetaient avec force le sous-entendu qu’il puisse y avoir autre chose dans le monde que l’amour entre homme et femme.

Lui-même, bien que conscient que, dans sa jeunesse, il avait été quelques fois attiré par des hommes, n’étaient pas tout à fait à l’aise avec le sujet. C’était d’ailleurs probablement ce qui avait retardé son analyse sur les sentiments de Tintin pour Tchang qui si on y réfléchissait à posteriori étaient quand même plutôt évidents.

Cet vision du monde expliqua que pendant une bonne partie du séjour le capitaine Haddock se contenta de jouer le rôle d’observateur, un rôle qu’il aurait tenu jusqu’à la fin si ses deux amis n’avaient pas fini par lui assigner celui de confident.

À une semaine de leur départ, il se rendit soudain compte que quand il pensait que ses deux amis étaient parfaitement heureux comme ça : il se trompait. Tout d’abord Tchang venait quand même de vivre une expérience éprouvante qui lui avait laissé des séquelles. Il faisait notamment beaucoup de cauchemars, des cauchemars qui raccourcissaient ses nuits et le fatiguaient beaucoup alors même qu’il aurait plutôt eu besoin de récupérer.

Quant à Tintin, si durant toute la mission de secours il avait voulu faire croire qu’il n’avait aucun doute quant à la survie de Tchang, toute la peur qu’il avait alors ressentie surgissait d’un coup. Toutes les deux minutes il se tournait vers le jeune asiatique pour s’assurer qu’il était bien à ses côtés.

Enfin tous deux évitaient un maximum de parler du prochain retour en Europe et donc de leur future séparation.

Cela tracassait d’ailleurs tellement Tintin que celui-ci, qui n’était pourtant pas vraiment du genre à se confier, finit par avouer à l’ancien marin qu’il appréhendait beaucoup ce futur.

« La première fois quand je l’ai laissé là-bas en Chine, j’étais triste de me séparer de lui, mais au moins je savais qu’il était sain et sauf et j’avais bien l’intention de le revoir un jour. Mais maintenant, avec ce qui est arrivé, j’ai cette peur irrationnelle que je pourrais ne jamais le retrouver. »

Et dans cette déclaration et derrière la peur réelle de la perte, Haddock entendit un profond désir de pouvoir vivre ensemble. Un désir que cependant le jeune reporter considérait comme illégitime, quel ami serait-il à exiger ainsi la présence de Tchang à ses côtés ?

Cette interrogation était d’autant plus triste qu’Archibald se rendit compte que le jeune asiatique ressentait la même chose.

« Tintin et moi avons déjà dû nous séparer, parce qu’il devait rentrer chez lui et que j’étais encore trop jeune pour le suivre. Désormais j’ai le bon âge mais je ne peux toujours pas venir. La famille Jen-Ghié m’a beaucoup donnée et je ne veux pas les décevoir. Ils pensent que j’ai la capacité de devenir un bon médecin alors j’en deviendrais un. Et puis, il a son métier de journaliste, je ne peux décemment pas m’imposer à lui. »

Après ces révélations le capitaine changea de point de vue, pour qu’ils se sentent légitimes à vivre ensemble ses deux amis devaient se rendre compte de leurs sentiments réciproques. Et il allait les aider…

Son premier plan fut d’essayer de leur laisser un moment d’intimité lors de la ballade suivante. Alors qu’il avait jusque-là éviter de venir, Archibald les accompagna et profita de leur arrivée sur un plateau pour assaillir le guide de question et le retenir tandis que ses deux amis, qui ne s’étaient aperçu de rien, se promenaient côte à côte.

Il espérait que loin de tous, les deux jeunes hommes se permettraient plus de choses et finiraient par s’avouer la réciprocité de leurs sentiments.

Mais quand ils revinrent vers eux vingt minutes plus tard, tout penauds de ne pas les avoir attendus, le capitaine ne vit aucun changement dans leur comportement.

Sa deuxième intervention se voulut donc un peu plus brutale. Le lendemain soir, il se présenta en premier à la salle à manger et lorsque le serveur vint lui demander ce qu’il désirait à boire, il commanda deux bouteilles d’un vin plutôt fort et d’une grande qualité.

Quand Tintin arriva, le jeune reporter s’empressa alors de faire une remarque sur le fait qu’ils étaient en vacances et que son ami lui avait promis de diminuer sa consommation de boisson.

Haddock répondit alors qu’ils n’avaient toujours pas fêté le succès de leur expédition et que si l’autre belge acceptait de trinquer avec lui, il augmenterait beaucoup moins son taux d ‘alcool.

Et alors que Tintin allait refuser fermement son offre, Tchang fit son apparition. Arrêté dans son action, le jeune reporter ne put que laisser Archibald lui servir un verre avant d’en proposer un au jeune asiatique. Celui-ci bien trop poli pour refuser accepta gentiment de goûter. Puis de reprendre un verre. Et un deuxième. Un troisième…

À la fin du repas, le futur médecin était complètement ivre et il fallut que Tintin vienne l’aider pour qu’il puisse retourner à sa chambre.

En partant le reporter belge lança un regard assassin à l’ex-marin mais celui-ci s’en moquait bien, son plan avait encore mieux marché que prévu. Dans quelques minutes un Tchang plein de regret demanderait à Tintin de le pardonner avant de lui avouer ses sentiments. Tintin ne répondrait rien sur le moment, insistant pour coucher correctement son vieil ami mais dès qu’il retournerait dans sa chambre, il ne pourrait oublier la confession.

C’est pourquoi dès le lendemain matin, il frapperait à la porte de Tchang pour lui confirmer ses propres sentiments.

Enfin ça c’était le scénario imaginé par Haddock. En vérité, le lendemain tout ce qui se passa ce fut une crise de colère monumentale de Tintin qui lui reprocha d’avoir profité de la gentillesse et de la politesse de Tchang. Et évidemment Tchang passa à ce moment-là :

« C’est ma faute aussi, il ne m’a pas vraiment forcé, j’aurais pu dire non. Je ne l’ai pas fait.
- Parce que tu ne voulais pas le vexer !
- Peut-être, mais je t’en prie Tintin ne te fâche pas contre lui pour cela, on est ici dans un endroit magnifique pour profiter.
- Il t’a mis en danger.
- Tu étais à côté, répliqua Tchang avant que son visage ne se voile et qu’il ne déclare. Et je ne suis plus un enfant. Je suis adulte et donc capable de faire mes propres choix. »

Après cette tirade Archibald posa sa tête dans ses mains et soupira. Il pouvait être fier de lui-même : au lieu de rapprocher les deux jeunes hommes, ils les avaient divisés. Il voulait faire avancer la situation et voilà qu’il la faisait reculer.

Mais en même temps, cette dispute était intéressante, elle lui avait notamment appris que Tchang craignait que Tintin ne le juge sur son âge. Ce qui pouvait être compréhensible, car, quand ils s’étaient rencontrés, Tchang avait 15 ans, et si Tintin n’était guère plus vieux, il était lui déjà adulte.

Cette différence d’âge pouvait peut-être expliqués en plus de leur sexe, les hésitations de Tintin à faire part de ses sentiments et Haddock devrait donc prendre cela en considération lors de son prochain plan.

Celui-ci se déroula dans l’après-midi. Après s’être assuré la complicité d’un marchand du coin avec qui il avait sympathisé pendant son séjour, il fallait bien qu’il s’occupe quand Tintin et Tchang se dévoraient du regard, Haddock avait entraîné son ami reporter jusqu’à la petite boutique de photo du marchand. Très rapidement le jeune belge s’était émerveillé devant le vieux matériel et l’ingéniosité du marchand, marchand qui après avoir admis que la passion venait de son père, lui avait demandé de l’excuser parce qu’il avait des clients à voir. Ensuite Haddock lui-même s’était éclipsé tout en vérifiant bien que la porte qu’il refermait derrière lui ne pouvait pas vraiment être ouverte de l’extérieur. Puis, il s’était baladé un peu en ville avant de rentrer à l’hôtel. Là il avait trouvé Tchang et lui avait demandé si Tintin était rentré.

« Je croyais qu’il était avec vous Capitaine.
- Il l’était mais je l’ai laissé au magasin de photos. Et comme il m’avait dit qu’il voulait passer du temps avec toi aujourd’hui, je pensais qu’il serait déjà rentré.
- Non il ne l’est pas. Vous pensez qu’il a pu lui arriver quelque chose de grave ?
- Je n’espère pas. Mais allons tout de même rapidement au magasin de photos pour vérifier. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, les deux hommes sillonnèrent Katmandou d’un pas rapide, jusqu’à arriver au magasin. Tchang, plus jeune et plus sportif arriva quelques minutes plus tôt et il fut donc le premier à s’apercevoir que la porte de la pièce où se trouvait son ami était bloquée.

Après s’être assuré que Tintin n’était pas derrière la porte, le jeune asiatique n’écoutant que son inquiétude défonça la porte avant de courir retrouver son ami. Celui-ci le remercia même s’il avoua qu’il n’était pas non plus en grand danger et qu’ils auraient peut-être pu attendre le retour du propriétaire pour lui demander la clé.

À la suite de cette affirmation, Tchang resta muet quelques minutes, avant de rougir de manière plutôt voyante. Il ne s’était pas rendu compte d’à quel point il avait agi de manière irréfléchie et à posteriori son inquiétude pour le sort de Tintin lui semblait terriblement exagéré. Surtout le jeune reporter avait déjà été bien plus en danger et le serait probablement encore, après tout il venait quand même de parcourir l’Himalaya.

Devant cette scène, un mince sourire se dessina sur le visage d’Haddock. Pour une fois son plan se passait comme prévu.

Par la suite, après s’être excusé auprès du propriétaire, les trois hommes retournèrent à leur hôtel. Tintin, couvert de poussière après l’action héroïque de Tchang monta pour prendre une douche, ce qui laissa le temps à Haddock de lancer la deuxième partie de son plan.

Il entraîna le jeune asiatique vers une table en terrasse, loin de la plupart des oreilles et déclara :

« Je suis désolé pour aujourd’hui, je n’aurais pas dû t’inquiéter comme ça.
- Non vous n’avez rien à vous reprocher. C’est moi qui ait réagit trop violemment. Et maintenant ce pauvre homme doit repayer une nouvelle porte.
- Tu sais, si vos situations étaient inversées, je suis certain que Tintin aurait fait pareil pour te sauver. Le gamin peut être une sacrée tête de mule quand il s’agit de toi.
- Je ne pense pas non, répondit Tchang. Il a déjà vécu énormément d’aventures, il sait comme réagir. Sauver des gens c’est un peu comme son métier maintenant.
- Oui ben d’ailleurs ça c’est quand même particulièrement agaçant, à la base il est journaliste hein, il a aucune raison de plonger dans tous les dangers qui se présentent à lui nom d’un bachibouzouk.
- Il ne fait pas exprès.
- Ben pour cette fois un peu quand même, fin je ne dis pas que c’était pas une bonne idée de te sauver la vie mais on a quand même failli y passer plusieurs fois. Et d’ailleurs c’est pour ça que quand je dis que lorsqu’il s’agit de vous Tintin n’est pas toujours une lumière : sauver des gens ça pas de problème, sauver ses amis c’est déjà un peu plus dur et finalement te sauver toi c’est un tout autre bazar.
- Vous voulez dire que je mets dans des situations encore plus dangereuses que tous les autres ? »

Haddock inspira profondément. Crier sur le jeune homme ne ferait probablement pas avancer son affaire. Au contraire ça risquait même d’attirer Tintin et donc de lui faire perdre toute chance de réussir son plan : à savoir faire comprendre au jeune chinois la nature pas uniquement amicale des sentiments du jeune belge à son égard.

« Non c’est pas du tout ce que je voulais dire. Je pensais plutôt à l’importance que tu as dans la vie de Tintin.
- Vous trouvez qu’il me favorise ?
- Il ne te favorise pas. C’est seulement que les sentiments qu’il te porte sont un peu différent de ceux qu’il me porte.
- Mais il vous adore, il habite chez vous à mi-temps et vous partez ensemble pour l’aventure.
- Oui mais il n’est pas amoureux de moi.
- Pardon ?! » s’écria le jeune asiatique un peu choqué.

L’ex capitaine se traita de tous les noms. À la base, il ne comptait pas être aussi direct. Seulement voilà leur histoire-là elle commençait sérieusement à lui courir sur le haricot et s’il voulait que ça bouge c’était son seul choix.

« Oui tu m’as bien entendu. Amoureux.
- Mais nous sommes deux hommes.
- Et tu vas me faire croire que tu ne ressens rien du tout pour lui toi ?
- Je ne le mérite pas.
- Mais bougre d’ectoplasme qu’est-ce que tu me racontes-là ? En quoi est-ce que tu ne le mérites pas ? Et de toute façon mérite ou pas mérite ça ne change rien, il est amoureux de vous point final. »

Tchang, abasourdi, resta un instant sans rien dire. Et si son visage était plutôt inexpressif, ses mains elles se frottaient frénétiquement l’une contre l’autre, preuve évidente de son trouble intérieur.

« Mais on ne peut pas vivre ensemble, jamais les gens n’accepteraient !
- Les gens on s’en moque. Et puis de toute manière vous n’avez pas non plus à assumer votre relation au grand jour, vous pouvez tout simplement être des amis proches qui habitent ensemble dans un château bien trop grand pour qu’on en limite le nombre d’habitant à deux ou trois.
- Mais mes études ? Et puis je ne veux pas m’imposer.
- Ecoutez c’est ma maison, je t’invite et puis c’est tout. Pour les études, la faculté de médecine de Bruxelles a une excellente réputation, je suis certain que tu sauras y trouver ta place.
- Et je dis quoi à Tintin ?
- Ce que tu veux. Enfin ce que tu veux tant que tu arrives à lui faire comprendre que vos histoires débiles de « je ne veux pas retenir mon ami » ça va cinq minutes mais c’est pas viable. Pour le moment vous pouvez pas vous séparer une journée sans craindre pour la vie de l’autre, il faut donc que vous viviez ensemble ! »

Et c’est à cet instant que Tintin arriva entraînant un rougissement de Tchang. Archibald Haddock qui considérait qu’il en avait assez fait maintenant alla alors saluer son ami pour finalement monter se coucher.

Le lendemain c’est un reporter ravi qui vint frapper à sa porte pour lui annoncer que Tchang allait vivre avec eux.


[Fic] Ludmila, La famille Addams, ensemble [de Yolo Cacahuète, pour Tarabiscotte]

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Titre : Ludmila
Auteur : Yolo Cacahuète (Participant 13)
Pour : Tarabiscotte (Participant 12)
Fandom : La famille Addams
Persos : Mercredi Addams, Pugsley Addams, Morticia Addams, Gomez Addams, Granny Addams, Lurch, Fétide.
Rating : K
Disclaimer :La famille Addams ne m’appartient pas, je ne fais que l’emprunter.
Prompt : Ce que Mercredi ne dira JAMAIS à Pugsley, c'est que lorsqu'elle avait 5 ou 6 ans, son but dans la vie était d'être un vampire et de se transformer en chauve-souris. (Ca lui a passé, mais pas avant que Gomez ne la rattrape au vol devant une fenêtre, à la Puberté.) 
Notes : Bien qu’ayant eu la résolution de m’y prendre bien à l’avance, je me retrouve à poster au dernier moment, mille pardons !! J’ai piqué Homer, la tarentule de Mercredi, à la série parce que ça m’arrangeait, et je pense que tu peux considérer qu’elle est aussi jeune que dans le premier film (j’ai pas non plus vraiment tenu compte de la disparition de Fétide dans le triangle des Bermudes donc bon...). Et je m’excuse aussi parce que c’est un peu triste au final, et tu attendais sûrement un truc plus mignon. C’est sans doute pas tout à fait ce que tu voulais mais promis ça se termine bien ! :’)

***************


« Voulez vous dire quelques mots au défunt ? » demanda Pugsley.

Mercredi ne répondit pas immédiatement à son frère. Tous deux se tenaient dans le fond du jardin, l’air très solennel, au dessus d’une petite tombe creusée pour l’occasion.

« Oui » répondit simplement Mercredi. Elle fit un pas en avant.

« Homer, tu étais la plus flamboyante des tarentules. Ton agilité n’avait d’égale que ta faim dévorante, et tu étais le meilleur ami et yo-yo qu’une jeune fille puisse rêver d’avoir. Te voir courir en cercle dans ta cave préférée et sauter à la gorge des visiteurs me manquera beaucoup. »

Mercredi fit un signe de tête à son frère qui se mit aussitôt à recouvrir de terre le petit coffret de bois dans lequel était enfermé le corps d’Homer.

Sa besogne achevée, Pugsley plaça la petite plaque de pierre taillée qui devait marquer l’emplacement de la tombe, aux côtés de celles des têtes des poupées de Mercredi.

Celle-ci eut un profond soupir :

«A présent repose en paix, majestueuse créature»

Puis elle fit demi tour et retourna au manoir, Pugsley sur ses talons.

****************

Morticia, qui n’avait cessé d’observer sa fille pendant toute la semaine suivante, se tourna vers son mari. Tous deux occupaient la serre du manoir, un après midi pluvieux.

« Gomez... 
-  Cara mia ? »

Morticia coupa distraitement une fleur.

« Tu ne trouves pas que Mercredi a l’air… démoralisée ? J’ai peur que la perte de son cher Homer ne l’ait vraiment beaucoup affectée. 
- Hummm. Je n’ai rien remarqué de particulier. 
- Elle ne sort presque plus de sa chambre alors qu’elle adore l’automne. Et je l’ai surprise hier qui démontait son générateur et la chaise électrique. 

Gomez leva le nez de ses papiers et plissa ses grands yeux ronds.

- Je vais en toucher deux mots à Fétide. Mercredi adore l’écouter parler du Triangle des Bermudes, ça lui remontera le moral j’en suis sur. »

Mais les efforts de Fétide pour capturer l’attention de la jeune fille n’y changèrent rien. A la place de son habituel enthousiasme pour les mystères du Triangle, Mercredi ne manifesta qu’un désintérêt poli. Sa famille commençait vraiment à s’inquiéter…

Un matin, alors que Mercredi déambulait silencieusement dans le manoir avec un air de franche mélancolie n’appartenant d’ordinaire qu’à Morticia, Pugsley eut une idée.

« - C’est son anniversaire dans quelques jours alors, si on lui offrait un nouvel animal de compagnie? expliqua-t-il à sa famille, réunie autour de la table du salon.

- C’est une excellente idée, Pugsley !  s’exclama Gomez, heureux que quelqu’un propose enfin une nouvelle solution. Ils avaient tous essayé d’amuser Mercredi de différentes façons, malheureusement sans résultat.

- Je sais bien qu’on est un peu à court d’idées, mais Mercredi risque de ne pas aimer que vous lui remplaciez son Homer. 
- Très juste, Grand-Mère. Peut être que nous devrions la laisser choisir ? 

- Hum, je connais justement une boutique parfaite dans le quartier sud. Ils ont de tout. »

Lurch approuva d’un grognement.

Le lendemain matin, accrochée à la porte de sa chambre par un poignard, Mercredi trouva une lettre manuscrite officielle, signée de la main de son père, l’invitant à se rendre dans le hall d’entrée du manoir pour une excursion. Malgré son état de profonde tristesse, en bonne observatrice, Mercredi s’était bien rendue compte que sa famille essayait de lui remonter le moral. Elle soupira. Elle n’avait pas vraiment envie de sortir…

Mercredi était consciente que renoncer à tout ce qui l’intéressait n’était pas une bonne idée, ni vraiment sain en soi, mais Homer lui manquait énormément et elle ne savait pas quoi faire pour que ça passe. Elle avait aussi songé plusieurs fois à aller en parler à Lurch, de qui elle était très proche, ou encore à son oncle qu’elle tenait en très grande estime. Sans avoir vraiment le courage de le faire.

Elle s’habilla tout de même, enfilant sa robe à col Claudine, mit ses souliers noirs parfaitement vernis, puis brossa et tressa soigneusement ses cheveux. Lorsqu’elle eut fini, elle se regarda une dernière fois dans son miroir : son teint était plus blafard que d’ordinaire si c’était possible, accentuant les cernes qu’elle avait sous les yeux et lui donnant un air franchement maladif. Mercredi soupira une nouvelle fois, las, puis sortit finalement de sa chambre à pas de loup.
Dans le hall, elle fut accueillie par sa famille, qui devait attendre depuis un moment car tout le monde portait déjà son manteau et la Chose pianotait près de la porte d’entrée.

« -Ah, te voila enfin Mercredi, dit Gomez en la voyant attraper son propre manteau de laine et une écharpe aussi noire que ses cheveux.

- Où va-t-on ? Dit-elle simplement.
- On a pensé que sortir prendre l’air tous ensemble te ferait un peu de bien. »

La Chose tapota les chaussures de la jeune fille pour lui faire signe que tout allait bien, ou que tout irait bien, ou encore que la météo était bonne. Sûrement les trois, pensa Mercredi, qui acquiesça en réponse. Morticia prit le bras de son cher et tendre, le couple ouvrant la marche, et la famille Addams se dirigea vers le portail où Lurch attendait déjà avec la voiture.

La route ne fut pas très longue mais Mercredi eut l’impression que le voyage dura une heure. Lorsqu’ils se garèrent enfin, et que tout le monde descendit, sa grand-mère les mena à une petite boutique poussiéreuse, d’apparence abandonnée. L’enseigne à peine visible sous la couche de crasse clamait simplement « ANIMALERIE ». Mercredi eut l’impression que son estomac se tordait, mais ça n’avait rien à voir avec la sensation qu’on a lorsqu’on avale du poison, ou qu’on s’électrocute. Morticia, qui avait plutôt un bon instinct concernant ses enfants, se tourna vers sa fille.

« - Oh, ma chérie.
- Vous essayez de remplacer Homer… »

Dans son dos, Morticia pouvait entendre la grand-mère marmonner un « je l’avais bien dit ».

« - C’est moi qui ai eu l’idée… » lui dit Pugsley, un peu contrit, mais il n’insista en voyant sa sœur froncer des sourcils, chose qui n’augurait généralement pas grand-chose de bon.

Fétide, qui avait jusque la assisté à la scène en silence, posa une main sur l’épaule de sa filleule :

« - Mercredi, nous ne voulons pas que tu remplace Homer. Mais nous pouvons aussi tous voir que tu es triste… Et je te comprends. Je me suis moi même occupé de quelques bestioles dans ma jeunesse, et elles me manquent toutes encore aujourd’hui.

- C’est juste que… je n’y étais pas préparée.

Mercredi soupira pour la troisième fois de la journée, ce qui était rare. A cet instant, sans son air de parfaite confiance en elle, elle ressemblait plus à une jeune fille de son âge. Fétide hésita, semblant réfléchir à ce qu’il allait dire, puis :

« - Personne n’attend que tu remplace ton araignée. Tu l’aimais beaucoup, je sais bien que c’est difficile de perdre un être cher, et personne n’y est jamais vraiment préparé... Mais je suis certain qu’Homer aurait voulu que tu continues de t’amuser. Et qui sait, peut être qu’une petite créature n’attend que toi pour s’occuper d’elle, et t’aider à aller mieux.

Mercredi redressa la tête, fit signe à son oncle qu’elle avait compris, et entra dans la boutique.

L’intérieur semblait aussi poussiéreux et usé que l’extérieur, mais le vacarme qui y régnait était assourdissant. Du sol au plafond s’entassaient des objets, des livres, des cages, des aquariums de toutes tailles et toutes formes, peuplées de dizaines de créatures différentes aux cris tout aussi variés.

Le propriétaire du magasin vint à leur rencontre. C’était un homme aussi grand qu’il était maigre, qui avait l’air aussi abîmé que son établissement.

« - Bienvenus, humains. Que puis je faire pour vous aujourd’hui ? Demanda-t-il d’une voix aiguë.

- C’est pour la jeune fille qui est la, répondit Grand-Mère qui avait devancé tout le monde dans l’étroitesse de l’allée. Nous sommes seulement venus regarder ce que vous avez en matière d’animal de compagnie.

- Je vois. Et bien fais comme chez toi », dit-il en s’adressant directement à Mercredi, avant de s’écarter pour la laisser passer.

Mercredi déambula silencieusement dans les allées étriquées et encombrées qui composaient l’animalerie pendant de longues minutes, son frère jamais très loin derrière elle. Elle était sur le point de retourner vers ses parents, qui papotaient avec enthousiasme avec le propriétaire, et leur annoncer qu’elle n’avait pas trouvé, ni vraiment envie d’un autre animal de compagnie dans l’immédiat, lorsqu’elle tomba nez à nez avec une petite chose frêle.

La chose, pendue à un arc de bois, se révéla être un bébé chauve souris vampire. C’était une petite boule de poils gris, pas plus grande que la taille de sa paume. Semblant avoir sentit la présence de Mercredi, la petite bête tourna son museau vers elle et ouvrit deux yeux noirs presque trop gros pour elle.

Alors Mercredi se revit quelques années auparavant. Elle se rappela de la première fois où elle avait entendu parler de son arrière arrière arrière arrière grand tante du côté de sa mère, la Comtesse Élisabeth Báthory, qui avait déclenché chez elle une passion pour les personnalités sanglantes. Ses premiers livres d’Histoire Vampirique.

Et puis ses premières expériences dans la communauté vampirique, de laquelle elle avait cherché à se rapprocher. Une nuit, elle avait même fugué pour essayer de trouver des vampires qui voudraient bien la mordre. Mercredi, persuadée de son ascendance, avait ensuite cherché à développer ses pouvoirs, sans aucun doute profondément enfouis. Elle avait essayé à plusieurs reprises de s’enfoncer des pieux dans le cœur, ou encore, Mercredi pensait que si elle se tenait assez longtemps au soleil, sa nature de vampire se réveillerait.

« - Oh, ça me rappelle la période où tu essayait de te jeter régulièrement du haut de la tour du manoir parce que tu voulais devenir un vampire ! »

Mercredi sortit brutalement de sa rêverie, interrompue par son père qui s’était glissé à côté d’elle pour observer la petite chauve-souris avec attention. Les joues légèrement rosies (c’était si imperceptible qu’une autre personne qu’un membre de sa famille ne l’aurait pas remarqué), elle lui lança un regard meurtrier. Gomez sourit de plus belle :

« - Ah, je te promet que je ne dirai jamais rien à personne. Mais qui sait, c’est peut être bien le destin ! »

Un clin d’œil amusé plus tard, il retourna auprès de Morticia, laissant la place à un Pugsley curieux.

« - Alors ? Est ce que tu as trouvé un animal qui te plaît ? »

 Ne prêtant aucune attention à son frère, Mercredi offrit un de ses rares sourires à la petite créature dans ses mains et dit:
«  - Bonjour, Ludmila. »

Il va te falloir un professeur, pensa-t-elle. Et il va falloir qu’on s’entraîne à voler !

[Fic] Régnons ensemble sur les cieux, La ballade de Pern, OC [Lady Tuxedo Mask, pour Cock en Stock]

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Titre : Régnons ensemble sur les cieux (1/2)
Auteur : Lady Tuxedo Mask (Participant 25)
Pour : Cock en Stock (Participant 21)
Fandom : La Ballade de Pern
Persos/Couple : Des personnages originaux, Lessa et plein d'autre (OC/OC).
Rating : PG-13
Disclaimer : Les personnages et l'univers appartiennent à Anne McCaffrey et son fils.
Prompt : - Chroniques de Pern 9ème passage – OC/OC – X et Y sont deux jeunes filles du weyr de Benden, élevées dans les traditions des chevaliers-dragons. L’éclosion de la ponte de Ramoth approche, X est choisie pour être présentée à l’œuf mais pas Y. Cette dernière est contente pour X mais est assez irritée des traditions qui empêchent les filles de donner l’empreinte à autre chose qu’à un œuf d’or. Elle se dispute avec une de ses figures parentales quand elle leur dit vouloir essayer de donner l’empreinte à un dragon. Amère, elle regarde X donner l’empreinte à une jeune reine. Déguisée, elle se glisse parmi les prétendants étrangers au weyr et donne l’empreinte à un bronze.
Et le bordel qui s’en suit (dans le weyr, sur Pern, dans la relation entre X et Y…) en s’arrêtant là, ou en continuant plus tard, quand le bronze de Y couve la reine de X, et explorer la direction d’un weyr par un couple féminin.
- Bonus : un petit passage coquinou entre X et Y 8D ?
Notes : Vu que le prompt que tu me proposais me permettait de casser pas mal de code de l'univers de Pern, je me suis permise d'aller encore plus loin. Donc cette histoire fait donc partie d'un véritable univers alternatif où les filles/femmes peuvent donner l'empreinte à tous les dragons, comme pour les garçons. D'autres règles contraignantes ont aussi été subtilement cassées, même si cela ne se voit pas forcement. J'ai aussi au passage changé le sort final de Brekke et Kylara (parce qu'après relecture ce n’était vraiment pas possible) et essayé dans un sens général de rendre plus juste l'univers envers ses personnages féminins. Ce qui ne veut pas dire que est rose pour elles. Un peu de peine d'accord, mais les constantes tragédies subies c'est non ! Donc moins de référence aux personnages féminins qui ne sont pas « comme les autres » et pas de viol non plus au moment des vols de dragons (dans un sens ou dans l'autre). J'aurais voulu écrire beaucoup plus, mais le temps m'a manqué.



Aussi loin qu'Alionna se souvienne, Rukiyé se trouvait à ses côtés. Elles avaient grandi ensemble, comme leurs mères avant elles. Une chose courante au Weyr de Benden, compte tenu de son isolation au cours du dernier Intervalle. Celles-ci étaient tombées enceinte au cours de la même Révolution, partageant ainsi toutes les joies et les peines liées à leur état. De plus, elles s'étaient installées avec leur compagnon dans des cavernes qui se trouvaient l’une à côté de l’autre. Gemma, la mère de Rukiyé avait accouché la première et Icelynn, sa mère, l'avait accompagné dans cet événement. Lorsque ce fut son tour, la mère de Rukiyé fut elle aussi à ses côtés. C'est donc tout naturellement qu'une amitié très forte se soit développée entre leur deux filles, en dépit de leurs autres amis.
Le sourire et la gentillesse de Rukiyé avait entouré Alionna dans tous les moments importants de sa vie. Joyeux et tristes. Alionna lui en était extrêmement reconnaissante, car elle avait beaucoup plus de mal à lui rendre la pareille. Elle se sentait tout le temps gauche et inadéquate lorsqu'il s'agissait de consoler Rukiyé. Vu que contrairement à son apparence plaisante, son caractère l'était beaucoup moins. Elle était prompte à la colère et au mépris. Alionna pouvait conserver une attitude dédaigneuse envers une personne pendant un très long moment. Elle détestait les menteurs et les hypocrites, n’oubliait et ne pardonnait jamais. Son agressivité rebutait pas mal de monde. Au grand désespoir de sa famille, qui craignait que son tempérament ne l'empêche d'être présentée à un œuf de Reine.
Tout le contraire de Rukiyé qui avait une apparence sévère, mais le cœur sur la main. Alionna craignait que pour cette raison, les chevaliers-dragons n'envisagent jamais sa candidature à l'Empreinte. La beauté des Dames du Weyrs était connue de tous. Une tragédie qu'Alionna ne laisserait pas se produire, Rukiyé méritait amplement d'être choisie. Il n'y avait aucun doute dans son esprit : sa droiture, son dévouement et sa compassion en faisait une candidate idéale. Elle avait même de quoi être une excellente Dame de Weyr sous la tutelle des trois Dames de Benden.
Seulement, elle savait qu'en tant que nouvelle reine, Rukiyé ne pourrait pas rester indéfiniment au Weyr de Benden. Ramoth ne tolérait dans son domaine que deux autres reines. Et les Dames Juniors actuelles Celina et Katrielle, respectivement maîtresses de la seconde et troisième Reine depuis leur éclosion, ne laisseraient pas leur place. Une fois que son dragon aurait atteint sa maturité, il ne faisait aucun doute qu'elle serait obligée de quitter les lieux. Elle serait immédiatement envoyée dans un Weyr différent pour permettre aux Anciens d'avoir du sang neuf. Telle était la politique de F'lar à ce sujet.
Donner l'Empreinte à un dragon était aussi le rêve le plus cher d’Alionna, mais pas à un œuf de Reine. Être Dame de Weyr ne l’avait jamais intéressé, diriger l’organisation du Weyr ne l’attirait aucunement. Elle ne voulait pas non plus être la maîtresse d’un dragon ne crachant pas le feu. C'est pourquoi Alionna se demandait de plus en plus si la meilleure chose n'était pas de donner l'Empreinte à un dragon d'une autre couleur. Elle aurait ainsi plus de chance de rester avec sa meilleure amie Rukiyé. Seulement voilà, les filles n'étaient choisies que pour donner l'Empreinte à un œuf de Reine. Et il n'y en avait qu'un seul par couvée au maximum.
De toute façon, Rukiyé et elles allaient être rapidement fixées : Ramoth avait pondu un Œuf d'Or tout récemment, le septième depuis son premier vol et la sélection pour les filles du Weyr serait connue dans les jours à suivre.
Raison pour laquelle Rukiyé lui serrait la main aussi fermement. Elles avaient toutes les deux très peu dormi et leurs mères avaient toléré cet écart devant la rareté de la situation.
Toute la nuit durant Alionna avait fait taire ses propres doutes et avait tenté de rassurer Rukiyé de toutes les manières possibles. Elle était tellement persuadée que les chevaliers-dragons ne lui accorderaient pas un second regard à cause de son apparence, qu'elle s'en était rendue malade. Elle n'avait quasiment rien mangé la veille et en plus de cela, les moqueries des plus cruels garçons à son sujet n'avait en rien arrangé la situation. Si Alionna avait pu quitter le côté de son amie, elle aurait sans hésité bondit pour coller une trempe à ces misérables raclures. Mais elle n'avait pas pu et avait donc du se contenter de leur jeter un regard mauvais. Ils n'avaient qu'à bien se tenir, elle leur ferait payer très cher chacun de leur mot ! Cette histoire se réglerait dans le sang. Préférablement le leur !
Ses pensées sanguinaires furent interrompues par le bruit de pas se rapprochant de leur caverne. Ah ! Ils allaient voir ce qu'ils allaient voir, ces petits saligauds. Parce qu'il était sûr que pour eux, aucun chevalier dragon ne viendrait.
La prise sur sa main se fit alors plus forte, ce qui confirma que Rukiyé les avait aussi entendu s'approcher. Après un bref regard échangé, elles se levèrent lentement ensemble, leurs mains toujours entrelacées et s'avancèrent jusqu'à l'entrée des quartiers appartenant aux parents de Rukiyé.
Sur le seuil, discutant avec leurs parents, se tenait deux chevaliers. En arrivant à leur hauteur, Alionna les reconnu. Il s'agissait du chevalier bleu D'wer et du chevalier vert G'sel accompagné de son lézard de feu bronze Rill, qui voletait autour du groupe en pépiant. C'était eux qui choisissaient les futurs candidats à L'Impression. Enfin, leurs dragons plus exactement. Trebith et Cybeth, provenant tous les deux d'une couvée de Ramoth (respectivement la troisième et sixième), possédaient un don rare pour trouver les futurs chevaliers-dragons. Toute la lignée de la reine de Benden comprenait des descendants aux talents précieux et parfois inédits. Si Alionna en savait autant à ce sujet, c’est parce qu’elle s’y intéressait de très près. Elle avait lu tout ce qui était disponible dans les archives et écoutait attentivement la moindre conversation de chevaliers-dragons.
Les deux hommes se rendirent compte de leur présence lorsque le petit Rill vint à leur rencontre, gazouillant avec entrain. Par habitude, Rukiyé leva le bras pour qu'il s'y perche. Ce qu'il fit avec un petit cri joyeux. Ensuite, il tendit sa tête et elle lui gratta le dessus du crâne. Il roucoula de plaisir/contentement. Alionna renifla, ce minuscule dragon avait la belle vie. Lui comme ses congénères ! Ils avaient très vite repéré dans le Weyr les personnes qui les cajoleraient le plus. Ils avaient un sixième sens pour ce genre de choses. C'était des petits malins ! Plus que leurs cousins, qui n'avaient pas vraiment la carrure pour ça. La plupart du temps, ils faisaient peur aux gens. Alors que pour les lézards de feu, les gens se battaient presque pour les cajoler.
Ses réflexions furent interrompues par un sifflement et elle tourna son regard vers le coupable. Rill semblait insatisfait qu'elle ne lui accorde pas toute son attention. Il recommença à siffler et après un soupir, Alionna se joignit à Rukiyé pour lui gratter la tête. Il se mit alors à ronfler de contentement. Oui, ils avaient vraiment la belle vie !
Une fois que Rill fut satisfait, il s'envola après avoir lancé une trille et il retourna se percher sur l'épaule de G'sel, mais continua de les fixer avec intérêt.
Ce n'est qu'à ce moment là qu'Alionna s’aperçut que G'sel et D'wer avait observé la scène avec beaucoup d'attention. L'intensité de leur regard la mit un peu mal à l'aise. Ils donnaient l'Impression de voir et comprendre les tréfonds de son âme, après ce simple échange. Une possibilité qui était envisageable, car nul ne savait par quels moyens les chevaliers-dragons parvenaient à choisir les futurs prétendants à l'Empreinte.
L'une des idées la plus populaire était que leurs dragons arrivaient à lire les esprits de toute personne, ce que Rukiyé et elle pensait être crédible vu leurs propres expériences à ce sujet. L'autre était qu'ils puissent sonder les âmes. Une idée qui pouvait paraître ridicule d'un premier abord, mais qui ne l'était pas tant que ça si on prenait en compte la Dame de Weyr Lessa, mais aussi la Dame de Weyr Brekke qui pouvait entendre tous les dragons et aussi, dans une moindre mesure pour la seconde, influencer les autres.
Le mystère à ce sujet restait entier car personne n'avait jamais encore posé concrètement la question. Même pour les habitants du Weyr, il restait une certaine déférence envers les chevaliers-dragons.
Et même si Alionna avait un caractère curieux et volontaire, elle n'avait pas non plus demandé. Pourtant, à cet exact moment, elle aurait donné tout ce qu'elle pouvait pour connaître la réponse à cette énigme. Parce qu'elle aurait pu faire quelque chose pour faire pencher la balance en sa faveur. N'importe quoi aurait été meilleur que cette incertitude. Son cœur battait si vite. Ses mains se fermaient et s'ouvraient en permanence. Sa gorge était sèche et elle avait du mal à avaler sa salive.
Car contrairement à ce que tout le monde pensait et à ce qu'Alionna faisait croire, elle n'était pas désintéressée par le sujet. C'est juste qu'elle ne voulait pas que quelqu'un devine à quel point la réponse lui était importante. À part Rukiyé et sa mère, personne n'était au courant. Et jusqu'à ce qu'elle soit choisie, elle ne comptait en parler à personne. Elle pouvait bien attendre, non ?
Pendant ce temps-là, le regard des deux chevaliers-dragons n'avait pas fléchit. Alionna redressa les épaules et soutint leurs regards. Il n'était pas plus intense ou bien dérangeant que celui des sales petites pestes qui partageaient avec elle les cavernes inférieures. Ce qui se sentaient puissant parce qu'un membre de leur famille faisait déjà partie des chevaliers-dragons. Comme si la génétique avait à faire avec ça. Ils ne se sentiraient plus supérieurs pour très longtemps. Elle le savait. Les temps changeaient résolument depuis que Lessa avait donné son Empreinte à Ramoth. Il n'y avait qu'à voir Brekke et Jaxom. À présent, elle avait hâte qu'ils répondent. Elle se tint donc le plus droit possible et fixa les deux hommes comme si sa vie en dépendait. Les chevaliers-dragons continuer de les fixer avec un regard indéchiffrable.
S'ils pensaient réellement qu'elle allait baisser les yeux la première ! Elle n'était pas faible de caractère et puis ce n'est pas comme si elle n'avait pas l'habitude de ce genre de situation. Lorsque les vauriens des cavernes inférieures espéraient la faire fléchir, disparaître et se terrer, elle s'était toujours tenue droite face à eux sans flancher. Ils pensaient que parce qu'un membre de leur famille faisait partie des chevaliers-dragons, ils avaient tous les droits. Ils se sentaient puissants et plus légitimes que tous les autres. Comme si ce genre de choses pouvait influencer un dragon ! Elle avait suffisamment étudié le sujet ces dernières années pour savoir que ce n'était absolument pas le cas. Il y avait de nombreux exemples dans les archives indiquant que la fonction de chevalier dragon ne se transmettait pas systématiquement. Même s'il était vrai que cela augmentait les chances.
Alionna sourit en pensant à la mine déconfite qu'ils afficheraient face à leurs échecs. Leur cruauté n'attirerait jamais vers eux un dragonnet. Ils seraient à jamais coincés dans les cavernes inférieures ou bien finiraient par partir de dépit et d'amertume. Bon débarras ! Ce genre de personne n'avait absolument rien à faire dans un Weyr ! Mais dans son esprit, il n'y avait pas de doute qu'elle puisse donner l'Empreinte. Elle n'était pas la meilleure candidate, loin de là, ce titre revenait à Rukiyé. Pourtant, il n'y avait pas de doute dans son esprit. Alionna savait qu'elle ferait un excellent chevalier dragon. Alors elle se tint le plus droite possible, carra les épaules et les regarda droit dans les yeux, ne laissant aucune de ses émotions paraître. Présenter juste un visage neutre, comme si leur annonce ne lui importait pas plus que ça. Comme si cela n'allait pas bouleverser sa vie. Garder sa fébrilité dans un coin. Alionna était prête à entendre la bonne nouvelle.
Pendant ce temps, les deux chevaliers-dragons s’étaient avancés un peu plus vers elles, ce qui permit à Alionna de mieux voir leurs visages et d'y lire les expressions qui s'y trouvaient. Elle avait peut-être du mal à réagir correctement aux émotions des autres, mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne pouvait pas les déchiffrer. Même si de ce côté aussi, Rukiyé était beaucoup plus compétente qu'elle. Tellement que parfois, on disait qu'elle était la meilleure version d'elle. Alionna ne faisait aucun cas de cette insulte à peine dissimulée, elle n'avait que faire de l'opinion des autres. Seule comptait celle de Rukiyé, maintenant et à jamais. Sauf que derrière cela, ils ajoutaient que sa laideur gâchait le tout. Et ça, Alionna ne le tolérait pas. Personne ne pouvait s'en prendre à Rukiyé sans en souffrir les conséquences.
Ses pensées belliqueuses furent coupées nettes par la voix ferme du chevalier dragon G'sel, Alionna se concentra alors sur ses paroles.

-Bonjour Alionna et Rukiyé, je suppose que vous connaissez la raison de notre visite, annonça-t-il en préambule.

Alionna était étonnée qu'il utilise leurs prénoms. D'habitude, les chevaliers-dragons avaient un peu de mal avec ceux qui ne faisaient pas partie des cavernes supérieures. Voire même pour certain, ceux qui ne faisaient pas partie de leur escadrille. Elle en fut étrangement touchée.
Alionna hocha la tête pour répondre à sa question, sachant qu'il ne s'attendait pas à une réponse à voix haute. Personne n'ignorait la raison pour laquelle les chevaliers-dragons s'aventuraient dans les cavernes inférieures aussi proche d'une ponte. Depuis que F'lar avait pris la tête du Weyr de Benden et ouvert la Quête à tout Pern, peu de gens étaient encore dans l'ignorance. Le temps des secrets était révolu, ou presque.

-Très bien. Rukiyé, tu as été choisie comme candidate à l'Empreinte pour l’œuf de reine de Ramoth.

De stupéfaction, Rukiyé lâcha un cri aigu, puis plaqua ses deux mains devant sa bouche afin d'étouffer le reste de ses cris. Tout son corps tremblait et Alionna plaça une main sur son épaule pour l'ancrer au présent.

-Vraiment, finit-elle par demander, la voix étouffée par ses mains et un trop plein d'émotions.

-Vraiment, répondit le second chevalier dragon qui ne leur avait pas encore adressé la parole. Il semblait troublé par la réaction excessive de Rukiyé. Puis il ajouta d'une voix ferme : nous ne mentirions pas à ce sujet.

Comme si c'était le signal qu'elle attendait, Rukiyé laissa alors pleinement éclater sa joie. Elle était rayonnante. Ses yeux brillaient. Alionna avait le cœur emplit de fierté et d'adoration pour elle, prêt à éclater. Enfin le Weyr tout entier verrait ce qu'elle avait toujours su : Rukiyé était une personne exceptionnelle. Qui ferait une excellente Dame du Weyr. Elle pouvait déjà le voir.
Elles restèrent un moment dans les bras l'un de l'autre, pleurant toutes les deux. Alionna ne savait pas à quel moment elle avait commencé. Si elle s'en était rendu compte maintenant, c'était uniquement parce que ses larmes brouillaient sa vue. Et puis soudain, une terrible pensée traversa son esprit et elle s'arrêta net : les deux chevaliers-dragons n'avait pas mentionné son nom. Alionna essaya de se rassurer : peut-être procédait-il à une pause pour que les futurs candidats puissent digérer l'information et/ ou exprimer leur joie. Mais une petite voix dans un coin de son esprit lui asséna que ce n’était pas le cas.
Rukiyé elle aussi avait dû se rendre compte du problème parce qu'elle avait relâché son étreinte presque en même temps. Se détachant d'Alionna, mais tenant toujours sa main dans la sienne, elle demanda aux deux hommes d'une voix rendue tremblante par l'émotion :

-Vous n’avez rien dit pour Alionna, mais elle est aussi candidate pour l'Empreinte, n'est-ce pas ?

Pendant que Rukiyé parlait, elle s'était rapprochée d'Alionna et à présent, épaule contre épaule, elle fixait les chevaliers-dragons d'un air déterminé, comme si par ce simple fait, elle pouvait leur faire changer d'avis.

-Non, répondit alors le chevalier dragon G'sel, reprenant ainsi la parole, nous ne sommes venus que pour toi.

D'une simple phrase, il venait d’anéantir tous les rêves d'Alionna. Rukiyé, elle, porta les mains à sa bouche comme lors de leur première annonce et se mit à pleurer. Lorsqu'elle parvint à se calmer suffisamment elle leur dit :

-Alors, je ne veux pas être présentée à la future reine !

-Quoi ? s’exclamèrent-ils tous ensemble.

-Il est hors de question que je m'approche d'un œuf sans Alionna ajouta-t-elle. Ni maintenant ni jamais. Je renonce à ce droit, ma décision est prise.

En entendant cette déclaration, Alionna ne put retenir un hoquet d'horreur. Comment Rukiyé pouvait dire une chose pareille. Avait-elle perdu la tête ? Elle ne pouvait pas renoncer à cet immense privilège ! Par la Coquille ! C'était l'un de ses rêves les plus chers.
Son regard toujours fixé sur son amie, Alionna constata avec effarement que Rukiyé ne changerait pas d'avis comme ça. Elle se tenait le dos droit, le regard fixé devant elle, déterminée. La posture typique qu'elle adoptait lorsqu'elle se préparait à résister envers et contre tout. Ainsi redressée, elle avait presque la même taille que les chevaliers-dragons.
Alionna soupira, Rukiyé pouvait se montrer extrêmement têtue ! Très rarement, mais cela arrivait. Beaucoup plus qu'elle d'ailleurs. Et gare à ceux qui se mettaient en travers de son chemin !
Pourtant, Alionna ne pouvait décemment pas laisser la personne qui comptait le plus dans sa vie laisser passer une telle chance par esprit de fidélité. Elle ne pourrait pas vivre en sachant qu'elle avait privé Rukiyé d'une telle opportunité. Ce genre d'avenir n'était absolument pas envisageable. Il fallait qu'elle convainque Rukiyé de laisser tomber cette folie.

-Rukiyé, je t'en prie, commença-t-elle d'une voix chargée par l'émotion, tu ne peux pas faire ça ! Sois raisonnable, continua-t-elle en la suppliant du regard, tu ne peux pas refuser cette offre. Ce serait de la folie. Et tu le regretterais toute ta vie ! Ne pense pas à moi, s'il te plaît. La seule et unique chose qui compte c'est toi. Tu dois faire ce choix avec ton cœur. Ne fais pas passer tes désirs après les miens. Ton bien-être vaut beaucoup plus que notre amitié. Je ne veux pas que tu souffres et que tu m'en veuilles plus tard. Je t’aime beaucoup trop pour te laisser faire sans rien dire, termina-t-elle les larmes aux yeux.

Au départ, Alionna voulait simplement se montrer la plus mature des deux, mais au fur et à mesure qu'elle parlait, ses sentiments s'étaient mis à nu sans qu'elle puisse s'en empêcher. La terreur de l'abandon s'était vue supplantée par celle de la rancœur et de la haine. Que son amie poursuive dans ce sens et qu'elle ne lui pardonne jamais. Alionna ne pourrait le supporter. Une boule s'était alors faite dans son ventre et sa gorge s'était serrée. L'émotion l'avait gagné, jusqu'à ce que les larmes lui viennent.
Elle espérait de tout cœur que ses mots avaient atteint le cœur de Rukiyé et qu'elle renoncerait à cette bêtise. Elle ne trouvait pas ce qu'elle pouvait ajouter pour la faire changer d'avis. Aucune autre idée ne lui traversait l'esprit. Elle ne pensait pas trouver d'autres mots.

Pendant tout son monologue, Rukiyé l'avait fixée d'un air choqué. Comme si elle ne s'était pas attendue à cette réaction. Pensait-elle réellement que sa meilleure amie la laisserait faire ?

-Tu es sûre de toi ? fini-t-elle par demander.

-Certaine.

-Alors je reviens sur ma décision, dit-elle à l'adresse des deux hommes, j’accepte.

Et sur ses dernières paroles, les deux chevaliers-dragons disparurent avec Rukiyé, laissant Alionna seule avec son cœur en miettes.

Alionna ne se rappela pas avec précision de ce qu'elle fit entre le départ de son amie Rukiyé et les deux jours suivants. Son corps bougea, puisqu'elle s'était nourrie, lavée et couchée, mais son esprit n'avait rien retenu de ces moments. Il n'y avait que du vide. Comme si le choc de la nouvelle rendait impossible toute nouvelle information.
Puis, sans qu'Alionna ne sache pourquoi, tout fut à nouveau clair. Elle reprit le contrôle sur son corps. Pour son esprit par contre... C’était encore le chaos. Pas question que cela ne dure, il lui fallait résoudre tout ce maelström de choses pour pouvoir continuer à avancer. Si elle ne le faisait pas, elle resterait coincée dans le passé.
Alionna se mit à réfléchir attentivement sur les événements qui l'avaient conduite à cet état. La sélection de Rukiyé et son rejet. Le simple fait d'y penser faisait remonter à la surface tout ce qu'elle aurait préféré ignorer. La douleur terrible qui l'avait saisie lorsque le chevalier dragon avait prononcé les mots fatidiques. Son cœur qui s'était brisé en milliers de morceaux. L'Impression d'avoir été plongée dans de la neige sans tenue d'hiver. Et puis le déchirement qu'elle avait ressenti face à son impossibilité de se réjouir pleinement du triomphe de Rukiyé. Comme si elle dénigrait son amie en éprouvant autre chose qu’une joie immense. Alionna ne savait pas de quelle manière elle pouvait se débarrasser de cette bizarre culpabilité. Ne pouvait-elle pas après tout ressentir un peu de déception et de tristesse à ce sujet ? Devait-elle mettre entièrement ses sentiments de côté pour soutenir pleinement son amie ? Afficher une fausse mine réjouie ? N'était-ce pas de l'hypocrisie ?
Plus Alionna y réfléchissait et plus la frustration la gagnait. Elle n'avait jamais été très douée pour faire son introspection, mais sur un tel sujet, que pouvait-elle bien faire d'autre ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Étudier de plus près ses émotions ne menait à rien. Seule, elle ne parvenait pas à grand chose, parce qu'elle avait trop l’habitude de dépendre de quelqu'un d'autre. De Rukiyé. Si seulement elle avait pu parler de ce sujet avec quelqu'un d'autre ! Malheureusement l'unique personne à qui elle se confiait habituellement était aussi la seule personne à qui elle ne pouvait pas demander quoi que ce soit. Par la Coquille, pesta-telle intérieurement, cette situation était vraiment inextricable.
À ce stade, Alionna se demandait si se mettre à pleurer n'était pas l'unique solution qui lui restait. Cela ne résoudrait pas le problème, mais au moins après, elle se sentirait un peu mieux. Enfin, elle espérait. De toute façon, il y avait très peu de chance que son humeur se dégrade un peu plus, non ?
Sauf que pour l'instant, ses yeux restaient secs. Elle soupira. Pleurer sur commande n'était pas évident. Pourtant quelques minutes plus tôt, elle avait été au bord des larmes. En se concentrant un peu, elle devrait y arriver. Et puis tout d'un coup, la voix du chevalier dragon G'sel lui vrilla le crâne. Ses paroles claires et sans appel résonnèrent en un écho infini dans sa tête. Sa respiration se fit courte, son cœur s'accéléra et sa vision se brouilla. Sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, elle s’effondra par terre. Ses jambes ne supportaient plus son poids. Son équilibre réduite à néant, son corps bascula alors vers l'avant. Alionna ne chercha pas à se retenir, simplement à atténuer légèrement le choc. Elle se recroquevilla sur elle-même juste au moment où de violents sanglots lui échappaient. Tout ce qu'elle avait retenu au fur à mesure du temps s’échappait sans qu’elle ne puisse l’empêcher.
Leur ampleur la surprit. Elle ne s’imaginait pas avoir autant de tristesse et de désespoir enfouis en elle. Et maintenant qu'elle avait commencé, Alionna ne put s'arrêter. Elle resta dans cette position jusqu'à ce que ses larmes se tarissent.
Mais même après ça, elle resta figée, trop épuisée pour faire le moindre geste. Jusqu'à ce qu'une voix familière finisse par la sortir de sa torpeur. Au départ, seul un vague bruit de fond lui parvint, le son rendu distordu à ses oreilles, comme si cela venait de très loin. Et puis elle finit par se rendre compte que ce n'était pas l'écho de quelque chose de lointain, mais bien une voix, qui était toute proche. Son oreille s'accorda à ce nouveau son et elle distingua enfin les mots émis. En se concentrant un peu plus, Alionna put déchiffrer les mots et s’aperçut alors que la voix s'adressait à elle.

-Alionna, est-ce que tu es là ? demanda sa mère d'une voix tintée par l'inquiétude. Alionna, répéta-t-elle en se rapprochant à pas vifs de l'alcôve qui lui servait de chambre. Et d'un geste brusque, elle souleva la tenture qui la séparait du reste de la caverne familiale.

-Oh Alionna ! s'exclama sa mère en la découvrant.

Alionna ne bougea pas, ni ne répondit. Elle n'en avait pas la force et sa gorge sèche la brûlait. Elle eut un mouvement de surprise lorsqu'elle s’aperçut que sa mère s'était allongée au sol à ses côtés. Après quoi, elle posa une une main légère sur son bras.

-Je me fais beaucoup de soucis pour toi ma fille, commença-t-elle d'une voix douce. Ces derniers temps, tu n'es plus toi-même. Et il n'y a pas que moi qui l'ai remarqué, d'ailleurs. Manora m'en a fait la remarque, ainsi que Felena. Et tu sais comment sont ses deux là ! Maintenant qu'elles ont flairé que quelque chose n'allait pas, elles ne te lâcheront avant d'avoir eu le fin mot de l'histoire.

Malheureusement, ce fait était en deçà de la réalité. Manora et Felena avaient tendance à mettre leur nez partout et à presser les gens jusqu'à ce qu'ils finissent par craquer et déballer tous leurs secrets. Et Alionna ne doutait pas qu'elles ne tarderaient pas à découvrir pourquoi elle était d'une telle humeur. Ce qu'elle voulait éviter à tout prix.

-Mais je me doute d'où vient le problème, reprit sa mère. Depuis que les chevaliers-dragons sont passés, tu agis bizarrement. Je sais que tu désirais vraiment être candidate à l'Empreinte, même si tu as toujours prétendu le contraire et soutenu Rukiyé à la place. Ne sois pas surprise, ma fille, pensais-tu vraiment que je n'aurais rien remarqué ? Même si je n'avais pas été une fine observatrice, il m’aurait été difficile de ne pas entendre et voir ce qui se passait juste sous mon nez ! plaisanta-t-elle. Rukiyé et toi n'avez pas été aussi discrète que vous le pensiez !

Alionna en resta bouchée bée. Sa mère était au courant ? De tout ? Mais pourquoi n'avait-elle rien dit à ce sujet jusqu'à aujourd'hui ?

-Pour répondre à la question que tu te poses sûrement, si je n'ai rien dit jusqu'à présent, c'est que Rukiyé et toi sembliez ne pas vouloir en parler à des adultes. J'ai donc préféré respecter cette volonté au lieu de me montrer intrusive. Seulement voilà, ajouta-t-elle avec un soupir, ton état actuel me préoccupe grandement. Le fait que tu souffres et que tu ne puisses pas en parler me fend le cœur. Alors je ne veux plus faire semblant de ne pas savoir ce qui se passe. Parle moi, s'il te plaît ! Dis-moi ce qui ne va pas, je peux tout entendre. Je suis sûre qu'ensemble nous pourrons trouver une solution.

Alionna, surprise, sentit à nouveau ses larmes couler. C'était la première fois depuis un très long moment que sa mère la réconfortait de cette manière. Elle avait encore quelques souvenirs de ce genre de moment durant son enfance, mais après avoir atteint ses sept révolutions, cela avait brusquement cessé. Elle s'était toujours demandé qu'elle avait été la raison de ce changement. Pendant un temps, elle avait même pensé en être responsable, parce qu'elle n'était pas aussi parfaite que son apparence. À présent, elle commençait à se douter qu'une influence extérieure en était la cause. Et elle avait une bonne idée sur l'identité de cette personne.
Dans un accès de courage, Alionna trouva la main de sa mère et la serra. Pour lui transmettre toute la force dont elle aurait certainement besoin, celle-ci répondit à son geste par une pression encourageante. Alionna fut aussi heureuse de constater que sa mère ne chercha pas à dégager sa main de la sienne.
Pleine d'assurance, elle prit une légère inspiration pour se préparer à parler à cœur ouvert. Alionna espérait que sa voix ne tremblerait pour ça.

-Je suis vraiment heureuse pour Rukiyé, commença-t-elle, comme si elle avait peur qu'on puisse interpréter ce qu’elle allait dire comme de la jalousie ou du ressentiment. Elle le méritait tellement, ajouta-t-elle la voix pleine d'émotions. C'est juste que j'avais toujours imaginé les choses d'une manière différente. Nous devions être ensemble, précisa-t-elle. Donner l'Empreinte à un dragon était le meilleur moyen pour que nous ne soyons jamais séparées. Les chevaliers-dragons vivent peut-être à part dans le Weyr, mais ils sont très soudés ! Les escadrilles vivent souvent dans des quartiers adjacents et ils sont quasiment en permanence les uns avec les autres. Alors je dois absolument donner l'Empreinte si je ne veux pas être séparée de Rukiyé. Je ferais n'importe quoi pour ça ! Quoi qu'il advienne, Rukiyé et moi seront ensemble ! termina Alionna d'une voix pleine de ferveur.

Sa déclaration passionnée lui avait laissé le souffle court, mais elle ne regrettait aucun de ses mots. C'était ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même. Alionna était infiniment reconnaissante à sa mère de ne pas l'avoir interrompue. Elle n'aurait pas eu la force de continuer à parler autrement.
Seulement, maintenant, elle ne savait pas trop quoi faire. Devait-elle attendre de la compassion et du réconfort venant de sa mère ? Puisque c'est ce qu'elle avait suggéré. Ou bien devait-elle déjà être satisfaite que sa mère n'ait rien dit et n'ait pas non plus cherché à la ridiculiser ? Quelle allait être la réaction de sa mère. Alionna essayait de ne pas trop espérer à ce sujet.
Contre toute attente, sa mère la surprit à nouveau.

-Oh, ma petite chérie ! s'exclama-t-elle en la prenant dans ses bras. Je comprends parfaitement ce que tu ressens. Et cela me brise le cœur. J'avais espéré que tu ne tiendrais pas autant de moi à ce sujet. Oh, je suis tellement désolée mon enfant !

Alionna fronça les sourcils. De quoi parlait sa mère en disant cela ? Pourquoi disait-elle qu'elle lui ressemblait autant ? Quelque chose lui échappait. Sa réflexion resta en suspend lorsqu'un bruit d'inspiration brusque interrompit ses pensées. Sa mère se dégagea alors de leur étreinte et chercha son regard. Elle lui adressa un sourire crispé qu'Alionna ne sut comment interpréter.

-Il semblerait que le moment soit venu pour moi de te dire la vérité à mon sujet, commença t-elle d'une voix hésitante. Je voulais t’en parler une fois que tu aurais été choisie, pour ne pas te brusquer. Mais peut-être est-ce une chance pour moi d'expliquer ce qui s'est réellement passé depuis ta naissance ?

Cette réponse déconcerta Alionna encore un peu plus. Sa mère lui aurait menti ? À quel sujet ?

-Tu sais que lorsque nous étions jeunes, Gemma et moi étions très amies, n'est-ce pas ?

Alionna acquiesça automatiquement, sans savoir où sa mère voulait en venir. L'amitié entre sa mère et celle de Rukiyé n'était pas une nouveauté. Elles passaient autant de temps ensemble que Rukiyé et elle. Elle ne voyait pas ce qu'il pouvait y avoir de secret là-dedans.

-Je vois bien que tu es confuse à ce sujet, alors laisse-moi t'expliquer les choses un peu plus clairement. Je n'ai pas été entièrement honnête avec toi jusque là. La vérité, c'est que nous étions bien plus que cela. Nous nous aimions, pas en tant qu'amies, précisa-t-elle, mais en tant qu'amantes.

Le choc de cet aveu rendit Alionna muette. Sa mère et celle de Rukiyé, ensemble ? Comment était-ce possible ? Elle n’avait jamais rien remarqué d’étrange dans leur comportement. Rien qui puisse indiquer une telle histoire. Enfin, à vrai dire, elle n’avait pas vraiment observé Gemma et sa mère dans ce sens. Ce n’était pas vraiment le genre de choses auxquelles elle pensait. Et son père dans tout ça ? Alionna savait que ses parents n’avaient pas une relation facile, ils étaient en désaccord sur trop de choses, mais elle n’avait jamais pensé que ce n’était qu’une façade ! Était-il seulement au courant ? Était-ce pour ça qu’il était aussi froid depuis quelques temps ? Et pour le père de Rukiyé ? Comment leurs mères avaient-elles trahi leurs familles à ce point ? Alionna sentit sa tête tourner, beaucoup trop de questions se bousculaient dans sa tête.

Le regard de sa mère s’était fait distant, comme si elle s’était perdue dans ses souvenirs. Et puis soudainement, elle fixa sa fille intensément avant de dire :

-J’ai aimé ton père pendant un temps, tu sais. Il me tournait autour à l’époque, mais Gemma prenait toute la place dans mon cœur. Avant ce moment, je ne lui avais pas accordé une très grande importance. Si les choses avaient été différentes, peut-être aurions-nous pu être heureux ensemble, déclara-t-elle pensivement. Mais sache une chose Alionna, je ne regrette pas ta naissance. Ta venue au monde n’est pas un accident, c’est ce que je souhaitais. Je t’aime de tout mon cœur mon enfant, termina-t-elle en la serrant fort contre elle. Ne doute jamais de ça. Notre famille n’est pas entièrement fondée sur des mensonges.

Cette déclaration bouleversa Alionna. Elle ne savait plus du tout quoi penser. Comment sa mère avait-elle pu lui cacher cette part de sa vie aussi longtemps ? Lui avait-elle menti à d’autre sujet ? Elle n’avait plus aucune certitude.

-Il vaut mieux que je te raconte tout depuis le début, fini par ajouter sa mère. Je ne veux plus de secrets entre nous. À l’époque, continua-t-elle, je pensais que Gemma et moi serions ensemble à jamais. Nous l’aurions sûrement été, si seulement Zaven n’était pas arrivé au Weyr. Il y a seize révolutions, il accompagnait le convoi annuel venant livrer les dîmes. Plusieurs des convoyeurs habituels étaient malades, alors il s’était porté volontaire pour le remplacer. C’était la première fois qu’il se rendait au Weyr, car comme tu le sais, son père est le Seigneur d’un Fort mineur de Benden. Impossible pour lui d’abandonner son poste en temps normal, ses fonctions étaient bien trop essentielles pour ça. L’épidémie qui les avait touchés ne leur laissait pas trop le choix.

Cette partie de l’histoire, Alionna la connaissait particulièrement bien : Rukiyé adorait raconter ce moment encore et encore à qui voulait l’entendre. Enfin, c’est ce qu’elle avait toujours cru jusqu’à présent. Maintenant, elle n’était plus sûre de rien. Elle se demanda à quel point leurs parents avaient menti à ce sujet.

-Zaven se démarquait des autres hommes, repris sa mère, même au milieu des chevaliers-dragons. Il attirait l’œil par sa très haute taille et son allure générale. Ses vêtements étaient clairement de meilleure facture que ceux du reste du groupe : la coupe plus raffinée, la matière plus fine et les couleurs beaucoup plus vives. Son sourire était éblouissant et il avait de magnifiques yeux ambrés, dont Rukiyé a hérité. Je mentirais si je ne reconnaissais pas qu’il était très beau, soupira sa mère. Il l’est toujours d’ailleurs, ajouta-t-elle sans réfléchir. Mais il n’en jouait pas, ni de son titre. Il parlait librement avec tout le monde. Je l’ai rencontré en premier, parce que je faisais partie du groupe en charge du ravitaillement. Nous avons échangé quelques mots au cours des heures, des banalités. Il me paraissait sympathique. Et puis, Gemma est venue me chercher.

Sa mère s’interrompit à ce moment-là. La tristesse se lisait sur son visage, un peu de colère aussi et beaucoup de lassitude.

- Lorsque j'ai vu leurs regards se croiser, j'ai tout de suite compris ce qu'il allait se passer, bien avant qu'eux ne le réalise. Sous mes yeux, ils tombaient amoureux et je ne pouvais absolument rien y faire. Ils se souriaient, échangeaient constamment des regards intenses, trouvaient des excuses pour se toucher et rester en compagnie l’un de l’autre. Ce fut très difficile à voir pour moi. L’amour de ma vie me filait entre les doigts. Je me rendais bien compte que je ne faisais pas le poids. Alors, je n'ai pas cherché à lutter, je me suis effacée. Je voulais me montrer plus mature, plus responsable, ironisa-t-elle. En y repensant, je retournerais bien en arrière me coller quelques claques.

Sur le visage de sa mère, Alionna perçut un sourire sardonique.

-Enfin, ajouta-t-elle, on ne peut pas changer le passé. Uniquement apprendre de ses erreurs pour améliorer son futur. Je suis donc allée voir Gemma pour lui annoncer ma décision. Seulement, elle ne l'entendait pas de cette oreille. Elle voulait que nous continuions notre histoire comme si de rien n’était, avec juste une personne en plus. Zaven était d'accord. Ils m’ont patiemment expliqué qu’une relation entre nous trois était possible si je n’avais pas de problème pour partager. Je n’arrivais pas à croire ce que j’entendais. J’étais perdue, mais toujours amoureuse. Ils m'ont presque convaincue. Au final, je n'ai pas pu. J'ai fait alors la chose la plus idiote de ma vie : choisit le premier venu et m'installer avec lui, loin de Gemma. Je pensais que comme ça, ils finiraient par m’oublier. C’était mal connaître leur détermination. Cette fuite n'a pas duré, ils se sont rapidement installés dans la caverne d'à côté. Ils ne comptaient pas me laisser seule.

Alionna pouvait comprendre, Gemma semblait aimer passionnément sa mère. À sa place, elle aurait fait la même chose.

-J’ai essayé de garder mes distances, ajouta-t-elle soudainement, comme si les maintenir à bout de bras pouvait fonctionner sur le long terme. Je ne voulais pas que ton père comprenne qu’il n’était qu’un second choix. Avec le temps, nous avons renoué Gemma, Zaven et moi. Et puis Rukiyé et toi êtes nées. Nous étions tellement heureux. Pourtant, il manquait quelque chose. Au fond de moi, je savais de quoi il s'agissait. J'avais fait une terrible erreur que je ne savais pas comment réparer. Je pensais avoir tout gâché. Cela a changé il y a une révolution. Je ne sais pas pourquoi, mais Gemma et Zaven m'ont refait leur offre. J’ai réfléchi longuement de mon côté et j'ai accepté. Ce ne fut pas évident, mais c'est la meilleure décision que j'ai prise, avoua-t-elle, je ne la regrette absolument pas.

Que pouvait bien répondre Alionna ? Les mots lui échappaient. La colère était là bien sûr, mais son épuisement émotionnel l’empêchait de réagir de manière violente. C’était sans doute une bonne chose d’ailleurs. S’énerver sur sa mère ne servirait pas à grand chose. Même pas à la soulager. Elle avait cependant une question :

- Est-ce que tu en as parlé à père ?

- Non, pas encore. Gemma, Zaven et moi avons pour l’instant simplement discuté de ce que nous attendions de cette relation. Rien de plus. Il vaut mieux que je quitte ton père avant d’aller plus loin.

Sur ce point au moins, songea Alionna, sa mère se montrait étonnement respectueuse. Son père n’était peut-être pas l’homme de sa vie, mais le tromper aurait été inutilement cruel. Alionna ne lui aurait jamais pardonné ça. Surtout que dans un Weyr, chacun des membres du couple pouvait quitter l’autre à tout moment. Il n’y avait pas de mariage comme dans les Forts et les familles nobles. Si une personne n’était pas satisfaite, elle pouvait changer de partenaire comme bon lui semblait ou bien rester seule.

-Je suis vraiment désolée de t’accabler à un tel moment, mais je voudrais t’éviter de reproduire mes erreurs. Nos situations se ressemblent énormément. Je voulais que tu saches que je te soutiendrais quoi qu’il advienne. Que tu n’es pas seule. Peu importe ce que tu décides, je suis là pour toi. Alors que veux-tu faire ?

À cet instant, Alionna se figea face au trop plein d’émotions contradictoires. La joie intense que sa mère lui accorde son soutien se mêlait à la colère face à ses mensonges. Il lui fallut un moment pour qu’elle redevienne maîtresse de ses émotions. Et puis tout se fait clair dans son esprit. Elle savait exactement qu’elle était sa priorité : l’Empreinte. Rien d’autre ne lui importait. Elle réfléchirait plus tard aux répercussions des aveux de sa mère.

-Je veux me présenter à l’aire d’éclosion. Je veux donner l’Empreinte à un dragon. Pas pour l’oeuf de Reine. Pour tous les autres.

-D’accord Alionna. Je ne sais pas encore comment nous allons accomplir ça, mais je te promets que quoi qu’il arrive, tu seras avec les autres candidats. Ensemble nous trouverons une solution.

Cette joie ne dura qu’un court instant, car ce fut à ce moment là qu’une voix masculine décida de les couper dans leur élan :

- Il en est hors de question, je vous interdis de faire une chose pareille, tempêta le père d’Alionna. Qui vous a mis en tête de pareilles inepties ? Une fille qui veut donner l’Empreinte a un dragon de combat ! Quelle abomination !

Au son de sa voix, Alionna et sa mère se figèrent. Quand est-il rentré ? Et surtout, qu’avait-il entendu de leur conversation ?

-Je ne veux plus jamais vous entendre parler de ce sujet, continua-t-il d’une voix glaciale. Je vous défends de mentionner ce fait à quiconque et de chercher à empoisonner d’autres esprits avec ces balivernes. Si quelqu’un vous entendait, nous serions chassés du Weyr. Je ne tolérerais pas ce genre de choses dans cette caverne. Comment peux-tu autoriser une telle chose Icelynn ? C’est à toi de guider notre fille dans le droit chemin. Tu me déçois. Quand à toi Alionna, poursuivit-il en la pointant du doigt, je te défends de quitter cette caverne en dehors de tes tâches journalières. Tu as interdiction d’adresser la parole aux autres, jusqu’à ce que cette idée abjecte te sorte de l’esprit. Il n’y a toujours eu qu’un seul œuf pour les filles, penser autrement est une perversion. Me suis-je bien fait comprendre ?

-Si c’est ce que tu veux vraiment, répondit sa femme d’une voix égale, je ne peux pas t’en empêcher.

Sa réaction sidéra Alionna. Sa mère était redevenue la femme passive habituelle. Celle qui s’effaçait devant l’opinion de son compagnon. Elle ne comprenait pas comment une telle chose était possible. Surtout après sa déclaration passionnée. Qu’allait-elle faire à présent ?

-Je suis très heureux de l’apprendre.

-Seulement, je suis au regret de t’annoncer que nous ne pourrons rester dans ces conditions.

Et sans qu’Alionna ne comprenne entièrement, sa mère attrapa sa main et elles quittèrent définitivement la caverne dans laquelle elles avaient passé quinze révolutions.

Au grand étonnement d’Alionna, la transition entre son ancienne vie et la nouvelle se fit sans trop d’à-coups. Peut-être parce que sa mère et elle passaient de toute façon plus de temps dans la caverne voisine, que dans la leur. Tout leur était déjà familier et il ne leur fut pas difficile de s’intégrer à la routine quotidienne. Alionna se rendit compte qu’elle savait beaucoup plus de choses sur Gemma et Zaven que sur son propre père. Les parents de Rukiyé étaient tous les deux très ouverts et n’hésitaient jamais à partager des histoires sur leur jeunesse respective. Contrairement à son père qui préférait rester silencieux et distant. Le contraste avait toujours été visible, mais il était à présent douloureux. Alionna découvrit avec amertume tout ce qu’il lui avait manqué en grandissant. De la tendresse, du réconfort, de la compréhension.
Le parfait exemple à ce sujet vint au moment où sa mère leur fit part de leur décision au sujet de l’Éclosion. Contrairement à tout ce à quoi Alionna s’attendait, Gemma et Zaven n’eurent aucune objection, bien au contraire. Ils acceptèrent et approuvèrent sans réserve sa décision. Elle n’aurait jamais cru qu’une telle chose puisse être possible. L’inquiétude du rejet qui lui avait noué les entrailles jusqu’à ce moment disparu. Le soulagement intense face à leur réaction la fit pleurer.
Surtout qu’ils ne se contentèrent pas de ça, mais participèrent activement à l’élaboration d’un plan. Ensemble, ils cherchèrent la meilleure façon de la faire passer pour l’un des candidats. Zaven leur proposa d’emprunter l’une des tenues blanches et Gemma suggéra de lui couper les cheveux. Ensuite, il fallut trouver qu’elle était le meilleur moment pour qu’elle rejoigne le groupe des candidats sans se faire remarquer. Le passage le plus délicat de leur plan. La moindre erreur leur coûterait extrêmement cher. Toutes ces choses les rapprochèrent encore un peu plus et maintenant que sa mère lui avait avoué leur relation réelle, être une famille se révéla aisé.
Entre temps, Rukiyé avait fait son retour définitif à la caverne. Plus aucune des candidates n’était séparée de sa famille sur une longue période. Celles qui venaient d’en dehors du Weyr pouvait demander à ce que leur famille les accompagne jusqu’à l’éclosion. Sur cette période, elles recevaient toutes les informations qui pouvaient leur manquer. Pour celles du Weyr, qui était proche de leur famille, il n’y avait que quelques séances d’explications. Ils célébrèrent donc l’évènement comme il se devait.
Le seul problème fut de régulariser leur nouvelle situation auprès de la Dame du Weyr. Il n’y avait pas de longue procédure, contrairement à la vie dans les Forts, il suffisait juste que l’un des membres de la famille vienne signaler le changement et la Dame du Weyr inscrivait cette modification sur les plans et dans les archives. Savoir où chacun se trouvait était essentiel, pour éviter toute confusion lors de l’attribution des richesses pour chaque famille.
Avec tout cela, les septaines s’envolèrent sans qu’ils ne le remarquent vraiment. Les jours semblaient s’enchaîner à une vitesse frénétique. Comme si le temps était aussi impatient qu’eux d’arriver à l’éclosion. La fébrilité de tous se sentait. Les gestes étaient nerveux, les voix toujours trop hautes, les commentaires sarcastiques abondaient et tout le monde se déplaçait d’un endroit à l’autre au pas de course. Tout le Weyr semblait vivre à un rythme accéléré. Régulièrement des petits groupes essayaient de rester, sans en avoir l’air, le plus près possible de l’Aire d’Éclosion. Même s’il y avait à présent au moins une éclosion par Révolution, la réaction euphorique qu’elle provoquait ne quittait jamais les habitants du Weyr.

Comme à chaque fois pourtant, les premiers grondements prirent le Weyr au dépourvu. Tout le monde stoppa brusquement sa tâche et se précipita vers l’Aire d'Éclosion pour assister à l’événement. Un chevalier-dragon vint chercher Rukiyé pour l’escorter jusqu’à L’œuf d’Or, avec ses parents pour l’accompagner. L’occasion parfaite pour Alionna et sa mère de rester en arrière afin de mettre leur plan à exécution. Avec une étonnante rapidité, sa mère lui coupa sa longue chevelure dorée qui attirait l’attention. Il ne lui resta plus que des longueurs recouvrant à peine ses oreilles. Le résultat n’était pas parfait, mais devrait faire suffisamment l’illusion. Après tout, même si toute l’attention se porterait sur les candidats potentiels et les œufs, personne ne regarderait vraiment. Les émotions de chacun seraient beaucoup trop fortes pour ça.
Ensuite, Alionna masqua comme elle le put sa poitrine proéminente qui ne passerait pas inaperçue autrement. Pour compléter l’illusion, Alionna enfila la tenue blanche caractéristique des candidats. Une fois correctement apprêtée, elle se précipita hors de sa caverne et emprunta des couloirs dérobés. Ils la mèneraient dans une partie sombre de l’Aire d'Éclosion et lui permettrait de se joindre discrètement aux candidats. Il n’y avait aucune possibilité de le faire avant sous peine de se faire remarquer. Une fois que tous auraient atteint l’Aire d’Éclosion, personne ne prêterait plus aucune attention aux nombres exact de candidats. L’occasion pour elle d’intégrer le groupe en toute discrétion.
Dans sa course effrénée, Alionna manqua plusieurs fois de tomber. Les passages qu’elle prenait n’étaient que très faiblement éclairés, car très peu utilisés. L’excitation et la peur lui donnaient des ailes. Il fallait à tout prix qu’elle atteigne son but avant que le premier dragon ne sorte de son œuf. À ce moment précis, l’attention se tournerait vers le groupe de candidat et si elle arrivait là, la supercherie serait découverte. Si Alionna tardait trop, elle craignait aussi de manquer l’Empreinte de son dragon. Trop loin, aucun ne la choisirait.
Le cœur battant à vive allure et le souffle court, Alionna vit enfin l’ouverture menant à l’Aire d'Éclosion. Elle pouvait à présent entendre très clairement le bourdonnement crescendo des dragons. Le son se réverbérait contre les parois et jusque dans ses os. Elle ralentit alors le pas jusqu’à l’arrêt. S’appuyant à la paroi, elle jeta un rapide coup d’œil à la scène devant elle. Elle constata avec soulagement qu’aucun œuf n’avait encore éclot. Pour l’instant, ils continuaient à se balancer. Tout se passait comme prévu. Soudain, des cris fébriles attirèrent son attention et elle vit avec bonheur qu’un des œufs se fendait enfin. Le moment était venu.
Profitant de l’agitation croissante, Alionna s’élança à vive allure hors de sa cachette pour rejoindre le groupe. Dès qu’elle atteignit la lumière, elle ralentit sa course et adopta une démarche plus relâchée. Elle s’avança aussi calmement qu’elle le put jusqu’aux derniers garçons faisant partie des candidats. Ceux-ci ne la remarquèrent même pas, trop occupés à regarder droit devant eux. Ils avaient déjà adopté la formation spécifique en demi-cercle pour pouvoir permettre aux dragonnets de mieux les repérer. Sur trois lignes à cause de leur nombre exceptionnel.
Une sélection de candidats aussi importante était rare, mais la réponse normale à cette ponte élevée. Quarante-cinq œufs ! Un record pour Ramoth. Pas étonnant qu’il y ait presque le double de candidats sur le sable. Déjà qu’auparavant ses pontes étaient prisées, celle-ci avait provoqué un émoi sur tout Pern. Tous souhaitaient avoir une chance de donner l’Empreinte à un dragon de Benden. La réputation du Weyr ne connaissait pas de baisse. Cette ponte ne faisait qu’augmenter encore un peu plus son prestige.
Alionna était arrivée juste à temps, car l’attention de tous se reporta sur les candidats. Le premier dragonnet se dirigeait vers eux. Alionna ne voyait pas grand chose, plusieurs des garçons présent lui masquaient la vue. Sa petite taille n’arrangeait pas la situation non plus. Elle tenta de se rassurer, même si elle ne pouvait pas les voir, les dragons avaient d’autre moyen de trouver leur compagnon. Mais cachée au fond du groupe, Alionna doutait.
Devant elle, les garçons commencèrent à se pousser et Alionna aperçut enfin le jeune dragon. C’était un petit bronze. Il avançait d’une manière pataude mais déterminée. Plus il avançait, plus ses grognements se faisaient frénétiques. Il n’arrivait pas à atteindre celui qu’il avait choisit. Le cœur d’Alionna se serra. L’entendre ainsi était insupportable. Elle aurait voulu courir le prendre dans ses bras. Mais elle ne pouvait pas. Il était le premier et le public n’était pas encore assez distrait pour ne pas voir qu’il y avait quelque chose d’étrange chez elle. Alionna devait attendre une fois de plus. La frustration et l’amertume la gagna un peu plus. Si les filles pouvaient elles aussi donner l’Empreinte aux dragons combattants, toute cette mascarade n’aurait pas lieu d’être. En être réduite à ce genre de stratagème pour avoir une chance équivalente était humiliant.
Alionna prit une profonde inspiration pour se calmer. Elle n’allait pas se gâcher ce précieux moment par des pensées inutiles. Fronçant les sourcils, elle constata que le petit bronze n’avait toujours pas trouvé son compagnon. La première Empreinte prenait-elle autant de temps d’habitude ? Il lui semblait que non. Elle jeta un œil aux autres œufs. Deux d’entre eux semblait prêt à délivrer leur occupant. Généralement la cadence s’accélérait dès que le premier dragon donnait l’Empreinte, ce qui n’était pas encore le cas.
Un groupe s’était constitué autour du petit bronze et semblait à tout prix vouloir arrêter sa progression. Alionna renifla. Ils pouvaient continuer à espérer, ce n’était pas comme ça que les choses fonctionnaient. Soudainement, le petit bronze émit une trille enthousiaste et renversa les garçons qui se trouvaient sur son passage. Alionna constata qu’ainsi il s’était considérablement rapproché d’elle. Seulement, elle savait très bien qu’il ne la cherchait pas. Il restait autour d’elle trois autres candidats dont un qu’elle connaissait suffisamment pour se douter qu’il était la cible du petit bronze. D’ailleurs, il était l’un des favoris pour donner l’Empreinte à un bronze. Le candidat parfait : il était l’enfant d’un chevalier-brun juste et loyal, avait un physique solide, bon caractère, ne rechignait pas aux tâches ingrates et fréquentait très régulièrement les baraques des Aspirants. Beaucoup avaient parié qu’il serait le premier à donner l’Empreinte. Les évènements semblaient leur donner raison.
Impatiente, Alionna dirigea ses pensées vers le petit bronze pour qu’il se dépêche de faire son choix. Elle attendrait son tour, mais s’il pouvait accélérer le mouvement tout de même ! Toute cette agitation commençait à lui peser.
Pourtant, le petit bronze l’ignora lui aussi et continua son avancée vers elle. Stupéfaite, Alionna se figea. Il ne pouvait la vouloir elle ! Impossible. Pas un bronze. Les archives étaient formelles à ce sujet. Des bruns, bleus et vertes étaient possibles, mais pas les bronzes. Cela ne s’était jamais produit.
Alionna ne savait pas quoi faire. Devait-elle l’ignorer ? Prétendre que quelqu’un d’autre se trouvait derrière elle ? En son for intérieur, elle connaissait déjà la réponse. Alors tremblante, elle s’agenouilla. Le cœur battant et le souffle court, Alionna tendit sa main vers le petit bronze qui se précipita vers elle avec roucoulement triomphant. Lorsque ses doigts touchèrent le cuir chaud légèrement humide, sa respiration s’interrompit. Elle n’arrivait pas à croire ce qui se produisait. Les yeux miroitants du dragonnet plongèrent dans les siens… et Alionna fut envahit d’une chaleur réconfortante. Toutes ses inquiétudes disparurent. Son esprit, son cœur et son âme étaient en paix. Une douce sensation de plénitude et de béatitude lui inondait le corps. Elle savait avec une certitude absolue qu’elle ne serait plus jamais seule. Que Kerianth serait avec elle maintenant et à jamais. Rien ni personne ne pourrait les séparer. Quoiqu’il advienne, il lui apporterait son soutien inconditionnel. L’intensité de toutes ses émotions lui provoqua une montée incontrôlable de larmes. Elle ne chercha pas à les retenir. En même temps, un début de rire s’échappa de ses lèvres. Kerianth lança une petite trille interrogative, clairement inquiet.



(fin de la partie 1)

[Fic] Régnons ensemble sur les cieux, La ballade de Pern, OC [Lady Tuxedo Mask, pour Cock en Stock]

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Titre : Régnons ensemble sur les cieux. (2/2)
Auteur : Lady Tuxedo Mask (Participant 25)
Pour : Cock en Stock (Participant 21)
Fandom : La Ballade de Pern
Persos/Couple : Des personnages originaux, Lessa et plein d'autre (OC/OC).
Rating : PG-13
Disclaimer : Les personnages et l'univers appartiennent à Anne McCaffrey et son fils.
Prompt : - Chroniques de Pern 9ème passage – OC/OC – X et Y sont deux jeunes filles du weyr de Benden, élevées dans les traditions des chevaliers-dragons. L’éclosion de la ponte de Ramoth approche, X est choisie pour être présentée à l’œuf mais pas Y. Cette dernière est contente pour X mais est assez irritée des traditions qui empêchent les filles de donner l’empreinte à autre chose qu’à un œuf d’or. Elle se dispute avec une de ses figures parentales quand elle leur dit vouloir essayer de donner l’empreinte à un dragon. Amère, elle regarde X donner l’empreinte à une jeune reine. Déguisée, elle se glisse parmi les prétendants étrangers au weyr et donne l’empreinte à un bronze.
Et le bordel qui s’en suit (dans le weyr, sur Pern, dans la relation entre X et Y…) en s’arrêtant là, ou en continuant plus tard, quand le bronze de Y couve la reine de X, et explorer la direction d’un weyr par un couple féminin.
- Bonus : un petit passage coquinou entre X et Y 8D ?
Notes : Vu que le prompt que tu me proposais me permettait de casser pas mal de code de l'univers de Pern, je me suis permise d'aller encore plus loin. Donc cette histoire fait donc partie d'un véritable univers alternatif où les filles/femmes peuvent donner l'empreinte à tous les dragons, comme pour les garçons. D'autres règles contraignantes ont aussi été subtilement cassées, même si cela ne se voit pas forcement. J'ai aussi au passage changé le sort final de Brekke et Kylara (parce qu'après relecture ce n’était vraiment pas possible) et essayé dans un sens général de rendre plus juste l'univers envers ses personnages féminins. Ce qui ne veut pas dire que est rose pour elles. Un peu de peine d'accord, mais les constantes tragédies subies c'est non ! Donc moins de référence aux personnages féminins qui ne sont pas « comme les autres » et pas de viol non plus au moment des vols de dragons (dans un sens ou dans l'autre). J'aurais voulu écrire beaucoup plus, mais le temps m'a manqué.



-Ne t’inquiète pas, répondit-elle en le serrant contre son torse. Tout va bien.

Distraitement, son esprit nota une montée croissante de murmures et de cris autour d’elle, mais elle n’y prêta qu’une faible attention. Tout son être était concentré sur le petit bronze entre ses bras. Plus rien d’autre que lui et son bien-être ne lui importait. D’ailleurs, il avait tellement faim. N’avait-elle donc rien à manger pour lui ?

-Non, désolée, s’excusa-t-elle terriblement chagrinée. L’impossibilité de satisfaire immédiatement sa demande lui brisait le cœur. Je vais voir ce que je peux faire.

La déception de Kerianth lui parvint distinctement. Les dragonnets sortaient toujours de leur œuf affamés, donc il fallait les nourrir rapidement. Avant qu’Alionna ne fasse quoi que ce soit, un large bol remplit de viande fraîche apparut dans son champ de vision. Soulagée, elle s’en saisit aussitôt et prit l’un des morceaux sanguinolents pour l’offrir à Kerianth. Il s’en empara goulûment, manquant s’étouffer avec. Avec un petit rire, Alionna lui rappela de manger plus doucement s’il ne voulait pas suffoquer. Ce à quoi Kerianth lui répondit par un grondement. Il essaya de plonger son museau dans le bol pour se servir directement, mais Alionna l’en empêcha. C’était un petit malin pensa-t-elle avec fierté.

-Faites attention à ne pas lui en donner trop, il pourrait se rendre malade, lui conseilla une voix proche.

Alionna leva les yeux vers la personne en question et reconnu avec horreur le chevalier-vert G’sel. De tous ceux qui apportaient les bols pour les dragonnets, il avait fallu qu’elle tombe sur lui. Son euphorie retomba d’un coup. L’avait-il reconnue ? Certes, son apparence était différente, mais on ne pouvait pas tromper un chevalier-dragon d’aussi près. Et il y avait Rill son lézard de feu…
Comme s’il l’avait entendu penser son nom, Rill apparut près d’elle et se mit à virevolter au-dessus de sa tête. Il poussait des trilles joyeuses. L’effroi s’empara d’Alionna. L’avait-il entendue ? Allait-il en faire par au chevalier G’sel ? Que pouvait-elle faire dans ce cas ? La terreur la rendait de plus en plus fébrile. Tellement que Kerianth le perçut et se mit à roucouler d’angoisse. Machinalement, elle lui gratta le contour de l’œil pour le rassurer et elle lui présenta un morceau de viande. Il lui renvoya de la gratitude et de l’affection. La raison reprit alors le dessus. Il était trop tard. Elle avait donné l’Empreinte, ils ne pouvaient plus rien faire.

-Merci, finit-elle par répondre sans changer sa voix. Tant pis. Elle n’avait plus peur.

Étrangement, le chevalier ne fit aucune remarque. Au contraire, il la fixa avec un sourire. Alionna fronça les sourcils. Il n’était pas crédule à ce point tout de même ? Non, il lui avait toujours semblé très intelligent, contrairement à certains. Alors pourquoi ce silence ? Quelque chose ne tournait pas rond. Seulement sa concentration à ce sujet était rendue difficile par le sentiment de joie que son lien avec Kerianth lui procurait.

-Rassure-toi Alionna, je ne te veux aucun mal. Je te promets que tout ira bien.

Alionna ne comprenait absolument rien. Confrontée à un menteur, elle aurait réagit d’une toute autre manière. Elle aurait cherché la confrontation. Qui avait-il de différent avec elle ? Le tumulte crescendo qui se réverbérait dans l’Aire d’Éclosion vint alors interrompre ses réflexions. Perplexe, elle distingua des cris et des vociférations. Ce n’était pas normal. Maintenant qu’elle se concentrait sur les sons, toute cette agitation lui paraissait bizarre. Inquiète, Alionna se releva pour comprendre ce qu’il se passait. La scène qu’elle découvrit la laissa bouche bée.
Aucun des garçons candidats n’avaient donné l’Empreinte. Elle était la seule avec un compagnon à ses côtés. Tous les dragonnets les avaient ignorés au profit des jeunes femmes candidates pour la Reine. Autour de la quinzaine d’entre elles se trouvait deux bronzes, quatre bruns et un nombre plus important de bleus et de vertes. Alionna ne voyait pas les autres dragonnets. S’étaient-ils aventurés jusqu’aux gradins ? Cela arrivait parfois, mais jamais autant ! Et pour l’œuf de la Reine ? La coquille était vide, mais elle ne distinguait rien au milieu de la masse de candidates. Pas d’éclat doré caractéristique, ni de Rukiyé d’ailleurs. Où était-elle passée ?
Par le Premier Œuf ! Que s’était-il passé pendant qu’elle s’occupait de Kerianth ?

-Eh bien, le Chef et la Dame du Weyr voulaient du changement, je crois qu’ils sont servis ! déclara G’sel avec ironie.

C’était une manière de voir les choses pensa Alionna. À ses côtés, Kerianth poussa un petit grondement et frotta sa tête triangulaire contre elle.




Dire que les Weyrs se trouvaient au bord de la rupture était un euphémisme. Les événements actuels avaient provoqué la panique générale. Quarante-cinq filles qui donnaient l’Empreinte, ce n’était jamais arrivé. D’ailleurs, ça n’aurait même pas dû être possible. Les bronzes ne donnaient pas l’Empreinte à des jeunes femmes. Certains criaient à la manipulation. Lessa aidée de Brekke et Vikky avaient dû jouer de leur Pouvoir pour apaiser la situation. F’lar et elle avaient craint que la tension ne finisse par donner lieu à de la violence. Il avait fallu s’assurer que les plus belligérants se calment avant de les laisser repartir. Pour l’instant, ils avaient évité le pire, mais le plus dur restait encore à faire.
L’attitude de Vikky n’avait pas non plus amélioré la situation. Depuis le moment où les dragonnets avaient ignoré tous les candidats sauf un, elle ne pouvait pas s’empêcher de partir dans des éclats de rire à intervalle régulier. Pour elle, toute cette affaire était une chose excellente et l’amusait énormément. Il avait fallu la tenir éloignée de peur que les spectateurs ne finissent par s’en offusquer.
Lessa devait avouer qu’une partie d’elle-même était extrêmement satisfaite de ce retournement total de situation. Il lui avait toujours semblé étonnant qu’actuellement les filles ne puissent donner l’Empreinte qu’à des Reines. Alors que les archives démontraient le contraire. Elle en avait bien fait une fois par à F’lar. Il s’était contenté de lui répondre que ce genre de révélation risquait de provoquer trop de problèmes avec les Anciens. Nul besoin de leur donner une raison de plus de les détester. Lessa n’en avait plus reparlé, mais y pensait régulièrement. Et maintenant, ils étaient brutalement confrontés au sujet avec le pire des schémas possibles.
Comment s’est passé l’arrivée des nouveaux dragonnets à leurs quartiers ? demanda Lessa à sa Reine. Très bien. Ils sont déjà tous endormis, répondit Ramoth d’un ton affectueux. Les autres Aspirants ne leur ont pas posé de problème ? ajouta Lessa. Non, Celina les surveille. Lessa était rassurée. Au moins les jeunes n’étaient pas perturbés par tout ce chaos. Elle avait craint que toute cette agitation ne leur soit néfaste. Ils étaient encore si fragiles. Et Rukiyé ? demanda-t-elle ensuite. Lessa déplorait que ni elle, ni les autres Dames n’aient pu s’occuper correctement de la dernière arrivée. Katrielle est restée avec elle et sa Reine. Katrielle te fait savoir qu’elle nous rejoindra dès qu’elles se seront endormies, précisa Ramoth. Parfait. Au moins certaines choses se déroulaient correctement.
Tournant enfin toute son attention sur le Conseil, Lessa étudia attentivement le visage de ceux assis autour d’elle. Elle essaya de jauger qui serait raisonnable durant leur réunion et qui leur serait clairement hostile. Bien que les Anciens les plus réfractaires aux changements ne soient plus sur ce continent, les restants ne leur seraient pas forcément plus favorable. Ils avaient eux aussi, beaucoup d’idées préconçues sur la vie dans un Weyr. Et des filles donnant l’Empreinte à des dragons combattants serait peut-être le point de rupture.
Elle n’avait aucun doute sur le soutien inconditionnel de F’nor et de Brekke, présent en tant que spectateurs pour l’Éclosion. L’ancien second de Benden et sa Dame seraient un atout pendant les débats. Ils étaient la preuve que des changements incongrus se montraient bénéfiques pour le Weyr. Le vol nuptial de la Dorée Winreth et du brun Canth ayant produit une Reine (chose que Prideth n’avait jamais réussi) ainsi que trente-cinq œufs, personne n’avait plus émit d’objection à leur sujet.
Parmi les Chefs et Dames de Weyr, T’bor avait toujours été de leur avis et Pilgra semblait être raisonnable. Elle avait survécu à Kylara après tout ! Quant à G’narish et Nadira, tous deux s’étaient prononcés en faveur de Benden de manière enthousiaste. Leur jeunesse respective y devait sans doute beaucoup. Peut-être que ce nouveau fait ne les déstabiliserait pas trop ?
Les trois autres couples poseraient malheureusement plus de problèmes. P’zar et Margatta en tant que leader de substitution, pouvaient souhaiter ne pas trop bouleverser le reste de leur Weyr. D’ram et Fanna avaient toujours essayé de ménager le reste des Anciens. Par peur, ils s’accrochaient encore désespérément à certaines traditions. Pour R’mart et Bedella les choses étaient aussi compliquées. Ils soutenaient certes Benden avec joie, mais Lessa craignait qu’ils hésitent à prendre parti cette fois-ci. Ce changement était d’une toute autre envergure. Surtout si D’ram et Fanna tentaient quelque chose.
Inquiète face à toutes ces incertitudes, Lessa dut se résoudre à employer un moyen plus efficace pour faire taire ses craintes. Elle étendit légèrement son Pouvoir pour évaluer l’état émotionnel de chacun. Comme elle s’y attendait, F’nor, Brekke et T’bor, n’étaient ni inquiets ni indécis. Lessa était un peu surprise de la force de leur confiance en eux. Pilgra, bien que légèrement inquiète, semblait elle aussi accepter le fait avec bienveillance.
D’ram et Fanna par contre, dégageaient beaucoup d’agitation et de tension. Leurs émotions fluctuaient violemment. Il en faudrait beaucoup pour les convaincre. Les deux derniers couples étaient clairement indécis, un rien pourrait les faire basculer d’un côté ou de l’autre. Il faudrait que F’lar et elle avance prudemment pour ne pas les brusquer.
Lessa sentit son agacement monter. Par la Coquille ! Ils n’avaient pas de temps à perdre sur ce genre de détail ! Les Fils, eux, n’attenteraient pas. Ils tomberaient. Que leurs problèmes soient résolus ou non. Lessa ferma les yeux pour se calmer, elle ne pouvait pas laisser ce genre d’émotions la dominer. Elle risquait de provoquer l’antagonisme des Anciens. En les ouvrant, elle vit F’nor qui lui adressa un signe de tête, imperturbable. Brekke lui sourit, tout comme Pilgra. On pouvait dire que l’évincement de Kylara au profit de cette dernière avait été un cadeau. La nouvelle Dame des Hautes Terres se montrait sage et ferme. Depuis, T’bor avait gagné en calme et en discernement. Un changement radical après des dizaines de Révolutions soumis aux caprices de Kylara. Ce qui serait extrêmement profitable pour ce Conseil. Moins de risques de remarque déplacée. Heureusement que des esprits raisonnables se trouvaient à la table songea Lessa. Autrement, cela aurait pu rapidement tourner au carnage.
Ses réflexions furent interrompues par le retour de Monarth au-dessus de Benden et sur son dos, Robinton. Enfin ! F’lar l’attendait en bas des marches avant de prendre la tête de ce Conseil. Le Maître Harpiste avait été invité à se joindre à eux dans ce contexte exceptionnel. T’gellan et son bronze Monarth s’étaient proposés pour aller le chercher. Quoiqu’il ressorte de cette réunion, ils avaient besoin du soutien de Robinton et de tous ses harpistes. Ils devraient s’assurer que les dragonnets donnant l’Empreinte à des jeunes filles soit bien perçu par le reste de Pern. Le risque d’un soulèvement ou de protestations étaient grands. Et ils ne pouvaient pas se le permettre tout juste après avoir réconcilié les Forts et les Weyrs.
F’lar rentra le premier, Robinton un pas derrière lui. Ils s’arrêtèrent tous deux pour saluer le groupe présent :

-Chefs Du Weyr, Dames du Weyr, commença F’lar poliment. Je vous remercie d’avoir répondu présent aussi vite.

Chacun répondit d’un signe de tête bref et F’lar alla s’installer à l’autre bout de la grande table. Robinton, lui, s’assit sur la chaise libre à côté d’elle.

-Alors Dame du Weyr, est-ce que ce qu’on m’a dit est vrai ? demanda Robinton à voix basse en se penchant vers elle. Il n’y a que des filles ?

-Oui, répondit Lessa sur le même ton. Comment êtes-vous déjà au courant, Maître Harpiste ?

-J’ai des yeux et des oreilles partout !

-Il semblerait, convint Lessa avec résignation.

Pas moyen d’avoir un secret avec le Maître Harpiste. Parfois, elle se demandait s’il ne savait pas les choses avant qu’elles se produisent.

-Oh ! Je vois que vous avez pensé à moi, déclara-t-il à l’attention de tous en apercevant le verre de vin plein devant lui.

Comme à chaque fois qu’il posait les pieds à Benden, une bouteille lui était réservée. Il était toujours accueillit avec le respect et les honneurs qui lui étaient dus. Il avait soutenu la position des chevaliers-dragons envers et contre tous. C’était le moins qu’ils puissent faire.

-Bien, maintenant que tout le monde est là, commença F’lar, je voudrais confirmer de vive voix ce que vous avez dû entendre : il n’y a que des filles qui ont donné l’Empreinte. Je comprends que ce fait soit déstabilisant, tempéra-t-il, nous avons tous été surpris. Mais pour l’instant, notre priorité est de calmer les esprits de tous. Une panique générale ne pourra entraîner que des désagréments. Il faut expliquer qu’aucune jeune fille n’a été forcée et que dans le futur, aucune ne sera enlevée à sa famille. Que les futures Quêtes se feront avec l’approbation de tous. Les rumeurs se rependent vite et font beaucoup de dommage.

Tous hochèrent la tête. Lessa qui suivait toujours les émotions de chacun perçut une montée de tension. Avec son Pouvoir, elle essaya de tempérer cette ambiance chargée. F’lar n’aimait pas qu’elle influence les autres, mais Lessa ne pouvait pas laisser les choses dégénérer.

-Cela n’explique pas comment une telle chose a pu arriver ! s’exclama D’ram. Des filles avec des dragons de combats, c’est une impossibilité.

-Les lézards de feux peuvent s’attacher indépendamment de leur couleur à des femmes et des hommes, non ? pointa calmement F’nor. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les dragons ?

-C’est vrai que vous, Brekke, Mirrim et G’sel défiez les règles que nous connaissions à ce sujet, reconnut Pilgra.

Lessa se félicita de l’intervention de l’une des Anciennes. Ses paroles calmèrent l’appréhension générale.

-Peut-être, seulement les lézards de feux et les dragons ne sont pas la même chose, crut bon de préciser D’ram. Les règles qui s’appliquent à l’un ne s’appliquent pas forcément à l’autre.

-Et pourquoi pas ? rétorqua aussitôt Pilgra. Quasiment toutes leurs autres caractéristiques sont communes. Ils peuvent aller dans l’Interstice, communiquent par la pensée, effectuent des vols nuptiaux, pondent des œufs et peuvent donner l’Empreinte. La majeure différence étant qu’une personne peut avoir plusieurs lézards de feux.

-Mais pourquoi cela ne s’est-il pas produit avant cette Éclosion ? insista D’ram.

-Vos suggestions sont aussi bonnes que les miennes Chef de Weyr, répondit poliment F’lar.

-Les archives mentionnent des femmes qui ont été chevaliers-dragons de bruns, bleus et vertes, précisa alors Lessa. Histoire que personne ne se mette à penser qu’elle était responsable de cet événement. On aurait pu l’accuser d’avoir utilisé son Pouvoir pour influencer les dragonnets. Elle, Brekke et Vikky. Surtout que cette dernière avait beaucoup de pouvoir. Plus qu’elle. Tellement que ça en était insultant. Heureusement, sa maîtrise était catastrophique. Lessa se félicitait de son contrôle parfait. Mais malgré tous ses défauts, Vikky n’aurait pas pu accomplir une telle chose. Lessa ne pensait pas que forcer mentalement autant d’esprits sans les briser soit possible.

-Les ballades aussi, ajouta Robinton. Et nous savons à présent qu’elles sont basées sur des faits réels.

Le silence se fit en réponse. Chacun prenait le temps de réfléchir à ces nouveaux faits. Les esprits étaient certes plus calmes, mais il faudrait un peu plus pour que tous soient convaincus.

-Il se peut que nos prédécesseurs aient inhibé les dragons pour qu’ils ne choisissent plus de jeunes filles. Probablement pour s’assurer la pérennité du Weyr, expliqua Lessa. Si trop d’entre elles mourraient avant d’avoir des enfants, la population aurait diminué trop brutalement. Et je doute que les Forts de l’époque aient accueillit ce fait à bras ouvert. Surtout si l’on prend en compte les femmes mourant régulièrement en couche et les différentes épidémies.

-On pourrait influencer les dragons sortant de l’œuf ? demanda G’narish qui s’exprimait pour la première fois.

-En quelque sorte, répondit Lessa. Si les jeunes filles étaient tenues éloignées à ce moment-là ou pas en présence suffisante, les choses ont dû se réguler d’elles-mêmes au fur et à mesure. C’est probablement devenu une question de survie au bout de deux ou trois Éclosions.

-C’est vrai que cela expliquerait pas mal de choses, concéda alors Fanna.

-Maintenant que la population générale de Pern est plus importante, la survie n’est plus la priorité et les dragons peuvent faire leur choix avec plus de liberté.

Avec réticence, D’ram et Fanna acquiescèrent. Les autres Anciens suivaient l’échange sans trop s’impliquer. Ils préféraient attendre avant de se décider.

-Tout de même, c’est une chose difficile à avaler. Je ne suis pas sûr que tous les chevaliers-dragons de notre Weyr accueille cette nouvelle avec joie.

-Ils n’auront pas le choix, indiqua F’lar. Ce n’est pas comme s’ils pouvaient empêcher les événements.

-Que pouvons-nous faire pour réduire le choc dans ce cas ? demanda Fanna pragmatique.

-Eh bien, il me semble que c’est ici que je rentre en scène, déclara Robinton. Mes harpistes et moi feront le tour des Forts et des Weyrs pour rafraîchir les mémoires de tout le monde. Je pense que ressortir quelques ballades ne pourra pas faire de mal.

-Espérons que cela suffise, bougonna D’ram.

-Ne soyez pas pessimiste Chef de Weyr D’ram, le taquina gentiment Robinton, les changements effrayent toujours. Mais je suis persuadé qu’une fois que les avantages d’une telle chance seront perçues, les protestations s’éteindront d’elles-mêmes.

-Il faudra probablement être extrêmement prudent durant les deux Révolutions prochaines. Si nous nous y prenons mal, ils risquent de nous fermer leurs portes lors des Quêtes futures ! insista F’lar.

-Peut-être devrions-nous inviter les gens des Forts à visiter les Weyrs afin de les rassurer ? proposa Brekke. Elle rougit en s’apercevant de toute l’attention sur elle, mais continua : s’ils se rendent compte par eux-mêmes des conditions de vie ici, ils seront plus calmes.

-C’est une idée, dit F’lar. Nous avons déjà mis en place un plan de ce genre pour les Candidats. Peut-être serait-il bon de le généraliser à tous les Weyrs.

D’ram et Fanna acquiescèrent et tous les autres suivirent. Lessa était extrêmement satisfaite : la réunion s’était bien passée et elle n’avait pas eu à trop utiliser son Pouvoir. Enfin la vie au Weyr allait reprendre son cours normal, ou presque.

-Très bien, puisque les choses sont claires, je vous propose d’arrêter là ce Conseil. À moins que quelqu’un ne veuille ajouter quelque chose ?

Personne ne prit la parole. Tant mieux, pensa Lessa, elle était pressée de se reposer car elle savait que les jours suivants promettaient d’être éreintants.

-Excellent. Je vous libère alors.

Les autres Chefs de Weyrs prirent rapidement congés et il ne resta plus que F’nor, Brekke, Robinton et F’lar.

-Je suis étonné que les choses se soient aussi bien déroulées pour un sujet aussi grave, dit F’lar avec un regard en biais vers sa compagne.

Lessa haussa les épaules. S’il pensait qu’elle allait avouer quoi que ce soit.

-Si vous n’avez plus besoin de moi, demanda brusquement Robinton, je vais aller secouer et disperser mes Harpistes.

Juste à ce moment-là, Vikky entra dans la salle, N’ton sur les talons. Ces deux là étaient inséparables, ce qui était un problème pour leurs futurs plans. Vikky devait être présentée à l’Oeuf d’Or de Brekke et N’ton serait envoyé au vol nuptial ouvert de Margatta et de sa Reine. Ils avaient besoin de lui en tant que nouveaux Chefs de Weyr. Il était fait pour ça. Toute relation entre eux était impossible et elle ne laisserait pas la nouvelle arrivée ruiner leurs plans.
Celle-ci, sans aucune idée de ses arrières-pensées, souriait.

-Pas de carnage alors ? demanda-t-elle espiègle.

-Non, tout c’est résolu paisiblement, répondit F’lar amusé. Il n’y aura pas de problème si d’autres filles donnent l’Empreinte. Pourquoi cette question ?

-Oh, rien. Je me demandais juste comment vous réagiriez lorsqu’un garçon donnera l’Empreinte à une Reine, dit-elle nonchalamment.

Le bruit d’étranglement collectif qui suivit fut sans aucun doute une réponse parfaite pour Vikky.




Cela faisait deux septaines qu’Alionna avait donné l’Empreinte à Kerianth et autant de temps qu’elle n’avait pas vu Rukiyé. Les nouveaux Aspirants étaient mis à l’écart des autres à cause du trop plein d’émotions de leur nouveau lien. Une frustration constante pour elle. Alionna voulait voir Rukiyé et constater d’elle-même que son amie allait bien. Mais pour l’instant, on lui interdisait de s’éloigner de leurs quartiers. Les dernières nouvelles au sujet de Rukiyé venaient des candidates pour l’Œuf d’Or. Elle avait été ravie d’apprendre que son amie était la dernière Dame. Mais Alionna voulait aussi lui parler, la serrer dans ses bras, la voir. Elle en avait un besoin irrépressible. Personne ne pouvait la séparer de Rukiyé.
Alors, profitant de l’inattention de l’un de leurs instructeurs, Kerianth et elle s’éclipsèrent. Ils traversèrent le Weyr en se faisant le plus petit possible, choisissant de longer le mur pour ne pas trop attirer l’attention. Pas une mince affaire avec tous ses yeux. Pourtant, personne ne vint arrêter leur progression et après un périple très fatiguant pour son petit bronze, ils atteignirent enfin les cavernes des Dames Dragons Juniors. Alionna hésita, elle ne savait pas dans laquelle se trouvait Rukiyé et elle n’avait pas envie de se faire prendre. Kerianth résolut le problème, car d’une simple trille, il fit pointer son museau à la nouvelle Reine.
En l’apercevant, Alionna dut bien admettre qu’elle était magnifique. Sa robe dorée scintillait même dans l’ombre. Elle avait quelque chose de délicat et gracieux à la fois. Kerianth poussa un grondement de mécontentement. Il n’aimait pas du tout le fait qu’elle apprécie plus la petite Reine que lui. Alionna trouva sa jalousie adorable et lui gratta le dessus du crâne pour l’apaiser. Il se mit à roucouler de ravissement. Les dragons étaient facilement satisfaits.
Soudain, Rukiyé apparut à l’entrée de la caverne et se jeta immédiatement dans ses bras. La force faillit la faire tomber à terre. Elles se serrèrent l’une contre l’autre en pleurant, euphoriques. Après un long moment, pourtant trop court, elles se séparèrent.

-Tu m’as tellement manqué, avoua Rukiyé.

Alionna rougit. Ses simples mots lui faisaient immensément plaisir. Rukiyé ne l’avait pas oublié. Elle avait craint que l’Empreinte ne la change. Elle avait bien changé, elle. Mais tout semblait comme avant ou presque.

-Toi aussi, répondit-elle.

Son sourire éblouissant lui avait tellement manqué. Sa présence à ses côtés la remplit de sérénité. Tout était parfait. Un coup de tête suivi d’un grognement, lui rappela qu’elle avait oublié une chose très importante.

-Rukiyé, je te présente Kerianth, annonça-t-elle en le poussant devant elle.

-Enchantée, répondit Rukiyé. Comme à son habitude, elle se mit aussitôt à le gratter avec expertise.

Kerianth se mit à roucouler de satisfaction et se frotta contre sa jambe. Rukiyé se mit à rire et un frisson de plaisir parcourut Alionna toute entière. Soudain, un éclair doré fit son apparition et Kerianth se retrouva museau contre museau avec la nouvelle Reine. Elle le dominait largement et le fixait d’un regard curieux. Elle s’était collée à Rukiyé et avait enroulé sa queue autour d’elle, un brin possessive. Contrarié, Kerianth en avait fait de même.

-Voici ma précieuse Yunith. N’est-elle pas merveilleuse ? demanda avec ravissement Rukiyé.

Elle l’était et en cet instant, le tableau qu’elles offraient bouleversa Alionna. Son cœur battait à tout rompre et elle avait le souffle court. Alionna ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait. Pourquoi réagissait-elle d’une telle manière face à son amie ? Elle essaya de sourire, mais ne fut pas sûre du résultat.

-Ta nouvelle coupe te va bien, déclara Rukiyé avec un air intense.

-Oh tu trouves ? demanda Alionna en portant une main à ses cheveux. Jusque là, elle avait un peu oublié ce changement radical.

-Oui, tu es toujours très belle, ajouta Rukiyé avec un immense sourire.

-Merci, bafouilla Alionna rougissante.

Une curieuse idée s’empara alors de son esprit : lorsque Yunith effectuerait son vol nuptial, Kerianth l’attraperait. Elle ne laisserait personne d’autre s’approcher de Rukiyé. À ses côtés, Kerianth émit une trille d’approbation.

Fin de la session + master list

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Merci à tous ceux qui ont écrit et dessiné pour cette session ! Il est maintenant temps de tout révéler, tada ! Vous pouvez donc reblogger toutes vos oeuvres sous votre nom.

N'oubliez pas d'aller commenter ce qui était pour vous ! Et j'espère vous retrouver l'an prochain :



whynot, qui est tipitina, a écrit Honey Trap (Mission Impossible: Ghost Protocol, Ethan/Will, PG) pour Fusée Ariane

Ouranos, qui est Niladhevan, a dessiné Pyjama party ! (Steven Universe, Steven et Amethyst, G) et The Best I Never Had (Star Wars Rogue One, cassian/Bodhi, PG) pour Gemma

Nix, qui est Perlumi, a écrit (con)fusion des êtres (Steven Universe, Pearl/Rose, G) pour Mardi Gras

Gemma, qui est shono_hime, a écrit Dreams (Star Wars Rogue One, Bodhi Cassian et Jyn, PG) pour You know my name

Tapirouge, qui est howan, a dessiné Sans titre (Gotham, Ed/Oswald, M) pour Wubba

Alexstrasza, qui est shirenai, a écrit Metal & Dust (Life is Strange, Rachel/Chloe, T) pour Dulce Jeans

OrionXIsidore, qui est jyanadavega, a écrit Les aveugles de l'Himalaya (Tintin, Haddock, Tintin/Tchang, K+) pour Yolo Cacahuète

Dulce Jeans, qui est kandai_suika, a écrit A l'ombre du vent (Pocahontas, Nakoma(/Pocahontas), PG) pour Tapirouge

Fusée Ariane, qui est taraxacumoff, a écrit Voulez-vous m'épouser ? (Les enquêtes de Miss Fisher, Phryne/Jack, G) pour Ada Lovelace

ChocoCalendar, qui est mimichan66, a écrit Joutes nocturnes (The Musketeers, Aramis/Athos, PG-13) pour whynot

Tarabiscotte, qui est howan, a dessiné Les mercredis de Mercredi (La famille Addams, Mercredi et Pugsley, G) pour Here comes trouble

Yolo Cacahuète, qui est ychantilly, a écrit Ludmila (La famille Addams, toute la famille, K) pour Tarabiscotte

Aonach Dubh, qui est Eilisande, a écrit Aller chasser le crotale dans les diables rampants (Welcome to Nightvale, Cecil/Carlos, G), Le monde en héritage (Transperceneige, Yona et Timmy, M) et Le festival de Lumière, ou comment Belgarion appris à ne plus s'en faire et à aimer la politique (La Belgariade, Garion/ Xe'Nedra, Belgarath, Polgara, Silk, R) pour Caméléon. Elle a aussi écrit Introspection (Sense8, Kala/Wolfgang, G), Deadpool, Negasonic & co., enquêteurs extraordinaires (Deadpool le film, Wade/Cable (mentionné), Negasonic Teenage Warhead/Blindfold, Piotr Raspoutine, M) et Quelque chose de grandiose (Star Wars Rogue One, Jyn/Cassian, Baze/Chirrut, Bodhi, K2) pour Lady Tuxedo Mask, ainsi que Éducation sentimentale en fa majeur (Galavant, Richard et Galavant, G) pour Dulce Jeans, Il n'y a pire aveugle que celui qui croit y voir (Star Wars Rogue One, Baze/Chirrut, Cassian, Jyn, Bodhi, G) pour Gemma, et enfin Maman, comment les dieux font les bébés ? (Mythologie égyptienne, Seth/Horus, G) pour Ada Lovelace

Masked Tape, qui est cassidy_b, n'a rien rendu à cette session

Wubba, qui est andersandrew, a écrit Tu poses trop de questions ! (Suicide Squad movie, Harley et Deadshot, PG-13) pour ChocoCalendar. Elle a aussi écrit Roulage de pelle (Le fossoyeur de films, Fossoyeur/Capitaine du Nexus VI, PG-13) pour Ouranos.

Mirabelle, qui est so_yuyu, a écrit Dans l'ombre et la lumière (Kasane la voleuse de visages, Kasane et Nina, G) et Doux mensonge (Kasane la voleuse de visages, Kasane, Nogiku, le père de Nogiku, PG-13) pour Nix.

4 septembre 1870, qui est asclepiade, a écrit De vraies vacances (Deux ans de vacances, Gordon, Briant, Doniphan, G) pour OrionXIsidore.

Ada Lovelace, qui est camille_miko, a écrit C'était le jour un (Fantômette, Fantômette/Oeil de lynx, PG-13) pour Masked Tape

Here comes Trouble, qui est gribouille, a écrit Au-delà et encore plus loin (Dragon Age Inquisition, Hawke/Merrill, PG) pour Mirabelle.

Cock en Stock, qui est milith801, a écrit Les ténèbres de Johny Boy (Constantine le film, Constantine, Satan/Lucifer, Gabriel, PG) pour Alexstrasza. Elle a aussi dessiné For the Night is dark and full of Terrors (Don't starve, Wilson, G) pour Wubba.

Caméléon, qui est azalee_calypso, a écrit Cancans (Black Swan, Nina/Lily, PG) pour 4 septembre 1870.

You know my name, qui est jainas, a écrit et illustré Terrible comme des troupes sous leurs bannières (American Gods, Bilquis, PG) pour Aonach Duch

Mardi Gras, qui est flo_nelja, a écrit Suzelle la belle et la sorcière Analica (Mythologie vaudou, OFC/OFC, Erzulie Dantor, PG-13) et Les sirènes de Titan (Cowboy Bebop, Glen/Vicious, R) pour Ouranos. Elle a aussi écrit Mariage de cultures (Les mystérieuses cités d'or, Esteban/Zia/Tao, PG) pour Ada Lovelace.

Lady Tuxedo Mask, qui est kethry_raven, a écrit Régnons ensemble sur les cieux (La Ballade de Pern, OFC/OFC, PG-13) pour Cock en Stock.

Gros Tas Mou - Partie 1

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Voici le GTM pour cette année !



Fic - Le 10e royaume
Virginia/Wolf, post saison une, la grossesse de Virginia et toutes ses ramifications. Comment le couple gère la grossesse de Virginia et leur nouvelle vie ensemble ? Est-ce que leur enfant sera un enfant magique, un loup ou juste humain ? Vers qui se tournent-ils pour apaiser leurs peurs sur le sujet ? Wolf cherche-t-il des réponses auprès des autres loups ?
Facultatif : Comme prévu par le synopsis de la saison deux, Wolf découvre que ses parents sont vivants.



Fic - Adekan
Kojiro/Shiro <- Anri ; tandis que Kojiro et Shiro se tourne autour, Anri se demande s’il vaut mieux récupérer son frère tout de suite ou si ce ne serait pas plus intéressant d’avoir les deux hommes.
Détails facultatifs : rating assez libre, ça peut aller des pires fantasmes d’Anri à des trucs assez soft, comme tu préfères. Et si on pouvait avoir une scène bien fluff entre les deux autres ce serait cool.



Fic - Agent Carter
Gen ou Peggy/Angie. Quelque part entre la saison une et deux, Angie demande de l’aide à Peggy pour résoudre une affaire de disparition concernant des actrices. Au départ, tout semble extrêmement facile, ces jeunes femmes ont décidé de retourner chez elles après de trop grandes désillusions. Seulement, rien n’est aussi simple qu’il ni paraît et il se pourrait qu’une organisation du gouvernement soit derrière tout ça.
Facultatif : Une apparition de Dottie.



Fic ou art - All for the game
J’adorerais lire (ou voir un dessin) sur les jumeaux Minyard et leur relation compliquée. J’aime comment ils ne se comprennent pas donc un petit « 5 fois où Aaron en a voulu à Andrew (+1 fois où il lui a été reconnaissant » serait interessant.



Fic - All we need is love
Fueko/Asuna : le début et la fin.
- Une longue fic ou quelques vignettes des "étapes" de leur relation. Une fin fix-it post-canon serait appréciée, mais pas obligé, ça peut finir en déprimant. Du sexe. Des problèmes, de l'angst. Mais surtout, du fluff aussi, parce que c'est pas pour rien qu'elles ont tenu longtemps !



Fic - American Gods
Wednesday/Shadow : loyauté n'est pas confiance, idolâtrer n'est pas aimer, mais Wednesday n'a besoin que d'un sur deux.
- Livre, TV, ou mélange des deux, mais j'apprécierais beaucoup des échanges bien piquants avec le tempérament de TV!Shadow (et je prévois de rester à jour sur la série donc tu peux te baser sur des épisodes futurs).
Quelque chose sur la partie d'échecs avec Czernobog, le sacrifice de Shadow...
Le ship peut se tenir au pur dialogue quasi-fluffy ou aller bien plus loin :)



Fic - Anastasia
Ils se sont enfuis pour vivre leur amour tranquilles, loin des paillettes et des couronnes. Dimitri a renoncé à son rêve de richesse et Anastasia à son rêve d’une famille… Mais il y a un endroit où ils peuvent certainement atteindre leurs rêves : l’Amérique. Il ne reste plus qu’à se payer le billet. Et non, Dimitri, hors de question d’arnaquer quelqu’un pour trouver l’argent. Alors, comment font-ils ?



Fic - Antigone
Créon + Antigone : il se remémore la petite fille qui courait dans ses jambes avec ses frères, à quel point elle a changé, et à quel point pas du tout.
- Dialogue fluffy mais triste avec Antigone qui se rappelle aussi la tendresse de son enfance mais reste campée sur ses positions, ou monologue de Créon : seul, à Antigone qui ne l'écoute pas, qui dort paisiblement, ou qui est déjà morte ? Tu peux évidemment inclure ou évoquer d'autres personnages (j'aime aussi beaucoup Ismène).
Tu n'as pas précisé de dessin pour ce fandom, mais si ça t'inspire, ça m'irait vraiment très bien aussi !! Sous forme visiblement théâtrale (avec le choeur, un environnement clairement décor artificiel, des spots...) ou pas.

Fic - Antigone
Antigone & Créon : Quand Antigone était petite, Créon lui donnait déjà des leçons de politique.
- Détails facultatifs : Il n’était pas encore roi mais elle était déjà aventureuse, et à l’époque elle le trouvait sans doute infiniment sage… J’imagine par exemple Antigone voulant voir son père pendant que celui-ci conférait avec ses conseillers et Créon la distrayant avec des explications qui n’étaient probablement de son âge ?

Fic - Antigone
A la fin de la pièce, la conversation que peuvent avoir Créon et Ismène, les deux survivants. Comment ils se réconfortent ou au contraire s'opposent dans leur manière de réagir la tragédie et ses conséquences qu'ils sont désormais seuls à pouvoir gérer. Peut-être quelque chose au ton très doux-amer ? Ou juste déprimant, c'est selon !

Fic - Antigone
Le Chœur revient sur la soirée de bal où Hémon a demandé la main d'Antigone, et cogite sur ce qui aurait pu se passer si Hémon avait demandé Ismène en mariage à la place.



Fic - Arrival / Premier contact
Couple canon.
J’aimerais lire sur ce qui se passe après le film également ! Je n’ai pas d’idées précises, mais quelque chose sur le deuil évidemment, mais aussi sur l’impact de pouvoir parfois voir dans le futur, tant dans les relations personnelles que d’une manière plus générale ?



Fic - Baccano!
Fic humoristique tentant d'expliquer comment donc Miria et Issac ont bien pu voyager de New York à Tokyo... et pourquoi ! (ils peuvent aussi croiser des persos de Durarara !! si cela t'inspire~)



Fic - Bienvenue à Gattaca
Vincent/Jérôme + "On danse?" (angst, fluff ou même nsfw, peut-être délire alcoolisé de l'un?)

Fic - Bienvenue à Gattaca
Leur quotidien devient pesant, à force de se cacher ou de mentir à leur entourage. Ils se confient l’un à l’autre. Ils sont les seuls à se comprendre.
Détails facultatifs : Si les détails de leur vie quotidienne se répondent, ce serait un plus. Il peut y avoir de la jalousie, des regrets ou d’autres sentiments mis en avant par leur conversation.

Fic - Bienvenue à Gattaca
(Eugène/Vincent) Pourquoi pas une version où Eugène ne se suicide pas, ou en tout cas pas tout de suite à la fin du film . Vincent pense beaucoup à lui pendant son année dans l’espace, incapable de savoir comment Eugène gère sa dépression et son alcoolisme maintenant qu’il vit à nouveau seul. Comment se déroulent leurs retrouvailles ? Dans quel état Vincent retrouve-t-il son ami ? Quel avenir pourraient-t-ils avoir ensemble ? A toi de voir si ça se termine bien ou pas !



Fic - Bioshock Infinite.
Crossover avec Bioshock. Les Lutèces aiment voyager entre les dimensions et, cette fois, ils ont décidé de visiter Rapture, ou plutôt d'y envoyer Booker DeWitt et Elizabeth. La raison ? Curiosité scientifique. Si possible une rencontre avec Jack Ryan, le héros de Bioshock, mais aussi les Petites sœurs, Tenenbaum. La brève vision de Rapture dans Infinite m'a laissé sur ma faim.



Art - Black Sails
Flint/Thomas Hamilton, je n’ai pas particulièrement d’idée, juste rien de angst :)

Fic - Black Sails
Eleanor/Vane
Comment dans le passé Vane ‘trahit’ Teach pour Eleanor et comment ça le bouffe un peu avant qu’il ne laisse son attirance pour elle prendre le dessus.
Rating : comme tu veux

Fic - Black Sails
Flint(/)Silver, (past Flint/Thomas Hamilton) + Rivaliser avec un mort.
Silver est quelqu'un qui ne doute généralement pas de sa propre valeur mais comment est-ce qu'on peut tenir tête à un fantôme, là est la question. J'aimerais bien voir Silver être mis face au fait qu'il n'arrive pas à la cheville de l'homme idéal qu'était Thomas Hamilton, premier amour de Flint - en gros, ça pourrait être intéressant de voir Silver tenir une sorte de rivalité avec le fantôme de Thomas et faire des pieds et des mains pour gagner l'admiration du Capitaine malgré cette compétition impossible à gagner.
Bonus facultatif : Quant aux sentiments de Flint, c'est à toi de décider s'ils sont partagés ou non ou même si Flint remarque le manège de Silver ; ça peut être décrit sur un ton comique (la jalousie de Silver le pousserait à faire le pitre ou bien ce serait raconté du POV d'un autre membre de l'équipage qui trouve la situation drôle) ou plus dramatique/sérieux. Le rating n'est pas fixe non plus donc pas obligation de le faire monter trop haut.

Fic - Black Sails
Eleanor/Max, Eleanor/Charles Vance + Assumer ses choix.
J'ai toujours regretté qu'on ait un peu glosé sur les sentiments et la psyché d'Eleanor dans la saison 1 par rapport à sa décision de collaborer avec Flint et son abandon de Max. Du coup, j'aimerais bien voir une oeuvre qui explorerait les choix qu'elle a fait et les doutes qu'elle pourrait éventuellement avoir à l'idée d'abandonner son amante ou de renouer avec Vance ou de demander de l'aide à son père - sans avoir besoin de faire une oeuvre longue, ça pourrait simplement être un court moment d'introspection pendant un épisode ou une coda, du moment que c'est Eleanor centric durant la première saison, tout me va.
Bonus : Si elle imagine la vie qu'elle aurait pu avoir en s'enfuyant avec Max / en ne banissant pas le capitaine Vance de Nassau, si elle envisage de revenir sur sa décision - je ne serais pas contre en ce que cela vire complètement AU de la saison une, honnêtement. Le sexe est optionnel - une simple mention ou suggestion me suffit si tu n'es pas inspiré.e.

Fic - Black Sails
Flint/Thomas Hamilton, Flint sauve Thomas Hamilton et ils fuient vers Nassau.



Fic - Black Swan
Lily/Nina (si c'est ok dans ce sens ?)
- Les deux danseuses essayent de travailler ensemble plutôt qu'en rivalité, ce qui donne l'occasion à Lily de se rendre compte que Nina n'arrive pas à démêler ses envies : est-ce qu'elle veut coucher avec Lily, est-ce qu'elle préférerait être Lily ? et cette dernière décide de s'atteler à la résolution du problème (avec l'issue que tu préfères).

Fic - Black Swan
Nina/Lily : en pleine production, Thomas décide de prendre un vrai risque et faire partager le rôle des deux cygnes à Nina et Lily (je te laisse décider des détails). La relation des filles se trouve donc fortement chamboulée (rivalité ? complicité ? jalousie ou soulagement de partager la vedette ? intimité en tout cas !), et Nina gère... comme elle peut.
- Je te laisse choisir si ce scénario finit mieux ou pire pour Nina et dans quelle direction part leur relation réelle (ça peut n'être que de l'écharpage entre rivales), du moment que c'est au minimum extrêmement tendancieux dans la tête de Nina. ;) Dans l'esprit du film, tu peux rajouter d'autres ships comme du Thomas/Nina, Lily/des gens quelconques, etc.

Fic - Black Swan
Nina/Lily (avec du Thomas/Nina en fond) + Role Reversal AU (Metteuse en scène!Lily, Danseuse!Nina, Danseur!Thomas).
Nina est toujours la danseuse timide et perfectionniste que l'on connaît mais les rôles de Thomas et de Lily sont intervertis : Thomas est le danseur décomplexé qui doit jouer le rôle du prince et sur lequel Nina a un crush depuis toujours et Lily est la metteuse en scène qui voit en Nina un potentiel incroyable et la pousse pour qu'elle libère ce potentiel durant la scène où elle doit jouer le cygne noir, n'hésitant pas jusqu'à aller séduire Nina elle-même pour la décoincer.
Bonus: Libre à toi de le Nina/Lily est explicite ou non, ce sont surtout les relations entre personnages et leur psyché qui m'intéresse - est-ce que Lily finit par réellement développer des sentiments ou non, est-ce que la fin du spectacle est différente de celle proposée par le film, etc.



Fic - Blood Alone
Quelque chose dans le même ton mélancolique que le manga sur la relation entre Kuroe et Misaki, avec le point de vue de Misaki, toujours consciente que Kuroe ne la prend pas au sérieux sur ses sentiments parce qu’elle a l’apparence d’une petite-fille et ce, à tout jamais. Mais avec une volonté de continuer à profiter de l’instant présent et du lien spécial qui les lie.
Facultatif : Les autres personnages peuvent faire une apparition.



Fic - Le bon, la brute et le cinglé
Do Won/Chang Yi - Prequel & UST
- (Il ne me semble pas qu'ils se soient rencontrés avant le film, auquel cas c'est un AU ?) Bref, une rencontre entre le Bon et la Brute avant le film, avec une relation électrique en prime. Romance ou simple UST, avec ou sans porn, tant que l'UST y est ça me suffit :D :D :D



Fic - Bride Stories
Du Shirin/Anis !
Shirin voit bien qu'Anis est fascinée par elle, par son visage et son corps ; alors, maintenant qu'elles sont sœurs conjointes, vivent sous le même toit et sont mariées au même époux, Shirin prend soin d'Anis à son tour ? De la tendresse (voire de l'érotisme) dans leur vie quotidienne, avec Shirin qui décide, au moins pour quelques jours, de se consacrer pleinement à Anis au lieu d'être celle qu'Anis vient toujours chercher et couvrir de ses attentions.

Art - Bride Stories
Pariya et Kamora dans leur vie quotidienne au village !
L'une qui coiffe les cheveux de l'autre ? Une danse entre amies ? Une séance de couture ? Pariya prenant des risques et Kamora s'inquiétant ?

Art - Bride Stories
Shirin/Anis, aussi sensuel et sexy que tu peux.
- Je pense à l'équivalent de leur nuit de noce, mais je serais très contente aussi avec juste une discussion innocente allongées au hammam. Rappel, on sait qu'Anis admire beaucoup la poitrine de Shirin. Perversion de pastèques autorisée.

Fic - Bride Stories
Joruk, sa vie, sa famille chiante, son cousin trop beau et chiant.
- Azher/Joruk donc, n'importe comment (sens unique, établi, se concrétise pendant la fic...), crack ou sérieux. Pour rester dans l'ambiance du manga, ça serait bien d'avoir d'une manière ou d'une autre le thème du mariage ! Peut se passer avant le mariage d'Amir, ou au stade actuel de la prépublication (discussion avec ou même PDV de Karluk ?).

Fic - Bride stories
Amir emmène Karluk chasser. Surtout un prétexte pour voir un moment de complicité et d'apprentissage entre eux !



Fic - Brooklyn 99
Encore un AU Harry Potter ! Jake, Amy, Rosa et Terry sont un groupe d’Aurors un peu bras cassés. Holt essaye désespérément de les superviser mais avec la magie, on ne sait jamais sur quoi on tombe (un trafic d’objets maudits aux effets secondaires pourris ? Une drogue magique ? Un gang de voleurs animagus?)! Lâche toi !

Fic - Brooklyn 99
le tumblr de Gina
On sait que canoniquement Gina est très active sur les réseaux sociaux, suit des célébrités et se vexe si quelqu’un ne like pas ses tweets… Et du coup je la vois totalement sur Tumblr avec un compte à peine anonyme du genre Lina Ginetti (avec un layout plein de loups, de paillettes et de gifs de flashdance ?) avec des milliers de followers qui attendent avidement ses récits hautement déformés et romancés, mais aussi très drôles et pas si mal écrits de la vie du commissariat…
C’est l’idée de base, que tu peux triturer dans le sens que tu veux ou axer plus particulièrement sur tes persos préférés ! La fic peut être des extraits de posts ; une aventure particulière ; ou encore le jour où l’un de ses collègues tombe dessus et découvre ce qu’elle écrit sur eux (est-ce qu’elle leur a donné des noms de code ? est-ce que ça trahit qu’en fait elle les aime bien malgré ses protestations du contraire ? est-ce que ça révèle des choses dont eux-même ne s’étaient pas rendu compte ou les secrets sensément bien gardés des uns ou des autres ? etc)
Je n’ai pas de desiderata particulier, tant qu’on retrouve l’amitié et la légèreté parfois loufoque des persos et de la série ! :)

Fic - Brooklyn 99
Jake Peralta & le reste de l'équipe + Célébration juive (Hannukah, etc.)
Je suis un peu déçue qu'on ne mette pas plus en avant le fait que Jake est canoniquement juif et puisqu'on a eu un épisode Thanksgiving, je propose un moment où Jake décide de célébrer une fête juive traditionnelle avec l'équipe (ou juste un membre particulier, ça peut être Ray, Amy, Charles, Gina, etc.). Le prompt demande un peu de recherches mais gardons aussi en tête que Jake n'est pas non plus extrêmement attachés aux traditions.
Bonus : Pas de angst à rallonge en général, juste du bon gros fluff des familles. Peut également glisser sur du Jake/Amy, du Jake/Holt (en père/fils) ou du Jake/Charles (en brotp).



Art - Carmilla (websérie)
Laf' / Perry. En déguisements de halloween !

Fic - Carmilla (websérie)
Lafontaine/Perry : Lafontaine découvre ce qui s’est passé pendant la saison 0 avec Perry, comment va-t-elle réagir ?
Détail facultatif : si JP peut servir de conseiller à Lafontaine ce serait sympa. Et plutôt un happy ending.



Art - Carry on
Simon/Baz - Zoom sur leurs visages
- Sur au moins deux des couvertures du livre, les visages de Simon et Baz se font face en mode silhouette. Ben j'aimerais bien voir ça, en mode "réaliste" (ou dans le style que tu veux) à la place des silhouettes, et peut-être que l'un a la main sur la joue de l'autre :D



Fic - Chapeau melon et bottes de cuir / The Avengers
John Steed/Emma Peel - Comment être romantique au milieu de leurs missions ?
- Je n'ai/ rien contre le NC-17, mais là, je pense plutôt au fluff.



Fic - Chérif
Cherif/Adeline - Adeline pensait que seule Maman Chérif aurait un Avis (avec un A majuscule) sur leur couple, mais en fait, c'est tout le monde.
- J'aimerai un happy-end.



Fic - Chobits
Au début, tout le monde pense qu'il s'agit de ses facéties habituelles, que si "Sumomo est bizarre", tout est normal - mais en fait, Sumomo est vraiment en train de tomber en panne.
Soit quelque chose sans conséquence (avec des réparations rapides), soit quelque chose de plus sérieux avec, progressivement, l'AI de Sumomo qui lâche complètement sans que les autres ne puissent rien y faire, même pas Kotoko.



Fic - Le cinquième élément
Une fic humoristique où l'émission de Ruby Rhodes pendant le concert eu tellement de succès qu'on lui demande de faire une nouvelle émission où il suit plusieurs heures par jour Leelo et Corben pour rapporter en direct leurs activités, à la grande fureur de Corben bien sûr. Ruby se retrouve alors propulsé dans des aventures plus explosives les unes que les autres et/ou obligé de décrire le quotidien le plus inintéressant possible du couple.



Fic - Clover
Ran/Gingetsu, post-canon. A a promis qu'il reviendrait quand Ran aimerait quelqu'un plus que lui, et ce jour est arrivé. Rupture dans le quotidien, confrontation violente et tragique. (Avec la fin que tu veux !)



Fic - Le Club des Cinq
Pour une raison Absolument Raisonnable Et Justifiée (filature d'un suspect qui les a identifiés ? Infiltration dans une colonie de vacances pour filles afin de résoudre un Mystère sur place ? Annie&Claude qui ont décidé "que" ?), les garçons doivent se faire passer pour des filles.
(Je n'ai rien ni contre le François/Claude, ni contre le Mick/Claude !)



Fic - Constantine (film)
John/Chas – Post-film, quelques mois/année plus tard.
John n’est pas du genre à s’attarder sur la mort des gens qui l’entourent, par pur désir de garder un semblant de force mentale. Mais celle de Chas semble l’affecter plus que les autres, la culpabilité rôdant sur les bords de son esprit, accompagné de chagrin dans les moments les plus durs. Et ça devient encore plus difficile de maintenir ces sentiments sous cloche lorsque Chas réapparait, mi-ange mi-humain.
Je veux bien que ça tourne en John/Chas, avec un petit rating M



Fic - Crossover - Overwatch + Transistor
Sombra et Red. En piratant le net, Sombra a trouvé des codes intrigants et entre en contact avec Red. Coupling possible. Red reste-t-elle à l'état de données ou prend-t-elle corps ? Je vois bien Sombra très curieuse au sujet de cet univers basé sur des codes informatiques.

Fic - Crossover - Agent Carter / La Momie
Peggy(/Angie), les O'Connell - Rencontre sur une mission
- Par le biais d'une mission, Peggy se retrouve à devoir enquêter en ancienne Egypte (à moins qu'elle ne doive retourner à Londres, ce serait fun aussi). Et elle a emmené Angie avec elle (voire, pourquoi pas, Ana, et si Dottie finit par s'en mêler, c'est très bien aussi). Et elle se retrouve face à une famille pour le moins étrange. S'ensuivent des aventures un peu folles…

Fic - Crossover - Everworld x Mythologie hawaienne
le groupe se retrouve dans la version Everworld de Hawaii pour une raison quelconque. Chris est ravi d'avoir enfin un peu de vacances dans ce paysage de rêve. Evidemment, ça n'est pas des vacances.
- Qu'il leur arrive toutes les emmerdes imaginables. Jalil a probablement des récriminations contre la géologie et la volcanologie d'Everworld.
Post-canon ou insertion pendant les bouquins (Senna peut être là), tous ships éventuels bienvenus, y compris crack ou, évidemment, incluant des figures mythologiques (du slash, du slash !).



Fic - Le Cycle d’Ender
PoV de Bean à propos d'Ender. Ils sont aussi intelligent l'un que l'autre, pourquoi est-ce que c'est Ender qui a tout ? Est-ce que Bean lui envie cette place d'ailleur ? Jalousie, relation complexe et à sens unique. A quel moment Bean décide-t'il de donner son allégence à Ender ?



Fic - Dishonored
Corvo Attano/Jessamine Kaldwin (l'impératrice) Scènes du couple expliquant comment le Protecteur a fini par tisser une relation intime avec l'impératrice, comment ce même Protecteur a du cacher sa parenté à Emily. (parce que on se doute que la cour et d'autres ont des soupçons) Ses sentiments alors qu'il croit avoir perdu Emily lorsqu'elle est enlevée.



Fic - Disney - Le bossu de Notre Dame
Scène coupée : Frollo retient Esmeralda avant le bucher pour sorcellerie, elle doit choisir, lui ou le feu. On pense le rapport de force établi, c'est Frollo qui abuse d'Esmeralda, la traite de putain. Mais en réalité, bien que captive, c'est Esmeralda qui le torture mentalement. Puisque c'est un peu ooc pour elle, je vois bien une sorte de possession (sorcellerie !!!! XD) d'un esprit gitan plus retors, plus vicieux, qui reussit presque à terroriser Frollo, à le faire succomber d'une crise cardiaque. Pour la fin, soit tu repars sur le déroulement du dessin animé, soit divergence totale !

Fic - Disney - Maléfique
Diaval essaye d'expliquer à Aurore que l'amour qu'il a pour Maléfique est comme celui des corbeaux, pas comme celui des humains (quand les corbeaux choisissent un partenaire, ils restent avec jusqu'à leur mort sans jamais en changer) – asexualité plus que recommandée

Fic ou art - Disney - Vaiana
Vaiana et Maui, Vaiana présente Maui au village/à ses parents.

Fic - Disney - Moana
Depuis qu’elle est rentrée sur son île, tout va pour le mieux pour Moana. Elle guide son peuple à la redécouverte de l’océan. Elle devrait se sentir comblée de pouvoir être aussi souvent au delà des récifs, à naviguer. Pourtant, quelque chose lui manque… serait-ce le sourire de Te Fiti ? Mais… et son océan bien aimé, dans tout ça ? Moana ne sait plus où elle en est et en désespoir de cause, elle se tourne vers celui qui pourra l’écouter : Maui.

Fic - Disney - Les Mondes de Ralph
post-film, Ralph et Felix se rendent compte que mine de rien ils sont devenus très bons potes. Bromance, développement de personnages, avec un peu de danger/hc dedans (si possible) et pas mal d'humour ?

Fic - Disney - Mulan
Fic Mulan centrée sur Shang qui tombe amoureux sans le vouloir de Ping et sa lutte contre ses sentiments avant de les accepter puis d'être à nouveau chamboulé en réalisant que Ping est une femme. J'aimerais particulièrement le voir trouver des confidents et soutiens enthousiastes dans le trio Yao, Ling et Chien Po

Fic - Disney - Mulan, Kuzco
Pourquoi pas un AU dans l’espace pour Mulan (ou même un crossover avec Star Wars) où elle ferait partie d’un commando de protection intergalactique, sous le commandement de Chang évidemment. Amours interdits, aventures spatiales, angst, combats épiques, tranches de vies, exploration, amitiés, trahisons… (Mulan/Chang)
Ou un AU Harry Potter pour Kuzco, où il serait un élève animagus (talent familial?) crâneur que tout le monde déteste, et qui découvre un jour que sa forme est un lama…

Fic - Disney - La petite sirène
Ariel & Ursula
Où Ursula gagne la guerre, tue Eric et garde le roi Triton comme polype dans sa ‘collection’ d’âmes en perdition. Ariel arrive à s’enfuir, devant se cacher de la nouvelle Reine des Océans. Sous le règne de terreur, il faut bien s’organiser pour survivre et garder espoir que tout n’est pas perdu.
- ça peut tourner en Ariel/Ursula mais pas obligé.

Fic - Disney - La petite sirène
Ariel/Ursula
Ariel ne reçoit pas son baiser de l’amour véritable, tout simplement parce qu’Eric ne ressent pas un amour suffisamment fort pour elle. Amère, la sirène tire un trait sur le monde des humains mais ne veut pas non plus retourner auprès de son père qu’elle rejette. Elle est toujours liée à Ursula par contrat. Pendant que cette dernière cherche un moyen de tirer profit de la situation, Ariel s’acclimate de l’antre de la sorcière.
- Qu’Ariel grandisse un peu, que leur relation soit complexe mais de plus en plus profonde. Et enfin, que le Ariel/Ursula surgisse !

Fic - Disney - La petite sirène / Peter Pan
Ils allaient enfin vivre heureux, Ursula vaincue, Ariel transformée en humaine, leur mariage célébré … Jusqu’à ce qu’un matin, Eric se réveille seul. Il va devoir voyager jusque dans des contrées inconnues, au-delà du matin pour suivre la trace de sa bien-aimée.
- Ariel fuit dans le Pays Imaginaire, à toi de voir qui/quoi. Et libre aussi de garder le couple ou de le faire exploser.

Art - Disney - Peter Pan
80’s punk rock of england AU, avec Peter plein de tatouages trop une rock star en carton, et les enfants perdus en petits voyous avec des styles vestimentaires qui respirent les banlieues de Londres, les pubs etc…



Fic - Dom Juan
Dom Louis : La première fois que les indiscrétions de son fils arrivent aux oreilles de Dom Louis.
- Détails facultatifs : Par exemple, ce peut être parce que cette fois-ci Dom Juan a besoin de son père pour se sortir d’affaires, ou par le bavardage de Sganarelle, ou les plaintes d’une famille offensée… Je trouve émouvant le personnage de Dom Louis et intéressant le moment où sa façon de voir son fils a dû basculer : « J'ai souhaité un fils avec des ardeurs nonpareilles, je l'ai demandé sans relâche avec des transports incroyables, et ce fils que j'obtiens, en fatiguant le Ciel de vœux, est le chagrin et le supplice de cette vie même dont je croyais qu'il devait être la joie et la consolation. De quel œil, à votre avis, pensez-vous que je puisse voir cet amas d'actions indignes dont on a peine aux yeux du monde d'adoucir le mauvais visage, cette suite continuelle de méchantes affaires, qui nous réduisent à toutes heures à lasser les bontés du Souverain, et qui ont épuisé auprès de lui le mérite de mes services, et le crédit de mes amis ? »



Fic - Dragon Age Inquisition
F!Mage Adaar/Josephine. Le couple décide de passer une dernière nuit avant l'affrontement final. Et la magie permet bien des choses... Flashbacks aussi sur comment le couple s'est formé malgré les différences culturelles et de races.

Fic - Dragon Age Inquisition
Hawke/Fenris - Retrouvailles
- Hawke retrouve Fenris après les événements le concernant dans DA:I, et j'aimerais beaucoup quelque chose qui explore la réaction de Fenris face auxdits événements. OU ALORS, Fenris qui se pointe à Skyhold vu que Hawke met un peu trop de temps à revenir à son goût? (ce qui donnerait l'occasion de le voir interagir avec d'autres persos de DA:I)

Fic - Dragon Age Inquisition
Krem (et autres) - Une journée à Skyhold
- Une journée plus ou moins typique passée à Skyhold et vue par Krem, avec la participation d'autant de personnages que possible. Si tu veux y intégrer des concours débiles, n'hésite pas :D

Fic - Dragon Age II/Dragon Age Inquisition
Varric, Isabela, Merrill, Dorian, Bull les Chargeurs, Sera et n'importe quel autre compagnon/membre de l'entourage des héros - Rencontre des compagnons
- Le monde est en danger (encore). Et voilà que, par le biais du hasard, les compagnons de Hawke se retrouvent au même endroit... de même que certains proches de l'Inquisitrice. Varric se charge de faire les présentations, et bientôt tout le monde se retrouve à converser, échanger des histoires en mode "mon héroïne est encore pire que la tienne". Hawke est en couple avec Merrill de préférence (ou Isabela, ça me va aussi), l'Inquisitrice avec Josephine (ou Sera), mais pas besoin que ce soit mentionné. Tu peux intégrer autant de compagnons que tu veux à la grande réunion ! Et la faire dégénérer également :D



Fic - Dreamworks - Road to El Dorado
Tulio/Miguel
Leur grande cupidité pourrait les mener à monter un plan où ils font croire qu’ils sont ensembles.
C’est surtout la discussion où ils se mettent d’accord qui m’intéresse. Tout ceci peut rester au stade de l’amitié avec des questionnements ou aller plus loin.

Fic - La route d’Eldorado
Miguel/Tulio/Chel, pendant ou après le film.
Jalousie ! Confusion ! Quiproquos ! Discussions émotionnelles maladroites et embarrassantes !
L’ajout de Chel au duo dynamique formé par Tulio et Miguel ne se fait pas sans mal. Chel découvre (parfois avec difficulté) le monde occidental, il faut qu’ils retrouvent un équilibre, et ce n’est pas facilité par le fait qu’à sa grande confusion Miguel ne sait plus trop de qui il est le plus jaloux ni pourquoi !
J’aimerais une fic avec fluff et humour, qui montre l'interaction entre eux trois, comment les liens se tissent, parfois avec difficulté, et comment ils finissent tous les trois ensemble ! Et bonus si le tout est sur fond d’aventure ou d’arnaques parce qu’ils ne se refont pas ! :)



Fic - Elementary
Watson/Sherlock - Ils aiment tous les deux leur vie domestique, presque de couple, mais s'ils n'ont rien contre le sexe -et ils le font allègrement avec les autres-, ils n'ont aucune envie de le faire entre eux. Mais comment le dire à l'autre ?
- Je n'ai rien contre le NC-17, mais là, pas entre eux (ou alors du sexe avorté).

Fic - Elementary
Gen. Marcus, Joan et Sherlock qui passent du temps ensemble en dehors d’une enquête. Sherlock essaye de prendre soin de son amitié avec Joan et Marcus, parce qu’il trouve les mots insuffisants à ce sujet. Pour cela, il décide que des activités ensemble sont à envisager, mais si prend un peu mal en les invitant (visite de musées, concerts, matchs de sports, cours de cuisine…). Malgré cela, Joan et Marcus sont très touchés par son geste et au final passent de très bons moments en sa compagnie.
Facultatif : Si le Capitaine Gregson est aussi inclus.

Fic - Elementary
Joan et Sherlock en amitié - Régulièrement, les gens pensent que Joan est la petite amie de Sherlock et... C'est gênant. Vraiment. Alors un jour, elle se décide à faire en sorte que plus personne ne le pense. Sans prévenir Sherlock, bien sûr.
- Je n'ai rien contre le NC-17, ni contre les quiproquos, le fluff et que Joan soit en couple avec quelqu'un d'autre ou quelqu'une d'autre.



Fic - Les enfants loups
Une fic centrée sur Ame, et son sensei. Introspection du personnage d'Ame, de son amour pour la nature, qui entre en conflit avec son affection pour sa famille. Situé avant la fin du film donc, mais peut explorer une fin différente.

Fic - Les enfants loups
A la suite du film, la relation de Yuki avec Ame tandis qu'elle grandit : leurs différences, leurs choix, la distance qui s'installe, l'incompréhension, ... bref, de l'angst familial et identitaire comme Yuki vit sa vie.
- Mais ça peut finir bien sur une compréhension ou au moins un respect mutuel ;) Est-ce que Yuki arrive à trouver un équilibre entre ses deux natures, ou essaie-t-elle d'oublier sa moitié loup et sa famille à la montagne ? Peut-être Ame considère-t-il que Yuki trahit sa nature, ou bien est-ce que c'est Yuki qui pense ça ? A quel point étaient-ils réellement proches enfants, sont-ils si différents à présent ? Hana peut-elle les aider ?
Pur gen, ou Yuki peut avoir une ou des relations amoureuses, fonder une famille, etc., avec Sôhei ou OC.



Fic - ERASED
La séduction de Yashiro.
- Kenya/Yashiro et/ou Satoru/Yashiro ou même en impliquant Kayo, abstraco-symbolique... ou très littéral, tu as toute liberté d'être absolument dégueulasse. En tout cas, manipulation tordue, jeux de pouvoirs, de non-dits, de tu-ne-sais-pas-que-je-sais-que-tu-sais... Peut éventuellement être une timeline alternative (Bad End ou pas), reste ou non dans le sein du canon que tu veux.



Fic - Everworld
Les quatre : Après la mort de Senna, les mains d’April sont toujours sales. Jalil lui apprend à les laver, Christopher à ne pas trop les laver, David à ne plus croire qu’un jour elles seront propres.
- Détails facultatifs : Ce n’est qu’une suggestion, autour de la mort de Senna et de la question de leur responsabilité : les quatre personnages ne sont pas forcés d’intervenir. De même, une autre thématique peut fonctionner aussi bien : il s’agit surtout de mettre en scène l’entraide et la relation (semi-fonctionnelle…) entre eux à la fin de la série.



Fic - Fables
Une fic sur le clan des loups, centré sur Bigby/Blanche et leurs difficultés à passer du temps en couple et à être autre chose que des parents alors qu'ils ont tous leurs enfants en permanence dans les jambes

Fic - Fables
C'est l'anniversaire de Bigby et Snow a imposé à tout le monde d'organiser une fête et de faire des efforts auprès de Bigby. Bien entendu les vieilles rancunes demeurent tenaces. Je suis pour la fin où le Crooked Man a fini transformé en corbeau – histoire que la fin soit pas trop creepy pour le pauvre Bigby. Exceptionnellement ceux envoyés à la Ferme sont eux aussi invités. De quoi permettre l'intervention de Toad, TJ... et je dis pas non à une apparition de Colin qui s'invite de lui-même.

Fic - Fables (comics + The wolf among us)
Celui-ci est plus un prompt d'illustration. J'aime Bibgby, j'aime les histoires de gangsters à la Capone, et surtout les costumes, donc je rêve de le voir ainsi. Et si c'est pas aussi bien ajusté que ça devrait, si le loup ressort par endroit, c'est encore mieux.



Fic - Fangirl
Cath devient de plus en plus connue en tant qu'auteur, mais on ressort Carry On, avec des scènes de sexe et elle ne sait pas comment le gérer, surtout qu'elle continue à écrire des fics en secret.
- Je n'ai rien contre le NC-17 avec Cath, mais c'est pas nécessaire. Et j'aimerais bien que Cath et Levi soient toujours ensemble.



Fic - Fantômette
Fantômette/Œil de Lynx - Les différentes tentatives de séduction de Fantômette envers Oeil de Lynx à travers les âges qui ont échoué et celle qui a marché.
- Je préférerais que Oeil de Lynx ne soit pas séduit avant que Fantômette ait 17 ou 18 ans au moins.



Fic - Firefly
Une histoire un peu fluff sur le quotidien de l'équipage et des passagers de Serenity quand ils ne sont pas poursuivis par les mains en bleu.



Fic - Les frères Karamazov
Ivan, Alexei, Dimitri, Smerdiakov, Fiodor
Fiodor n’a jamais été un père exemplaire mais, malheureusement, il a eu une empreinte considérable sur la vie de ses fils qui ont tous eu à un moment de leur vie une confrontation/discussion avec lui. Comment cela s’est-il passé ?
Détails facultatifs : plutôt en forme de petite scénette et si c’était possible d’avoir quelques passages entre les frères ce serait cool. Et n’hésite pas à faire bien angst pour Smerdiakov et Dimitri.



Fic - Nouvelles de Gaiman - The Sleeper and the Spindle
La reine + les nains : et elle vécut heureuse — et après ?
- L'aventure suivante, dans l'esprit du canon, ou simplement le voyage (introspection sur sa décision et sa nouvelle liberté, discussions avec les nains...). Sentiments ambigus et nostalgiques envers son fiancé abandonné, envers des personnages rencontrés dans le canon, femslash avec autre(s) perso(s) d'autre(s) conte(s) : tout ça est plus que bienvenu, mais pas obligé, du gen pur c'est parfait aussi.



Fic - Galavant
Du Gareth/Richard au cours de la saison 1 où Gareth réalise soudainement qu'il aime son pathétique ami/roi et essaye de se faire à l'idée et d'oser lui avouer (si possible en chanson, pour rester dans l'ambiance de la série)

Fic - Galavant (TV)
Gareth/Richard ou Galavant/Richard
J’ai bien apprécié l’évolution de Richard dans la série, et du coup j’aimerais voir une fic ou le point de vue des autres personnages sur lui évolue aussi. (Attention, ça ne veut pas dire qu’il devient le parfait héros d’action, j’aimerais qu’à côté de sa compétence nouvellement trouvée il garde ses spécificités pour lesquelles il a été parfois ridiculisé, mais que le point de vue des autres évolue aussi là dessus !) Ca peut être du slash, ou pas, comme tu veux (tant que ça ne signifie pas mettre au placard les persos féminins pour faire de la place), et si tu te sens de leur faire pousser la chansonnette, va-y ! N’hésites pas non plus à casser le 4ème mur comme le fait parfois la série, et bonus si on voit Tad Cooper le lézard-dragon !
Et sinon, une fic post canon avec Gareth et Sid lancés à la recherche de Madalena pour lui faire renoncer au côtéobscur du D’Dew me plairait bien ! (Avec ou sans Gareth/Madalena.) J’aimerais bien voir ce que peut donner le DEL (Dark Evil Lord) conseiller de mode et comment il gèrerait une Madalena surpuissante et mégalo ! (Ou alors elle se met au yoga et découvre qu’en fait son désir de pouvoir découle d’une insécurité profonde qui date de sa petite enfance et que si elle travaille sur elle-même elle peut- naann... elle préfère être surpuissante en fait. ^^)
Comme tu peux le voir plein de choses différentes me plairaient sur ce fandom, tant qu’on y retrouve l’humour et l’ironie du canon ! N’hésites pas si tu as d’autres idées.



Fic - Les gardiens de la galaxie
Rocket et Star Lord tentent de réparer le vaisseau. Et ils se la jouent perso.
Détails facultatifs : Les termes techniques peuvent être imprécis (voire même complètement bidons/inventés…) du moment qu’ils se cherchent et se sabotent mutuellement.

Fic - Gardiens de la galaxie
Groot adolescent fait une fugue. La bande de bras cassés tente de le retrouver.
Petit plus : Ce serait encore plus drôle s’ils ne savent pourquoi Groot a disparu et qu’ils pensent qu’il a été kidnappé (par exemple)… Avec réaction en chaîne débile à l’appui.

Fic - Les gardiens de la galaxie
Peter & Yondu + Relation pre-canon.
Honnêtement, j'aimerais voir un peu plus de la relation entre Peter et Yondu avant que Peter finisse par filer loup solitaire. On sait que Yondu n'est pas un tendre en général mais il a un côté un peu plus doux en ce qui concerne Peter et j'aimerais bien voir une situation où ce côté revient - en plein milieu d'une aventure à la mord-moi-le-noeud, après un incident avec d'autres Ravageurs ou pendant un moment un peu plus calme où Peter a simplement le cafard.
Bonus : Le point de départ peut être une aventure pré-canonique où Peter est encore avec les Ravageurs ou alors post Guardians of the Galaxy vol. 1 où Peter se confie un peu aux autres gardiens (sous la forme de flash-back) ou même Yondu qui viendrait voir Peter une fois que celui-ci est devenu un Gardien. Pas besoin de faire de l'angst, ça peut rester rocambolesque et léger, juste Peter et Yondu qui se marrent bien et passent des bons moments. Si c'est post canon, possible de glisser du sous-texte Peter/Gamora.

Fic - Les gardiens de la galaxie
Peter & Yondhu - Moments difficiles dans l'enfance et l'adolescence de Peter, et comment Yondhu a géré ça (... ou pas)
- Yondhu se retrouve avec un gamin sur les bras, et la cohabitation n'est pas toujours facile. Surtout un gamin en deuil, et qui doit faire face à de grands chamboulements. J'aimerais bien voir tous ces moments (il y a bien dû y en avoir) où Peter a laissé éclater ses émotions d'une manière ou d'une autre (au cours d'une mission ? Un jour qu'ils sont coincés tous les deux et qu'il n'y a vraiment pas d'échappatoire ? Grosse crise de colère ? Larmes ? Refus d'obéissance total et complet ?) et comment Yondhu y a fait face.

Fic - Gardiens de la Galaxie
Les Gardiens en gen - Comment est-ce que les gardiens arrivent à se supporter et éviter de se taper dessus ?
- Je n'ai rien contre le NC-17, ni contre l'humour et les quiproquos.

Fic - Les gardiens de la galaxie
J’aimerais quelque chose d’humoristique centré autour de Groot et son langage ! Peut-être du point de vue de Peter sur le fait que seul Rocket comprend ce qu’il dit (comment ? pourquoi ?) ou sur la manière dont au fur et à mesure tous les persos commencent à savoir interpréter ses “Je suis Groot” et à tenir de longues discussions argumentées… mais peut-être qu’entre les deux il y a des quiproquos et incompréhensions totales, voir même des erreurs d'interprétation…
En gros je veux des interactions de l’équipe, de l’amitié et de la bras-cassitude ! :D
Tu peux avoir un peu de Peter/Gamora si ça te branche, mais je préfèrerais que ce ne soit pas le focus.
Bonus pour Groot ado !

Fic - Les gardiens de la galaxie
Peter et Yondu, sur la relation très abusive qu'ils ont forcément quand on pense à comment Peter est arrivé chez Yondu. Grandir au milieu des pirates, être le petit (et unique) humain du bled, et être tellement bien élevé, qu'il décide de doubler "papounet" et toute sa clique. Donc à la fois sur le côté familial, mais aussi le côté très glauque.



Art - Gengis Khan
Le Vilain et l'Espion étaient en train de danser la valse, et l'Espion embrasse le Vilain pour la première fois, ce qui surprend totalement ce dernier – qui avait déjà un crush sur lui depuis longtemps.



Fic - Ghibli - Le château ambulant
Markl
La backstory de Markl, pourquoi il est là, comment il a rencontré Hauru ou Calcifer, comment en est-il arrivé à vivre avec eux et à devenir l’apprenti de Hauru. Et peut-être comment Calcifer a tenté de le soudoyer lui aussi pour rompre le contrat.
- Comme on ne sait pas beaucoup de choses dans le film, Markl est peut-être beaucoup plus vieux que ne laisse deviner son apparence (ou pas)

Fic - Ghibli - Le château ambulant
Hauru/Sophie
Au moment fatidique, Calcifer n’est pas aussi enclin à rendre le cœur d’Hauru. Il y a le risque qu’il ne survive pas à l’opération mais surtout, après toutes ces années à vivre des émotions du magicien, il s’est profondément attaché à lui et ne souhaite pas être séparé de lui. Il ne concède à le rendre qu’à une seule condition : que Sophie donne son cœur à elle. Sophie fait l’échange.
Désormais, c’est le cœur de Sophie qui fait fonctionner le château.
- A toi de voir quels problèmes/nouveautés s’offrent à eux dans cette nouvelle configuration, comment la relation d’Hauru et Sophie s’articule et surtout, si Hauru trouve une solution ou pas.
Rating : ce que tu veux.

Fic - Ghibli - Le royaume des chats
Un ou deux ans après son aventure au Royaume des chats, Haru vit dans un petit appartement près de son université et elle a pratiquement adopté Muta, qui passe le plus clair de son temps à somnoler sur son canapé. Elle est beaucoup plus épanouie dans sa vie, mais quelque chose lui manque. Un jour, Muta décide de lui organiser un nouveau voyage au Royaume des chats, pour qu’elle puisse revoir le Baron…



Fic - Ghostbusters (reboot)
les Ghostbusters se retrouvent avec le cas d'un fantôme pas agressif et un peu déprimé qui veut juste qu'on la/le laisse tranquille. Abby veut le/la ramener pour l'étudier, Erin préfererait la/le relocaliser, Holtz n'est pas contre l'adopter (c'est plus résistant qu'un chien), et Patty ne tient pas du tout à ce que ce truc vienne l'engluer quand elle se croit en sécurité.



Fic - Gotham
Post épisode 15 saison 3 – Une nuit, Ivy entend Oswald pleurer, enfermé seul dans sa chambre. Le lendemain matin, elle lui apporte quelque chose de chaud et réconfortant à avaler et elle voit qu'il a les yeux rouges. Au début peu enclin à s'ouvrir, il finit par confier – avec son mélodrama habituel – que son cœur est brisé par un amour à sens unique destructeur. Peu à peu il se laisse envahir par la nostalgie et parle à Ivy d'Edward avec tendresse et tristesse.

Art - Gotham
- Ed x Oswald - un ua vampire!Oswald buvant le sang d'Ed.
- Pour les poses, j'avais pour idée soit Oswald mordant Ed dans le cou, par derrière, et ainsi voir l'expression d'Ed, les yeux clos et l'air extatique ; ou bien de profil, Oswald à genoux acceptant avec révérence le poignet tendu par Ed assis en face de lui



Fic - Gravel to Tempo
La fille aux écouteurs/perso d'Hayley Kiyoko
- Peut se dérouler pendant, avant ou après le clip (voire les trois ?). La fille aux écouteurs se rend bien vite compte qu'elle éprouve quelque chose pour le perso d'Hayley, mais reste à savoir ce qu'elle va faire de ces sentiments. (Pas de fin tragique quand même, merci bien ;p)



Fic - Grease
Kenickie/Danny - Ils sont meilleurs potes, mais pour ne pas être ridicule face aux filles, ils sont devenus plus pour une nuit. Ou plus.
- Je n'ai rien contre le NC-17.



Fic ou art - Hamilton
Dessin ou fic sur Laurens, Lafayette et Mulligan avant qu’ils rencontrent Hamilton. Genre, juste avant qu’ils ne rentrent sur scène. De quoi parlaient-ils en buvant leur petit coup ? Des habitudes sexuelles bizarres de Mulligan ? Des idéaux de Laurens ? Du mal du pays de Lafayette ? Juste ces 3 là, encore jeunes et encore pleins d’illusions.



Fic - Hook
Peter/Crochet
Les escapades hors du Pays Imaginaire de Peter sont fréquentes, et peuvent parfois durer. L’île en est toujours affectée. Mais cette fois, son absence est plus longue. Trop longue. Et Crochet, plus que d’autres, en est affecté. Qu’arrivera-t-il s’il ne revenait pas ?
- J’ai dans l’idée que la présence de Crochet est directement liée à Peter et non au Pays Imaginaire et que donc l’absence du garçon peut lui être ‘fatale’.
A toi de voir si Peter revient ou non, et qu’est-ce qu’il se passe avec Crochet lorsque/s’il revient.

Fic - Hook
(Peter/Hook) Pourquoi pas un AU dans l’espace. Crochet et son équipage sillonnent la Galaxie à la recherche de planètes à piller. Peter, son ennemi de toujours, a abandonné ses aventures spatiales pour fonder une famille.
Une fic sur leurs aventures avant que Peter ne parte refaire sa vie loin du Capitaine ? Ou Crochet, qui n’arrive pas à se débarrasser de son obsession pour lui et qui revient vers Peter des années après, afin de lui rappeler qu’il est toujours là ? Angst, érotisme, combats, manipulation et trahison, lâche toi !



Fic - La Horde du Contrevent
Une fic Sov/Caracole/Oroshi se déroulant entre l'arrivée à Alticio et la fin de l'histoire, surtout centrée sur Sov et son acceptation progressive du trio qu'ils forment après un temps de panique et d'incertitude.



Fic - Il était une fois la vie
Petit Gros/Psi/Pierre - Comment est-ce qu'ils se sont mis ensemble et comment ça marche ?
- Je n'ai rien contre le NC-17. J'aimerai bien qu'on trouve un prénom à Petit Gros…



Fic - In the Flesh
Kieren/Simon, après les derniers événements et l’état étrange d’Amy, les deux jeunes hommes décident de partir faire un tour d’Angleterre afin de mieux comprendre ce qui s’est passé. Néanmoins si Kieren est très concentré sur sa tâche, c’est plus compliqué pour Simon de ne pas penser au fait qu’il aimerait bien que leur relation prenne un nouveau tournant.



Fic - Journey
"de l'extrapolation à partir de petits détails" : raconte-moi l'histoire de ce monde ! Soit en narrateur omniscient, détaché, style cosmogonie, soit l'histoire d'un (ou deux) voyageur et ce qu'il sait/comprend, ou pas, de ce monde.
- Quelque chose de poétique, contemplatif, très fort dans la dimension méta du "voyage". De l'angst et horreur avec les éléments existants du jeu est acceptable, mais pas obligatoire. Les "personnages" peuvent être individualisés et humanisés (respect éternel si tu me fais du cul), ou pas.



Fic - Jurassic Park
Owen + ses raptors, Blue
Tu vois les vidéos de bébés animaux élevés avec une autre espèce et qui donnent des amitiés improbables à l’âge adulte ?
J’aimerais voir des bébés tricératops adoptés par la vieille chienne d’un des employés et se persuader que c’est leur maman ; ou un des prédateurs ne pas bouffer la chèvre qu’on met dans sa cage et la prendre sous son aile ; ou les bébés vélociraptors d’Owen se faire martyriser et parfois câliner par un des chats à demi-sauvages qui sont arrivés sur l’île on ne sait pas trop comment et qui restent parce qu’ils sont utiles pour les souris, et même une fois adultes c’est toujours le chat le boss et il rentre dans l'enclos comme il veut, à la stupeur de tout le monde !… (et comme ça Blue n’est pas toute seule à la fin ! Et elle protège le chat quand un autre dino veut le bouffer !)
Bref, je veux des tranches de vies et du fluff ! Jurassic World est le décor le plus logique parce que le parc a tourné un moment avant l’inévitable et prévisible catastrophe, mais si tu vois mieux le prompt avec des personnages d’autres films, va-y !
:D



Fic - Justice League (Unlimited)
Flash et Hawkgirl (ou plutôt Wally et Shayera) se revoient pour la première fois après l'invasion thanagarienne. Gen, avec le côté frère/soeur qu'ils ont dans lae DA.



Fic - Kubo et l’armure magique
La rencontre des parents de Kubo, leurs combats, leurs histoires de familles, les conséquences de leurs choix sur leur vie, de la romance, du drame.
Ou une fix-it fic, où Monkey et Beetle survivent : un nouveau départ pour Kubo qui peut enfin profiter d’une vraie famille (certes un peu étrange, mais famille tout de même). Mais qui dit famille dit aussi adaptation, compromis, et parfois disputes. Les petits tracas du quotidien !



Fic - The Last of Us
Joel/Tess
- Une théorie sur leur rencontre, le début de l'apocalypse cordyceps, comment ils se sont trouvés et s'ils ont été en relation amoureuse avant. Peut-être Tess qui faisait monnayer des choses à Joel de manière sexuelle avant de s'associer avec lui ? (rien d'obligatoire sur ce plan c'est juste une piste) J'aime beaucoup l'idée qu'elle ait l'ascendant psychologique sur lui et qu'il essaie de refouler une certaine attirance pour elle (purement physique ou non).

Fic - The Last of Us
Joel + Ellie
- Joel se rend compte qu'il ne connaît rien de l'histoire de sa protégée. Avant le dernier arc du jeu dans l'hôpital, il essaie (maladroitement, ça reste Joel) de parler avec elle, de la découvrir.

Fic - The Last of us
Ellie & Joel - Excursion qui tourne mal
- Post-jeu (ou au milieu du jeu, ça marche aussi). Une excursion, une mission de ravitaillement, bref, une aventure tourne mal, pour l'un ou l'autre de nos deux héros, et son compagnon ou sa compagne doit gérer la situation. Bonus si Ellie fait référence à Riley d'une manière ou d'une autre :)

Fic - Last of Us.
Joel et Ellie. Scènes de vie après le jeu façon père et fille. Comment survivent-ils loin du monde ? Comment Ellie grandit-elle ? Est-ce que Joel voit encore sa fille en Ellie, ou a-t-il réussi à faire son deuil ?



Fic - Left 4 Dead 2
Nick/Ellis - Nick est le cliché du bad boy collectionneur de conquêtes, aussi Ellis est-il surpris de découvrir qu'il porte de la lingerie en dentelle sous son costard de mafieux. Ce qui occasionne des échanges épicées, des sous-entendus coquins (que les autres ne comprennent pas), et une scène de sexe torride.
- A noter : défonce la vision de la masculinité traditionnelle ! Si Nick se sent bien dans de la lingerie, alors qu'il en porte !



Art - Legends of Tomorrow
Captain Cold/Sara - UST - de la couleur serait chouette, mais noir et blanc me va également très bien -
- J'aimerais beaucoup un bon moment d'UST entre Sara et Len. Peut-être que la première a décidé de se servir du second comme mannequin d'entraînement, et voilà qu'ils se retrouvent à terre, Sara au-dessus bien évidemment. Ou peut-être que l'un(e) a coincé l'autre contre un mur après une discussion très vive. N'importe laquelle de ces deux situations (ou une autre de ton invention, tant qu'ils sont très proches) me conviendrait !



Fic - Legion
David/Syd - David revit un moment de son passé et entraîne Syd dans son souvenir
- David n'a pas eu une vie heureuse, loin de là. Un flashback le force à revivre un traumatisme (je te laisse le champ libre sur ce point mais je préférerais éviter tout trauma de nature sexuel/viol ainsi que des tentatives de suicide, merci), et Syd le revit avec lui, qu'elle ait été entraînée par erreur ou qu'elle soit venue d'elle-même. La présence de Ptonomy est également possible, surtout si c'est pour guider Syd.



Fic - Lego Batman
Un samedi, le Joker emmène Robin en virée parce que Bruce a refusé d'emmener le gamin au parc d'attraction. Le Joker décide de l'emmener dans un endroit beaucoup plus fun – un endroit rempli de monstres ou un truc comme ça. Batman doit venir à la rescousse pour les sauver. Le Joker et Batman ont des scène badass où ils combattent ensemble pour protéger le petit, et Alfred les sauve tous en se ramenant avec le Batvion. Tout le monde rentre à la maison, éreintés. Robin fait ses yeux de cocker et Batman accepte qu'ils regardent tous une comédie musicale dans la salle cinéma du manoir – et le Joker en profite pour se lover contre son torse... Bruce ne l'en déloge même pas, trop « fasciné » par le film.
contre…

Fic - Lego Batman
Maintenant que Bruce a une toute nouvelle famille, pourquoi pas raconter comment se passe la vie au manoir, ses aventures avec Dick, Barbara, Alfred,… Du fluff, des tranches de vie, de l’aventure, et pourquoi pas une alliance avec Joker ou d’autres méchants pour sauver Gotham ! Faire des blagues à la Ligue est tout à fait accepté.

Fic - Lego Batman
Le Joker s'incruste dans la Batcave sous n'importe quel prétexte, depuis qu'il sait où trouver Batman ; ça agace prodigieusement Bruce. Un jour, il débarque même alors que Bruce est en train d'enfiler son costume (heureusement il avait son masque) et il voit son boxer avec des petits clowns aux cheveux verts...s'ensuivent des comportements un peu plus flirty



Fic - The Librarians
Cassandra/Ezekiel/Jacob - Il n'y a normalement qu'un seul bibliothécaire. Comment font-ils pour se partager le pouvoir, n'être justement qu'un seul bibliothécaire ?
- Je n'ai rien contre le NC-17, mais c'est parfaitement possible que l'union se fasse autrement, à travers des gestes tendres, une union intellectuelle, etc. (Et je suis à jour de la diffusion US)

Fic - The Librarians
Au cours d'une enquête qui n'a rien à voir, Jake, Cassandra et Ezekiel tombent sur un crayon magique directement connecté au cerveau de celui/celle qui l'utilise (donc on peut dessiner/écrire EXACTEMENT ce qu'on a en tête) et le ramènent à l'Annexe. Gen avec un peu de Eve/Flynn.



Fic - Life is Strange
Max/Chloe
- Evidemment cette fameuse scène dans la chambre où Maxine peut embrasser ou non Chloe et décide (évidemment) de le faire qui se déroule différemment. Elles peuvent en venir (ou non) à se découvrir sexuellement ensemble, gentiment, avec ou sans l'usage de photos pour appréhender les corps de chacune (photo de Chloe plus ou moins pas très habillée pour le projet de Max par exemple, ou un moyen d'apaiser les éventuels complexes que Max peut avoir sur son propre corps).



Art - Life on Mars uk
Gene/Sam (ou Sam et Gene), Gene au XXIème siècle

Fic - - Life on mars (UK)
Gene/Sam. Après tout si notre Londonien moderne reste, il n'a plus de raison de ne pas séduire son irrascible boss, non?



Fic - Le livre des étoiles
Coralie/Romaric + Cicatrices.
Post canon. Coralie garde des cicatrices de son don d'énergie vitale à Ambre et a du mal à accepter qu'elle est défigurée à quatorze ans à peine. Sa relation avec Romaric pâtit de ses doutes - bien qu'elle sache que celui-ci ne la voit pas comme une poupée surperficielle, elle ne peut s'empêcher de penser qu'il ne mérite pas une petite copine défigurée, ce genre de choses, etc. Libre à toi de voir comment ces deux-là progressent.
Bonus : Ambre peut toujours intervenir en supportive!sister ou bien Guillemot pour épauler Romaric. La fin peut être heureuse ou un peu moins heureuse (ils peuvent se séparer pendant un moment et revenir ensemble ensuite ou se séparer définitivement, à toi de voir) mais j'aimerais quand même voir Coralie être en paix avec elle-même et son image à la fin de l'histoire.

Fic - Le livre des étoiles
Coralie, Ambre, Romaric, Guillemot, Gontran
Coralie est une véritable diva mais elle est aussi la plus courageuse de toute. Alors que les amis de toujours partent en quête de réponse après que la pierre des lutins (ou des gnomes, je sais plus trop ._.) ait commencé à réagir bizarrement à côté de Guillemot, la jeune fille montre une nouvelle preuve de ce courage.
Détails facultatifs : s’il pouvait y avoir également Agathe et Thomas ce serait cool. Je ne suis pas contre un peu d’Ambre/Guillemot et de Romaric/Coralie aussi mais plus en sous-entendu. Après si cela reste juste du gen, cela me va aussi.



Fic - Lucifer
Chloé/Lucifer - Les règles de Chloé sont en retard et il est vrai qu'elle a eu un problème de pilule/préservatif quelque temps avant avec Lucifer. Et si elle portait l'enfant du diable ?
- Je n'ai rien contre le NC-17, ni contre l'humour et les quiproquos. (La grossesse ou non est au choix de l'auteur)

Fic - Lucifer
Lucifer/Chloe - Le sexe avec Lucifer ne peut pas être normal. Forcément. Mais il n'a aucune envie de la voir fuir, alors il essaie d'être normal... Il essaie dur.
- Je n'ai rien contre le NC-17, ni les quiproquos.

Fic - Lucifer
Inspecteur Ducon est convaincu que Lucifer fait quelque chose de louche, alors que Chloe s'assure juste qu'il ne frime pas devant lui car ils sortent ensemble.
- Je n'ai rien contre le NC-17, ni contre les quiproquos.
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